À Windsor, Grégory Wathelet et Nevados se baladent dans les jardins de la reine
Souverains de bout en bout, Grégory Wathelet et son formidable Nevados S ont ajouté leurs noms au palmarès du Grand Prix de Windsor. Dans les jardins de la reine, la paire, qui se connaît par cœur, a signé une nouvelle grande performance. Dans un barrage n’ayant réuni que trois couples, le Belge et son étalon polonais de quatorze ans n’ont laissé aucune chance à l’Autrichien Max Kühner, deuxième sur Elektric Blue P, et à l’Israélien Daniel Bluman, piégé sur l’ultime vertical du tracé raccourci avec le grand Ladriano Z.
“Je crois que je vais rater mon vol, mais, pour une telle raison, ce n’est pas tellement un problème”, a plaisanté Grégory Wathelet au micro de ClipMyHorse.tv après sa victoire dans le Grand Prix 5* de Windsor, dimanche 15 mai. En selle sur son formidable Nevados S, double sans-faute dans la Coupe des nations et troisième du Grand Prix de La Baule le week-end dernier, le Belge est en pleine forme. Dans les jardins de Sa Majesté la reine Elizabeth II, aperçue aux abords de la piste cette semaine, trente-deux couples avaient pris rendez-vous pour tenter d’ajouter à leur palmarès ce temps fort dominical richement doté de 500.000 €, dont un quart était réservé au vainqueur.
Parmi un plateau plutôt restreint, quelques grands noms faisaient tout de même office de favoris. Citons Henrik von Eckermann et son roi, King Edward, Scott Brash et sa monture de tête, Hello Jefferson (né Jeremias van het Hulstenhof), le numéro deux mondial Martin Fuchs, associé à l’excellent Leone Jei (né Hay El Desta Ali), qui s’était préparé pour l’échéance dans l’océan baulois le week-end dernier, ou encore Steve Guerdat, qui pilotait le Selle Français Vénard de Cerisy, honoré dans l’un des plus difficile Grand Prix de la planète, l’an dernier, à Calgary. Tous, sans exception, sont passés à la trappe.
Le Portugais Bernardo Costa Cabral, qui officiait en tant que chef de piste pour ce week-end britannique, a réalisé un travail d’orfèvre, permettant aux seuls trois meilleurs couples de se retrouver au barrage. Le premier d’entre eux n’a été autre que Grégory Wathelet, huitième concurrent de la start list initiale. Avant lui, David Will, ouvreur de l’épreuve, n’était pas passé loin, renversant une barre avec son Babalou HD, dix ans. Le bai a tout bonnement volé au-dessus des chandeliers, tellement qu’il n’a pu couvrir la largeur de l’oxer numéro neuf. “À la reconnaissance, nous savions que le parcours était délicat. C’était juste pour les chevaux, mais tout de même imposant. Cependant, nous ne nous attendions pas à voir seulement trois barragistes. Je crois qu’il y a eu beaucoup de parcours à quatre points. Il fallait avoir un peu de chance”, a analysé Grégory Wathelet.
Numéro douze de l’ordre de départ, Max Kühner a rapidement garanti un barrage aux spectateurs, venus se masser autour de l’écrin aussi charmant qu’atypique de Windsor. À bord d’Elektric Blue P, qui lui avait permis de s’imposer à Bois-le-Duc en 2021, l’Autrichien n’a pas tremblé. À sa suite, les choses se sont compliquées. Après les parcours à huit points de Kevin Staut et Lily Attwood, partis en début d’épreuve, John Whitaker a, lui aussi, fauté à deux reprises avec Unick du Francport, tout comme son neveu, Donald, et Roger-Yves Bost.
Si Charles Henri Fermé s’est battu jusqu’au bout avec son étalon Bellini Dufaure de L, ne cédant que sur l’entrée du difficile double numéro treize, Scott Brash, lui, a vu tous ses espoirs s’envoler sur la palanque numéro huit, avant d’alourdir la note sur la sortie de la même combinaison avec Hello Jefferson. Ce ne fut guère mieux pour l’Allemand Christian Ahlmann, qui a renversé les deux éléments du double avec son surpuissant Dominator 2000 Z, qui aurait aussi pu faire office de favori à la victoire.
