Second et déjà avant-dernier volet de notre rencontre de la semaine avec Romain Potin.
Avec le recul, vous pensez que c'est faire un pas en arrière ou c'est une situation positive qui vous permet financièrement de faire vos chevaux comme vous l'entendez ?
« Il y a toujours du positif et du négatif dans chaque situation. C'est sûr que maintenant, j'ai la chance de ne monter que mes chevaux. Du coup, j'ai la chance de pouvoir choisir si je les vends ou non, si je vais à tel ou tel concours et je loupe une épreuve je ne vais pas avoir la pression du propriétaire ni même me mettre la pression moi-même en me disant qu'on risque de me le retirer. Par contre, ça limite la quantité de chevaux. Du coup, ça limite également la qualité. Aujourd'hui, c'est bien … mais je pense que quelqu'un comme moi qui aurait en plus la chance d'avoir quelques propriétaires, cela offrirait probablement la possibilité d'avoir de bons chevaux même si évidemment avoir des chevaux de la qualité de Tzigano et Impressario, c'est encore autre chose mais cela pourrait aider… mais il faut faire des choix, on ne peut pas tout faire. »
Le commerce ne fait pas partie de vos priorités, sinon Tzigano ne serait plus là, mais cela fait néanmoins partie des objectifs ?
« Oui quand même. Je n'ai pas encore trente ans, j'ai ma vie à construire. Alors évidemment si je trouvais un investisseur qui achèterait mon cheval pour me le laisser, je serais le plus heureux … mais le commerce fait partie des objectifs et à terme, parmi mes deux chevaux de tête, il y en a bien un des deux qui nous quittera à court ou moyen terme mais après, il faut trouver le bon moment et il faut savoir se décider, ce n'est pas évident. D'autant que pour retrouver un cheval de la qualité de ces deux-là, il faut déjà pouvoir en passer et il faut avoir le coup de chance. »
Quand on trouve deux chevaux de cette qualité parmi une si petite écurie, est-ce que ce n'est qu'un coup de chance ?
« Non, ce n'est peut-être pas qu'un coup de chance. Mais ces deux chevaux ont néanmoins une histoire très différente. Tzigano est un cheval qui dès son plus jeune âge faisait envie et montrait de très bonnes aptitudes et lorsque nous nous sommes montrés intéressés, nous avons dû l'acheter. C'était un risque mais lorsqu'on montre une vidéo de lui, il fait toujours envie. Impressario sera probablement un jour vendu sur ses résultats car autant ce n'est pas un cheval spectaculaire, autant il aligne les résultats week-end après week-end. Après je suis persuadé qu'il est possible de trouver des chevaux de deux étoiles tous les jours … plus, c'est une autre histoire. Il y a beaucoup de choses qui changent : c'est plus haut, plus technique, plus vite et les concurrents qu'on a ne sont plus les mêmes. Je pense donc que des chevaux comme ça, je n'en aurai probablement pas cinq dans vie. »
Lorsque vous allez essayer un cheval, quelles sont vos exigences ?
« Le respect et l'intelligence de la barre. La force, c'est important mais c'est secondaire. Je suis toujours parti du principe que je préfère gagner une 1m30 que faire 8 ou 12 points dans une 1.50m. Je trouve que ça ne m'apporte rien mais c'est évidemment lié à l'aspect compétiteur. »
Qu'est-ce que vous avez fait comme études ?
« J'ai fait une licence en commerce international. Je suis toujours parti du principe que faire des études, c'était important et pour moi aller simplement jusqu'au bac n'avait aucun intérêt, ça n'apporte rien. J'étais dans une école où j'ai fait un BTS puis j'ai fait la licence. Cela n'a pas été difficile de me motiver pour mes études car c'est ce que j'ai toujours voulu faire. Ce n'était absolument pas pour faire plaisir à mes parents, c'était juste parce que je pensais que c'était la meilleure solution qui s'offrait à moi. Je n'ai jamais voulu arrêter l'école pour me mettre à cheval. J'ai par contre eu la chance que jusqu'à ce que mes études soient terminées : je ne montais pas à cheval de la semaine. Je montais le mercredi et les samedi et dimanche : c'était tout ! Je n'ai jamais monté le soir. J'avais la chance que mon père montait mes chevaux, me les travaillait et les dressait. C'était un avantage mais les horaires scolaires m'auraient difficilement permis de faire les deux correctement. Je partais à 7h30 et rentrais à 19h. Je devais encore faire mes devoirs puis je ne pense pas être un surdoué à l'école. Mon frère avait beaucoup plus de facilités. Moi, il fallait que je travaille. J'avais par contre la chance d'avoir quelques facilités à cheval. Mon frère, qui est de 7 ans mon cadet, a préféré se diriger dans une autre voie équestre puisque lui est au cadre noir de Saumur et suit un cursus qui lui permettra de sortir avec un monitorat, un instructorat et une License en gestion. Via son école, il est parti en stage chez Nick Skelton cet été alors que là, il revient de chez Daniel Etter. Lui est beaucoup plus intéressé que moi dans les origines ou le haut niveau. Il sait qui gagne le week-end alors que moi, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Je pense que lui son idéal se situe plus dans le commerce que dans la compétition. »