Grand Prix Cette année, le CHIO d'Aachen aura été réduit à sa plus simple expression ! Un événement hors norme que seul Aix la Chapelle peut se permettre de faire. Privés de coupe des nations en raison des championnats d'Europe qui ne peuvent se dérouler sur le même terrain la même année, les organisateurs auront maintenu leur événement avec comme point d'orgue le seul Grand Prix doté d'un million de dollar après une épreuve warm up le vendredi et deux épreuves dotées respectivement de 25 et 50.000 euros le samedi. Cette année, les cartes étaient battues avant l'arrivée des cavaliers sur le concours, les 40 participants du Grand Prix étant déjà sélectionnés. La plupart des cavaliers auront donc opté pour deux tours de chauffe sans pression conduisant souvent à un concours de dépassements de temps le samedi matin, mais avec une très belle épreuve bien souvent courue avec les seconds chevaux l'après-midi et remportée au terme d'un magnifique barrage par David Will sur Mic Mac du Tillard (Cruising).
Le Grand Prix, quant à lui, commence fort avec des scores très lourds, on comprend très vite que ce ne sera pas une épreuve au rabais. Pius Schwizer était le premier prêt à réaliser l'exploit avec sa très volontaire Caretina de Joter (Caretino) mais se fera piéger sur l'énorme spa placée à l'entrée de la dernière ligne.
Très en vue l'an dernier, Lauren Hough et Ohlala (Orlando) se font piéger sur l'obstacle n°2 avant de se jouer des véritables difficultés du parcours sans encombre.
Philipp Weishaupt n'avait commis aucune faute … mais Chico (Cordalmé) ne voudra pas s'approcher de la rivière. Pas de chance pour Steve Guerdart et son Nino des Buissonnets (Kannan). Le selle français perdra un fer en début d'épreuve et après quelques glissages, le champion suisse arrêtera dès la faute sur la rivière. C'est rageant … mais c'est la vie, le champion olympique aura opté pour la solution la plus sage. Meredith Michaels Beerbaum était prête à boucler un parcours d'anthologie avec Fibonacci (For Feeling) mais à l'entame de la dernière ligne, la cavalière accélère le rythme en pensant au chronomètre et ne peut éviter une faute sur l'oxer naturel très large. Malheureusement quelques jours plus tard, l'amazone se brisera la clavicule lors d'une mauvaise chute à l'entraînement. Pas de chance pour Martin Fuchs qui, avec une barre sur le numéro un avant de boucler un tour magnifique sur Clooney 51, sera le seul cavalier pénalisé d'une faute à ne pas avoir accès à la seconde manche. Une deuxième manche qui commencera fort avec le couple vainqueur de l'édition 2014, Christian Ahlmann sur Codex One (Contendro I). Avec une faute sur l'avant dernier obstacle du parcours, ils ne peuvent plus rien ambitionner mais signent néanmoins un joli sans-faute. Derrière pourtant, les choses se corsent pour les couples pénalisés d'une faute et seuls Pius Schwizer sur Caretina de Joter et Beezie Madden sur Cortes C réussiront à les imiter. Seul couple à n'avoir commis aucune faute d'obstacle mais à avoir écopé d'un point de temps dépassé, Jur Vrieling et VDL Zirocco Blue (ex Qamikase des Forêts ; Mr Blue) en feront de même lors de cette seconde manche.Mais c'est seulement maintenant que les choses sérieuses commencent car ils sont 10 couples à avoir réussi le parcours sans faute lors de la première manche, dix couples à encore rêver de voir leur nom inscrit sur la plaque !
Supportée par le baron Edouard de Rothchild qui avait délaissé l'hippodrome de Chantilly malgré le prix du Jockey Club pour supporter sa cavalière, Luciana Diniz a réalisé un premier tour somptueux avec Fit For Fun mais malheureusement, une petite faute de postérieur en fin de tour la privera du barrage.André Thieme lui laissera exploser sa joie en réussissant le premier double sans-faute et se qualifiant pour le barrage avec Contanga (Catoki).