“Nevados sait où sont les barres”, Grégory Wathelet
Eux aussi compétitifs, Jos Verlooy et Daniel Deusser, respectivement juchés sur Luciano van het Geinsteinde Bingo Ste Hermelle, sont sortis de piste avec une faute, réussissant à accrocher la douze et huitième place. Entre le Belge et l’Allemand, David Will, Lorenzo de Luca et Charles Henri Fermé se sont intercalés, ajoutant un classement significatif à leur tableau de chasse. Auteurs de parcours à quatre points rapides, le jeune et talentueux Harry Charles, Martin Fuchs et Kent Farrington, piégés sur le 8, 11 et 13a avec Stardust, Leone Jei et Orafina, occupent les rangs cinq, six et sept. Quatrième, Henrik von Eckermann a été le plus rapide de tous. Sur l’oxer numéro 4, King Edward a légèrement pédalé, laissant l’un de ses postérieurs s'engouffrer entre les deux plans de cet obstacle large et commettant une faute inhabituelle. Le duo, champion olympique par équipe, aurait même pu s’inviter sur le podium si Daniel Bluman, dernier à se confronter au tour initial, n’avait pas délivré une vraie leçon d’équitation. Avec son cher Ladriano Z, l’Israélien a dominé le parcours, ajoutant son patronyme à la liste des barragistes. Juste avant le passage de la paire, un autre crack cavalier a fait les frais du parcours : Ben Maher. Le Britannique, sacré champion olympique en individuel à Tokyo, a préféré jeté l’éponge après une poignée de sauts et deux fautes en compagnie de la jeune Enjoy CK, alignée pour la première fois au départ d’un Grand Prix 5* du haut de ses neuf ans, et visiblement pas tout à fait prête à endosser le costume d’Explosion W, plus vu sur une piste internationale de saut d’obstacles depuis décembre dernier et sa victoire dans le Top Ten Rolex IJRC, ou celui de Faltic HB, qui a beaucoup donné depuis le début de l’année.
Au barrage, Grégory Wathelet a crânement tenté sa chance avec son formidable Nevados S, qu’il monte depuis sept ans et connaît par cœur. “Nous avions la chance de n’être que trois au barrage et je n’avais rien à perdre. Mon cheval a sauté de façon fantastique, il est incroyable. Je sais qu’il est rapide et que je peux jouer avec lui, lui demander d’aller vite. Cela a bien fonctionné aujourd’hui. J’ai vu une distance un peu longue sur le dernier, mais je l’ai prise. C’était ma journée et je suis simplement heureux”, a réagi le sympathique pilote après son triomphe. “À main droite, Nevados tourne toujours très court. J’ai dû faire attention qu’il n’exagère pas [pour aborder le double]. Il est incroyable : il est intelligent et sait où sont les barres.” Après ses excellentes performances sur la vaste piste de La Baule le week-end dernier, le charismatique étalon gris n’a pas semblé perturbé et a remporté son deuxième Grand Prix 5*, à quatorze ans.
Deuxième, Max Kühner a bien tenté de dépasser son collègue, mais son temps de 36”09 ne lui a pas permis de rivaliser avec les 34”79 affichées au compteur des lauréats du jour. Daniel Bluman, lui non plus, n’a pu faire mieux. Après un début de parcours précis mais pas follement rapide, l’Israélien a perdu son étrier sur l’avant dernier saut, avant de se retrouver en complète perte d’équilibre pour aborder l’ultime vertical… que Landriano n’a pu éviter. Le couple a malgré tout terminé troisième, dans une épreuve plus que délicate.
Photo à la Une : Grégory Wathelet et Nevados à Windsor. © Ashley Neuhof/Royal Windsor Horse Show