Laura Kraut n’avait pas fait le déplacement jusqu’à Chantilly pour rien ! Accompagnée par plusieurs élèves, pour un total de vingt-huit (!) chevaux, la championne américaine a fait sienne l’immense piste en herbe des grandes écuries. De retour sous de nouvelles concours, le traditionnel concours a tenu toutes ses promesses, avec un barrage enflammé, et une victoire amplement méritée pour une toute jeune jument : Bisquetta. Derrière la paire féminine, une autre Étatsunienne, Giavanna Rinaldi, a parfaitement célébré son anniversaire, certes avec deux jours de retard, mais avec une belle deuxième place dans le Grand Prix, acquise aux rênes de Parrandero. Vainqueur à l’applaudimètre, Roger-Yves Bost s’est rangé au troisième rang avec son puissant Delph de Denat*HDC.
En 2010, alors que Chantilly accueillait son tout premier CSI 5*, Laura Kraut passait la ligne d’arrivée en tête, aux rênes de son fidèle Cédric, inoubliable génie gris, petit par la taille mais grand par le talent. Treize ans plus tard, l’Américaine, venue dans l’Oise avec pas moins de vingt-huit chevaux (!), montures de ses élèves et les siennes, a mis les bouchées doubles au barrage pour faire lever les tribunes pleines à craquer en ce samedi 15 juillet. Les équipes de GRANDPRIX Events, qui ont travaillé d’arrache-pied pour mettre en œuvre ce superbe événement et rendre ses lettres de noblesses à l’immense écrin d’herbe qui fait face aux grandes écuries de la ville, ne pouvaient rêver meilleur dénouement, pour leur première sur cette piste et leur première, aussi, au niveau 4*. Chapeau bas.
Laura Kraut et Bisquetta au tour d'honneur. © Mélina Massias
Associée à sa jeune Bisquetta Squalls Estate, une fille de Bisquet Balou van de Mispelaere de neuf ans, la reine Laura Kraut a tout donné dans un barrage ayant réuni dix-sept couples. Un total un poil élevé sur le papier, mais qui a donné lieu à une bataille au sommet, avec une victoire en 41”26, et a enchanté le public.
La joie de Laura Kraut après son barrage rapide et impeccable avec la jeune Bisquetta. © Mélina Massias
“Le seul défaut de Bisquetta ? Elle est terrifiée par la queue des autres chevaux !”, Laura Kraut
“Je suis juste aux anges de gagner ici, à Chantilly, l’un de mes concours préférés. Il s’avère que j’ai gagné le Grand Prix ici il y a un certain nombre d’années, en 2010, avec mon ancien complice, Cedric. Revenir ici et gagner en 2023 me ravit. Je sais que Bisquetta est rapide. Elle n’a que neuf ans, elle reste donc jeune et nouvelle à ce niveau, mais elle est tellement fiable que je savais que je devais tout donner. J’ai été aussi vite que j’aie pu et Bisquetta a été parfaite. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle réalise une performance comme celle-ci ! Je l’avais amenée ici pour lui donner de l’expérience, et cette victoire en est une belle ! (rires) Je la monte depuis bientôt deux ans. J’ai eu la chance d’être en Espagne pour le Sunshine Tour un automne. Un ami m’aidait sur place et m’a demandé si j’avais remarqué cette jument. J’ai regardé quelques vidéos et je l’ai tout de suite adorée. Nous sommes allés demander si elle était à vendre, et il s’avère qu’elle était en train d’être vendue ! Heureusement, c’était à un ami à nous, qui a eu la gentillesse de nous laisser l’acheter. Nous avons travaillé un peu ensemble, et j’ai sentie qu’elle était vraiment spéciale. Alors, Margaret (Duprey, sa fidèle propriétaire, qui était également propriétaire d’un certain Cedric, ndlr) l’a acquise pour moi. À ce moment précis, je crois qu’elle a tout : elle est très respectueuse, super courageuse et je pense qu’elle a les moyens dont elle a besoin. Elle n’est pas très grande, mais vraiment brave. Son cœur est aussi grand qu’elle ! Elle est d’un caractère très doux. C’est un amour de jument. Elle se comporte presque comme un hongre ! Son seul défaut ? Elle est terrifiée par la queue des autres chevaux ! (rires) Elle est presque parfaite”, a souri la meilleure cavalière du monde après avoir savouré chaque seconde de son tour d’honneur, et avant