Habitué des grands rendez-vous 5*, Wilm Vermeir, membre de l’équipe belge des derniers Jeux olympiques, s’est contenté du label 2* à Equita Lyon. Une situation qu’il explique, tout en confiant son plaisir de participer au rendez-vous lyonnais en famille, sa fille, Robin, étant de la partie pour le CSI Poney.
Wilm Vermeir n’est pas le cavalier le plus emblématique des Diables Rouges, et pourtant le Flamand mérite d’être à la une tant pour son palmarès, construit au gré d’un travail rigoureux avec ses chevaux, que pour son état d’esprit. Pétri de valeurs familiales, il sait aussi donner la considération qu'ils méritent à ses chevaux, à commencer par son fidèle Iq van het Steentje (Toulon), qu’il a fait naître et avec qui il a foulé la piste olympique de Versailles cet été. Installé au nord de la Belgique, entre Anvers et Lummen, il gère une écurie de trente chevaux. “Nous sommes dans notre structure depuis quatorze ans. Ma fille est née le 29 décembre et le 1er janvier, nous prenions possession de nos écuries ! Ma femme a monté jusqu’à 1,50m, tout en dirigeant l’entreprise fondée par son grand-père. Avant, ses chevaux étaient chez Luc Tilleman, mais cela faisait beaucoup de trajets sur des routes très fréquentées. Nous avons pu avoir cette écurie qui existait déjà et l’améliorer. Nous avons cinq hectares. C’est difficile d’avoir plus ici et comme nous faisons un peu d’élevage, on a des chevaux chez des copains”, entame-t-il. “Nous sommes cinq à travailler aux écuries, dont un cavalier qui sort en concours. J’ai souvent des jeunes cavaliers, comme Mathieu Bourdeaud’Hui qui était dans l’équipe belge médaillée de bronze aux championnats d’Europe Jeunes cavaliers cette année (et récent lauréat du Grand Prix CSIO 3* de Vejer de la Frontera, ndlr). Il est resté trois ans chez nous, de ses quinze à dix-huit ans. Maintenant c’est Vic de Plecker, qui a remporté le championnat de Belgique des Jeunes Cavaliers, qui est chez nous.”
Cette organisation permet à Wilm de fréquenter les plus belles pistes mondiales comme celle de Lyon. Mais, cette fois, il n’est pas présent dans les épreuves 5* de l’étape lyonnaise du circuit de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles. Il a préféré se consacrer au label 2*, où deux montures l’accompagnent : Magic van’t Hulgenrode, neuf ans, une fille de Midas vh Endhouse issue de la même lignée que Gentiane de la Pomme (Shinder de Muze), une jument qu’il a montée en concours et conservée pour son propre élevage, ainsi que Belle Amie vd Dassenheide Z (Bamako de Muze), huit ans. “Les places sont limitées sur le circuit, et après en avoir parlé avec notre sélectionneur (Peter Weinberg, ndlr), je ne pense pas le suivre cette année, à l’exception de quelques étapes, comme Malines (où il s’était imposé en 2022, ndlr) et peut-être Stuttgart, parce qu’il y a, comme à Lyon, une étape du circuit Poneys, où devrait monter ma fille Robin”, justifie-t-il.
Et de reprendre : “La saison a été un peu compliquée avec deux chevaux blessés et deux autres vendus. Iq, qui a seize ans, a été beaucoup sollicité. Depuis deux ans, les Jeux olympiques étaient l’objectif, et je suis très content de ce que nous avons fait à Versailles. Iq a sauté de façon magnifique, avec une faute à chaque tour. C’est un peu un manque de chance, mais c’était vraiment une belle expérience ! Je vais participer à la finale du Longines Global Champions Tour de Riyad avec lui, et je pense qu’il ne fera pas d’indoor. On le laissera au repos jusqu’à la prochaine saison. Magic van’t Hulgenrode a déjà fait des épreuves à 1,60m, mais elle n’a que neuf ans et a besoin d’être engagée sur des parcours plus petits. À Lyon, elle ne prendra part qu’aux épreuves à 1,40m. Elle saute vraiment très bien et est brave et facile. Je pense qu’elle ira ensuite au CSI 4* de Maastricht. Samedi, j’ai prévu de monter Belle Amie vd Dassenheide dans le Grand Prix 2*. Je crois beaucoup en elle. J’ai également deux neuf ans que j’ai monté à Saint-Lô : Eytuka of Two Notes (Emerald van’t Ruytershof) et Top Invest 313 (Thunder vd Zuuthoeve). La mère de ce dernier est une jument que montait ma femme. À l’époque, nous ne faisions naître que deux chevaux par an. Cette année, nous avons eu sept poulains. Nous avons eu beaucoup de réussite avec des chevaux qui ont fait de longues carrières, comme DM*Jacqmotte, un autre fils de Toulon, que j’ai monté, et qui, à quinze ans, continue sa carrière internationale avec une cavalière amateur anglaise. Pour 2025, j’ai un bon lot de chevaux qui vont vite être compétitifs, et Joyride S (Toulon), qui était blessé, recommence à sauter à la maison.”
