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Van het Schaeck, un affixe aux allures de Diamant qui vaut des Millions signé Perry de Winter (1/2)

Million Dollar.
vendredi 10 mars 2023 Adriana van Tilburg (avec Mélina Massias)

L’affixe van het Schaeck a le vent en poupe ! Entre Like A Diamond, brillante complice de Marlon Modolo Zanotelli, Parfait, son prometteur fils par Comme Il Faut, J’Adore, montée par Nicola Philippaerts, ou encore l’étalon du Holstein Million Dollar, Perry de Winter a de quoi être satisfait. Débuté avec des poneys Shetland, son élevage a pris une tout autre tournure il y a près de trois décennies, lorsqu’il a investi dans la prolifique souche de Qerly Chin. Un temps dans l’ombre de l’élevage de Muze, dont il partageait les honneurs avec Joris de Brabander, le sexagénaire est désormais bel et bien dans la lumière. Dans cet article à découvrir en deux épisodes, le Belge retrace son parcours, livre son point de vue sur les transferts d’embryons et autres ICSI, développe les critères qui le séduisent chez les poulinières et les étalons et prodigue quelques conseils à la nouvelle génération. Première partie.

Il y a environ vingt-cinq ans, Perry de Winter, soixante-trois ans, a acquis deux pouliches auprès de Joris de Brabander, éleveur belge de renom et notamment à l’origine de l’affixe de Muze. Ces deux jeunes pépites étaient les propres sœurs Walloon et Walnut de Muze (Nabab de Rêve et Qerly Chin x Chin Chin). Passionné par les chevaux depuis sa tendre enfance, Perry de Winter a débuté en faisant naître avec succès des poney Shetland ! Il en a d’ailleurs toujours un au sein de ses installations. Pourtant, c’est bel et bien avec les chevaux de saut d’obstacles que le Belge a développé son activité, devenant l’un des éleveurs les plus en vue de ces derniers mois. 

 Walloon de Muze. © Sportfot

L’influence de Joris de Brabander

En achetant Walloon et Walnut de Muze, Joris de Brabander a joué un rôle primordial dans l’élevage de montures destinées au jumping de Perry de Winter. “Je connais Joris de longue date. J’avais pour habitude d’aller en concours de saut d’obstacles, tout comme Joris. C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés”, raconte le Belge. Qerly Chin était déjà une jument très intéressante dans ses jeunes années. Joris vendait certains de ses poulains. Si l’on veut commencer à élever, on doit acheter des juments de qualité.” L’éleveur conserve Walloon jusqu’à ses cinq ans, et Walnut deux ans de plus, avant de la céder directement à Axel Verlooy. Sous les selles de Michel Hécart et Cédric Bellanger notamment, la première atteindra le plus haut niveau, tandis que la seconde évoluera jusqu’à 1,55m avec Harrie Smolders. À l’élevage, les deux sœurs donneront respectivement Toupie de la Roque, gagnante en Grands Prix 5*, et l’étalon I’m Special de Muze, pour ne citer qu’eux. Avant de céder celles qui deviendront, quelques années plus tard, les matrones de son élevage, Perry de Winter fait naître quelques poulains. “À l’époque de Walloon et Walnut, je travaillais en collaboration avec Joris, puisque j’avais toujours mon entreprise de vente de fruits et légumes. Joris conservait les mâles et moi les femelles. Cela a duré pendant une dizaine d’années”, se souvient-il. “J’ai arrêté de travailler avec Joris lorsque j’ai vendu mon entreprise. J’avais plus de temps pour me consacrer à l’élevage. J’ai alors commencé à utiliser davantage d’étalons confirmés. Ma philosophie est de miser soit sur ce type de mâles, soit sur des jeunes possédant une super souche maternelle. Joris m’a appris que les premières années de vie des poulains étaient cruciales à leur bon développement. Tout dépend des soins qui leur sont prodigués, de la nourriture au maréchal, etc.”

