Qui de mieux que les champions d’Europe en titre pour ouvrir le palmarès du Grand Prix 5* de Fontainebleau ? Face à un parcours à la hauteur de l’enjeu et support d’une première répétition avant les Jeux olympiques de Paris, Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème ont mis tout le monde d’accord, signant deux prestations somptueuses de maîtrise. Deux et troisièmes, Croqsel de Blaignac de Golden Lady étaient les deux seuls autres barragistes de l’après-midi et ont conclu l’épreuve reine de ce CSI 5* sans toucher la moindre barre, sous la selle d’Aurélien Leroy et Jennifer Hochstadter. Débordantes de monde, les allées et tribunes bellifontaines ont vécu un grand moment de sport.
Auteurs d’une prestation remarquable vendredi soir, puis de nouveau exceptionnels dimanche 28 avril, Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème ont illuminé la carrière des Princes de Fontainebleau. En remportant l’épreuve phare du premier CSI 5* organisé sur le site du Grand Parquet, le Suisse et sa Selle Français ont aussi dû faire briller les yeux de Laure et Frédéric Aimez, qui ont pu rendre visite à leur championne, qu’ils ont vu grandir à leur chevet pendant cinq ans. Les champions d’Europe en titre n’ont fait qu’une bouchée d’un Grand Prix passionnant, technique et délicat. Clairement au-dessus du lot, les deux complices semblent être dans une forme olympique… et cela tombe à pic, à moins de cent jours du coup d’envoi de l’échéance tant attendue.
Toujours aussi souveraine au-dessus des obstacles, la magnifique Dynamix de Bélhème a remporté... son tout premier Grand Prix 5* ! © Mélina Massias
“Dès la reconnaissance, j’ai trouvé le parcours magnifique. J’avais vraiment envie de le monter et j’étais nerveux comme je ne l’avais plus été depuis longtemps ! Ce n’était pas à cause du parcours en lui-même, mais en raison du contexte. Nous avons vécu une bonne semaine, tous mes chevaux ont bien sauté, et je sais que ma jument était en super forme. J’étais dans la même situation à Bois-le-Duc : Dynamix avait très bien sauté le vendredi, puis j’avais loupé mon parcours le dimanche. Je m’en voulais vraiment, et elle n’avait pas concouru depuis ce concours. J’étais donc hyper nerveux de ne pas être, une nouvelle fois, à la hauteur de ses qualités. J’avais à cœur de bien monter. Dynamix a tellement de qualités qu’elle m’a rendu la vie plus facile. Le parcours était particulièrement agréable à monter”, a déclaré le champion olympique de Londres.
Une belle journée passée en famille et marquée par deux victoires pour Steve Guerdat. © Mélina Massias
En signant le troisième et dernier double sans-faute de l’après-midi dans l’acte initial du Grand Prix, le Jurassien avait toutes les cartes en main au barrage. Face à deux concurrents moins expérimentés que sa jument et lui, et dernier à s’élancer sur le tracé raccourci, Steve Guerdat en a fait juste ce qu’il fallait pour couper la ligne d’arrivée en 39’’28. “Je crois que Dynamix nous démontre toute sa régularité depuis qu’elle a commencé les concours. Elle a toujours été parfaite, toujours été sans-faute dans toutes les catégories. Elle est en pleine forme. Elle a profité d’une longue pause après Genève en fin d’année dernière. Elle n’a fait que quelques petites épreuves en Espagne en début d’année, puis a pris part au CSI 5* de Bois-le-Duc. Elle a toujours bien fait jusqu’à maintenant. Elle n’est pas encore parfaitement au point de vue condition physique : il lui manque encore quelques concours pour être au top de sa forme, mais elle m’a surpris ce week-end. Je ne l’attendais pas aussi étincelante et je pensais qu’il lui manquait une ou deux sorties pour qu’elle soit au meilleur d’elle-même. Cela donne donc de la confiance”, a complété l’heureux lauréat, sur qui l’on peut compter pour préparer au mieux sa championne pour les prochaines échéances. Assurément, ces deux-là forment l’un des, si ce n’est le meilleur couple de la planète, si bien que rien ne semble pouvoir les arrêter. Ravi par l’organisation et le déroulement de cette grande semaine de sport orchestrée par les équipes de GL Events Equestrian Sports, qui seront aussi aux manettes des prochaines Jeux olympiques, Steve Guerdat a déjà pris rendez-vous et rêverait bien de conserver son titre l’an prochain… cette fois sur l’immense piste en herbe du terrain d’honneur, non-utilisée ces dernières années en raison de sa mauvaise tenue.
