Steve Guerdat, un pas de plus vers la légende.
Quelques jours après avoir ajouté une nouvelle ligne à un palmarès bien founi, le champion Olympique, vainqueur de la finale de la coupe du monde est déjà reparti sur les routes des plus grands concours du monde en pausant cette fois ses valises à Rome.
Steve Guerdat : « J'ai passé une semaine normale où je me suis vite remis en selle pour monter mes autres chevaux avant de partir pour Rome où j'emmène trois chevaux de 9 ans Corbinian, Kavalier et Hapiness qui était déjà avec moi à La Baule. Maintenant, avec les années, je pense que l'on arrive plus à profiter de telles victoires. Ce sont des moments qui sont assez rares et si au départ, on a tendance à les oublier assez vite, maintenant c'est sans doute un peu plus facile de se réjouir et c'est sans aucun doute plus agréable. »
Nino est vraiment en train d'entrer dans la légende des sports équestres, non seulement avec ses résultats mais également son tempérament capable du meilleur comme du pire un peu à l'image de Baloubet du Rouet ?
S.G. : « Je pense qu'un cheval qui gagne les jeux est de toute façon dans l'histoire du sport surtout en étant aussi deux fois sur le podium en plus d'une 5 ème place lors d'une finale de coupe du monde, ainsi que tous les Grand Prix qu'il a gagnés : c'est une légende !! Son histoire, ses frasques, on peut en parler mais il y a vraiment peu de chevaux qui sont capables de faire ce qu'il fait. »
Après la bévue de la première manche, lorsque vous repartez deux jours plus tard dans le Grand Prix, vous n'avez aucune appréhension ?
S.G. : « Si, bien sûr ! C'est d'ailleurs souvent quand tout va un peu trop bien que ce genre de choses arrivent. Je le connais et je sais qu'il préfère que les choses soient bien carrées car cela m'oblige à être un peu plus présent et il nous a souvent fallu un mauvais parcours pour ensuite nous remettre bien en selle après et nous avons souvent eu un bon résultat rapidement après un mauvais parcours.»
Contrairement à la relation entre Baloubet du Rouet et Rodrigo Pessoa, on a l'impression que vous lui pardonnez plus vite ses défaillances…
S.G. : « Nino est presque une partie de moi. C'est un cheval exceptionnel. Je pense à lui avant de me coucher et c'est la première chose qui me traverse l'esprit quand je me lève le matin. C'est bien plus qu'un cheval pour moi. »
Vous arrivez néanmoins à lui en vouloir quand il vous joue 5 lignes comme cela ou c'est à vous que vous en voulez quand cela arrive ?
S.G. : « C'est délicat de parler de cela car je ne voudrais pas qu'on prenne mal la chose. Pour moi, la relation que j'ai avec Nino est comme toute autre relation : que ce soit une relation entre êtres humains ou une relation de travail, parfois les choses vont moins bien et il y en a un qui doit élever la voix. Chez nous, il faut parfois élever la voix mais il faut aussi savoir être humble pour savoir quand c'est ma faute ou si c'est la faute du cheval. C'est très important de bien savoir faire la part des choses… mais il faut aussi savoir être capable de réagir si le cheval est en faute. Attention, je n'entends pas par là qu'il faut taper dessus, que l'on soit bien clair ! Ici, après la coupe des nations, j'ai beaucoup réfléchi vendredi soir et en allant me coucher, j'ai pris la décision de ne pas travailler mon cheval pendant deux jours. Je n'en avais même pas parlé à ma groom mais le samedi matin, je l'ai emmené à la plage ainsi que le dimanche. Je me suis dit que c'était trop bête d'être ici sans en profiter. J'ai pensé que c'était plus utile d'aller à la mer avec lui et lui changer les idées. Entre les deux épreuves, il n'a vu que la plage. Dans le parcours dimanche, j'étais un peu plus présent en prenant le risque de faire une faute mais en voulant aller de l'autre côté des obstacles. C'est aussi avec le temps, l'expérience des chevaux… j'ai envie de dire que maintenant, Nino sait quand il a fait une bêtise. Il aurait peut-être pu m'aider un peu plus vendredi mais il s'est bien rattrapé dimanche. Je n'avais jamais emmené mes chevaux sur la plage à La Baume mais je pense que maintenant, je vais être obligé de le faire chaque année. »
Après votre victoire dans la finale de la coupe du monde, vous aviez accordé un long break à Paille, quand avez-vous planifié de la réengager ?
S.G. : « Pas de tout de suite. C'est elle qui nous le dira mais elle ne sera pas au concours dans les 5 à 6 semaines qui viennent. Elle fait des trotting tous les jours mais elle n'a pas fait une foulée de galop depuis la finale. Je trouve que ça leur fait du bien. La saison dure désormais du 1 er janvier au 31 décembre alors il faut pouvoir ménager les chevaux pour la suite de leur carrière. C'est important que les chevaux aient de véritables périodes de repos pour qu'ils puissent bien décompresser. Dans dix jours, je vais recommencer à travailler la jument mais ce sera elle qui me dira ensuite quand elle sera prête à ressauter puis quand elle sera prête pour aller au concours. Après une telle pause, on ne retourne pas au concours deux semaines après. »
Nasa aurait-elle trouvé une nouvelle voie sur le derby de La Baule avec sa troisième place ?
S.G. : « Oui, je pense. C'était la première fois que je l'inscrivais dans ce type d'épreuve mais elle avait déjà eu l'occasion de sauter des obstacles naturels à la maison comme tous mes chevaux. J'ai une piste comme cela près de chez moi où je vais souvent galoper avec mes chevaux. Il y a des obstacles naturels et ils y passent tous deux-trois fois dans l'année. Je pense que ça leur fait du bien au moral puis c'est bien pour eux de pouvoir galoper sur des kilomètres en voyant des champs avec des montées et des descentes. Malheureusement, il ne reste pas beaucoup d'épreuves de ce genre à sauter mais j'aime beaucoup monter les derby et je pense que Nasa a montré qu'elle pouvait y faire de bonnes choses alors j'espère qu'il y en aura d'autres. »