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Uélème, l'envol du haras de Villers (4/7)

Reportages jeudi 30 juillet 2015 Julien Counet

Il y a des juments qui rentrent dans l'histoire pour leur palmarès, d'autres pour leur production. Très rares sont celles qui arrivent à combiner les deux. Uélème fait partie de ces exceptions. Après avoir permis à Olivier Jouanneteau de se révéler au plus haut niveau, ce sont ses produits qui prennent le relais sur les pistes internationales. Rencontre au haras de Villers avec son cavalier de toujours, Olivier Jouanneteau puis sa dernière cavalière, sa fille Pauline. Deux cavaliers qui continuent aujourd'hui à monter ses produits et leur descendance.

PARTIE 4 : LES DESCENDANTS D'UÉLÈME

Justement que retrouve-t-on en commun dans les produits d'Uélème ? 

 « Ce qu'ils ont en commun, c'est un vrai sens de la barre, beaucoup de qualité et de réflexes. Ce sont des chevaux très respectueux mais très sur l'oe?il, vous pouvez passer à côté un simple filet d'eau sur la route, ils vont le voir. Ce qui varie, ce sont les moyens. Celle qui avait le plus de moyens, c'est peut-être Kaeleme, une Trophée du Rozel qui est malheureusement morte de coliques. C'est dommage car elle avait de gros moyens et une grosse galopade. Il y en a eu d'autres avec beaucoup de qualités. Plusjeleme est quand même une très bonne jument même si je ne pense pas qu'elle fasse une Coupe du monde. Ça reste des chevaux qui sautent 1m45-50, ce qui n'est quand même pas rien. Il y a plein de juments de haut niveau qui n'ont pas produit comme elles. Elle est quand même meilleure jument française sur sa descendance. Ce n'est pas par hasard. »

Ma P'tite Lulu se consacre désormais à l'élevage après avoir connu une brillante carrière sportive

Dans vos croisements, vous avez utilisé Armitage mais aussi Vagabond de la Pomme et Vigo d'Arsouilles cette année, le Selle Français « originel » n'est pas quelque chose d'essentiel à vos yeux ?

« Franchement, je suis plutôt franco-français et pour moi, Nabab de Rêve ou Vigo d'Arsouilles sont Français ! Ces chevaux-là ont avant tout leurs qualités,  ce n'est pas l'objectif de croiser avec le petit cheval français moyen. Je pense que ce qu'il faut, c'est de fabriquer un cheval de sport qui saute bien et qui est commercial. Le reste n'est pas très important. Aujourd'hui, vous pouvez aller acheter une jument en Belgique qui n'a pas sauté 1m10, vous la ramenez en France et la présentez à deux concours de modèle et allures, vous faites un chèque, vous allez voir un juge, il vous la labellise je ne sais quoi, même si votre jument n'a rien comme origine française hop, demain, elle produit Selle Français ! C'est une hérésie.

Filomène Villers (Guarana Champeix x Norman Pré Noir x Happy Villers)

 J'ai toujours dit au stud-book qu'il serait préférable de laisser rentrer des juments pour produire Selle Français avec un minimum de qualité. On demande à nos étalons de produire Selle Français quand ils ont gagné en Grand Prix et à côté de ça, vous rentrez des juments de bas flanc qui sont peut-être bien nées mais qui ne sautent pas et on fait du Selle Français avec, c'est se foutre du monde ! On se voile la face. Si c'est ça le Selle Français, il n'y a pas de Selle Français. Les autres pays ont néanmoins fait pareil dans l'autre sens. Un jour, je me suis retrouvé dans un concours d'élevage où il y avait un cheval 100% Selle Français qui était inscrit au studbook hanovrien. A l'époque, ça choquait. Quand on est rentré en France, on a dit aux gars de l'ANSF qu'ils ne faisaient pas bien leur boulot puisqu'il y avait un cheval Selle Français qui était hannovrien mais maintenant, on fait la même chose chez nous. » 

Quand vous avez eu le premier fils d'Uélème agréé, avez-vous été surpris que les gens ne viennent pas plus vers lui ? 

« Cela reflète aussi mon avis sur l'élevage. Le stud-book Selle Français, sachant qu'il a une crack jument, pourrait peut-être autoriser son fils à faire la monte d'autant qu'elle a produit de très bons chevaux et que l'origine est quand même plaisante, que le cheval avait fait ses finales... et non, on le refoule à l'approbation. Moi, je pense qu'il vaut mieux agréer R'Bus, étalon Selle Français issu d'Happy Villers, lui-même fils de Quidam de Revel, et d'Uélème dont on sait qu'une propre s?ur était vice-championne de France des 5 ans

L'étalon Selle Français R'Bus (Happy Villers & Uélème)

Cette année-là, j'ai présenté mon 4 ans qui était double sans-faute à Fontainebleau mais on n'a même pas regardé ! A côté de ça, on approuve un cheval pie par Limbo pour produire Selle Français. On marche sur la tête. Cette approbation ne rime à rien. Ça n'a rien avoir avec la génétique, on fait du clientélisme. Moi, mon avis, c'est qu'il vaut mieux faire confiance à un cheval qui a une très bonne génétique et une mère exceptionnelle, même si lui n'est pas exceptionnel car génétiquement, on peut se dire qu'il est issu d'un étalon qui n'est pas nul et d'une mère excellente. Alors qu'un cheval qui a fait de bonnes performances mais dont les origines sont archi modestes, je pense qu'il faut savoir faire la part des choses. Le mieux, c'est évidemment d'avoir un crack mais ça, on ne l'a pas. Je pense néanmoins que c'est important de d'abord voir les chevaux sous la selle, faire du sport pour juger de leur qualité. Pas faire quatre sauts en liberté puis tamponner comme de quoi ils sont aptes à faire la monte.  On dit qu'on avance dans la génétique parce qu'on gagne des années mais quand vous avez un cheval que l'on approuve car il saute correctement à deux ans puis mais comme un petit lapin à 4 ans et qu'il ne porte pas le bonhomme parce qu'il n'a pas de force… C'est ridicule. Celui qui l'a utilisé à deux ans comme géniteur, il a un poulain d'un cheval qui est plus que médiocre et du coup, le voilà embarrassé d'un cheval à son tour plus que médiocre. Après à grand renfort de publicité, on peut faire mousser un peu le truc. Le champion des deux ans en liberté, pourquoi pas, mais le concours hippique, ce n'est pas du saut en liberté. C'est la piste ! »

La troisième partie est à retrouver ici 

La cinquième partie est à retrouver ici