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Robert Murphy, un jeune britannique en plein boom (1/2)

Robert Murphy
vendredi 10 mai 2024 Mélina Massias

À bientôt vingt-quatre ans, Robert Murphy s’affirme comme l’une des relèves du clan britannique. Après avoir fait ses armes au pays, auprès de ses parents, eux aussi impliqués dans le monde équestre, et disputé sept championnats d’Europe Jeunes, avec à la clef un titre de champion d’Europe Enfant en 2014 et une jolie moisson de cinq médailles collectives, le jeune homme a posé ses valises en Belgique depuis un an. Passé par la Young Riders Academy, pépinière de talents en devenir, Robert Murphy a élu domicile au sein des écuries du champion du monde Jos Lansink. Et ces dernières temps, la carrière de l’Anglais s’est encore accélérée. En fin d’année dernière, il est passé à rien d’une victoire dans le Grand Prix secondaire du CSI 5*-W de Malines, pour sa première à ce niveau. Ses performances n’ont d’ailleurs pas échappé à l’encadrement britannique, qui l’a sélectionné pour l’épreuve collective du CSIO 3* de Peelbergen, mi-mai. Discret mais surtout déterminé, celui qui rêve de Coupe des nations et de Jeux olympiques espère bien atteindre ses objectifs, sans toutefois griller les étapes.

Quel a été votre premier souvenir avec les chevaux ? 

J’ai grandi dans une famille impliquée dans le monde équestre. Mes deux parents montaient à cheval, donc j’ai toujours été entouré par les chevaux. De mon premier petit poney, que l’on tenait en main lorsque je le montais, jusqu’à aujourd’hui, ma vie a toujours tourné autour des chevaux.

À partir de quand avez-vous mûri l’idée de faire de l'équitation votre métier ?

Je pense que cela a toujours été dans un coin de ma tête. Je dirais que j’ai commencé à prendre les choses plus au sérieux à partir de mes douze ans. 

Quelles ont été les grandes étapes de votre jeune carrière ?

Jusqu’à mes dix-huit ans, j’étais pleinement intégré au système familial et montait pour ma famille (à Preston, une petite ville située près de Manchester, au Nord de l’Angleterre, ndlr). À ma majorité, j’ai pris la décision de lancer mon propre business. C’était une grande décision pour moi. Plus récemment, il y a un an, j’ai déménagé en Belgique, au sein de la structure de Jos Lansink, grâce à la Young Riders Academy. Ce sont probablement les paliers les plus significatifs que j’ai franchis jusqu’à présent.

Robert Murphy a grandi entouré de chevaux et vole désormais de ses propres ailes, au sein des écuries du champion du monde Jos Lansink. © Mélina Massias

"J'ai beaucoup appris en travaillant avec Peter Charles"

Les champions olympiques Nick Skelton et Peter Charles vous ont également transmis quelques conseils ces dernières années. Quels étaient vos rapports et qu’avez-vous appris de ces deux grands noms du saut d’obstacles ?

J’ai travaillé pour Nick aux Etats-Unis, lors d’un séjour de quelques semaines en Floride, quand j’avais quatorze ans. Lorsque je me suis lancé à mon compte, un grand nombre des chevaux que je montais appartenaient à Peter Charles. Il m’a confié beaucoup de chevaux âgés de six à neuf ans. Je pense que je retiens avant tout l’attention portée aux détails. Même s’ils dirigeaient de grandes structures, tout était effectué à un très haut niveau avec les chevaux, que ce soient les jeunes ou les chevaux d’expérience. Avec Peter en particulier, avec qui j’ai travaillé en étroite collaboration pendant deux ans, former les chevaux de la bonne manière pour atteindre le haut niveau était primordial. J’ai beaucoup appris en travaillant avec lui.

L'impressionnant Kannem J.A est l'un des grands espoirs du Britannique pour cette saison. © Mélina Massias

Êtes-vous toujours impliqué au sein de vos écuries familiales ? 

Ma mère gère désormais les écuries où j’étais installé en Angleterre. Elle s’occupe principalement de l’entraînement de jeunes cavaliers qui évoluent à poney. Mon père quant à lui est installé non loin et possède sa propre structure. 



Vous évoluez désormais aux côtés de Jos Lansink. Comment l’avez-vous rencontré et quelles ont été vos motivations pour travailler avec lui en particulier ?

J’ai été accepté au sein de la Young Riders Academy (YRA) en 2023 et j’ai demandé à m’entraîner avec Jos. Le programme m’a donc permis de travailler avec lui. J’ai fait sa connaissance lors du Sunshine Tour, où je montais un cheval qui lui appartenait en partie pour le compte d’Ashford Farm. Nous avons ensuite poursuivi l’aventure via l’académie. Depuis que ma formation avec la YRA est terminée, je travaille là-bas à temps plein et ai déménagé en Belgique. Ces dernières années, j’ai suivi la carrière des cavaliers passés chez Jos. Au-delà de cela, Jos est lui-même un grand nom du sport (le belge a notamment été sacré champion du monde à Aix-la-Chapelle en 2006 avec le puissant Cumano, ndlr) depuis des années. J’ai toujours voulu intégrer une structure comme la sienne. 

