Quand on part du bas de l'échelle pour arriver où vous en êtes aujourd'hui et qu'on voit les nouveaux projets de lois de la FEI, qu'en pense-t-on ?
« Cela fait peur. On se dit qu'on va tuer le sport mais aussi tuer le petit sport : si on tue les amateurs, on tue le commerce. Si cela va dans ce sens-là, on n'est pas bien parti ! »
En plus du commerce, est-ce que vous donnez aussi des cours ?
« Non, je ne donne pas de cours car en plus de ne pas avoir de temps, je n'aime pas cela. Cela ne me dérange pas d'aider quelqu'un que j'aime bien mais m'arrêter et me mettre au milieu du manège pour donner des leçons, c'est quelque chose que je n'aime pas. Je ne me sens pas à l'aise avec cela. Je ne suis pas très psychologue, après il ne faut jamais dire jamais, peut-être qu'un jour quand je serai plus âgée ou si j'ai un accident et que je veux rester dans le milieu… mais je pense que je préférerais avoir des chevaux et les faire monter à des cavaliers que je suivrai en les conseillant. »
Face aux difficultés qui se sont mises devant vous en tant que professionnel, vous avez regretté les études ou pas ?
« Non, pas du tout, j'aurais pu faire des études. Lors de mes années scolaires secondaires, je n'ai jamais eu un seul échec. Je pense que j'avais de bonnes capacités mais je n'ai jamais regretté car cela n'aurait pas été ma vie et je suis bien actuellement. J'aurais été vétérinaire : il y a plein de mauvais vétérinaires , même s'il y en a aussi de bons aussi évidemment mais ce sont des journées de fous où vous n'avez pas le temps de monter à cheval, ni le temps d'avoir des loisirs. C'est sûr que si on est vétérinaire, c'est qu'on aime ça mais je ne regrette absolument pas mon choix. »
La star des écuries, Tristan Horta Z (Taran de la Pomme x Darco), est issue d'une soeur utérine de l'étalon Sunlight vd Zuuthoeve mais aussi de la mère de l'étalon Exxon Hedoniste et de Garincha Hedoniste...alors que sa grand-mère est une soeur utérine du champion olympique par équipe, VDL Bubalu.
Vos parents ont été surpris qu'après des études secondaires où tout se passait bien, vous décidiez de devenir cavalière ?
« Ma mère a été très surprise car depuis toute petite, j'ai toujours dit que je voulais étudier et devenir vétérinaire. Quand j'ai dit que tout compte fait, ce n'était pas mon truc et que je voulais faire autre chose, elle ne m'a pas forcé et a toujours été avec moi, tant que je faisais les choses à fond. Ils n'ont jamais eu peur même si ma mère préférait la sécurité qu'un mi-temps chez François Mathy pouvait m'apporter plus qu'avoir sa fille complètement indépendante avec les lois sociales, les assurances, les propriétaires qui partent et qui rentrent. Ce sont des étapes qui lui faisaient plus peur. »
Vous dites que vous n'êtes pas très psychologue, pourtant être cavalier implique de la psychologie aussi, non ?
« Oui, mais avec les animaux, c'est beaucoup plus facile pour moi (rires !). Avec les gens, cela va beaucoup mieux aujourd'hui mais je suis quelqu'un d'assez timide avec une assez fort caractère et j'ai une fâcheuse tendance à dire ce que je pense, ce qui peut poser quelques problèmes même si je suis beaucoup plus diplomate aujourd'hui. Cela a été un gros travail sur moi-même mais aujourd'hui, c'est quelque chose de facile. »
Quand on doit s'adapter à autant de chevaux, est-ce qu'il existe quand même un type que l'on préfère ?
« À la base, je préférais les petits chevaux avec du sang. Pourtant, mon meilleur cheval est grand, froid et je l'adore ! Je ne sais pas si j'ai vraiment un type de cheval, je pense que c'est surtout l'affinité que l'on a avec un certain cheval. »
Quand vous parlez de petit cheval avec du sang, vous pensez forcément à Kosovo de Sémilly ?
« Oui, tout à fait. C'est un peu le cheval de ma vie actuellement. C'est un cheval que personne n'avait su faire aller et cela a été un défi. C'était le seul cheval capable de sauter de bonnes épreuves dont je disposais dans mon écurie à ce moment-là. Je passais un temps considérable à aller me promener avec lui et à m'en occuper, plus qu'à le dresser à proprement dit d'ailleurs. Il était quelque part indressable mais j'ai fait de chouettes épreuves avec lui et j'ai eu énormément de satisfactions. Nous avons évolué en Grand Prix 2 et 3*. »
Qu'est-ce qu'est la prochaine étape après avoir été cavalière de club, de marchand et désormais indépendante ?
« Avoir son chez soi, ce serait bien. Ce ne sera pas pour tout de suite d'autant que nous sommes bien installés. Pour cela, il faudra quelques bonnes ventes de chevaux à nous. C'est un objectif auquel nous avons déjà pensé. Nous avions été visiter quelques fermes mais on s'est dit qu'on voulait le faire quand ce sera le bon moment et que l'on pourra investir pour le faire correctement. »