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“Sans Spruce Meadows, notre sport serait bien moins développé au Canada”, Mario Deslauriers

Depuis presque cinquante ans, Mario Deslauriers est comme chez lui à Spruce Meadows, dont le cinquantième anniversaire sera célébré dans quelques jours.
Interviews mercredi 20 août 2025 Rolex Grand Slam

Si Mario Deslauriers découvrait le mythique CHIO d’Aix-la-Chapelle cet été, il est un concours qu’il connaît comme sa poche. Depuis 1977, le Canadien arpente les allées de l’immense complexe qu’est devenu Spruce Meadows sous l’impulsion de la famille Southern. Dans quelques jours, l’événement célèbrera son cinquantième anniversaire. L’occasion pour Mario Deslauriers, encore lauréat d’un Grand Prix 5* sur la piste principale il y a quelques semaines, d’évoquer ses souvenirs et son attachement particulier à cet événement de tradition unique en son genre dans le paysage équestre moderne.

Quels sont vos plus anciens souvenirs de Spruce Meadows, comme la première fois où vous êtes venu, en tant que spectateur ou en tant que compétiteur, par exemple ?

Je suis venu pour la première fois à Spruce Meadows en 1977, quand j’avais quatorze ans. À cette époque, au Canada, nous avions des équipes par province. Alberta avait une équipe, le Québec aussi, et je pense même que la Colombie Britannique en avait une ! Je participais aux épreuves Juniors. Je m’en souviens très bien ; c’était en automne, et je connaissais Linda (Southern-Heathcott, présidente et directrice de Spruce Meadows, ndlr), car elle était venue dans l’Est concourir avec nous, dans la région de Toronto. Nous avions une compétition de cavaliers Juniors par équipe à Calgary et j’étais resté émerveillé devant la beauté de Spruce Meadows. J’avais seulement quatorze ans et j’en ai soixante aujourd’hui, cela fait donc quarante-six ans ! Pouvoir regarder des cavaliers comme David Broome et Harvey Smith, venus du Royaume-Uni, était un moment privilégié pour moi. Michael et John Whitaker étaient de jeunes cavaliers d’une vingtaine d’années à l’époque, et Ian Millar était aussi très jeune. Je me rappelle encore avoir vu tous ces célèbres cavaliers en compétition et c’était une expérience incroyable pour un garçon de quatorze ans. C’était l’année qui a suivi les Jeux olympiques d’été de Montréal de 1976, dont les épreuves équestres avaient eu lieu tout près de chez moi, à Bromont, alors que j’avais tout juste treize ans. Des souvenirs merveilleux !

Depuis quarante-six ans, Mario Deslauriers a fait de Spruce Meadows sa deuxième maison. © Sportfot

Quel est votre moment préféré de vos nombreuses années de compétition à Spruce Meadows ?

L’année des championnats du Monde d’Aix-la-Chapelle, en 2006, j’étais cavalier remplaçant (pour l’équipe canadienne de saut d’obstacles, ndlr). Après les championnats, nous sommes partis pour Spruce Meadows et c’est la première fois que le Canada a remporté la Coupe des Nations, un accomplissement remarquable ! En 1983, j’ai également terminé deuxième du prix du Maurier International, derrière Norman Dello Joio sur l’étalon I Love You. L’épreuve était dotée de 75.000 dollars canadiens, ce qui nous représentait beaucoup d’argent à l’époque ! J’ai eu de bons, très bons, résultats à Spruce Meadows, comme ma troisième place avec Paradigm dans le Derby Chrysler Classic. Ce sont là quelques-uns de mes meilleurs souvenirs. Mais j’en ai beaucoup de très bons. J’ai remporté la Queen’s Cup plusieurs fois, j’ai été champion du Canada à Spruce Meadows quelques fois, etc.



L’année 2025 marque le cinquantième anniversaire de la création de Spruce Meadows. Que représente pour vous ce lieu et qu’est-ce qui le rend si spécial ?

Il y a beaucoup de choses. En tant que Canadiens, nous sommes très fiers d’avoir des installations comme celles de Spruce Meadows, parmi les meilleures du monde. J’ai eu la chance d’y concourir et d’y former de nombreux chevaux. J’emmenais toujours des chevaux de six ou sept ans pour les aguerrir et, à la fin des compétitions de l’été, je me retrouvais avec des montures fantastiques et au point ! Si les chevaux avaient du talent, Spruce Meadows était l’endroit idéal pour les former. Tous les ans, en arrivant à Spruce Meadows, je faisais le tour des lieux, car il y avait toujours quelque chose de nouveau et d’intéressant qui se passait. Les organisateurs amélioraient les installations tous les ans, et c’est quelque chose dont devraient s’inspirer les autres sites de compétition. En effet, ils ont aussi aidé à développer Calgary parallèlement à Spruce Meadows. Nous y sommes en concours de juin à juillet et c’est une excellente compétition. Arrivent ensuite les Masters en septembre et on passe à un tout autre niveau. C’est incroyable, tout simplement incroyable.

La piste en herbe de Calgary constitue un excellent terrain de formation pour les jeunes chevaux de talent. Mario Deslauriers a notamment donné de l'expérience à son crack Selle Français Originel Génial de B'Neville dans ce cadre ! © Sportfot

Sur ces cinquante dernières années, quel rôle a joué Spruce Meadows dans le développement du saut d’obstacles au Canada ?

Pour moi, Spruce Meadows est nettement au-dessus du lot. Si nous n’avions pas Spruce Meadows au Canada, notre sport serait bien moins développé. C’est ici que Ian Millar est devenu célèbre. La couverture médiatique dont nous bénéficions ici est exceptionnelle, presse et télévision confondus. Spruce Meadows forge les cavaliers, les gens et les chevaux. C’est un peu comme un golfeur qui joue dans tous les grands tournois de golf : cela permet de se créer un nom, de prendre une expérience inestimable. Il n’y a pas de meilleur endroit pour cela ! 

Spruce Meadows est l’une des quatre compétitions qui constituent le Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles. Qu’est-ce qui le différencie des CHI de Bois-le-Duc et Genève et du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

Les quatre Majeurs sont tous différents. Deux d’entre eux se disputent en indoor et deux autres en extérieur. J’ai concouru pour la première fois à Aix-la-Chapelle cette année, je n’y avais jamais sauté auparavant ! C’est tellement différent ! Spruce est très impressionnant car nous sautons encore des obstacles longs, très imposants. Ils ont conservé leur identité depuis la création des lieux. Ils se sont modernisés, mais ont maintenu la personnalité du site. Quand on vient à Spruce Meadows, on sait quel type d’obstacle on va affronter, et c’est ce qui fait sa plus grande particularité. 

Le Canadien a découvert pour la première fois le mythique CHIO d'Aix-la-Chapelle en juillet. © Mélina Massias

Quels sont les trois mots qui vous viennent à l’esprit lorsque vous pensez à Spruce Meadows ?

Spectaculaire, prestigieux, magnifique, époustouflant !

Avez-vous des anecdotes particulières à partager au sujet de Ron, Marge, Linda et Nancy, de la famille Southern ?

L’ambition que Ron avait pour construire Spruce Meadows était incroyable. Durant les dix premières années où j’ai concouru ici, Spruce Meadows était à vingt minutes des premières habitations de la ville. On conduisait pendant vingt minutes sans voir la trace d’une habitation. Ron pensait s’installer à la campagne, mais il n’y est pas resté bien longtemps !

Photo à la Une : Depuis presque cinquante ans, Mario Deslauriers est comme chez lui à Spruce Meadows, dont le cinquantième anniversaire sera célébré dans quelques jours. © Sportfot