 Walnut de Muze. © Sportfot



Choix d’étalons

Perry de Winter accorde une grande importance au choix des étalons qu’il utilise. Sa plus grande préoccupation est de s’assurer que le sang des heureux élus corresponde à ses juments et qu’il lui apporte une forme de progrès. De fait, le Belge a souvent recours à Comme Il Faut, Cornet Obolenksy (ex Windows vh Costersveld), Diamant de Semilly, For Pleasure, Plot Blue ou Vigo d’Arsouilles. Des noms connus et reconnus, auxquels s’ajoute, par exemple, celui de Clicksem (Cardino et Ninken x Littorio), un Holsteiner de vingt et un ans. “Son naisseur et propriétaire, Theo Molenars, m’a parlé de lui. Je ne connaissais pas cet étalon et j’ai commencé à effectuer des recherches et regarder des vidéos. Lorsqu’on voit Clicksem sauter, on ne peut que constater les qualités naturelles qu’il possède. Il n’évolue peut-être pas à 1,60m, mais son tempérament est excellent”, juge l’éleveur à la tête de l’affixe van het Schaeck. “Je pense qu’il s’agit d’un super étalon, qui a également un bon papier. Le son que produit son galop est remarquable. Il montre beaucoup de puissance, de souplesse et a toujours été en forme pendant sa carrière sportive. Il est plutôt fin, mais cela peut être utile dans l’élevage. Plot Blue est un autre exemple d’étalon ayant conservé toute son énergie en parallèle d’une formidable carrière ! À l’inverse, il y a des étalons qui, à treize ou quatorze ans, disparaissent des radars. Cela dépend notamment de la gestion des cavaliers.” 

 Clicksem. © Sportfot

Plot Blue, justement, a offert à Perry de Winter l’un des étalons les plus en vue du moment. Associé à Gin Tonic de Muze, une petite-fille de sa Walloon, l’ancien complice de Marcus Ehning a permis au splendide Million Dollar van het Schaeck (Plot Blue et Gin Tonic de Muze x Vigo d’Arsouilles) de prendre vie. Copie (presque) cachée de son père, le bai aux grandes marques blanches fait le bonheur du stud-book Holstein, qui lui a retiré son affixe de naissance. À l’élevage comme dans le sport, où la jeune Sophie Hinners est chargée de son éclosion, le puissant BWP semble avoir de belles heures devant lui. “J’espère que le stud-book Holstein saura économiser Million Dollar et ne lui fera pas disputer trop de compétitions, ce qui peut vite arriver dans le grand sport”, glisse son éleveur. “C’est grâce à Tim van Tricht que j’ai pu faire naître Million Dollar. Il lui restait une paillette de Plot Blue (tragiquement disparu en France il y a quelques années, ndlr) et je mourrais d’envie d’utiliser cet étalon. Mon vétérinaire, Walter Dirks, est venu vacciner le poulain un an plus tard et m’a dit ‘c’est un superbe poulain. Il vaut un million de dollars’.” Et de compléter : “Million Dollar n’était pas qualifié à Malines pour les épreuves de saut en liberté réservées aux jeunes chevaux. Mais, deux mois plus tard, il a effectué un concours d’entraînement et il a sauté de façon fantastique. Nous le regardions tous la bouche grande ouverte !” Norbert Boley, directeur du Holstein Verband, ne tarit pas non plus d’éloges au sujet de cette star en devenir. “Son pedigree est très intéressant pour le Holstein. Il vient d’une lignée maternelle extraordinaire et a bien progressé dans le sport. Million Dollar n’est pas compliqué et est naturellement doté d’un respect exceptionnel à l’obstacle.”

Million Dollar van het Schaeck lors d'une séance de saut en liberté pour le stud-book Zangersheide. © Sportfot 

Toute la présence du fils de Plot Blue. © Mélina Massias



“Pour moi, une jument n’est pas une usine”

