“À jeune cavalier, vieux cheval”, dit le dicton. Thibeau Spits et Impress-K van’t Kattenheye sont une exception à la règle. Âgés de vingt-trois et neuf ans, le Belge et son étalon Zangersheide ont mis tout le monde d’accord sur l’herbe de Riesenbeck. Grand espoir des Diables Rouges, le double champion d’Europe Jeunes cavaliers de 2022 a remporté son premier Grand Prix 5*, devant nul autre que Marcus Ehning, juché sur son tout bon Coolio 42, ainsi que les très en forme Abdel Saïd et Bonne Amie.
Dimanche 21 juillet, jour de fête nationale en Belgique. À quelques kilomètres de chez lui, Thibeau Spits ne pouvait trouver meilleure occasion de faire retentir la Brabançonne, qui plus est pour célébrer sa première victoire en Grand Prix 5*. Âgé de vingt-trois ans, le jeune prodige, décrit par nombre de ses pairs comme l’un des grands espoirs du clan belge, a transformé l’essai, deux ans après avoir décroché le titre de double champion d’Europe lors de ses derniers Européens Jeune Cavalier, à Oliva. Même Marcus Ehning, relégué au deuxième rang par son cadet, ne pouvait que saluer son talent. “Thibeau est un cavalier incroyable. Je lui ai dit que nous, les gens de plus de cinquante ans, devrions partir au barrage avec deux secondes de moins sur notre chronomètre. Ces jeunes gens ont besoin d’avoir un handicap”, a plaisanté l’Allemand, auteur de la meilleure performance germanique face à son public.
Le jeune prodige Thibeau Spits bien entouré sur le podium du Grand Prix 5* de Riesenbeck. © Ljuba Buzzola
“Remporter un Grand Prix du Longines Global Champions Tour est assurément le plus grand accomplissement de ma carrière. Mes deux grands-pères étaient là, tout comme ma sœur, puisque Riesenbeck n’est pas très loin de la maison, en Belgique. Avoir ma famille pour me soutenir ici rend cette victoire encore plus spéciale”, a déclaré Thibeau Spits.
Issu d’une famille très impliquée dans la sphère équestre et notamment à la tête d’un élevage et d’une écurie de deux-cents chevaux non loin de Malines, le jeune Diable Rouge a déjà l’âme des plus grands. La valorisation et la formation des jeunes montures, ainsi que le commerce font partie de son quotidien. Il y a quelques semaines, Thibeau Spits a dit au revoir à Calvino II de Nyze, l’un de ses grands espoirs, cédé par ses naisseurs et propriétaires à Iron Dames et désormais passé sous la selle de Janne Friederike Meyer-Zimmermann, juste après avoir laissé partir un autre excellent complice, Foncetti vd Heffinck, réserviste pour l’équipe émirati aux Jeux olympiques de Paris. Malgré ces départs inévitables, le jeune pilote ne s’est pas démonté. Sélectionné pour son premier CHIO d’Aix-la-Chapelle au début du mois, en lieu de place d’un autre prodige belge, Gilles Thomas, il a enchaîné les belles prestations depuis le printemps, notamment avec le bien nommé Impress-K van’t Kattenheye, neuf ans. “Je pense n’avoir jamais monté un cheval aussi doué, il est simplement incroyable”, disait-il il y a deux ans au sujet de son étalon, dont la troisième mère est l’excellente Utopia van de Donkhoeve. Quatrième du Grand Prix 5* de Cannes, le bai brun a cette fois accroché le premier rang. “Il n’a que neuf ans, mais je le monte depuis six ans. On se connait par cœur”, a souri Thibeau Spits à l’issue de son triomphe. “J’ai toujours adoré ce cheval. Tout le monde ne l’a pas vu, mais le sentiment qu’il donnait au-dessus de chaque saut était incroyable. Ce qu’il a fait aujourd’hui est extraordinaire, mais j’ai le sentiment que ce n’est que le début et qu’il sera vraiment le cheval de ma carrière.”
Thibeau Spits voit en Impress-K van't Kattenheye le cheval de sa carrière. © Ljuba Buzzola
Dans les installations de Ludger Beerbaum, qui ont accueilli les championnats d’Europe en 2021, année lors de laquelle Impress-K van’t Kattenheye se classait septième des championnats du monde des six ans à Lanaken avec… Thibeau Spits, le duo belge a déroulé le plus rapide des deux double zéro de l’après-midi, avec un chronomètre de 41’’93. Marcus Ehning et Coolio 42, passés à un cheveu d’une immense performance dans le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, se sont rangés au deuxième rang avec près de deux secondes de retard. En forme olympique, le fils de Casalito et son cavalier forment désormais un véritable couple, moins d’un an après leur première apparition internationale commune.
Marcus Ehning dans ses œuvres avec Coolio 42. © LGCT
Le trio de tête a été complété par un autre belge, lui aussi très en forme : Abdel Saïd. L’ancien représentant égyptien avait sellé sa puissante et attachante Bonne Amie, lauréate de l’étape inaugurale du lucratif circuit de Jan Tops, à Doha. La paire aurait bien pu réitérer à Riesenbeck, son chronomètre le lui aurait en tout cas permis, mais une faute concédée au barrage a entaché son score final. Associée à un autre brillant cheval de neuf ans, Iron Dames*Singclair, un fils de Singular La Silla vu aux honneurs à Abou Dabi en début d’année, Sophie Hinners s’est classée quatrième de ce barrage… à quatre. La jeune allemande, résidente des écuries de Richard Vogel et David Will, semble, elle aussi, promise à un brillant avenir.
La victoire n'est pas passée loin pour Abdel Saïd et Bonne Amie. © Ljuba Buzzola
Particulièrement relevé, le Grand Prix de Riesenbeck a privé de barrage Olivier Philippaerts et Katrin Eckermann, sanctionnés par le temps dans l’acte initiale de cette épreuve avec H&M*Miro, cinquième, et Iron Dames*Cala Mandia, sixième. Un joli mille-feuille de rouge, jaune et noir, les couleurs des drapeaux belges et allemands.
Photo à la Une : Thibeau Spits et l’impressionnant Impress-K van’t Kattenheye, lauréats du Grand Prix 5* de Riesenbeck. © Ljuba Buzzola
