Solene Dhrari revient sur son expérience au CSIO 5* de Sopot
Lauréat d’une belle épreuve à 1,50m, puis au rendez-vous dans la Coupe des nations et le Grand Prix de Sopot le week-end dernier, Grégory Cottard peut compter sur Solene Dhrari. La jeune femme prend soin des champions du Francilien depuis la fin de sa formation de groom. En Pologne, elle a d’ailleurs vécu sa première épreuve collective en solo, aux côtés de la sublime Bibici, tandis que sa voisine de box, Cocaïne du Val, disputait les épreuves intermédiaires. Si les deux grises ont des personnalités bien différentes, elles évoluent toutes deux avec un minimum d’artifice, selon la volonté de leur pilote. La soigneuse revient sur son séjour polonais, débuté par un long trajet en camion, puis marqué par les soins prodigués à ses protégées ainsi que le retrait des muserolles présentes sur leurs filets !
Depuis octobre dernier, Solene Dhrari parcourt l’Europe aux côtés des montures de Grégory Cottard. Titulaire d’un Baccalauréat conduite et gestion de l’entreprise hippique (CGEH), d’un Brevet de technicien supérieur (BTS) analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole (ACSE) ainsi que d’une formation groom, suivie au haras du Pin, la jeune femme a embrassé sa passion avec enthousiasme il y a quelques mois. Cavalière depuis ses trois ans, la Normande a été baignée dans l’univers équestre par sa maman, elle-même équitante. À la fin de son cursus de lycéenne, Solene a découvert le grooming, puis a accompagné les protégés de l’élevage Manciais sur les terrains de compétition lors de son BTS, jusqu’à rejoindre les écuries franciliennes de Grégory Cottard. Du 9 au 12 juin dernier, la soigneuse a œuvré à Sopot, où se déroulait la deuxième étape du circuit des Coupes des nations Longines de première division. “C’était vraiment génial, et aussi très stressant”, lance Solene, encore en plein périple pour rentrer de sa virée polonaise. “J’avais déjà participé à une Coupe des nations, mais aux côtés de l’ancienne groom de Grégory. Nous étions partis à Vilamoura pendant quinze jours et en avions profité pour faire un passage de relais. À Sopot, j’étais seule pour gérer une telle épreuve et c’était également la première fois que j’allais aussi loin avec le camion. Je m’étais déjà rendue à Herning, au Danemark (pour un CSI 3*, ndlr) ainsi que sur d’autres événements, mais pour aller en Pologne, j’avais trois jours de route. C’était vraiment plus intense. J’avais prévu deux étapes, afin de diviser le trajet. Je me suis d’abord arrêtée près de Düsseldorf, juste après Aix-la-Chapelle, en Allemagne, puis à Berlin. Cela me faisait 530 kilomètres pour rejoindre mon premier point de passage, puis 520 le deuxième jour et un peu plus de 600 entre Belin et Sopot.”
“Il y avait vraiment une bonne ambiance”
Une fois arrivée sur place, Solene a pu s’atteler à toutes les tâches inhérentes à la compétition. “Je suis arrivée le mercredi, vers 14 heures. Grégory a commencé par monter les juments, Cocaïne du Val (SF, Mylord Carthago x Si Tu Viens) et Bibici (SF, Norman Pré Noir x Nelfo du Mesnil). Ensuite, nous nous sommes rendus à la visite vétérinaire. J’ai d’abord présenté Bibici, puis Cocaïne. Toutes deux se comportent toujours très bien pour cette étape”, détaille la groom. “Les boxes étaient assez confortables sur le concours. Ils étaient grands, agréables et en dur, ce qui implique moins de contraintes. Le site est grand ! De ce fait, la piste est un peu loin, mais c’était quand même bien. Les journées étaient plutôt tranquilles. Grégory monte le matin et, en fonction des journées, il commence par la jument qui saute en premier l'après-midi, puis enchaîne avec la deuxième. Lorsqu’elles n’avaient pas d’épreuve, je les faisais marcher dans la journée. Avec la route, je les ai également laissées se reposer. C’est assez éprouvant pour elles de faire trois jours de camion, mais elles sont plutôt cool, donc il n’y a pas de souci.”
