Un vent venu de Bretagne souffle sur les indices de performance 2025
Chaque année, divers classements permettent d’appréhender la réussite des meilleurs éleveurs de chevaux de sport. En France, la publication des indices de sauts d’obstacles (ISO) par l’IFCE permet de dresser une cartographie des chevaux les plus performants de la saison. Et un air breton souffle sur le cru 2025, dont les figures de proue, Bond Jamesbond de Hay et Cayman Jolly Jumper, ISO 183 et 182, sont nés chez chez Jean-Luc L’Helgouarc’h et Nathalie Chevalier, dans les Côtes d’Armor et le Morbihan.
Comme chaque année, l’IFCE a publié, début décembre, les indices de performances en compétition établi à partir du recensement annuel des résultats des chevaux de sport dans chaque discipline. Concernant le saut d’obstacles, il prend en compte tous les résultats en compétition officielles nationales organisées par la Fédération équestre française (FFE) dans les divisions Amateur et Pro, les épreuves placées sous l’égide de la Société hippique française (SHF) et les résultats internationaux de la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI) à partir des Grands Prix à 1,45m en CSI 2* et des parcours à 1,40m et plus en en CSI 3*, que le cheval soit monté par un cavalier français ou d’une autre nationalité. Pour le calcul de l’ISO 2025, la période de référence s’étend du dernier week-end de septembre 2024 au premier week-end d’octobre 2025. Sur cette période de référence, 21 627 chevaux nés en France, sur un total de 25 559 sortis en compétition, ont obtenu un ISO, 11 475 atteignant ou dépassant l’ISO 100, 3 953 celui de 120. L’entonnoir se rétrécit considérablement à mesure que l’élite s’approche. Une centaine de chevaux sont ainsi indicés à 160 et plus, dont un quart à 170 et plus. Le zénith est, lui, atteint avec l’ISO 183 obtenu par Bond Jamesbond de Hay, fruit du croisement à succès entre Diamant de Semilly et une fille de Kannan choisi par Jean-Luc L’Helgouarc’h dont il est le tout premier produit?! Formé par Bernard Briand Chevalier, puis passé sous la selle de Kévin Staut, l’étalon de quatorze ans évolue depuis 2023 avec Grégory Wathelet. Sous sa selle, il a, entre autres, remporté le Grand Prix Rolex de Windsor et terminé deuxième des temps forts des CSI 5* de Fontainebleau et CSIO 5* de Bruxelles en 2025.
Son dauphin, Cayman Jolly Jumper (Hickstead x Quincy, alias Quaprice Bois Margot) est né dans le Morbihan chez Nathalie Chevalier. Aux rênes de Simon Delestre, l’impétueux petit bai a signé une saison très courte mais exceptionnelle, remportant coup sur coup le Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc et celui du Saut Hermès à une semaine d’intervalle, puis celui du Longines Global Champions Tour de Monte Carlo.
La Bretagne est aussi représentée par l’élevage de la famille Richard, dont l’effectif est plus important, grâce à l’excellent complice de Jeanne Sadran, Dexter de Kerglenn (Mylord Carthago x Diamant de Semilly), ISO 175, et Déesse de Kerglenn, (Mylord Carthago x Crusador), petite-fille de Shana de Kerglenn (Diamant de Semilly), aussi bonne compétitrice que reproductrice puisque mère de… Dexter de Kerglenn, entre autres. En compagnie du Néerlandais Harrie Smolders, qu’elle a quitté à la fin de l’été pour les couleurs chiliennes de José Manuel Ibáñez, Déesse de Kerglenn a obtenu un ISO 164.
Diamant de Semilly et Mylord Carthago, les incontournables?!
La Normandie reste bien positionnée avec le troisième du tiercé gagnant : Donatello d’Auge (Jarnac x Hello Pierreville). Le bai, né dans l’élevage de Susana Epaillard Garcia Cereceda, décroche un ISO 180. Avec Julien Epaillard, ce Selle Français Originel s’est imposé dans l’édition 2025 de la finale du circuit Longines de la Coupe du Monde. En 2023, il avait toutefois obtenu un indice supérieur de trois points, sans pour autant avoir brillé en grand championnat.
