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“Tout le monde rêve de médailles et de certains Grands Prix, mais atteindre le haut niveau et en profiter serait déjà suffisamment agréable en soi”, Oliver Fletcher (2/2)

Hello William
jeudi 18 juillet 2024 Mélina Massias

À vingt et un ans, Oliver Fletcher affiche une maturité déconcertante. Depuis le début de l’année, le Britannique a posé ses valises à Deauville, où il a trouvé le lieu idéal pour s’émanciper et lancer sa propre entreprise. Membre de la promotion 2024 de la Young Riders Academy, le jeune homme, passionné de football, qu’il a pratiqué à un niveau élevé il y a quelques années, n’en finit plus de faire parler de lui. Cinquième de son premier Grand Prix 5* l’été dernier à l’occasion du Grand Prix du Longines Global Champions Tour de Londres, double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 4* de Sopot mi-juin et lauréat de sa première épreuve 5* en début d’année à Doha, ce passionné de la première heure vit ses derniers championnats d’Europe Jeunes. Depuis 2015, il n’a pas manqué une seule édition et espère bien conclure en beauté à Kronenberg. Rencontré à Chantilly Classic, où il a peaufiné ses derniers réglages avec son fidèle Hello William, né Willie Wonka LVS, Oliver Fletcher revient sur l’influence de ses parents, les derniers mois écoulés, son piquet de chevaux ou encore son installation dans l’Hexagone. Rencontre.

La première partie de cette interview est à (re)lire ici.

Vous êtes installé à Deauville, où vous développez votre propre entreprise. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le système que vous avez mis en place ?

En début d’année, nous avons déménagé à Deauville, avec tous mes chevaux. Mon piquet est composé de neuf ou dix montures. Mes parents ont été fantastiques pour moi et m’ont poussé et soutenu à chaque étape, mais je ne voulais pas non plus compter exclusivement sur eux. J’ai donc décidé de tenter l’expérience par moi-même. Je suis entouré par une bonne équipe, qui m’aide, mais j’essaye d’être un peu plus indépendant par rapport à mes parents dans tout ce qui est business ou qui relève de l’aspect financier.

Pourquoi avoir choisi Deauville ?

Une bonne opportunité s’est présentée à moi là-bas. C’est une ville absolument magnifique, mes chevaux adorent leur vie là-bas et c’est aussi un endroit génial pour moi.

Vous faites donc un peu de commerce ?

Oui, cela se passe bien ! Nous avons vendu quelques bons chevaux récemment. C’est toujours une partie difficile de notre sport, lorsque l’on n’a pas envie de se séparer d’eux… Mais si on ne le fait pas, il est impossible d’aller ou que ce soit.

Depuis le début de l'année, Olliver Fletcher est installé à Deauville. © Sportfot



Vous êtes licencié au sein de la Team Joly, l’équipe de la Française Inès Joly. Travaillez-vous ensemble ?

Nous sommes installés dans les mêmes écuries, donc nous travaillons beaucoup ensemble à la maison. Lorsqu’elle le souhaite, je l’aide en concours. C’était génial de faire partie de sa grande victoire de la semaine dernière (à Monaco, où la Française s’est imposée pour la première fois dans un Grand Prix 5* avec Ambassador, empochant par la même occasion un demi-million d’euros, ndlr). C’était incroyable pour elle, d’autant plus qu’elle faisait partie des outsiders de ce Grand Prix. Je pense que sa victoire est une grande source de motivation pour n’importe quel compétiteur et pour tous les jeunes cavaliers qui ont cette ambition. Inès a monté de façon fantastique et c’était formidable d’être témoin de cela.

Entraînez-vous des cavaliers vous-même ?

Oui, je fais pas mal de coaching maintenant. J’ai pas mal de cavaliers sous mon aile depuis ces dernières années. Je prends du plaisir dans cette activité et je crois que je suis plutôt doué pour cela !

Oliver Fletcher aux côtés d'Inès Joly à l'entrée de piste du Grand Prix 4* de Chantilly Classic. © Mélina Massias

“Je pense que les chevaux se donnent plus pour leurs cavaliers lorsqu’ils ont été formés par ces derniers”

Vous avez pratiquement assuré l’intégralité de la carrière internationale de la majorité de vos chevaux, dont vos deux montures de tête, Hello William et BP Pocahontas (Emilion x Pacino, né Eldiam de Rêve)...

J’ai formé presque tous mes chevaux dès leurs cinq, six ou sept ans. C’est chouette. Cela a été rendu possible grâce à l’aide de mes différents sponsors et propriétaires, qui sont restés à mes côtés et ont cru dans ces chevaux. Alison et John Walton ont été formidables avec moi. Ils ne m’ont jamais poussé à vendre un cheval si je leur indiquais qu’il était préférable de le conserver. Ils m’ont cru et m’ont fait confiance.

Qu’aimez-vous le plus dans le fait de former vos chevaux dès leur plus jeune âge ?

Je pense que c’est surtout le lien que l’on peut établir avec eux. Remporter n’importe quelle épreuve est spéciale, mais lorsque l’on sait qu’on a parcouru tout le chemin avec le cheval en question, cela rend les choses encore plus savoureuses.

Hello William a disputé son premier concours sous la selle d'Oliver Fletcher, son cavalier de toujours. © Sportfot

Sentez-vous une véritable différence avec des chevaux dont vous avez pris les rênes plus tardivement dans leur carrière ?