L'an dernier, Robert Murphy a eu l'honneur de fouler la piste du CHIO d'Aix-la-Chapelle à l'occasion d'un CSI 1* organisé en parallèle du traditionnel CHIO 5*. © Sportfot

Comment fonctionne votre système au sein des écuries Lansink ? Quelle part accordez-vous aux jeunes chevaux, aux chevaux d’âge, au commerce ? 

Nous faisons un peu de tout. Jos adore l’élevage et possède plusieurs étalons qu’il utilise lui-même. Il a également conservé de bonnes juments pour son élevage. Je monte donc quelques chevaux qu’il a fait naître, ainsi que certains étalons. À côté de cela, Jos est toujours passionné par le grand sport. Il est le chef d’équipe de la délégation néerlandaise et est toujours motivé par les grands résultats, que ce soit pour son équipe ou pour les trois cavaliers de ses écuries. Il nous encourage à atteindre le plus haut niveau. Il est également très impliqué dans notre travail au quotidien et essaye de nous entraîner autant que possible.

En plus de quelques chevaux prêts pour affronter le haut niveau, Robert Murphy assure également la formation de certains chevaux élevés par Jos Lansink, comme Adorable JL, un fils d'Aganix du Seigneur. © Mélina Massias

Personnellement, êtes-vous intéressé par l’aventure de l’élevage ?

Ma famille a fait naître quelques chevaux lorsque j’étais en Angleterre, à une toute petite échelle, avec peut-être un ou deux poulains par an. En grandissant, j’ai essayé de m’y intéresser un peu plus. C’est un domaine très compliqué dans ce milieu et cela prend beaucoup de temps. Le fait que Jos élève lui-même et valorise ses propres poulains est bénéfique. Il est également intéressant de découvrir comment cela fonctionne en Europe, par rapport à l’Angleterre, où les choses sont différentes.



Quels autres cavaliers vous inspirent ?

Je citerais les grands cavaliers britanniques, comme Scott Brash par exemple. Il est issu d’un milieu très modeste et est aujourd’hui l’un des meilleurs de sa discipline. Il est une grande motivation pour n’importe quel jeune cavalier britannique. Voir d’où il est parti et ce qu’il a accompli et accomplit encore dans le sport est une grande inspiration.

Vous avez fait partie de la promotion 2023 de la Young Riders Academy. Quel a été votre parcours au sein de ce programme et qu’avez-vous retenu de cette expérience ? 

J’ai essayé d’intégrer les rangs de la YRA pendant un moment avant d’y arriver et il semble que cela ait été le cas pour d’autres cavaliers. Plusieurs de mes amis ont en tout cas vécu la même expérience. Plusieurs sessions de formation sont organisées à différents endroits en Europe, afin de développer nos connaissances en tant que femmes et hommes de chevaux et pas seulement en tant que cavaliers. Nous évoquons par exemple la gestion d’entreprise ou encore l’aspect vétérinaire. Surtout, le programme complet offre les entraînements auprès d’un grand cavalier. C’est ainsi que j’ai pu travailler avec Jos. Le travail est assez intense pour les personnes sélectionnées.

Grâce à la Young Riders Academy, le jeune anglais a eu l'occasion de rencontrer Jos Lansink et de nouer de solides relations professionnelles avec ce dernier. © Sportfot

Le but de la YRA est de donner une chance aux jeunes cavaliers talentueux de franchir un cap et, pourquoi pas, d’atteindre le plus haut niveau. Seulement, la plupart des cavaliers sélectionnés ont déjà un nom et l’opportunité d’évoluer sur de beaux concours. Un second programme ne devrait-il pas voir le jour afin d’offrir cette aide précieuse à des cavaliers tout aussi doués mais qui sont davantage dans l’ombre ? 

C’est une bonne question. Ce sont les fédérations nationales qui proposent les noms des cavaliers pour les tests d’entrée à l’Academy. Je pense donc que d’une manière générale, les fédérations devraient faire plus attention à cela. Au lieu de proposer des jeunes déjà connus, il serait peut-être préférable de mettre en avant des cavaliers moins connus ou qui ne bénéficient pas des mêmes infrastructures que certains grands noms dans le sport. Cela pourrait changer une vie. L’Academy a grandement changé la mienne. Je suis sûr que cela a été le cas pour d’autres cavaliers et le sera encore à l’avenir.

La compétitive Hulde G a également intégré le piquet de Robert Murphy il y a quelques mois. © Mélina Massias

Retrouvez la seconde partie de cette interview demain sur Studforlife.com…

Photo à la Une : Robert Murphy peut notamment compter sur le puissant et prometteur Catch-Me van Berkenbroeck. © Dirk Caremans / Hippo Foto