Lors de l’expertise du sBs, un cheval a attiré tous les regards. Présenté dans l’option concours complet, un anglo-arabe aura fait sensation sous la selle de Vincent Lambrecht. Un an après Tempo Fontanel au BWP, Seaborg de Suzan (Icare d'Olympe x x Ryon d'Anzex x x Kami x) aura reçu le feu vert du sBs avec la manière en prime.
Installés dans les pyrénées, Jérome et Emmanuelle Schmitt- Pipeau sont avant tout des passionnés d’élevage et d’anglo-arabe. Professeur de Zootechnie, notre homme se consacre à son élevage alors que son épouse, professeur d’équitation, s’occupe de la mise en valeur des produits dans le sport. Chez les « Suzan », on s’occupe de tout : de l’insémination jusqu’aux concours.Quand avez-vous commencé l’élevage ?
Nous avons commencé l’élevage en 1994. Notre premier poulain est né l’année suivante, c’était un H.
Pourquoi avez-vous choisi les anglo-arabes ?
Principalement parce que la race nous plaisait. Á l’époque, nous étions installés dans le Limousin et nous avons eu l’occasion d’acheter la grand-mère de Seaborg. En 1992, ma femme et moi étions salariés et nous avons eu l’opportunité de changer d’environnement. Nous sommes venus nous installer en Ariège avec les 6 chevaux que nous avions à cette époque et nous nous sommes mis à l’élevage en augmentant petit à petit notre effectif, parfois par la force des choses. J’avais un élevage de bovins « viande » et de chevaux alors que mon épouse, monitrice d’équitation, s’est occupée d’un centre équestre durant une dizaine d’années. Au début de notre élevage, nous n’avions que des anglos. Aujourd’hui, il nous reste 3 poulinières anglo dont une pur-sang, deux Selle Français et une Pottok, qui était la ponette de ma fille. Mais cette dernière ayant grandi, nous avons également mis cette ponette à l’élevage.
Est-ce que votre formation influence votre manière d’élever ?
Ma formation en Zootechnie m’a évidemment permis d’avoir les connaissances nécessaires dans de nombreux domaines, que ce soit au niveau de l’alimentation ou du pâturage. Nous avions commencé à élever beaucoup à l’intérieur, mais nous en sommes revenus.
Ramsay de Suzan x (Cook du Midour x x Ryon d'Anzex x) Et aujourd’hui, nous élevons principalement nos chevaux à l’extérieur car nous trouvions que les chevaux manquaient de solidité et de rusticité. Désormais, nous les élevons dehors et nous trouvons qu’ils ont une meilleure tête. Nous les alimentons néanmoins continuellement. Ma formation de professeur m’a également aidé au niveau de mes choix génétiques. Mais je n’ai pas toujours été enseignant. J’ai également travaillé dans une coopérative équine, j’ai été inséminateur ovin, caprin et … équin et aujourd’hui enseignant mais pas uniquement au niveau équin ! Grâce à ces expériences, nous fabriquons nos poulains de A à Z : j’insémine, je veille sur les poulinages. Ma femme et moi élevons les poulains, puis nous les débourrons. Et lorsqu’il y a besoin, lorsqu’ils ne sont pas vendus avant, ma femme les sort également en compétition, principalement en complet, mais également en CSO et en Hunter.Quels sont les objectifs de votre élevage ?
Notre objectif est avant tout de produire des chevaux de qualité, faciles que l’on peut commercialiser ensuite. Nous avons pris une orientation beaucoup plus tournée vers le complet que le CSO car d’une part, nous sommes plus en adéquation au niveau de la race et d’autre part, c’est difficile de percer au niveau du CSO.
Rosaniline Suzan x (Donald Duck x x Kami x)Pour votre élevage d’anglo-arabe, vous désirez rester « dans la race » ou également utiliser des étalons de croisement ?
Nous essayons d’y rester … Mais le problème, c’est que produire des poulains, c’est bien … mais on est aussi amené à les commercialiser et malheureusement, il y a un effet mode qui fait un peu mal aux gens qui sont et veulent rester des puristes. Nous, nous avons fait deux petits écarts : une fois avec Elan de la Cour qui nous a donné une soeur utérine de Suzan que nous venons de faire inséminer de l'anglo arabe Fango in blue et une seconde fois avec Poor Boy.
Nous essayons souvent de rester dans de la génétique confirmée même si parfois, nous utilisons de jeunes étalons comme ce fut le cas pour le père de Seaborg. Nous étions allés à une présentation d’étalons qui avait lieu à Montauban, « Etalons Prestige ». Lorsque nous avons vu Icare d’Olympe, il nous a bien plu par sa facilité, sa souplesse et il semblait avoir un bon mental. Il avait des performances qui commençaient à pointer … alors nous nous sommes adressés à lui, même s’il était un peu décrié car il n’avait pas un très grand modèle mais le cheval n’avait quasiment pas de descendance alors nous ne pouvions pas vraiment nous forger une idée. Nous ne l’avons jamais regretté car déjà tout petit, Seaborg avait énormément de présence, il avait du bec … C’était un magnifique poulain très musculeux. Nous n’avons pas eu beaucoup de poulains comme celui-là. Maintenant que Seaborg est approuvé, j’ai dit à son propriétaire que dès qu’il était congelé, je comptais bien l’utiliser sur les autres souches de mon élevage, car je crois beaucoup en lui.