Je le crois, oui. En fin de compte, je pense que les chevaux se donnent plus pour leurs cavaliers lorsqu’ils ont été formés par ces derniers. C’est la même chose lorsque l’on voit quelqu’un avoir une très bonne connexion avec un cheval pendant de longues années. Si ce cheval est vendu, il n’est souvent pas aussi performant avec son nouveau cavalier qu’avec le précédent. Lorsqu’on commence à monter un cheval à six ou sept ans, quelques années plus tard, on ne pense plus aux choses que l’on fait. Cela devient des automatismes, tant on les connaît par cœur. 



BP Pocahontas commence à briller à haut niveau, du haut de ses dix ans. Pouvez-vous en dire un peu plus sur ce talentueux KWPN ?

C’est un très, très chouette cheval. Je l’ai acheté auprès de Greg Broderick lorsqu’il avait six ans. J’ai toujours cru en lui lorsqu’il était jeune. Il m’a demandé du temps à six et sept ans, puis tout a commencé à bien coller entre nous ces dix-huit derniers mois, au cours desquels il a remporté de belles épreuves. Je suis sûr qu’il connaîtra de grands moments. C’est un super sauteur.

C'est grâce à BP Pocahontas qu'Oliver Fletcher a remporté sa première épreuve labelisée 5* en début d'année. © Mélina Massias

Comment se porte IV Willem (Cassini Gold x Revel O), votre partenaire des championnats d’Europe de Gorla Minore en 2023, plus vu en compétition internationale depuis août 2023 ?

Il va bien ! Il a eu une pause et a repris l’obstacle. J’espère pouvoir le ramener vers le haut niveau très prochainement. C’est un super cheval à monter et un autre qui donnerait son cœur pour son cavalier.

Le tout bon IV Willem devrait prochainement retrouver la compétition, après près d'un an d'absence. © Sportfot

Avec Hello William, PB Pocahontas et IV Willem, vous pouvez compter sur trois chevaux de haut niveau…

Exactement ! Et j’en ai d’autres qui arrivent derrière eux. J’ai un fils de Comme Il Faut de dix ans (Cajus 42, mère par Quidam’s Rubin, ndlr) très plaisant, qui a sauté trois épreuves à Chantilly (pour autant de classements, ndlr), ainsi qu’une très bonne huit ans (Love, Diamant de Semilly x Heartbreaker, ndlr) qui s’est classée dans le Grand Prix réservé à sa classe d’âge ici. Je pense qu’elle sera aussi une excellente complice. Je suis chanceux d’avoir des chevaux pour le grand sport et des jeunes qui commencent à briller à leur tour.

Le tout bon Cajus 42 incarne la relève pour le Britannique. © Sportfot

“Adeline Hécart et Victor Bettendorf font partie des gens les plus adorables que j’aie pu rencontrer dans ma vie”

Récemment, vous avez également monté deux jeunes chevaux du haras de la Roque. Collaborez-vous ensemble ?

Oui, je commence à travailler davantage avec Adeline (Hécart, ndlr) et Victor (Bettendorf, nldr). Ce sont des gens extraordinaires. Ils font tous les deux partie des gens les plus adorables que j’aie pu rencontrer dans ma vie. Nous sommes également de très bons amis. Nous sommes propriétaires d’un sympathique sept ans (Hibou de la Roque, Elvis Ter Putte x Kannan), et j’ai également monté un cheval de dix ans (Eagle Eye de la Roque, Vigo d’Arsouilles x Kannan), qui fait partie du piquet de Victor la semaine dernière. Il a réalisé un sans-faute à 1,45m et est très agréable. Je trouve qu’Adeline et Victor ont un magnifique système pour leurs chevaux. Ce sont de vrais gens de chevaux. 

La jeune Love semble destinée à un bel avenir sportif. © Sportfot

Vous êtes-vous intéressé à leur système ?

Oui, à cent pourcents. Je pense qu’il est important de ne pas copier le système de quelqu’un, mais l’on peut toujours piocher des éléments à adapter à son propre fonctionnement, afin de l'améliorer. C’est, à mes yeux, la meilleure façon de faire.



Cette année, vous avez intégré les rangs de la Young Riders Academy. Quel premier bilan tirez-vous de cette expérience ?

C’est très bien. Nous avons eu une très bonne séance avec Frank Sloothaak, qui était très cool à regarder, tout comme le fait d’apprendre de lui. Ensuite, nous sommes allés à Lugano, où nous avons passé quelques jours géniaux. Nous avons appris des choses au-delà du simple entraînement des chevaux ; nous avons abordé tout ce qui concerne l’aspect business de notre métier. Jusqu’à présent, l’expérience est très positive.

Quels sont vos objectifs, à court et long terme ?

Je vais prendre les concours les uns après les autres. Mon premier objectif va être de me concentrer sur les Européens et essayer de faire la meilleure performance possible là-bas. À long terme, j’espère atteindre le haut niveau et y rester. Tout le monde rêve de médailles et de gagner certains Grands Prix, mais atteindre ce niveau et en profiter si on y parvient serait déjà suffisamment agréable en soi.

À vingt et un ans, Oliver Fletcher touche déjà du doigt le très haut niveau et compte bien tout faire pour s'y maintenir de façon pérenne. © Mélina Massias

Photo à la Une : Oliver Fletcher et son meilleur complice, Hello William. © Sportfot