Si Olivier Jouanneteau aura été le cavalier de toujours d'Uélème, c'est avec sa fille Pauline que cette grande dame a terminé sa carrière. Après avoir obtenu un diplôme de commerce dans une école parisienne, Pauline a finalement opté pour une carrière de cavalière sur les traces de son père… avec les produits d'Uélème et de ses filles.
Souvent les cavaliers poussent un peu leur enfant à suivre dans la même voie, vous cela a été un peu différent ?
Pauline Jouanneteau & Plusjeleme (Happy Villers & Uélème) évoluent ensemble en Grand Prix 2*.
« Oui, c'était plutôt l'inverse. Mes parents nous ont plutôt poussés à suivre des études que ce soit pour moi ou mes frères et s?oeurs. Ils nous ont toujours conseillé de garder l'équitation comme passion et comme plaisir. La philosophie était plutôt d'aller à l'école, de faire des études, d'avoir un bon job et de pouvoir se permettre de se faire plaisir le week-end à cheval. Le but étant de continuer à monter mais certainement pas d'en faire un métier à temps plein. »
Lorsqu'on se retrouve en tant que jeune fille à monter sur Uélème, il y a une certaine pression ou les parents ont réussi à rendre cela facile ?
« Il y avait une certaine pression. La première fois, je devais avoir 16 ou 17 ans et je m'en souviendrai toute ma vie. Nous avions engagé à Compiègne, un concours de la région où nous connaissions beaucoup de monde, dans une 125 ou quelque chose comme ça. J'avais monté quelques fois la jument à la maison mais même si elle n'était pas compliquée, il y avait des codes à connaitre. Et puis c'était une grande dame. Lorsque je suis arrivée au concours, il y avait plein de gens qui me posaient plein de questions. J'ai entendu des choses pas très sympathiques comme « pour la première fois de ma vie, je vais pouvoir battre Uélème » ou des choses comme cela. Quand on a 16 ans, même si au départ, on n'est pas spécialement impressionné car on est habitué de la monter à la maison, je pense qu'inconsciemment, ça met une certaine pression à laquelle je n'étais pas du tout préparée. Lorsque je suis entrée en piste, il y a eu un mouvement de foule autour de la piste. Je pense que cela fait partie du milieu de l'équitation mais les gens n'ont pas forcément envie que l'on réussisse et ne vous souhaitent pas le meilleur en tout cas. Cela s'est bien passé jusqu'en milieu de parcours puis il y avait une ligne devant les tribunes avec tout le monde et là, j'ai pris une décision en changeant d'avis au dernier moment, la jument est partie sur la foulée d'avant et nous sommes tombées tous les deux. Uélème ne se relevait pas, moi non plus … j'étais inconsciente, j'ai fini à l'hôpital avec une entorse des cervicales, une ou deux semaines avant le bac. La première expérience n'était donc pas très bonne. Ça, je m'en souviendrai ! Du coup, je ne l'ai pas remontée en compétition tout de suite. On l'a d'abord mise au repos et je n'ai commencé qu'à la ressortir en concours que 6 ou 8 mois plus tard d'autant que cela avait refroidi un peu tout le monde dont papa et Daniel Millet qui en est co-propriétaire. Par la suite, cela s'est heureusement bien passé.
Nous avons fait pas mal de classements et j'ai pris beaucoup de plaisir à la monter en concours d'autant qu'une fois qu'on a trouvé les codes, cela allait très bien. Après, j'ai aussi appris à faire abstraction de ce que pouvait penser les gens, de ce qu'ils souhaitaient de bien ou de pas bien. C'était en tout cas une chouette expérience. J'espère avoir un jour une jument aussi bonne qu'elle car j'ai vraiment eu des sensations incroyables que je n'ai encore jamais retrouvées sur aucun des chevaux que je monte. »
Les sensations ne sont pas les mêmes avec ses produits ?
« On retrouve certaines choses… mais pas tout réuni. J'ai vraiment eu beaucoup de chance que mon père me la prête et que Daniel Millet soit d'accord qu'elle termine sa carrière avec moi. C'était une très bonne expérience pour moi, j'ai beaucoup appris. J'ai pu faire les juniors et de belles épreuves avec elle. Puis elle a pu continuer à faire un peu de concours car elle était tellement habituée à monter dans le camion que de la laisser au paddock, elle s'ennuyait vraiment. Elle n'avait qu'une envie : dès qu'elle voyait le pont du camion ouvert, elle sautait dans le camion. C'était de belles années. »
Plusjeleme est une propre soeur de Parlameme qui évolue sous la selle de Nicolas Delmotte ainsi que de l'étalon R'Bus.
Est-ce que cela vous aide pour monter ses produits ou juste pour votre carrière personnelle ?
« Je ne pense pas que cela aide pour monter ses produits car chaque cheval est différent. Ce n'est pas parce que ce sont ses descendants qu'on retrouve les mêmes caractéristiques. Il y en a qui sont plus ou moins faciles … etc. Par contre, moi, je pense que ça m'a permis de prendre de l'expérience, de faire des épreuves d'une certaine hauteur… Je pense donc que cela a surtout été très bénéfique pour moi. Cela m'a permis d'apprendre beaucoup, et notamment d'apprendre à gérer la pression. Mon père, lui, n'est jamais stressé et c'est un gros avantage pour lui. Il peut arriver trois chevaux avant d'entrer en piste pour sauter au paddock, il n'y a jamais de panique. »