Rob Ehrens, du cavalier au sélectionneur, retour sur plus de quarante ans de succès
Rétrospective des nombreuses années passées par Rob Ehrens à la tête de l'équipe néerlandaise, ainsi que sur sa carrière de cavalier.
L’annonce du départ de Rob Ehrens a choqué une partie de la communauté équestre. Il faut dire qu'il était à la tête de l’équipe néerlandaise depuis seize ans et était déjà, avant cela, en charge des jeunes cavaliers. Rob a pris un moment pour revenir avec Studforlife sur les moments phares de sa carrière en tant que chef d’équipe et cavalier.
Depuis l'annonce de son départ, Rob a recommencé à entrainer des cavaliers à titre privé, notamment au sein de sa propre structure où il pose ici à coté d'une jument Holstein
Rob Ehrens, sa carrière en tant que cavalier
“Je dois dire que j’ai eu trois chevaux véritablement incroyables dans ma carrière. Cela a commencé en 1980 avec Koh-I-Noor (Off Key). Cor Loeffen, qui travaillait pour le KWPN, disait que c’était une jument très moderne, elle était dans le sang. Nous avons été premiers à Calgary, deuxièmes à Hickstead et nous avons obtenu pas mal de secondes places en Grand Prix. J’ai remporté la médaille de bronze aux Européens de Munich en 1981. Après cela elle a été vendue. Mon second crack a été Oscar Drum (African Drum). J’ai aussi pas mal gagné avec ce cheval. Je l’ai monté aux championnats du Monde et d’Europe. J’ai été le seul à me rendre avec lui aux Jeux olympiques de Los Angeles mais il s’est blessé en arrivant. Un peu plus tard, j’ai récupéré Olympic Sunrise (Flaneur). En deux ans et demi, elle a gagné entre vingt et vingt-cinq Grands Prix, plus de 380 000 euros de gain et quatre voitures. Je l’ai montée aux Jeux Olympiques de Séoul. Nous étions cinquièmes avec l’équipe et quinzièmes en individuel. Ces chevaux étaient vraiment bons.
À la fin de ma carrière, j’ai fait de bonnes choses avec l’étalon Holsteiner Celano (Capitol I) : j’ai gagné plusieurs fois les Sires of the World et j’ai monté des Coupes des nations. Il y a aussi eu le Pur-sang australien Stolen Thunder. Pendant ce temps, nous avons été troisièmes de la Coupe des nations d’Aix la Chapelle en 1995 et quatrième de la Coupe du monde la même année. Nous avons été pré-sélectionnés pour les JO d’Atlanta mais malheureusement, le hongre était boiteux peu avant le début de la compétition et nous avons été contraints d’abandonner. C’était un cheval très spécial, très sensible, il avait un très bon galop et il était très respectueux.
Je n’ai jamais été capable de remporter Aix-la-Chapelle en tant que cavalier. J’ai été deux fois quatrième et une fois cinquième, parce que j’ai toujours fait quatre points au barrage avec des chronomètres rapides avec Oscar Drum, Olympic Sunrise and Stolen Thunder. En tant que cavalier, j’ai un peu gagné mais pas en championnats, ça je l’ai fait en tant que chef d’équipe."
Les débuts en tant que chef d’équipe
"L’année 2001 a été la dernière où j’ai été cavalier de compétition. Mon fils, Robbert Ehrens m’a dit “Papa, est ce que tu sais que tu as commencé ta carrière internationale à Hickstead et que tu l’as arrêtée vingt ans plus tard au même endroit (avec Koh-I-Noor en 1980 puis avec Celano en 2000, ndlr) ?” En 2001 j’ai arrêté de concourir et je suis devenu le coach des Jeunes néerlandais. Je l’ai fait pendant trois ans avec de bons résultats. Nous avons gagné l’or au championnat d’Europe d’Hagen en 2002. En 2005, on m’a demandé de prendre en charge l’équipe Séniors. Je ne me sentais pas vraiment prêt à prendre ce job mais je l’ai finalement accepté. Cela a duré seize ans. Au total, j’ai passé dix-neuf ans à travailler pour la fédération néerlandaise."
Rob en tant que porte drapeau de l'équipe néerlandaise, ici à La Baule
Les championnats d’Europe (2005, 2007, 2009 et 2015)
"En 2005, je n’avais pas grand chose sur quoi m’appuyer pour commencer. Nous avons formé un groupe dont Leon Thijssen était l’un des pionniers. Nous avons dû travailler, faire face à ce qui nous attendait et foncer. Aux championnats d’Europe de San Patrignano en 2005, nous avons ramené deux médailles de bronze, ce qui était bien au délà de nos attentes. Dans l'équipe il y avait : Gerco Schröder, Leon Thijssen, Yves Houtackers et Jeroen qui a aussi récolté le bronze en individuel avec Nassau.