Bibici et Grégory Cottard dans la Coupe des nations.
Pour preuve, les deux grises ont bien vécu le concours, puisqu’elles ont signé de belles performances. Cocaïne s’est ainsi imposée dans la première épreuve qu’elle a couru, sur des barres à 1,50m, tandis que Bibici s’est classée onzième du Grand Prix, après un sans-faute en première manche, avant de signer une Coupe des nations convaincante (0+4), participant à la deuxième place de la France. “Il y avait vraiment une bonne ambiance. Tous les cavaliers et les grooms s’entendent bien, donc c’était vraiment chouette. Tout le monde est sympa”, sourit Solene. Afin d’aider ses deux protégées à passer un week-end aussi plaisant que possible, la jeune femme a suivi sa routine habituelle. “Lorsqu’elles reviennent de la piste, je les laisse souffler quelques minutes au box. Ensuite, je les ressorts pour les doucher, puis leur pose de la glace sur les membres, avec des bandes de froid. Le soir, je leur applique du Tendonil (un gel défatigant pour chevaux, ndlr) et leur mets des bandes de repos. Et le dernier jour d’épreuve, je leur mets généralement de l’argile. La veille de son jour de repos, j’en avais également appliqué sur les membres de Bibici, afin qu’elle récupère bien pendant le concours”, révèle-t-elle. En dehors de son travail, la Normande a préféré rester au chevet de ses cracks. “J’ai du mal à sortir et à laisser mes chevaux. Je me dis que c’est à ce moment-là qu’il pourrait se passer quelque chose. Alors, j’en ai profité pour me reposer et garder un œil sur les juments”, poursuit la soigneuse.
Bibici et Cocaïne, ambassadrices de la belle équitation prônée par Grégory Cottard
Présentant chacune une personnalité bien affirmée, Bibici et Cocaïne sont finalement bien différentes l’une de l’autre. “Elles sont clairement opposées ! Bibici représente la force tranquille. Elle est facile à promener en main, à longer. Elle est agréable et très sage. Elle aime bien être tranquille au box, et pour la ramener de la piste, il faut parfois presque la tirer ! À l’inverse, Cocaïne est un peu une tempête. Elle est très sanguine et moins reposante (rires). Pour rentrer au box, on fait tout le chemin au trot. En revanche, elle adore les câlins et est très demandeuse. Elle raffole des gratouilles sur le dos, l'encolure, la tête et les oreilles. Les deux sont vraiment opposées sur chaque point”, confie avec bonheur Solene.
Outre par leurs qualités, personnalités et performances, Bibici et Cocaïne se sont démarquées par leurs têtes nues, presque entièrement dépourvues de d'harnachement. Sur leurs belles robes grises, Solene n’a eu qu’à placer quelques éléments sommaires pour permettre à Grégory Cottard d’évoluer en piste. Pas de guêtres postérieures - remplacées par de simples protèges boulets -, pas de collier de chasse, de martingale, de mors imposant, ou de noseband non plus. En se débarrassant complètement des muserolles de ses filets, le cavalier tricolore a fait un pas de plus dans sa démarche vers le sans artifice, qui ne peut qu’être saluée. “Grégory est arrivé mercredi, le jour de la visite vétérinaire. Il m’a dit que nous n’allions plus du tout serrer les muserolles, car, à long terme, il souhaitait les retirer. Le lendemain, il a monté les juments et m’a dit que nous allions essayer de les enlever directement. C’est venu comme ça et tout s’est bien passé. De toute façon, nous ne les serrions déjà pas. Souvent, on me demandait même à quoi les muserolles servaient. Elles étaient davantage là pour tenir le bonnet qu’autre chose”, reconnaît Solene. “C’est agréable de travailler dans ces conditions. Comme tout le monde me le fait remarquer, je n'ai pas beaucoup de cuir à faire ! Là, j’avais un demi-filet, une sangle et une selle par jument.” Au-delà de surprendre et de détonner, peut-être que l’approche de Grégory Cottard et son équipe, qui fait ses preuves week-end après week-end, séduira d’autres cavaliers.
Photo à la Une : Bibici aux côtés de Solene Dhrari. © Sportfot