d’aller déguster quelques coupes de champagne en bonne compagnie. Et d’ajouter : “Ce n’est pas si souvent que l’on peut aller aussi vite sur un terrain en herbe sans craindre de glisser (comme ce fut le cas à Rome, par exemple, pour l’Américaine, qui avait vu la victoire lui échapper dans le Grand Prix avec Baloutinue, ndlr). Le sol ici a été absolument parfait toute la semaine. L’organisation du concours est de première classe. Nous avons passé une semaine formidable et je ne peux pas remercier suffisamment tout le monde pour tous les efforts qui, je le sais, sont nécessaires à la mise en œuvre de tels événements. C’était super d’être de retour, et nous avons très bien mangé tout le week-end ! (rires)”
Le sourire de Laura Kraut dans le super cadre de Chantilly. © Mélina Massias
Une caresse pour Bisquetta. © Mélina Massias
Laura "la classe" Kraut inspire déjà la nouvelle génération. © Mélina Massias
Un barrage indécis jusqu’au bout
Présente en nombre, et surtout en qualité, la délégation américaine était fort à son affaire à Chantilly. Derrière Laura Kraut et son immense palmarès, une jeune amazone un poil moins connue, a livré une prestation de très haut standing. Giavanna Rinaldi, qui a fêté son vingt-quatrième anniversaire il y a deux jours, s’est hissé au deuxième rang de ce Grand Prix loin d’avoir été construit au rabais par le duo espagnol formé par Elena Boix et Santiago Varela. La talentueuse amazone était associée à une monture relativement nouvelle, qu’elle découvre en compétition depuis le printemps dernier seulement : Parrandero. Cet étalon holsteiner, né sous le nom de Class VP et fils du tempétueux Clarimo, prenait part à son tout premier Grand Prix 4* et a permis à sa cavalière, un temps basée en Allemagne et ravie de l’issue de son week-end dans l’Hexagone, de signer la meilleure performance de sa jeune carrière, déjà remplie de première place jusqu’à 1,50m.
Quelle belle réussite, tombée à point nommé, pour l'Américaine Gia Rinaldi ! © Mélina Massias
Troisième, Roger-Yves Bost a terminé dans la même seconde que les deux amazones qui l’ont doublé aujourd’hui, avec son puissant Delph de Denat*HDC, en bonne voie pour rivaliser au plus haut niveau. Si le puissant étalon, présenté comme une véritable star en formation, a laissé échapper quelques centièmes en chemin, en dépit d’un excellent comportement ce week-end, son pilote, déjà vainqueur de l’épreuve réservée aux chevaux de sept ans la veille, a gagné le Grand Prix à l’applaudimètre lors de la remise des prix, d’une courte tête devant Valentin Marcotte, quatrième.
Bosty et Delph de Denat. © Mélina Massias
En pleine forme, celui qui s’était imposé dans le temps fort de Compiègne Classic mi-mai, a un temps cru être venu à bout de ce barrage fleuve et fautif. Toujours associé à son brillant étalon Diego Del Caribe, le sympathique Tricolore a levé sa bombe au ciel et profité de l’ovation des tribunes, donnant au passage quelques frissons aux nombreux spectateurs. Malheureusement, la fin de cette finale au chronomètre aura rincé ses derniers espoirs, le poussant poliment vers une médaille en chocolat. Compte tenu de la régularité du duo, nul doute qu’il goûtera rapidement à une autre saveur à ce niveau !
La joie communicative de Valentin Marcotte. © Mélina Massias
Grâce à des prestations bien senties et plus ou moins risquées, Beth Underhill, Edward Levy, Niklaus Rutschi, Nicolas Layec, remarquable de régularité tout au long du week-end, et Jane Annett, auteure de sa plus belle performance ce samedi, ont complété le top 9 et déroulé les derniers doubles zéro de l’après-midi, grâce à leurs complices respectifs : Dynastie de Beaufour, Broadway de Mormoulins, Cardano CH, Bulgarie d'Engandou et Impala.
Malgré la pluie, intermittente au premier tour, Nicolas Layec a encore signé une démonstration de belle équitation. © Mélina Massias
Photo à la Une : Laura Kraut et sa jeune star Bisquetta face aux grandes écuries de Chantilly. © Mélina Massias
Toutes les épreuves de Chantilly Classic sont à (re)voir sur GRANDPRIX.tv.