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Thara, son fils et ses petits-enfants propulsent l’élevage de Nantuel et la famille Deuquet au sommet du championnat de France des sept ans

Arthur Deuquet a savouré un tour d'honneur pas comme les autres avec son fidèle Indigo de Nantuel, qu'il monte depuis toujours.
Elevage lundi 8 septembre 2025 Mélina Massias

Après des années de travail, de passion et de sélection, Jacques Gouin voit avec bonheur son affixe de Nantuel truster le haut des podiums. En 2025, Folie de Nantuel a remporté son premier Grand Prix 5* et décroché deux médailles d’argent aux championnats d’Europe avec Scott Brash. Son frère utérin, Indigo de Nantuel, s’est, lui, invité sur la plus haute marche du podium de la finale du championnat de France des chevaux de sept ans, sous la selle d’Arthur Deuquet et devant deux de ses neveux, Ismi Menama et Candice vd Celiebruge, deux produits de Candy de Nantuel montés par Timothée Anciaume et Stéphanie Hennequin.  

“Oui, papa, il a gagné !” Depuis le paddock de Fontainebleau, Marie-Laure Deuquet appelle son père, Jacques Gouin, resté dans le Berry cette semaine, pour partager avec lui la joie et le bonheur procuré par le sacre de son fils, Arthur Deuquet, avec Indigo de Nantuel, produit de l’élevage maison, dans le championnat de France des chevaux de sept ans. Précurseur s’il en est, Jacques Gouin, instigateur, aux côtés de feue son épouse Claire Gouin, de l'affixe de Nantuel a vu cette année nombre des plus grands rêves de tout éleveur se concrétiser. Une victoire en Grand Prix 5*, deux médailles d’argent aux championnats d’Europe, et, désormais, une victoire dans une finale de la Grande Semaine de Fontainebleau, qui plus est la plus prestigieuse, celle réservée aux chevaux de sept ans. Toute l’équipe qui œuvre autour de la famille Deuquet, de Corquoy au haras de Bel Air, n’est pas près d’oublier ce dimanche 7 septembre 2025.

La régularité récompensée

Divisé en trois étapes, et de retour à une formule à sa hauteur, avec une première manche jugée au Barème C avant trois parcours où primait la régularité, ce championnat de France des sept ans a tenu toutes ses promesses. En tête dès la Chasse, la Selle Français Originel Idrogène des L (Diamant de Semilly x Calisco du Pitray) a confirmé son leadership vendredi, pour aborder la finale en deux manches en tête de peloton. Pour Tony Hanquinquant, qui avait mené sa mère, Oxygène d’Eglefin, à la victoire dans le Critérium Pro 1 de Fontainebleau en 2014, la belle histoire s’est arrêtée là. Élevée par Carol Landon, la pétillante alezane a fait les frais d’un acte initial particulièrement sélectif sur l’herbe du Grand Parquet, pour cette ultime journée de compétition. Avec trois fautes, elle termine finalement vingt-quatrième, sans avoir été rappelée en seconde manche. 

Sur un tracé subtil, seuls les meilleurs représentants de leur génération sont parvenus au sans-faute. Au total, seuls neuf des trente-neuf couples au départ ont signé un premier parcours parfait. De fait, cela a redistribué les cartes. Iris de l’Oiselière (Padock du Plessis x Vigo Cécé), remarquable depuis le début du championnat mais soixante-treizième après une Chasse… sans faute (!), a fait un vrai bond sous la selle de Marie Fleischel. Comptant parmi les montures les plus remarquées de la semaine, la grise, perle de l’élevage de Gabriel Taconet, boucle son championnat en dix-huitième position, après une seconde manche pénalisée de huit points. Sans ceux-ci, la belle, qui représente fièrement la souche de l’excellent Hastings, champion des sept ans en son temps puis formidable complice de Bruno Rocuet, aurait pu prétendre au Top 5. Mais compte tenu de son expérience toute relative, et plus encore de son aisance démesurée, ce résultat reste des plus honorables et pose les bases d’un avenir qui pourrait bien s’écrire sur les plus belles pistes du monde.

Les pénalités des uns et des autres au premier tour, et notamment celles du plaisant complice de Thibault Thevenon, Ici et La Courcelle (Cocktail de Talma x Kashmir van’t Schuttershof), petit-fils de la très bonne reproductrice Dancing Bride d’Yves Chauvin, ancien président de la SHF, ont propulsé If de Mars (Baloubet du Rouet x Lamm de Fetan) en tête avant un ultime parcours réduit. Sous la selle d’Alix Ragot, la puissante jument alezan brûlé, élevée par le haras des M à partir de la souche de la BWP Qerly Chin était maîtresse de son sort. Mais, mise sous pression par le fabuleux Indigo de Nantuel (Balou du Rouet x Diamant de Semilly), la nièce du très compétitif Antidote de Mars, monté par l’Américaine Bliss Heers, a craqué dès le numéro deux, provoquant l’émotion de tout le clan Deuquet, qui attendait le dénouement de la compétition à l’entrée du paddock voisin de la piste. 



