Comment intégrer le commerce à son système lorsque ce n'est pas ce qu'on apprend quand on débute l'équitation dans un manège ?
« C'est quelque chose qui était une évidence car lorsque j'ai commencé chez Guy Jacobs : c'était une écurie de commerce. J'ai tout de suite monté des chevaux qui étaient à vendre et qui étaient vendus ! Cela s'est imposé à moi, ce n'était pas un choix. »
Guy Jacobs est un personnage controversé mais important dans votre carrière ?
« C'est quelqu'un que je respecte énormément malgré ses mauvais côtés et je le respecterai toujours. Sans lui, je n'aurai jamais fait cela. Il m'a énormément appris et je pense qu'il a appris à beaucoup d'autres cavaliers aussi. Il est très fort pour donner la confiance aux gens en plus d'être vraiment un très bon professeur. Il m'a fait passer en trois mois du statut de cavalière amateur qui sautait des épreuves à 1,10m à quelqu'un qui sautait des épreuves 1,45m ! »
La gestion d'une écurie, vous l'avez aussi apprise sur le tas ?
« Oui, tout à fait. C'est sûr que lorsque je travaillais chez Guy Jacobs, c'est lui qui faisait le tableau et on écoutait ce qu'il faisait mais lorsque je me suis mise à mon compte, j'ai dû vraiment apprendre. J'ai essayé de répéter ce que j'avais appris puis je pense qu'un cheval est un athlète donc il doit travailler et travailler tous les jours. »
Ca a été difficile pour vous de vous mettre à votre compte ?
« Oui car du jour au lendemain, je me suis retrouvée sans un seul cheval à monter. J'avais pris la décision de partir mais je n'avais du coup plus de chevaux et vu la réputation de Guy Jacobs, on ne vous confie pas de chevaux quand vous sortez de là. Le plus difficile a été de me relancer mais j'ai eu la chance qu'Eric Lombard me tende la main en me proposant un mi-temps chez lui en plus d'un mi-temps à mon compte puis je suis partie faire un mi-temps chez François Mathy avant de reprendre totalement mon envol. »
Quand vous avez décidé de quitter la région liégeoise pour vous installer dans le Hainaut, c'était encore un nouveau défi de repartir de zéro ?
« Même en changeant de région, j'ai eu la chance de pouvoir conserver les chevaux que j'avais au travail. Encore à l'heure actuelle, j'ai des chevaux de propriétaires qui me font confiance depuis dix ou quinze ans. Finalement, en changeant d'endroit, j'ai juste gagné en ayant une nouvelle clientèle en plus. Personnellement, je n'aime pas le changement. Je suis toujours un peu stressée alors évidemment cela a été une décision difficile pour moi. Lorsque j'ai décidé de déménager, c'était aussi parce que je me mettais en couple et évidemment, c'est toujours difficile de savoir si les choses vont aller dans le bon sens mais je ne la regrette pas aujourd'hui. »
Quand l'envie du haut niveau est-elle arrivée ?
« J'ai toujours eu l'envie de faire plus mais ça a toujours été compliqué. J'ai monté pour des marchands, des chevaux que je ne gardais donc pas alors que moi-même, je n'ai pas les moyens d'avoir un cheval. Ce n'est que maintenant que nous pouvons nous permettre de les garder un petit peu. Jusqu'à présent dès qu'un cheval commençait à bien tourner, il était vendu mais j'ai toujours eu l'envie de faire plus. »
Comment vit-on les sacrifices que l'on fait pour gravir les échelons et vivre de sa passion ?
« C'est énorme. J'ai bien vécu ces sacrifices car je pense être courageuse, je n'en ai cure de ne pas avoir de jours de congés et je travaille beaucoup. Normalement, cela implique aussi de faire des sacrifices sur votre vie de couple mais j'ai la chance de travailler avec mon compagnon qui était aussi dans les chevaux. J'ai dû partir m'installer loin de ma famille et surtout de ma maman mais finalement, cela se passe bien. »