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“Tous les chevaux ne sont pas taillés pour le plus haut niveau, mais cela ne devrait pas avoir d’importance”, Jeroen Dubbeldam

Jeroen Dubbeldam
samedi 15 mars 2025 RGS

Ce week-end, Jeroen Dubbeldam a enfilé son plus beau costume de directeur sportif à Bois-le-Duc. À l’origine de l’épreuve phare de jeudi soir, inspirée de l’ancienne finale à quatre des Jeux équestres mondiaux, le multi-médaillé néerlandais évoque ce qui distingue le Dutch Masters des autres concours, les clés pour espérer réaliser un jour le Grand Chelem Rolex, mais aussi quelques faits marquants de sa carrière.

Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre le poste de directeur sportif du Dutch Masters et quels sont vos principaux objectifs à ce poste ?

J’ai encore beaucoup à apprendre, car c’est seulement ma première année au poste de directeur sportif du Dutch Masters. Cela étant, je connais bien l’événement et son fonctionnement habituel. Je pars aussi sur des bases bien établies, ce qui me facilite la tâche. Comme chacun de mes prédécesseurs avant moi, je souhaite apporter ma pierre à l’édifice et j’ai ma propre façon de travailler. Mon équipe et moi avons apporté quelques petites modifications, par exemple en peaufinant la programmation et en créant une nouvelle épreuve, le HeadFirst Group Prize-Best of Champions (une épreuve inspirée de la finale à quatre des Jeux équestres mondiaux, ndlr). Ma principale responsabilité en tant que directeur est de superviser le déroulement des épreuves et le programme sportif. Je réponds aux interrogations des cavaliers et organisateurs et je fais le lien entre toutes les parties prenantes pour une communication fluide. 

Comment comptez-vous utiliser votre vécu de cavalier de haut niveau pour faire grandir encore davantage la compétition, tant pour les athlètes que les spectateurs ?

Je vais mobiliser mon expérience de cavalier, et ma présence sur de nombreuses compétitions de très haut niveau, pour comprendre ce qui fonctionne le mieux pour les cavaliers et les organisateurs, de même que ce qui plaît au public. L’un de mes objectifs est d’intégrer ces connaissances de la meilleure manière possible. Comme il s’agit de ma première année dans ce costume, tout est un peu nouveau. Mais c’est l’occasion pour moi d’observer ce qui se passe, de poser des questions et de demander le point de vue des personnes qui travaillent sur le Dutch Masters depuis beaucoup plus longtemps. J’ai hâte de relever ce nouveau défi, et j’espère que mon expérience passée sera un plus pour l’événement.

Le Dutch Masters propose cette année une nouvelle épreuve. Comment vous est venue l’idée de la créer et que va-t-elle apporter au concours selon vous ?

L’idée du HeadFirst Group Prize-Best of Champions est venue de conversations que j’ai eues avec Yvonne, mon assistante, qui m’aide beaucoup dans mon travail. Notre premier objectif était d’attirer le public le jeudi soir. Comme dans beaucoup de concours hippiques, il est moins facile de remplir les gradins en semaine que du vendredi au dimanche, moment où les réservations augmentent naturellement. À partir de cette volonté, Yvonne et moi avons eu l’idée de proposer ce concept, inspiré de la finale à quatre. L’épreuve se déroule en plusieurs rotations, durant lesquelles les cavaliers sélectionnés concourent avec les chevaux des autres. Ayant moi-même participé à ce type d’épreuve à de nombreuses reprises, je sais qu’il représente un défi intéressant pour les cavaliers et un spectacle exaltant pour le public. Au cours des années, beaucoup de gens m’ont dit qu’ils trouvaient ce type d’épreuve intéressant et palpitant à regarder. J’espère vraiment que cette première édition rencontrera le succès escompté et fera gagner le sport en popularité. Si tel est le cas, nous envisagerons certainement de la reconduire dans le futur. Sinon, nous testerons de nouvelles idées l’an prochain ! Pour l’heure, les cavaliers semblent très enthousiastes !



Le Dutch Masters est l’un des concours indoor les plus renommés au monde. Qu’est-ce qui en fait une compétition à part et comment s’est-il développé depuis 2018, année de son entrée au sein du circuit du Rolex Grand Slam de saut d’obstacles ?

Ces dernières années, je crois que le Dutch Masters s’est affirmé comme un rendez-vous exceptionnel. Dans son histoire, il a été le théâtre de moments de sport de très haut niveau, et a même accueilli des finales de la Coupe du monde, ce qui renforce sa réputation. Depuis que Rolex est devenu le sponsor titre du Grand Prix des Dutch Masters, en 2014, l’événement a atteint un niveau supérieur en termes de professionnalisme et de prestige. Et depuis l’intégration du Grand Prix au circuit du Rolex Grand Slam, en 2018, le Dutch Masters fait partie des événements d’élite de notre sport. De plus, le public est non seulement enthousiaste, mais surtout très cultivé ; de nombreux professionnels du secteur, des éleveurs et de vrais passionnés remplissent chaque année les tribunes.

