Chaque année, le Royal Welsh Show est le rendez-vous incontournable pour les passionnés de Welsh. En plein berceau de la race, au Pays de Galles devant des spectateurs venus des Pays-Bas, de Suède, du Danemark ou même d'Australie, une petite française a su tirer son épingle du jeu depuis plusieurs années et est rentrée en Normandie avec une victoire et une seconde place encore inespérée il y a quelques années. Désormais présidente de la race Welsh en France, Ingrid Delaitre est avant tout une passionnée d'élevage et de poneys de sports installée à Bourville (76) sous l'affixe "De l'Aurore".
Tea Time de l'Aurore, gagnant du RWS à un an et deux ans.
"Il y a quelques années, je n'aurais jamais pu imaginer faire un classement au Royal Welsh Show avec un de mes poneys... et l'an dernier, j'ai vécu l'un des plus beaux moments de ma vie d'éleveuse avec la victoire de Tea Time de l'Aurore (Heniarth Tintagel x Rhoson Shem) qui est en plus un produit maison puisque je possédais ses deux parents. Cette année, elle a réussi à confirmer sa victoire de l'an dernier et montrer que ce n'était pas dû au hasard... mais si je dois vraiment être honnête, je dois admettre que j'en espérais encore un peu plus cette année car j'espérais une victoire de mon étalon maison Adagio de l'Aurore (Heniarth Wood-Wind x Kirby Cane Statecraft). Il avait déjà été troisième à un an, puis second à 5 ans dans la classe des étalons âgés de 4 ans et plus, comme cette année derrière le champion suprême des welsh B, comme cette année encore ! À 3 ans, Adagio a tout gagné en show en Grand Bretagne... mais il ne pouvait pas participer au Royal Welsh car c'est l'éleveur de son père qui était juge et qui l'avait eu un an chez lui. Le règlement interdit donc ce cas de figure. Cela restera un petit regret. Adagio a tourné en saut d'obstacle cette année avec un enfant, ce qui est pour moi très important car produire des poneys uniquement pour le show mais qui n'ont aucune utilité n'a aucun sens pour moi. Mais le poids de forme d'un poney de sport et d'un poney de show n'est pas le même, les deux sont compatibles mais pas au même moment. Il y a 50 kg d'écart entre les deux... et il manquait encore quelques kilos à Adagio.
Adagio de l'Aurore, 3ème au RWS à 1 an et second en 2015 et 2019 dans la classe des étalons Welsh B de 4 ans et plus.
Une de mes autres ponettes, Rhoson Kizzie (Heniarth Wood-Wind x Cottrell Fabergé) était plus prête que lui et je me dis que j'aurais dû l'engager elle... mais la fin des engagements est fin avril et c'est donc très difficile de prévoir l'évolution des chevaux sur ce laps de temps. Par contre, même si je pense qu'il est vraiment important que les poneys puissent faire du sport et que c'est encore plus gratifiant de les voir évoluer avec des enfants, je pense qu'il est aussi important pour les éleveurs de bien garder en tête le standard du Welsh. Si c'est pour se focaliser uniquement sur le sport, autant être éleveur de poney français de selle. Choisir le Welsh, c'est choisir une culture, un terroir qui ont énormément de valeur comme c'est le cas pour des éleveurs de connemara qui entendent la chanson de Michel Sardou. Pour moi, le cas de Copelia de l'Aurore (Heniarth Wood-Wind x Cottrell Artiste) qui a été championne de France suprême avant d'évoluer en concours poney avec des enfants est le plus bel exemple de ce qu'un éleveur peut espérer. Cette année, j'ai également présenté Eyarth Hermes (Cwrtycadno Cymro) qui s'est qualifié pour la finale du championnat de France des poneys de deux ans à Saumur. Ce week-end, Adagio s'est présenté pour la toute dernière fois dans un ring de show. Il n'a plus rien à prouver et l'an prochain, il va avoir le privilège de saillir dans un élevage de référence au Pays de Galles, ce qui représente à mes yeux la récompense suprême pour l'éleveuse que je suis. Il retrouvera les terrains de concours par la suite mais la priorité l'an prochain sera sa carrière d'étalon.
Copelia de l'Aurore, Championne Supreme du National Welsh 2014 en France évolue désormais dans le sport avec des enfants.
Ramener de tels résultats du Royal Welsh Show est extrêmement positif pour nous tous. Personnellement, cela met en lumière mon élevage qui suscite de l'intérêt à l'étranger mais en plus, cela montre aux éleveurs français que nous avons aussi de la qualité et qu'eux aussi peuvent tenter leur chance. Trop longtemps en France, nous avons eu une culture ou nous avons pensé que nous étions nuls, que nous n'avions aucune chance... mais cela change aujourd'hui. Le Royal Welsh Show est avant tout un moteur car voir 80 000 personnes applaudir des poneys Welsh, c'est juste inconcevable en France. Ici, il y a 1500 poneys engagés qui concourent sur trois pistes alors évidemment, c'est culturel mais il n'y a pas de raison que cela n'arrive pas chez nous. En trois ans, nous sommes passés de 350 à 550 naissances l'an dernier et nous devrions encore faire mieux cette année. On voit aujourd'hui qu'il faut provoquer une émulation, c'est en bougeant que l'on peut se développer. Nous n'avons pas communiqué assez là-dessus par le passé mais nous y travaillons désormais et l'on en voit déjà les fruits", conclura Ingrid Delaitre.
photos : Ylva Lindh, Kimberley Karsdorp et PSV.