Le parcours de Virginie Thonon ressemble au rêve de milliers de cavaliers qui arpentent les poneys clubs chaque week-end. Un parcours sinueux, semé d'embuches que la jeune fille au caractère bien trempé a su surmonter. En début de saison, elle se classe quatrième du Grand Prix 4* au Sunshine Tour avec Tristan Horta Z (Taran de la Pomme) qui, depuis confirme sur le circuit international en obtenant même sa première sélection en équipe belge pour le CSIO d'Uggerharme au Danemark alors qu'elle réussit conjointement à arpenter les pistes des cycles classiques pour préparer la relève.
Quels ont été vos premiers contacts avec les chevaux ?
« Je devais avoir dix ou onze ans. Via l'usine où ma maman travaillait, elle avait la possibilité de m'inscrire à différents stages à des tarifs avantageux et il se trouvait qu'il ne restait que le tennis et l'équitation que je n'avais pas encore fait ! J'ai donc choisi l'équitation et je n'ai ensuite plus jamais arrêté. C'était au manège de Filot, chez Jean-Luc Valentin, puis j'ai été monter dans un petit manège, fermé désormais, qui s'appelait La Cabrade à Romsée, près de Fléron. J'y faisais essentiellement de la promenade. Il n'y avait pas du tout d'esprit de compétition. Je ne savais même pas qu'il y avait des concours de saut d'obstacles. J'ai ensuite été monter chez Claudy Noirot sur les hauteurs de Chênée et c'est là que j'ai commencé à sauter. Ce n'était pas un manège qui à la base était orienté vers l'obstacle mais j'ai accompagné mon professeur, Denis Walhin, en concours pour le groomer et ça m'a donné goût à la compétition. C'était de petits concours mais ça m'a donné l'envie. Nous étions quatre jeunes motivés avec Valérie et Alain Soquette, Sabrina Coune et moi-même. Du coup, Claudy Noirot qui faisait plus du commerce de chevaux de promenade a commencé à acheter quelques chevaux pour sauter. Nous, on a commencé à les emmener au concours sur 90 centimètres ! Je suis d'ailleurs restée très longtemps sur cette hauteur car mon premier cheval de concours était un pur-sang arabe. Le plaisir était cet esprit de compétition car je gagnais beaucoup d'épreuves sur cette hauteur avec ce cheval. Je me suis ensuite achetée mon propre cheval qui avait trois ans avec mes parents et j'ai réussi à l'emmener jusqu'à 1,10m puis un jour, Guy Jacobs m'a demandé si je voulais travailler pour lui. C'est là que ma carrière professionnelle a débuté mais je n'avais que vingt ans à l'époque ! J'avais commencé des études de vétérinaire mais je dois bien admettre que j'y ai surtout fait la fête. Les études en elles-mêmes ne m'ont pas attirée du tout. Je montais tous les jours et je n'avais pas le temps d'étudier. Pourtant à l'époque, je n'avais jamais pensé faire ça de ma vie. »
Comment avez-vous décidé d'en faire votre métier ?
« Le déclic s'est fait quand Guy Jacob m'a proposé de monter pour lui. C'était à un moment où j'avais bien compris que je ne voulais finalement pas être vétérinaire mais que je ne savais pas trop ce que je voulais faire de ma vie. J'étais un peu perdue et je me suis dit que j'allais essayer et ça m'a tout de suite plu. Ca a tout de suite été une évidence : j'allais faire cela même si je n'avais jamais été voir de grands concours. Tout a été tellement vite. J'avais vingt ans et je faisais toujours des épreuves 1,10m juste avant mon anniversaire et moins d'un an plus tard, j'étais en Grand Prix Jeunes Cavaliers. Tout s'est précipité et je n'ai pas eu le temps d'aller voir des concours et de me rendre compte de ce que représentait le haut niveau dans ce sport. J'ai été lancée directement sur le circuit international. Je ne pense pas que l'on se dise pour autant que c'est normal, mais cela représentait quelque chose d'un peu fou pour moi. C'était presque mes meilleures années, j'ai pris une expérience considérable. En 2002, j'ai eu l'occasion de participer à une tournée de neuf semaines en Italie et j'ai fait énormément d'internationaux avec un piquet de chevaux très jeunes. C'était impensable pour moi. Avec mon père, je n'ai pas d'affinité particulière mais ma maman m'a toujours accompagnée et m'a toujours dit que tant que je le faisais à fond, il n'y avait pas de soucis. Je savais de toute façon que même si ma maman a toujours fait de son mieux pour m'aider, nous n'avions pas les moyens de pouvoir espérer faire quelque chose. Il fallait donc que je me débrouille toute seule et cela signifiait avoir des chevaux de propriétaires et de faire du commerce pour pouvoir continuer à évoluer. » La seconde partie, c'est demain !