Le Calvados se distingue aussi avec, en tête, l’élevage de Christine et Rudy Cock, naisseurs de Vestmalles des Cotis (Baloubet du Rouet x Landor S), toujours performant sous la selle de l’Allemand Hans Dieter Dreher. Eux aussi nés au coeur du Pays d’Auge, respectivement chez Carole Mille, Alexandrine Bonnet Dian et Michel Hécart et Eric de Beaufour, Alcapone des Carmilles (Diamant de Semilly x Heartbreaker), ISO 177, gagnant de la Coupe des nations de Falsterbo et d’une régularité impressionnante en fin d’année avec le Suédois Peder Fredricson, Caracole de la Roque (Zandor x Kannan), récompensée d’un ISO 174 notamment pour ses victoires dans les Grands Prix CSIO 5* de Rotterdam, Falsterbo et Gassin avec Karl Cook, et Dynastie de Beaufour (Diamant de Semilly), ISO 173 après avoir enchaîné les succès avec Nina Mallevaey, ne déméritent pas.
Toujours en Normandie, le département de la Manche figure aussi en bonne position, notamment grâce au produit de la famille Brohier, Crooner Tame (Conrad x Quincy, alias Quaprice Bois Margot), qui se voit crédité d’un ISO 176. Le bai a notamment été mené à la victoire par Mégane Moissonnier dans le Grand Prix 4* de Bourg-en-Bresse. Il devance de peu le Selle Français Originel Blood Diamond du Pont (Diamant de Semilly x Arpège Pierreville) et son ISO 175. Le bai de Julien Anquetin est né chez Matthieu Leconnetable, à Martinvast. Il a enregistré plusieurs bons classements cette saison, dont une victoire à 1,60m dans une épreuve de la Global Champions League à Shanghaï, et une deuxième place dans un Grand Prix 5* à Traverse City début août.
Le Britannique Jack Whitaker a fait une bonne saison avec le produit de la famille Leconte, Valmy de la Lande (Mylord Carthago x Starter), qui obtient son meilleur indice, 174, à seize ans et après une année où il s’est principalement consacré à des épreuves secondaires, mais avec beaucoup de régularité. Floyd des Prés (Vigo Cécé x Papillon Rouge), né chez Arnaud Bazire et associé à Antoine Ermann, s’est révélé après un double sans faute dans la Coupe des Nations de Rome avant de signer la meilleure performance française lors des championnats d’Europe de La Corogne, pour un ISO 170 à la clé.
Une autre représente de la génération ‘’F’’ obtient le même ISO : Fleur d’Oz*Vital Horse ! Contrairement à son conscrit, l’alezane est née dans l’Ain, chez Olivier Gaillard, qui ne fait naître, en moyenne, que deux poulains par an?! Depuis 2020, la Vendéenne Visconti du Telman (Toulon) née chez Françoise et Marjorie Sanguinetti, pointe à des indices supérieurs à 160. Cette saison, qui l’a vue terminer troisième de la finale de la Coupe du monde avec Kevin Staut, lui offre un ISO 179, faisant d’elle la quatrième meilleure performeuse de l’année !
Autre habitué de l’équipe de France avec Marc Dilasser, Arioto du Gevres (Diamant de Semilly x Qualisco III), protégé de sa naisseuse et propriétaire Marie Michèle Bastin, installée en Loire-Atlantique, décroche un ISO 178. Sa saison a notamment été marquée par sa victoire dans le Grand Prix du CSI 4* de Chantilly Classic, et un quatrième rang dans l’épreuve reine du CSI 5* de Dinard.
Plusieurs Selle Français se sont aussi illustrés sous couleurs étrangères à commencer par le champion d’Europe par équipe et médaillé de bronze en individuel avec Gilles Thomas, Ermitage Kalone (Catoki x Kannan). L’étalon alezan est né chez Magali Dessalles, dans le Tarn-et-Garonne et décroche un ISO 175. Sur ces deux mêmes podiums, la Berrichonne Hello*Folie de Nantuel se parait de deux breloques en argent avec la complicité de Scott Brash. Également lauréate de deux Grands Prix 5*, la fille de Luidam et Thara Nantuel (Diamant de Semilly) gratifie le travail de Claire et Jacques Gouin et de la famille Deuquet d’un ISO 169.
Coéquipier de Scott Brash à La Corogne, Ben Maher guide Dallas Vegas Batilly (Cap Kennedy x L’Arc de Triomphe) vers un ISO 170. La Selle Français est née chez Jean-Claude Viollet, dans l’Yonne. Elle a obtenu de nombreux succès, dont la victoire collective du clan britannique dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Calgary, tandis que son voisin d’écuries, Enjeu de Grisien, perle de l’élevage de Clémentine Wacquiez et de son ex-époux Adrian Kell, s’est élancé dans la finale de la Ligue des nations de Barcelone. Né en Seine-et-Marne, le fils de Toulon et petit-fils d’Andiamo obtient un ISO 173.