C’est un cheval qui nous a toujours très agréablement surpris, qui était très facile lorsque nous l’avons débourré. Seaborg a participé aux finales nationales de 3 ans et nous l’avons ensuite confié à Albert Hermoso Farras, qui était un ancien stagiaire de la maison. Ils ont évolué ensemble à 4 ans mais ne feront que deux apparitions en France pour se qualifier pour le championnat.
Ils remportent le cycle classique auxquels ils participent et se classent 6ème du second… mais le championnat de France et le championnat d’Espagne des jeunes chevaux ayant lieu en même temps, son cavalier a opté pour l’Espagne où il devait emmener des chevaux d’autres propriétaires et ils y ont remporté le championnat des 4 ans haut la main. Jean-Luc Force, qui avait déjà montré de l’intérêt pour sa grand-mère il y a quelques années, l’a ensuite sélectionné pour les ventes du Lion d’Angers fin octobre et le cheval a été exporté vers la Belgique.Comment aviez vous choisi Caprice des Briss, la grand-mère de Seaborg ?
Lorsque nous étions dans le limousin, le papa d’un des enfants de notre clientèle était marchand de bestiaux et un jour, nous lui avions dit que s’il trouvait des pouliches, cela pouvait nous intéresser. Il en a rentré plusieurs et il nous a appelés. Nous avons été les voir et celle-ci nous plaisait. Elle avait des papiers qui sortaient de l’ordinaire et un beau modèle.
Todd de Suzan x (Orphet du Faget x Ryon d'Anzex x) En concours d’élevage, elle était toujours bien classée. C’est une très grande jument, très costaude pour la race anglo-arabe, une jument carrossière et tellement gentille qu’on peut la confier à un petit gamin de deux ans ! Mais autant c’est une crème, autant cette jument a une force phénoménale. C’était une jument capable de tourner sur un mètre 50. Malheureusement, ma femme n’avait pas les moyens techniques et nous n’avions pas les moyens financiers pour la faire exploiter par un cavalier professionnel mais nous l’avons faite essayer et elle le faisait sans problème. En fin de compte, c’est ce qui nous a aussi permis de la conserver à l’élevage.Nous avons décidé de la faire saillir par Ryon d’Anzex la première année où ce dernier était distribué en France par le biais des Haras Nationaux. A l’époque, c’était une saillie qui était relativement chère mais nous avions décidé d’investir, car nous croyions vraiment dans la mère. Nous avons obtenu une pouliche, Millikan de Suzan. Malheureusement, lorsqu’elle était jeune, des chevaux du centre équestre se sont échappés. Elle a reçu un coup de pied et a eu une double fracture du fémur. Nous l’avons faite opérer par le Dr Lenormand qui a réussi à la sauver en plaçant une quinzaine de broches sur le fémur et nous l’avons mise à l’élevage. Nous avons deux autres pouliches, que nous souhaitons également conserver pour l’élevage, mais qui évoluent aujourd’hui en compétition avec mon épouse et ma fille. Pou Millikan, nous l’avons d’abord faite saillir par Cook du Midour. Nous avons obtenu Ramsay de Suzan que nous avons vendu à 3 ans au moniteur d’équitation du centre équestre où évolue ma fille. Il l’a sorti à 4 ans dans le cycle d’obstacle. Le cheval a été indicé 125, malheureusement, alors qu’il était 12ème ou 13ème avant les finales nationales de Fontainebleau, le cheval a eu une crise de colique et n’a pas pu prendre part aux finales de la Grande Semaine. Nous venons de vendre un frère de Seaborg, Todd de Suzan (Orphée du Faget) à Cédric Lyard.
L’approbation à l’étranger de Seaborg, est-ce quelque chose d’important ou de flatteur pour vous ?
C’est quelque chose de très positif pour nous. Jusqu’à présent, nous avons souvent eu tendance à castrer tous les mâles que nous avons eu parce qu’on estimait qu’ils n’avaient pas des modèles suffisants pour faire un géniteur … mais Seaborg nous a vraiment plu. Il avait un modèle qui correspondait à ce que nous recherchions. Aujourd’hui, le fait qu’il soit reconnu à l’étranger, c’est aussi une reconnaissance pour nous au niveau du travail que nous avons pu faire. Le métier d’éleveur est quand même un métier ingrat où l’on travail longtemps et où il suffit parfois de pas grand-chose pour que tout bascule du mauvais côté.
Seaborg de Suzan quelques jours après sa naissance.