Deux ans plus tard, nous avons gagné l’or à Mannheim avec Albert Zoer, Gerco Schröder, Jeroen Dubbeldam et Vincent Voorn. En 2009, Albert Zoer a ramené le bronze de Windsor avec Okidoki. En 2015 à Aix, nous avons remporté l’or en individuel grâce à Jeroen Dubbeldam et par équipe avec le même collectif que celui qui avait remporté les Jeux Equestres Mondiaux à Caen."
Maikel van der Vleuten and Verdi ont été l'un des couples phares de l'équipe néerlandaise. Pendant cinq ans, ils ont été de tous les championnats avec de beaux succès à la clé. Rob a coompagné tout du long leur ascension
Les JEM d’Aix-la-Chapelle (2006) et de Caen (2014)
“Gagner l’or aux JEM d’Aix-la-Chapelle était un moment historique. Nous ne l’avions encore jamais fait, je n’oublierai jamais ce moment. C’était aussi spécial parce que c’était à Aix-la-Chapelle. Nous avions déjà eu de bons résultats là-bas mais pour sûr, jamais aussi bon que celui là. De manière générale, je pense que tous les pays connaissent des périodes où ils ont des bons et des moins bons résultats. Il n’y en a aucun qui peut rester d’année en année en haut du podium. Quand est ce que l’on gagne ? Quand on a de bons chevaux et de bons cavaliers motivés. Si l’on a pas ça, on a aucune chance parce que la concurrence est trop rude. Il faut au moins trois cavaliers capables de sortir des sans-faute.
A Caen, l’équipe était composée de Maikel van der Vleuten avec VDL Groep Verdi TN, Jur Vrieling avec VDL Bubalu, Gerco Schröder avec Glock's London et Jeroen Dubbeldam avec Zenith SFN. Avec sa double médaille d’or, Jeroen Dubbeldam est d’ailleurs devenu le premier cavalier néerlandais à être couronné champion du monde."
Sur le podium des JEM de Caen avec Jeroen Dubbeldam, Gerco Schröder, Maikel van der Vleuten, Jur Vrieling et l'équipe américaine
"Jeroen est un cavalier qui montre énormément d'empathie envers ses chevaux. Il l'a appris en montant des chevaux très différents dans les nombreuses écuries dans lesquelles il a travaillé par le passé. Je pense qu'il a un don particulier pour s'adapter aux chevaux. S'il croit en eux, il arrive à construire un lien très solide. Jeroen est aussi un cavalier qui place la qualité au dessus de la quantité."
Jeroen Dubbeldam et Zenith ont récolté l'or pratiquement partout sur tous les championnats où ils se sont rendus
Les JEM de Lexington (2010)
"Nous ne sommes pas parvenus à nous qualifier par équipe pour le second tour. Tout le monde a commencé à dire que l’équipe n’était pas assez bonne. Ce n’était pas vrai, parce que cette équipe avait gagné la Coupe des nations de Dublin. Nous étions quatrième après le premier tour mais dans le premier parcours de la Coupe, tous les cavaliers ont fait deux fautes.
Composer avec les moments difficiles fait partie du métier de chef d'équipe et cela reste toujours compliqué. Cela semble être un super job mais s'il faut lister tous les points négatifs, il y en a beaucoup. La sélection des cavaliers est toujours difficile. Il faut expliquer aux cavaliers pourquoi ils n'ont pas été retenus, il y a toujours des déçus et des personnes en colère, même si tout s'arrange au bout d'un moment. Une fois au concours, si tout ne se passe pas bien, c'est vraiment triste. On vous dit que vous n'avez pas sélectionné les bons cavaliers. Lexington était un bon exemple. On doit toujours composer avec des situations comme celles-ci, on ne s'y habitue jamais. Je suis toutefois un optimiste, j'ai donc préféré clore le chapitre et continuer."
Jeux Olympiques de Londres (2012) et Tokyo (2021)
"Nous avons eu deux médailles d’argent à Londres. La médaille par équipe (avec Gerco Schröder sur Glock’s London, Marc Houtzager sur Sterrehof's Tamino, Maikel van der Vleuten sur VDL Groep Verdi et Jur Vrieling sur VDL Bubalu) représente beaucoup à mes yeux. Gerco a aussi gagné l’argent en individuel."
Gerco Schröder and London, doublement médaillés aux JO de Londres
"A Tokyo cette année, Maikel van der Vleuten a remporté le bronze en individuel avec Beauville Z. C'était un superbe accomplissement pour Maikel."
Peder Fredricson, Ben Maher et Maikel van der Vleuten, les trois médaillés des derniers Jeux Olympiques
Les finales du circuit Coupe des nations
"Nous avons gagné trois fois la finale Coupe des nations à Barcelone. La dernière fois c’était cette année. Je suis fier de ce que nous avons accompli avec mes cavaliers. Nous avons fait de belles choses."
Sanne Thijssen, Harrie Smolders, Maikel Van Der Vleuten, Kevin Jochems et Willem Greve ont permis de conclure de manière idéale la carrière de Rob Ehrens à la tete de l'équipe Oranje en remportant une dernière fois la finale du circuit Coupe des nations
Adriana van Tilburg. Crédit photo : Sportfot.com