Il sera très rapidement rejoint par le champion du monde en titre, Jeroen Dubbeldam très déterminé alors que Zenith (Rash R) a retrouvé sa meilleure forme. Après son titre de champion olympique, c'est ici que le Hollandais avait remporté la première victoire en Grand Prix de sa carrière … l'objectif est clair ! Il n'est néanmoins pas le seul car si Kent Farrington a échoué l'an dernier lors du barrage, il signe de nouveau le double sans-faute avec Voyeur (Tolano v't Riethof). Ce ne sera malheureusement pas le cas de Gregory Wathelet qui ne peut éviter une faute sur le troisième obstacle avec Conrad de Hus (Con Air). Kevin Staut aussi finira par se faire piéger avec une faute sur l'entrée de l'ultime combinaison avec Reveur de Hurtebise (Kashmir van't Schuttershof) qui était pourtant dans un très grand jour. Ils sont encore sept à pouvoir prétendre à la victoire et c'est à la véritable surprise du jour, Andre Thieme, d'ouvrir le bal. L'Allemand joue crânement sa chance mais Contanga ne peut cette fois éviter la faute sur l'oxer Rolex après un ultime virage serré. Jeroen Dubbeldam attaque fort et décide de prendre une jolie option très courte en passant devant la rivière. Il serre également très fort son ultime virage mais la distance n'est pas parfaite, le saut est un peu plat. Zenith ne peut éviter la faute. Kent Farrington est à l'attaque mais il ne peut éviter une faute sur l'entrée de la combinaison, ce ne sera pas encore pour cette année pour l'Américain. Le numéro deux mondial est dans son jardin, devant son public et Cornet d'Amour (Cornet Obolensky) est en grande forme ! L'Allemand passe également devant la rivière mais soigne plus ses courbes, c'est le premier triple sans faute en 48''37, c'est le temps le plus rapide ! Ludger Beerbaum ne compte pas se laisser faire par la jeune garde et attaque aussi avec Chiara (Contender) signant un magnifique sans faute mais en 50''23. Simon Delestre a d'ores et déjà réussi son pari : il a prouvé que Ryan des Hayettes (Hugo Gesmeray) était bel et bien prêt pour Aix la Chapelle … mais cela ne suffit pas au Lorrain qui réussit un joli triple sans faute en 49''27. Il n'en reste dès lors plus qu'un à s'élancer pour un duel au sommet. Le numéro un mondial s'élance pour tenter de déloger le numéro deux … mais en tant que vainqueur de l'étape de Genève, Scott Brash sait à quel point cet événement est important pour lui. Il attaque mais décide de continuer sur la grande galopade de Sanctos vh Gravenhof (Quasimodo vd Molendreef) pour passer derrière la rivière tout en continuant sur sa lancée. Cela passe tout juste pour le dernier obstacle, sans faute en … 48''04. Victoire de Scott Brash qui remporte consécutivement sa deuxième étape du Rolex Grand Slam empochant les 330.000 euros promis au vainqueur … mais également chèque de 500.000 euros lorsqu'il prendra le départ de l'étape suivant à Calgary ! « Ne vous tracassez pas, même avec une jambe cassée, je serai présent à Calgary et à cheval ! Sincèrement, je ne savais pas que l'on devait attendre tout ce temps pour toucher le jackpot … mais comme nous venons d'acheter une nouvelle écurie, cet argent va nous être bien utile pour aménager nos installations un peu plus vite que prévu et en les rendant encore plus agréables pour les chevaux. Evidemment, on peut rêver de remporter également l'étape suivante à Calgary … mais je dois être réaliste.Remporter une étape est très difficile, en remporter deux est vraiment incroyable alors remporter la troisième va être vraiment très très compliqué mais oui, évidemment, nous allons essayer ! Aujourd'hui, nous avons eu droit à du grand sport et Frank Rothenberger a fait un travail formidable. C'était gros, difficile, technique … dur comme vous vous attendez à ce qu'Aix le soit ! Avec les meilleurs cavaliers et les meilleurs chevaux présents, vous savez à quoi vous attendre. C'était difficile partout et je ne pense pas qu'il y ait un saut facile à Aix. Evidemment, partir en dernière position est toueurs un avantage d'autant que Daniel avait fait un barrage magnifique. Je suis évidemment ravi de la performance de Sanctos. Vous m'auriez encore posé la question hier, je vous aurais répondu que Sanctos n'aimait pas la piste d'Aix la Chapelle !! L'année dernière, ça ne s'était pas très bien passé pour lui. C'est un cheval qui ne regarde rien, qui s'acclimate à toutes les pistes ... mais ici, il n'aimait pas trop. Lorsque je suis arrivé ici vendredi pour le warm-up, il a voulu faire demi-tour et sortir de la piste. Hier, il était encore tendu et inquiet mais c'est un cheval incroyable. C'est amusant, aujourd'hui, c'est comme si il avait compris que sa première impression n'était pas forcément la bonne et que ce n'était pas aussi terrible que ce qu'il pensait initialement. Il était beaucoup plus détendu aujourd'hui ... c'est vraiment un cheval incroyable !" réagira Scott Brash. Daniel Deusser se montrait lui aussi satisfait de la performance de son étalon : « Avant tout, j'étais très content de mon tour et de mon barrage mais évidemment avec tout ce que Scott a remporté ces derniers mois et ces dernières années avec ce cheval, je savais qu'en étant dernier à partir, il y avait de fortes chances qu'il réussisse à être plus rapide. » Troisième, Simon Delestre était également ravi. « Mon cheval a sauté de manière fantastique. Au barrage, j'ai rajouté une foulée dans la première ligne, c'est ce qui m'a pénalisé car j'ai terminé vraiment très rapidement mais il y avait deux chevaux vraiment très rapides en face de nous. Le sentiment sur Ryan a toujours été plus que hors norme et finalement, aujourd'hui, il n'a fait que confirmer ce que je ressens quand je suis dessus. C'est un cheval qui peut tout faire et sauter sur toutes les pistes du monde que ce soit une grande piste en herbe ou une petite piste en sable, indoor, outdoor … c'est vraiment un cheval complet. Le cheval a fait 14 parcours cette année … mais il a quasiment toujours été classé. Il sort peu mais il ne loupe rien alors nous allons essayer de continuer comme cela. La seule inquiétude que nous aurions pu avoir cette année à Aix, c'est que les autres années, les chevaux sautent plus et reviennent plus dans la piste que cette année mais finalement Ryan est encore plus facile sur les grandes pistes en herbe car quand les gens sont loin, il se sent libéré. Ce n'est pas un cheval regardant sur les obstacles mais il peut devenir un peu chaud quand il se sent opprimé par le public. Il est plus relax dans ces circonstances qu'avec du public qui chahute en bord de piste. » expliquera Simon Delestre.