Comme beaucoup d’éleveurs, Perry de Winter s’appuie sur les transferts d’embryons pour faire prospérer sa génétique. Mais sa démarche a évolué au fil des années. “Mon système a quelque peu changé depuis quelques années. J’avais pour habitude de laisser mes juments porter elles-mêmes leurs poulains. Certaines le font encore, mais j’ai remarqué que d’autres commençaient à souffrir de cela. Cette année, j’ai quinze ou seize juments pleines. Nous avons vendu quelques embryons. Environ dix poulains sont attendus par transfert et, en 2023, j’utiliserai quasiment exclusivement cette technique, à partir de quatre juments. Celles-ci m’ont donné la majorité de mes poulains l’an dernier. Par exemple, Gin Tonic de Muze (la mère de Million Dollar, ndlr) m’a donné quatre poulains. Je prévois de vendre toutes les pouliches de cette année. Six de mes poulinières vivent en dehors de mon élevage et vont demeurer là-bas. Je veux réduire le nombre de chevaux que j’ai à la maison. Avec les transferts d’embryons, on obtient forcément un plus grand nombre de poulains. Une fille de Like A Diamond van het Schaeck (Diamant de Semilly et Cacacha van het Schaeck x Bamako de Muze) m’a aussi donné quatre poulains, tout comme Gin Tonic. Pour Eclips de Muze (For Pleasure et Walnut de Muze x Nabab de Rêve), j’utilise également le transfert d’embryon car elle commence à fatiguer lorsqu’elle pouline. Idem pour Snowbird van het Schaeck, qui aura recours à cette technique. J’attends cinq poulains d’elle par Aganix du Seigneur, Mylord Carthago et Zirocco Blue (ex Quamikase des Forêts) cette année. Snowbird, elle, se consacrera au sport l’an prochain. Enfin, j’attends également des poulains de Spicy-Bo van het Schaeck (Diamant de Semilly et Walnut de Muze x Nabab de Rêve) et Walnut de Muze.”

 Cacacha van het Schaeck, la mère de Like A Diamond. © Sportfot

Lorsque Perry de Winter a décidé de voler de ses propres ailes, en mettant un terme à sa collaboration avec Joris de Brabander, il possédait deux filles de Walnut de Muze, ainsi que Gin Tonic et Gin Fizz de Muze. Depuis, sa petite entreprise, qui ne semble pas connaître la crise, a bien grandi. “J’avais effectivement quelques bonnes juments. Certaines ont fait du sport, et d’autres sont restées à l’élevage. Parmi elles, il y avait quelques juments de premier plan qui aurait pu prétendre à une belle carrière, mais je voulais les conserver pour la reproduction. Je ne fais pas que du transfert d’embryon, j’aime aussi que les juments portent leurs poulains”, détaille le Belge. 

Like A Diamond van het Schaeck. © Sportfot



L'ascension de Perry de Winter fait de lui un nom bien connu du milieu. Et il ne manque pas de le remarquer. “Je reçois plusieurs appels chaque jour me demandant si j’ai des juments à vendre”, constate-t-il. “Désormais, il m’est plus facile de céder de jeunes juments et pouliches que dans le passé. J’étais, et suis encore, très consciencieux avec mes souches. Je n’aime pas voir une jument partir chez quelqu’un qui va la sur-exploiter avec l’ICSI (injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde, ndlr) et le prélèvement d’embryons. Pour moi, une jument n’est pas une usine. Nous allons donc faire naître moins de poulains. Je me concentre désormais davantage sur les mâles, afin de les élever pour devenir des étalons. Je pense que si les chevaux sont performants dans le sport, il y a moins de chance qu’ils soient utilisés pour la reproduction. Ainsi, on protège notre propre lignée. Nous essayons de faire confiance à de jeunes cavaliers talentueux pour monter nos chevaux et trouvons du plaisir là-dedans. Je connais des gens qui ont recours à l’ICSI avec des juments relativement jeunes et qui obtiennent quinze embryons. Ils finissent tous sur le marché. Que reste-t-il alors d’une telle surcharge ? Personnellement, je n’aurais recours à l’ICSI que si je n’avais pas d’autres options. Après tout, cela est douloureux pour les juments. Nous sommes des amoureux des chevaux et n’élevons pas pour devenir une usine. Pour nous, tout cela relève de la passion, de la volonté de voir les poulains grandir, mais pas d'un objectif de produire en masse. Les chevaux et l’élevage sont un hobby pour nous. Cela nous fait plaisir. Il y a plusieurs chevaux qui m’ont ravi et me ravissent encore, comme J’Adore (Vagabond de la Pomme et Carrera de Muze x Darco) et Like A Diamond van het Schaeck.”

 J'Adore van het Schaeck. © Sportfot

La suite de cet article est disponible ici.

Photo à la Une : La très remarqué Million Dollar van het Schaeck. © Mélina Massias