Non seulement le Flamand n’était pas frustré de ne pas s’attaquer aux épreuves reines du rendez-vous lyonnais, mais il profite ici du plaisir d’un concours aux côtés de sa fille, Robin, en lice dans l’étape Coupe du Monde FEI Poney.
La relève Vermeir en marche
Robin Vermeir a déjà un joli palmarès avec un double titre de championne nationale et une carrière internationale entamée à douze ans à poney. En 2023, elle a décroché le quatrième rang individuel lors des Européens Poneys, avant de revenir médaillée d’argent avec l’équipe belge en 2024, cette fois à cheval et en catégorie Children, avec Copacabana of the Paddocks (Coriano), un temps sous la selle d’Eden Leprevost-Blin-Lebreton.
Dès son plus jeune âge, la fille unique de Wilm a emboîté le pas à ses parents vers les écuries, perpétuant une double tradition familiale. “Mes parents n’étaient pas cavaliers professionnels, mais ils montaient à cheval et mon frère, Bert, qui est le propriétaire d’Iq, a très bien tourné sur le circuit poney. Il a eu un très grave accident, qui l’a fortement handicapé. Il a d’ailleurs participé aux Jeux paralympiques (décrochant le bronze en individuel à Athènes en 2004, dans le Freestyle du Grade III, ndlr). Le grand-père de ma femme était propriétaire de Parco, un des meilleurs chevaux de Ludo Philippaerts. Notre vie de famille se fait entre les chevaux et l’entreprise de ma femme. Robin a le temps de choisir ce qu’elle fera, mais elle aime vraiment les chevaux et le sport, elle a envie de gagner !”, glisse-t-il.
La jeune adolescente bénéficie d’un système scolaire à distance, suivant ses cours sur son ordinateur tous les matins, et se consacrant aux chevaux l’après-midi. “Elle monte cinq poneys et chevaux par jour. Cela peut lui arriver de monter certains de mes chevaux, mais elle a son propre piquet. Elle est passée très vite à cheval car en Belgique le circuit Poneys n’est pas très développé et il n’y a pas beaucoup de bons poneys. Il faut beaucoup chercher ! C’est pour cette raison que les jeunes passent très vite à cheval. On voit beaucoup de cavaliers de seize à dix-huit ans sur des épreuves à 1,50m, mais former une équipe Poneys est difficile ! Robin a trois poneys compétitifs. On a eu de la chance avec Kristal Sparkle van Begeveld (Ponyhoeve Bright Sparkle 912) car le père du cavalier qui la montait nous a téléphoné lorsque son fils est sorti du circuit. Il a appelé la propriétaire pour lui dire de la confier à Robin et nous sommes devenus très amis avec elle. Kristal est un peu timide en indoor mais en extérieur, elle est vraiment magnifique. Dans les Coupes des Nations, ce sont souvent Robin et elle qui partent en dernier car elles sont toujours sans-faute. C’est rare de signer des triples sans-faute à ce niveau et c’est souvent leur cas”, apprécie Wilm.
Le cavalier olympique ne cache pas qu’il a beaucoup de pression lorsqu’il endosse le rôle de coach pour sa fille ! “Je me sens beaucoup plus nerveux quand elle entre en piste que quand je monte moi-même !”, avoue-t-il. “Je la fait travailler et je crois que je suis plus dur avec elle qu’avec mes cavaliers ! Mais elle l’accepte bien car elle a vraiment de l’ambition. Elle est très à l’écoute. Et notre cavalier vit avec nous, à la maison, donc c’est comme un grand frère pour elle. Quand on fait la reconnaissance d’un parcours, il m’arrive aussi de donner des conseils aux autres cavaliers poneys. En 2025, Robin sera encore sur le circuit poney, mais après je pense qu’elle se consacrera aux chevaux, même si elle a encore la possibilité de concourir deux années à poney. Le futur, c’est les chevaux !”
Photo à la Une : Wilm Vermeir accompagne sa fille Robin en entrée de piste à Equita Lyon. © Jean-Louis Perrier