En plus de Prague et Stuttgart, Monterrey, au Mexique, et Las Vegas, aux Etats-Unis, accueillait deux rendez-vous majeurs du calendrier international de saut d’obstacles ce week-end. D’un côté, la jeune garde danoise a brillé, grâce à Rikke Belinda Barker et son étalon Tabalou PS, vus lors des championnats d’Europe de Milan, tandis que Conor Swail, qui a retrouvé son Count Me In en pleine forme, a remporté sa bataille au barrage face à cinq cavalières de talent. Retour sur ces CSI 5* et 4*-W.
Le sourire jusqu’aux oreilles, presque choquée, la jeune et talentueuse Rikke Belinda Barker a décroché la plus belle victoire de sa carrière, dimanche 20 novembre, du côté de Monterrey. La Danoise, qui soufflera sa trentième bougie le 18 décembre prochain, s’est offert un cadeau un peu anticipé. Associée au fantastique Tabalou PS, un fils du grand Taloubet K et dont la grand-mère a produit pas moins de dix embryons ces derniers mois, elle a réalisé le seul et unique double sans-faute du dernier Grand Prix 5* de la série de concours mexicaine.
Lancé sur la scène internationale en 2019 par le Belge Maxime Harmegnies, l’étalon de onze ans, représentant du stud-book OS de son naisseur, Paul Schockemöhle, a poursuivi sa route avec les Français Elodie Barrer et Tom Favede. Un retour de quelques mois sous bannière belge, aux côtés d’Alain Colette, et Tabalou a fait le bonheur de deux autres cavaliers tricolores, Valentin Marcotte et Mathis Burnouf, avant d’intégrer le piquet de Rikke Belinda Barker. Résidante des écuries ST Stables, propriétaire du bai brun à partir de 2019, l’amazone a acquis son complice, en partenariat avec RB Corporation, en mai 2022.
Aligné au départ des championnats d’Europe de Milan cet été, Tabalou n’avait pris part qu’à un seul Grand Prix 5*, au CSIO de Hickstead, avant l’échéance continentale. Au Mexique, le fils de Taloubet a pris du galon, en même temps que sa cavalière. Outre-Atlantique, ce véritable couple a montré de très belles choses dans les quatre rendez-vous majeurs auxquels il a pris part, ne concédant jamais plus d’une faute. Pour conclure leur tournée, tous deux ne pouvaient rêver meilleur dénouement qu’une toute première victoire internationale commune.
Lui aussi était à Milan. Et si sa nation a échoué à décrocher sa qualification olympique collective, Emanuele Camili espère bien offrir à l’Italie une chance de briller à Paris. Très en forme, en témoigne sa victoire à 1,50m vendredi, le Transalpin et son brillant Odense Odeveld ont été les plus rapides au barrage, mais n’ont pu éviter une faute en fin de parcours, après avoir été déstabilisés par une malheureuse glissade dans une courbe à main gauche. À seulement neuf ans, l’exceptionnel fils de Diamant de Semilly et son cavalier, qui a eu la chance croiser la route des grands noms que sont Paul Schockemöhle, Ludger Beerbaum ou encore Franke Sloothaak au cours de sa carrière, semblent promis à un brillant avenir.
Avec plus de deux secondes et demie de retard sur les représentants de la Squadra Azzurra, Nicolas Pizarro Suarez et Atlantica du Soleil, une Zangersheide de onze ans née dans la Nièvre chez Marianne Eichenberger, comme un certain Tokyo du Soleil, ont enregistré la meilleure performance pour les locaux. Malgré une faute en première manche, un bon parcours sans erreur en seconde leur ont permis de monter sur le podium. Régulier, le duo s’est ainsi classé dans les trois Grands Prix 5* qu’il a disputé au Mexique. Ce week-end, il a devancé ceux formés par Shane Sweetnam et RR Combella, une jument argentine qui faisait ses premiers pas à ce niveau, Federico Fernandez et Romeo, né Barachiel d’Ouilly, Jordan Coyle et For Gold, Zoé Conter et La Una, ainsi que Dermott Lennon et Millview Cicero.
Count Me In et Conor Swail empochent la mise
Ces deux dernières saisons, l’Irlandais Conor Swail, installé outre-Atlantique, avait pris l’habitude de dominer le classement général du circuit de la Coupe du monde Longines. Etrangement cette année, il n’avait encore jamais figuré sur un podium, après quatre étapes comptant pour la ligue d’Amérique du Nord. Ce week-end, le cavalier du généreux Count Me In avait un bon pressentiment, et ce dernier ne l’a pas trompé ! Au terme d’un barrage à six, ce couple expérimenté, qui avait d’ailleurs pris part à la finale du circuit au printemps 2022, à Leipzig, a imposé sa patte et sa vitesse, pour s’offrir la victoire à Las Vegas.
“J’ai la chance que Crosby (surnom de son fils de Count Grannus, un temps vu sous la selle de Beth Underhill, ndlr) soit très rapide. Cela étant, il reste très respectueux. Je suis parti en me disant que j’allais suivre mon plan et déroulé un bon parcours ordonné. Cela a bien fonctionné pour moi”, a analysé l’heureux lauréat. “Cette année a été un peu en dents de scie pour lui. Il a passé une période où il n’était plus aussi à l’aise face à de gros parcours, alors nous avons pris du recul. Ce cheval ne me doit rien. Je pense qu’il est le meilleur que j’aie jamais monté. Il m’a emmené en finale de la Coupe du monde, j’ai gagné à Dublin (la prestigieuse Aga Kahn, la Coupe des nations, et terminé deuxième du Grand Prix CSIO 5* en 2022, ndlr). Il m’a permis de vivre des moments incroyables et d’intégrer le Top 10 mondial. S’il ne veut plus sauter, je l'accepte. Mais il se sent de nouveau très bien !”
Plus que ses qualités de cavaliers, les résultats de ce Grand Prix CSI 4*-W a aussi mis en lumière la fibre professorale qui anime l’Irlandais. En effet, en signant le second double zéro de l’épreuve, la Canadienne Vanessa Mannix et son complice, Lehar, un KWPN de douze ans par Verdi, né Vanquidam, ont mis à l’honneur leur entraîneur ! Depuis près de quinze ans, l’amazone bénéficie des conseils de celui qui est devenu un ami au fil du temps, ainsi que de ceux de son homologue, James Chawke.
Le trio de tête a été complété par l’Américaine Jill Humphrey, associée pour l’occasion à Chromatic BF qui ne disputait là que son troisième concours international, du haut de ses douze ans ! Dernières barragistes, Lillie Keenan, Katie Laurie et Charlotte Jacobs, juchées sur Agana van het Gerendal, Django II et Rincoola Milsean, ont fait honneur à la gent féminine, fort bien représentée dans cette épreuve, mais malheureusement pas récompensée par la première place… pour cette fois !
Photo à la Une : Conor Swail et Count Me In ont retrouvé toute leur vista. © Andrew Ryback Photography / FEI
Le CSI 4*-W de Las Vegas est à (re)vivre sur Clipmyhorse.tv.