Entré dans le piquet de Cian O’Connor en novembre 2024, Bentley de Sury (Sunday de Riverland x Calvaro) né dans la Nièvre chez Brigitte de Faverges, est vite devenu l’un de ses chevaux de tête. En début d’année, tous deux se sont octroyé une victoire dans le Grand Prix Coupe du monde d’Ocala, puis une autre, collective cette fois, à l’occasion de la Coupe des nations de La Baule, débouchant sur un ISO 172.
Sous la selle du Belge Abdel Saïd depuis 2019, Arpège du Ru (Apache d’Adriers x Quat’Sous), élevée par le Parisien Christophe Legue, est toujours assidue aux remises des prix du haut de ses quinze printemps ! Très compétitive, elle a notamment décroché le Derby de Falsterbo et conclut 2025 avec un ISO de 171.
Si beaucoup de naisseurs des meilleurs chevaux français du dernier exercice ont des élevages de dimensions réduites, avec parfois moins d’une poignée de naissances annuelles, il en est tout autrement pour l’entreprise de Mickael Varliaud. Etabli en Charente, son affixe de Riverland enregistre chaque année plus de quatre-vingt nouveaux représentants ! En 2025 ses meilleurs ambassadeurs ont été l’imposant Eleven de Riverland (Kannan x Diamant de Semilly), notamment deuxième du Grand Prix du CSIO de Saint-Gall avec le Corrézien Nicolas Sers pour un ISO 172, également attribué à Derby de Riverland (Kannan x L’Arc de Triomphe), très compétitif avec Nicola Philippaerts. Arqana de Riverland (Windows vd Costersveld, alias Cornet Obolensky x Diamant de Semilly), qui a retrouvé la selle de sa propriétaire Juliette Faligot, pointe à 171.
Avec un ISO 174, Fantasio Floreval (Florian de la Vie x Clinton) est le meilleur représentant des chevaux enregistrés au stud-book Zangersheide nés en France. Le complice de Cédric Hurel représente l’élevage essonnien de Florence Peter.
Les chevaux à l’abord du très haut niveau
Si l’on s’intéresse aux générations montantes, quatre neuf ans passent le seuil de 160 avec en leaders un doublé pour le haras d’Ick de Richard Dick. Golden Boy DK (Diamant de Semilly x Cash), qui vient de confirmer son talent avec une troisième place dans le Grand Prix Coupe du monde de La Corogne aux rênes de Simon Delestre - sans que cette performance ne soit prise en compte dans le calcul de son indice -, égale la très performante Give Me One Reason DK (By Ceira d’Ick x Diamant de Semilly) de Marie Demonte. Tous deux obtiennent un ISO 168.
L’étalon Galax du Rouet (Lauterbach x Quincy), né chez Yannick Fardin et monté par Robin Le Squeren, et la jument Glorious Cornet HDR (Windows vh Costersveld x Le Tot de Semilly), qui a vu le jour chez Eric Tortiger et évolue avec Jérémy Le Roy, sont crédités d’un ISO 161. Trente-sept neuf ans passent la barre de l’ISO 150 avec en tête Himalaya du Temple (Toulon x Radieux), née chez le Bressan Guy Martin et très performante avec Olivier Perreau. Elle est talonnée par une monture de Nicolas Sers, Horizon des Partages (Candy de Nantuel x Norway de la Lande), ISO 157 et meilleur représentant du tout jeune élevage de la famille Petit, basé en Seine-Maritime.
Candy de Nantuel s’affirme dans les nouvelles générations se réclamant de la paternité de deux des quatre sept ans nés en France les mieux indicés. Il s’agit d’Ilyad du Villiers, ISO 153, née chez Alexandra Dimizas dans le Cher et confiée à Alexis Gourdin, et Ismi Menama, qui a vu le jour chez Marjorie Fette et Alain Theurmel, ISO 150. L’alezane a été sacrée vice-championne des sept ans sous la selle de Timothé Anciaume, juste derrière le frère utérin de Candy de Nantuel, Indigo de Nantuel (Balou du Rouet). Le spectaculaire alezan, protégé de la famille Gouin-Deuquet, décroche un ISO 150 sous la selle d’Arthur Deuquet.
Enfin, le quatuor gagnant pour le cru 2018 est conjointement mené par Idrogène des L (Diamant de Semilly x Calisco du Pitray), produit de l’élevage de Carol Landon, dans le Calvados. Gagnante de l’épreuve de vitesse du championnat de France des sept ans avec Tony Hanquinquant, puis en tête avant la finale, elle obtient le même indice qu’Ilyad du Villiers.
Photo à la Une : Né chez Jean-Luc L'helgouarc'h, Bond Jamesbond de Hay caracole en tête des ISO décernés par l'IFCE en 2025. © Sharon Vandeput / Hippo Foto