La visite de ses naisseurs a donné des ailes à la fille de la reine Soudaine du Montet. © Mélina Massias
Aurélien Leroy confirme, Jennifer Hochstadter crée la surprise
Avant de voir Steve Guerdat et sa princesse triompher, il a fallu patienter pour voir se dessiner un barrage. Après le remarquable parcours à… un point de Koen Vereecke, enragé contre lui-même en passant la ligne d’arrivée, et son bondissant Lector vd Bisschop en début d’épreuve, Jennifer Hochstadter a été la première à quitter la piste avec un score vierge. La représentante du Liechtenstein a parfaitement négocié toutes les difficultés du jour, avec une maturité impressionnante, bien aidée par l’olympique et bien nommée Golden Lady. Toutes deux ont, en revanche, dû trouver les minutes suivantes bien longues, puisqu’il a fallu attendre le passage de vingt-six (!) duos avant de voir Aurélien Leroy et le génial Crosqel de Blaignac les imiter. Nombre de paires de très haut niveau ont échoué, mais aucune n’est apparue à la peine. La plupart des fautes ont été commises sur les verticaux disposés parmi les quatorze obstacles du tracé par Grégory Bodo et Santiago Varela… qui imagineront les parcours des prochains Jeux olympiques. Satisfaits de leur prestation, tout comme les cavaliers, tous deux ont rempli leur mission et ravi les allées du concours bellifontain, qui débordaient de monde de tous les côtés.
Koen Vereecke a été le premier à trouver les clefs du sans-faute dans le Grand Prix 5* de Fontainebleau avec Lector vd Bisschop. © Mélina Massias
Le sport a été plus qu’au rendez-vous et a offert un savant mélange d’expérience, avec la première place des champions d’Europe, mais aussi de renouveau, avec les doubles sans-faute des deux autres barragistes. Troisièmes du Grand Prix du CSIO 5* de Rotterdam, Aurélien Leroy et Croqsel de Blaignac avaient tout misé sur cet événement. Alors qu’il a profité de longs mois de repos après “plusieurs petites erreurs” de son cavalier ayant entaché sa deuxième moitié d’année 2023, l’attachant étalon gris a retrouvé tout son brillant et a dominé les deux parcours du jour. En suivant ses plans, l'Occitan, ancien cavalier de concours complet et admirateurs de la première heure des grands CSI 5* est désormais celui qui en fait l’actualité. Très réguliers ces deux dernières années, tous deux pourraient se rendre à Saint-Gall, dans quelques mois et continueront sans le moindre doute à faire parler d’eux dans les prochains mois.
Que d'émotions pour Aurélien Leroy et son fidèle Croqsel de Blaignac. © Mélina Massias
Quelle progression et quel résultat pour Jennifer Hochstader ! Grâce à sa fabuleuse Golden Lady, la jeune amazone, benjamine de l’épreuve, a impressionné son monde grâce à deux parcours parfaits. Sous les conseils de Marcel Delestre, elle n’a pas pris de risque au barrage, un exercice dans lequel elle doit encore s’aguerrir. Même si son chronomètre était plus lent de plus de deux secondes par rapport à celui de ces deux rivaux du jour, l’ancienne cavalier de Dexter Fontenis n’a pas à rougir de sa prestation, bien au contraire. “Ma jument a été irréprochable à Doha, où nous avons commencé notre saison. Elle m’apprend beaucoup et j’ai une chance énorme de l’avoir à mes côtés. Je savais qu’elle me donnerait tout et qu’elle était capable d’affronter ce Grand Prix, même si je ne m’attendais pas du tout à un tel scénario ! C’est un moment très spécial pour moi. Il s’agit de mon premier podium en Grand Prix 5*. Je ne suis pas redescendue de mon nuage et j’en profite encore. Je suis très, très fière de ma jument et de toute l’équipe qui nous entoure”, s’est émue Jennifer Hochstadter.
En pleine forme depuis le début de l'année, Jennifer Hochstadter et Golden Lady ont réalisé un excellent double zéro. © Mélina Massias
Grâce à de rapides parcours à quatre points, Julien Epaillard, Denis Lynch, Grégory Wathelet et Ioli Mytilineou ont complété le tour d’honneur, grâce à leurs respectifs Donatello d’Auge, Brooklyn Heights, né Jorden vd Kruishoeve, Bond Jamesbond de Hay et Levis de Muze. En plaçant deux frères utérins dans le Top 8 de ce difficile Grand Prix, Cordula de Laubry, génitrice de Lector vd Bisschop et Brooklyn Heights dont la production est aussi nombreuse que qualiteuse, est peut-être la deuxième gagnante de ce rendez-vous bellifontain !
Photo à la Une : Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème se sont offert un nouveau tour d’honneur. © Mélina Massias