Roger-Yves Bost, les dinosaures ne sont pas encore morts.
Après plusieurs années dans l'ombre, vous revenez en force avec un solide piquet de chevaux dont deux de Grand Prix. Etait-ce une volonté de votre part de repasser quelque peu dans l'anonymat ?
Pas véritablement. En fait, le problème que j'ai eu, c'est de monter beaucoup de chevaux en qui je croyais, qui étaient bons, avec lesquels je pouvais faire des épreuves 1m50, mais qui n'étaient pas de véritables stars. Avec des chevaux « normaux » et un bon cavalier, on peut réussir à faire des belles épreuves, mais au-delà des Grand Prix trois étoiles, on ne peut pas y arriver. J'ai passé de nombreuses années avec des chevaux que je pensais assez bons et pour lesquels je me suis un peu trompé. Maintenant, j'ai Idéal et Jalis. Ca, ce sont des cracks et ça permet d'avancer. Je pense d'ailleurs que l'année prochaine, je ne les prendrai plus sur les mêmes concours afin de pouvoir mieux les gérer et leur donner à chacun leur chance en Grand Prix.
En France, on reproche souvent aux cavaliers de n'avoir qu'un seul cheval de Grand Prix. Vous, vous en avez deux actuellement, peut-être d'autres l'an prochain avec vos jeunes chevaux. Pourtant, vous êtes fort critiqué surtout pour votre style, n'est-ce pas une déception ?
Déjà, je voudrais dire que cela n'a pas été simple de trouver de tels chevaux. Pour le reste, je réponds toujours à ces personnes que Rodrigo Pessoa n'a pas le même style que Marcus Ehning, ni que Nick Skelton ou encore Thomas Frühmann. Ce qui est important, c'est d'être au haut niveau, de se battre pour être sans faute et si possible de gagner. Le style, il ne faut pas s'en occuper. Tout à l'heure, une journaliste me demandait si je ne savais monté que des chevaux particuliers. Je pense vraiment qu'Idéal est un cheval très classique, ma monte donne peut-être l'impression qu'il est particulier, mais le plus important, ce sont nos résultats. On m'a mis de côté parce que les gens pensaient que je n'avais pas vraiment le cheval, puis que j'étais trop vieux (41 ans). Mais en fin de compte, ça va, je reviens tranquillement. On essaie toujours de se motiver et de se remettre en question.
Vous avez obtenu de nombreuses performances, comme vos victoires lors des Grand Prix de Liège en 2005, d'Hickstead cet été et encore ici à Maastricht, alors que les Français veulent tout révolutionner après la catastrophe des championnats du monde. Comment avez-vous vécu ces championnats ?
Déjà, j'étais prêt à y aller ! J'ai montré que mon cheval était prêt à Hickstead. Ils n'ont pas voulu me mettre dans l'équipe, c'est dommage. Après, j'ai été à Barcelone. Beaucoup de temps s'était écoulé depuis Hickstead et ça c'est moins bien passé, alors que pour les championnats du monde, j'aurais été prêt. Maintenant, c'est dommage, mais ce n'est pas la fin du monde. Je pense que mon cheval et moi pourrons participer à d'autres échéances. Je suis optimiste pour l'avenir. Pour le reste, je ne vais pas changer : mon but restera toujours de faire des sans faute. Après, il faudra que l'équipe soit bien, qu'on construise un bon programme. Pour ma part, je continuerai ma route et s'ils ont besoin de moi, ils me prendront !
On vous voit également régulièrement en Allemagne, en Hollande dans de gros concours où l'on n'a pas souvent l'habitude de voir des cavaliers français.
Oui, c'est vrai, mais ce n'est pas nouveau. J'ai toujours été dans des concours en Allemagne, même lorsque j'étais jeune avec Norton (ndlr : du Rhuys). Je trouve que c'est là, avec de grands cavaliers, qu'on est mis en difficulté. En plus, je pense que c'est vraiment important de pouvoir discuter avec eux. En France, on est quand même un cran en dessous et techniquement on ne peut pas parler. Lorsque l'on est à l'étranger, on peut toujours discuter avec d'autres cavaliers, des gars comme Beerbaum, Pessoa, John Whitaker … C'est sur les grosses épreuves que l'on apprend le plus. En nationaux, ce n'est pas le cas.
Pour terminer, avant de vous laisser rejoindre votre équipe de jeunes cavaliers à Neeroeteren (où se déroulait un CSI P & J), qu'avez-vous pensé de ce concours de Maastricht ?
C'était vraiment bien. J'ai fait de beaux concours cette année, comme Hanovre etc., mais Maastricht est le plus beau concours auquel j'ai participé depuis des années. Un bon plateau, une super ambiance et une magnifique organisation, c'était vraiment bien.