Thara Nantuel, une reine parmi les reines

Les accolades et autres embrassades terminées, l’heure est à la réalisation. Après les exploits de Hello*Folie de Nantuel, qui a offert sa première victoire en Grand Prix 5* à l’élevage, puis deux médailles d’argent aux championnats d’Europe de La Corogne, avec les facéties que l’on sait, ce titre vient garnir encore un peu plus le palmarès de l’élevage berrichon. Au-delà de la victoire d’Indigo de Nantuel et Arthur Deuquet, parfait de sang-froid et de maîtrise sur son doux géant, c’est toute une souche qui a illuminé Fontainebleau. Si certains en doutaient encore, Thara Nantuel a définitivement prouvé qu’elle était l’une des plus grandes matrones d’Europe. Non seulement son fils a décroché le Graal, mais son influence se retrouve dans trois autres chevaux classés dans le Top 10. Vertigineux ! 

Arthur Deuquet, seul cavalier à présenter deux chevaux dans cette finale, qui n’ouvrait ses portes qu’à vingt couples en deuxième manche, offre une bonne dixième place à Isba de Nantuel (Chilli Willi x Luidam), une petite-fille de Thara, via sa fille… Folie de Nantuel ! La fine baie a concédé deux fautes dans la Chasse, puis une en première manche, sur la sortie du très difficile double de droit, avant-dernier effort du tracé initial. Après une saison marquée par plusieurs victoires en Grands Prix Top 7, cette précieuse jument n’a pas démérité et engrangé une expérience salvatrice pour le futur. Et deux autres petits-enfants de Thara se sont distingués : Ismi Menama, deuxième, et Candice vd Celiebruge, troisième. 

Avec Indigo de Nantuel, Ismi Menama est la seule autre candidate du championnat à avoir aligné quatre prestations sans-faute. Peu rapide lors de la Chasse, cette fille de Candy de Nantuel et petite-fille de Rubis de Preuilly pointait en… trente-quatrième position ! Ancien habitué des rendez-vous qui comptent, Timothée Anciaume n’a pas tremblé, et ses trois clear rounds supplémentaires ont fait la différence, pour offrir à sa petite alezane un titre de vice-championne de France. “Il y a eu de la bonne tension aujourd’hui, celle des championnats, des belles épreuves. Il y a longtemps que je n’avais pas pris part à un championnat, donc cela me fait vraiment plaisir. Ce résultat récompense deux ans de formation pour cette jument aux côtés de la famille Grandjacques. Nous sommes en lien et scellons aujourd’hui un super travail avec cette médaille. A priori, son propriétaire, Benjamin, devrait récupérer Ismi, mais nous devrions continuer de travailler ensemble. Pour le reste, l’avenir nous le dira, et nous savourons ce succès ! Ismi a baissé un tout petit peu de pied à la fin de la première manche aujourd’hui, mais a repris un bon souffle lors de la seconde. L’épreuve était belle, et pour un vieux comme moi, quel plaisir de remonter sur le Grand Parquet ! Ismi a connu une saison incroyable, marquée par beaucoup de parcours sans faute. À six ans, nous avions commis une faute lors de la finale, rien de bien grave. Elle se montre extrêmement régulière et a une qualité dingue. Je crois qu’elle a l’étoffe de devenir une très grande jument !”, s’est projeté, ravi, Timothée Anciaume. 

Née chez Marjorie Fette et Alain Thieurmel, Ismi Menama est issue d’une lignée Holsteiner. Enregistrée au stud-book Selle Français, elle défend la même lignée maternelle que l’étalon Chepetto (Cento), vu jusqu’à 1,55m sous bannières turque et allemande et notamment père de la géniale Cheppetta. Sa mère, Baila de Preuilly, n’a jamais concouru en France et s’est consacrée à la reproduction. Formée par Benjamin Grandjacques et Victoria Ribot à quatre ans, Ismi Menama a rejoint Timothée Anciaume en milieu d’année 2023. Désormais, la suite de son histoire devrait donc s’écrire sous une autre selle.

Le podium est complété par Candice vd Celiebruge, qui avait déjà excellé à six ans, en remportant, sur le sable de la carrière des Princes, le Critérium des six ans 2024. Né à l’étranger, chez Frederick Engels, l’alezan au style atypique mais efficace et démonstratif, a effectué l’intégralité de sa formation sur le Cycle classique, avec Stéphanie Hennequin. Très régulier depuis ses débuts, le hongre d’une mère par Lupicor impressionne par son agilité. Durant son championnat bellifontain, il a péché par deux fois à la Chasse, avant de mettre la réhausse pour ses trois autres parcours. Seul son dernier a été entaché d’un point de temps dépassé… qui lui a coûté la deuxième place.



Finalement quatrième, la bonne If de Mars d’Alix Ragot devance Izi de St Eloi, produit de l’élevage du haras éponyme et fruit du mariage entre Casallo et Ozo de Moulinet, par Rosire. Associé à Samuel Tranie, il signe un championnat presque parfait, en n’ayant touché qu’une seule barre, lors de son dernier parcours de la semaine.