En dehors des compétitions, il y a aussi beaucoup de choses à voir ici. C’est un événement de pointe et passionnant, qui mêle sport de très haut niveau avec une expérience élégante et captivante à tous.

Qu’est-ce qui différencie le Grand Prix Rolex du Dutch Masters des épreuves phares du circuit ?

Pour moi, le fait qu’il fasse partie du Rolex Grand Slam de saut d’obstacles est ce qui le rend le plus intéressant. Cela lui confère un côté unique, puisque seules quatre épreuves composent ce circuit. En comparaison au tennis, où Wimbledon, Roland Garros et les autres tournois du Grand Slam sont l’apogée du sport, j’estime que les quatre Majeurs du Grand Slam Rolex de saut d’obstacles ont le même niveau de prestige. Ils sont organisés par des professionnels très expérimentés, qui comprennent le sport et ce que nécessite une compétition de très haut rang. À mes yeux, cela rend ces événements uniques dans l’univers du jumping.

Réussir le Grand Chelem Rolex est l’une des choses les plus difficiles à réaliser en saut d’obstacles. De quelles qualités faut-il disposer pour y parvenir ?

Seuls les meilleurs couples au monde ont une chance de réussir le Grand Chelem Rolex, et même de remporter l’un des quatre Grands Prix du circuit. Pour cela, il faut faire preuve d’un professionnalisme extraordinaire, d’un dévouement sans faille et de formidables compétences. C’est là tout le sel du Grand Slam : seuls les tous meilleurs gagnent leur place sur la liste de départ. Cela assure que les Grands Prix soient aussi disputés qu’un championnat, voire plus. Gagner demande le meilleur, tant des chevaux que des cavaliers. Cela fait de chaque victoire une prouesse remarquable.

Sur quels duos misez-vous pour la victoire dans le Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc ?

Ce serait formidable pour le Grand Slam Rolex de saut d’obstacles de voir Harrie Smolders, actuel prétendant au Grand Chelem, triompher dimanche. Cela ajouterait une nouvelle saveur à l’histoire du circuit, faisant d’Harrie un cavalier clé à garder à l'œil. Ceci étant, si je devais choisir un cavalier particulièrement en forme en ce moment, ce serait Kent Farrington, l’un des Témoignages Rolex. Il a réussi des performances extraordinaires cette année, décrochant plusieurs victoires en Grand Prix (uniquement outre-Atlantique, ndlr). Il montera Toulayna (van het Bloesemhof, ndlr), avec qui il a déjà remporté plusieurs belles épreuves en ce début d’année. Cette jument très rapide et agile est exactement le type de monture qui convient à la piste du Dutch Masters, qui n’est pas très grande, et sur laquelle il est crucial de disposer d’un cheval rapide et réactif, qui sait s’adapter à tout. Willem Greve, vainqueur du Rolex Grand Prix l’an dernier aux rênes de Highway*TN N.O.P., sera également présent (avec l’excellent Grandorado, ndlr). Il fait aussi partie des cavaliers à surveiller. Mais ils sont loin d’être les seuls ! Compte tenu du plateau, tout le monde ou presque peut prétendre à la victoire. 



Vous êtes champion olympique, champion du monde, champion d’Europe… Quelle est la plus grande fierté de votre carrière ?

Bonne question, à laquelle il n’est pas facile de répondre ! Ma médaille olympique en individuel aux Jeux de 2000 a été un moment marquant dans ma carrière et la plus prestigieuse récompense que j’aie jamais remportée. Mais la victoire qui m’a procuré le plus de plaisir est celle de la finale des Jeux équestres mondiaux de Caen en 2014. Les médailles se sont décidées lors de la finale à quatre, qui se déroulait sur le même principe que l’épreuve Best of Champions de jeudi. Pouvoir prendre part à cette épreuve et monter les quatre meilleurs chevaux du monde à l’époque a été formidable. J’ai vraiment apprécié décrocher ce titre, qui représente beaucoup de choses pour moi en tant que cavalier.

Quelles leçons avez-vous tirées des années passées au plus haut niveau ?

Si mon parcours m’a appris quelque chose, et que je devais prodiguer un seul conseil aux jeunes cavaliers actuels, ce serait de faire ce métier avec passion. J’ai toujours adoré travailler avec les chevaux, et c’est encore le cas aujourd’hui. Tous ne sont pas taillés pour le plus haut niveau, mais cela ne devrait pas avoir d’importance. La joie et la satisfaction que procurent le fait de travailler aux côtés des chevaux est ce qui compte le plus. Qu’ils atteignent ou non les sommets, l’expérience devrait toujours être perçue comme enrichissante.

Photo à la Une : Jeroen Dubbeldam. © Remco Verink / Rolex Grand Slam