Alors que son affixe gagne ses lettres de noblesse au plus haut niveau avec Fringant, Idylle de Vesquerie s’octroie la sixième place avec son naisseur et cavalier, Jérôme Coulombier. La Selle Français est une fille du Hanovrien Hunters Scendro et de Tanelle de Vesquerie (Ogrion des Champs), sur une souche maison, cultivée depuis les années 80 dans la Manche. Déjà à l’origine de plusieurs poulains, Idylle de Vesquerie a été croisée pour son premier descendant, né en 2021, à… Candy de Nantuel ! 

Sans un ultime point de temps échappé en route dans l’acte final du championnat, Iguana des Flagues, partenaire de Guillaume Batillat, aurait pu intervertir son rang avec Idylle de Vesquerie. Finalement, la fille du chic Lauterbach et d’Utopia des Flagues, par Diamant de Semilly, est septième. Elle récompense le travail de son naisseur, Frédéric Lavoinne, et celui des éleveurs ayant contribué à cette lignée maternelle, dont est issu l’étalon Experio, ISO 165 en 2001 avec Eric Levallois. Enfin, Etiuda, toute bonne alezane montée par Eden Leprevost Blin-Lebreton termine en huitième position, devant Ici et La Courcelle et Isba de Nantuel. Née en Pologne, cette sérieuse et harmonieuse jument voit le Top 4 lui échapper en raison d’une seconde erreur, commise en seconde manche dimanche après celle de la Chasse jeudi. Elle réunit, en diagonale, les sangs d’Aganix du Seigneur, Amant M, alias Arezzo VDL et feu Carambole.

“J’espère croiser d’autres chevaux comme Indigo dans ma vie”, Arthur Deuquet

Si ce championnat de France a tenu ses promesses, bien plus que l’an passé, en termes d’émotions et de scénario, et que beaucoup de bons chevaux ont défilé au cours des trois journées consacrées à la génération 2018, Indigo de Nantuel semblait au-dessus du lot et personne ne pourra contester sa victoire. Aux anges, Arthur Deuquet n’a pas caché son émotion, ni son admiration pour celui dont il pense le plus grand bien. “Ce titre est particulier, car Indigo est un cheval que nous avons fait naître, grâce à mes grands-parents. Ce titre me fait vraiment plaisir, d’autant que nous avons toujours très envie d’obtenir des résultats avec les jeunes chevaux. Je sais qu’Indigo est un crack depuis qu’il a quatre ans, et suis convaincu qu’il finira par le démonter à tout le monde. Il l’a déjà prouvé aujourd’hui, à Fontainebleau”, a réagi, à chaud, le cavalier de vingt-cinq ans. “Cela couronne un travail d’équipe, et je remercie vraiment tout le monde ; les personnes qui œuvrent aux écuries, mes entraîneurs, Frédéric David et Bertrand de Bellabre, mon père aussi, qui n’est plus là mais qui m’a tout appris (Christophe Deuquet, décédé fin 2017, ndlr). Ce titre est aussi pour lui. Lors de la finale, les chevaux sont tous un peu fatigués, mais Indigo a tellement de moyens et de respect que je savais qu’il allait se donner à cent pour cent. Il est hors normes. J’espère en croiser d’autres comme lui dans ma vie. Il est vraiment incroyable, je n’ai rien à lui reprocher. Il est parfait ! Notre grand-père a passé quatre décennies à construire cet élevage. Il a façonné sa souche, qui est désormais très prisée. Tout ce travail et cette passion, nous avons la chance d’en récolter les fruits aujourd’hui. Dès ses deux ans, Folie nous avait montré qu’elle était fantastique, puis elle a été vendue dans les bonnes écuries. En ce qui concerne Indigo, si nous devons le laisser partir un jour, nous espérons que l’histoire se répétera, afin qu’il obtienne les mêmes performances que sa sœur utérine. Pour moi, il est de la même trempe que Folie, voire dispose de moyens encore supérieurs. L’élevage de Nantuel est à l’honneur cette année, grâce à notre grand-père, qui n’est pas présent aujourd’hui, mais a suivi cela de très près. Isba était un peu mon lièvre dans cette épreuve, c’est-à-dire qu’elle m’a permis de me mettre en confiance. Il s’agit d’une super jument, qui a fait un transfert d’embryon cette année, ce qui explique son évolution un peu tardive. Il lui manquait un mois pour aller chercher un podium. Il s’agit du double enjeu de notre organisation, celui d’effectuer des transferts avec les bonnes juments et de leur permettre d’avoir une carrière sportive. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’elle soit aussi bonne que sa mère un jour !”

Après sa semaine bellifontaine exceptionnelle, Indigo de Nantuel succède à Hatlantika, lauréate de ce même rendez-vous en 2024, Gloria des Besnards, Falko de Hus, ou encore Emir du Chanu, Djibouti de Kerizac, ou encore Cheyenne de la Violle, sacrés en 2023, 2022, 2021, 2020 et 2019. Et, peut-être plus encore que ses prédécesseurs, semble promis à décrocher les étoiles.

Les résultats complets.

Photo à la Une : Arthur Deuquet a savouré un tour d'honneur pas comme les autres avec son fidèle Indigo de Nantuel, qu'il monte depuis toujours. © Mélina Massias