Retour gagnant pour la sœur utérine de Checker 47, une nouvelle monture pour Simon Delestre et une grande dame à la retraite : le point les actus de septembre

Deux ans et demi après sa brillante troisième place lors de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha, Pepita Con Spita a retrouvé - avec brio - la compétition. Depuis, la complice de Hunter Holloway, restée loin des pistes internationales pendant tout ce temps, a vu son frère utérin, Checker 47, être sacré champion olympique. Côté retour, celui d’Etoile van de Neerheide, alias Taj Mahal est aussi à noter, après six mois d’absence et trois saisons particulièrement allégées. Le fils d’Emerald van’t Ruytershof est apparu aux rênes d’un nouveau cavalier, et pas des moindres ! Pendant que l’exceptionnelle T’Obetty du Domain entamait officiellement une nouvelle vie, Simon Delestre, lui, prenait ses marques avec un nouveau complice et Honduras La Silla apparaissait aux rênes de… Philipp Weishaupt. Retour en détails sur ces infos, et quelques autres.
Lorsqu’il avait intégré les écuries de Cian O’Connor, à la fin du printemps 2021, l’étalon Zangersheide Etoile van de Neerheide, très vite renommé Taj Mahal, avait largement fait parler de lui. Après un peu moins de deux ans passés ensemble, et de bons résultats jusqu’à 1,55m, notamment marqués par une victoire en Grand Prix 3* à Knokke, le fils d’Emerald van’t Ruytershof et petit-fils de Quannan-R avait été vendu à la famille Stoute. Sous la selle de la jeune Keira, le bai brun avait fait son retour international en juillet 2024, après près d’un an et demi d’absence. Le duo a disputé quelques épreuves jusqu’en mars 2025, avant une nouvelle pause de six mois. De retour aux affaires à Gassin, mi-septembre, Taj Mahal est désormais associé à… Richard Vogel ! Cette même semaine, l’Allemand a aussi fait ses débuts avec Gangster Montdésir, un hongre Selle Français de la souche de Bouffon du Mûrier et appartenant à Karlswood Partners, un groupe de propriétaires fédérés autour de Cian O’Connor. Le néo-duo a remporté le Grand Prix 2* de Gassin le 21 septembre, puis l'épreuve d'ouverture du CSIO 5* de Barcelone, tandis que Taj Mahal, désormais âgé de douze ans, s’est classé deuxième à 1,40m puis dixième à 1,45m avec une faute à Gassin.
Etoile van de Neerheide, alias Taj Mahal, et Richard Vogel ont fait connaissance à Gassin. © Agence Ecary
Lillie Keenan et McLain Ward misent sur l’avenir
Début septembre, l’Irlandais Mark Finnerty a annoncé la vente de Lestro vd Valckenborg, un hongre de neuf ans par Stakkato Gold, à nul autre que… McLain Ward et son équipe ! Acquis par une société détenue par Marta Mattox, déjà propriétaire de G-Carla, alias La Serra, une bonne jument de vitesse que monte l’Américain, Lestro semble avoir les moyens pour atteindre le plus haut niveau. À en croire son ancien cavalier, le KWPN serait même taillé pour les très grandes échéances. “Le jour où Lestro est entré dans nos écuries à l’âge de sept ans, nous avons écrit ‘Aix-la-Chapelle 2026’ sur sa porte de box”, a-t-il écrit sur Facebook. “Tout au long de sa formation, Lestro nous a offert une grande fierté et beaucoup de joie. À chaque étape, nous éprouvions une admiration totale envers lui. Nous sommes impatients de le voir évoluer dans le grand sport… là où nous savons, depuis le premier jour, que se trouve sa place. Ne plus l’avoir avec nous aux écuries sera difficile, d’autant qu’il était devenu, au fil des années, le chouchou. Nous vous souhaitons beaucoup de chance pour les années à venir, et avons hâte de vous soutenir tous les deux !” Lancé sur la scène internationale par le Néerlandais Bart van der Maat en 2021, le puissant bai a ensuite rejoint la Norvégienne Sandra Loevaas, qui l’a monté jusqu’à la fin de l’année 2023. L’amazone a ensuite passé le relais à Mark Finnerty, avec qui Lestro vd Valckenborg a sauté jusqu’à 1,50m cette saison, se classant notamment cinquième de deux Grands Prix 3* à Traverse City. Pour l’heure, le petit-fils d’Animo dispose d’une expérience internationale toute relative et n’a pas encore fait ses débuts avec McLain Ward.
Mark Finnerty a annoncé la vente de son bon fils de Stakkato Gold à McLain Ward. © Sportfot
Dans la foulée, Worldofshowjumping a appris que Lillie Keenan, disciple de McLain Ward, avait, elle aussi, investi dans une recrue fort prometteuse. En effet, l’Américaine a pris les rênes de Never Lose v/d Wolfsakker, sept ans et très remarqué en Belgique. Autrice d’une excellente saison extérieure, l’amazone s’est associée à Hagenhorst Horses et a acquis une partie du fils de Lector vd Bisschop et petit-fils de Barones, la mère d’une certaine Gancia de Muze. Compte tenu de son potentiel et de sa génétique, le jeune étalon continuera sa formation sportive tout en développant sa carrière de reproducteur. Monté à cinq et six ans par Marco Sas, le bai, acquis par la famille Verhagen lorsqu’il était poulain, était passé cette année sous la selle de Charlotte Pals-Verhagen, qui partage sa vie avec Johnny Pals. Ensemble, le duo a bouclé plusieurs sans-faute jusqu’à 1,35m sur le circuit Jeunes Chevaux. Gageons désormais que Never Lose porte bien son nom et puisse exprimer tout son potentiel aux côtés de Lillie Keenan.
Avec Never Lose v/d Wolfsakker, Lillie Keenan ajoute une jeune pépite à son piquet. © Sportfot
Gatsby du Tillard pour Simon Delestre
En septembre, Simon Delestre a profité des pistes du club de polo de Gassin pour faire connaissance avec un nouveau partenaire. Alors qu’il n’a plus présenté son olympique I Amelusina R 51, la compétitive et prometteuse Olga van de Kruishoeve et l’extraterrestre Cayman Jolly Jumper depuis plusieurs mois en compétition, le Lorrain a pris les rênes de Gatsby du Tillard, neuf ans. Ce Selle Français, né chez Bernadette Lejeune, est l’arrière-petit-fils de Quanagra, soeur utérine de Jalisco B et à l’origine des exceptionnels Mic Mac du Tillard, Viking du Tillard et Cabdula du Tillard, tous indicés à plus de 170 ! Gris comme son père, President, Gatbsy du Tillard était jusqu’à présent monté par le Belge Benny Naessens, avec lequel il a évolué jusqu’à 1,55m, se classant huitième d’un Grand Prix 3* à cette hauteur en juin, du côté de Roeser. Alors qu’il vient de voir partir la vive et compétitive Acatitla LS sous la selle de son coéquipier Julien Epaillard, Simon Delestre récupère un nouveau gris plein de promesses.
Si Gatsby du Tillard suit les traces de ses incroyables collatéraux, Simon Delestre ne devrait pas tarder à s'illustrer à ses côtés. © Agence Ecary
Honduras La Silla en Allemagne
Au mois d’août, l’étalon Honduras d’Aubigny, alias Honduras La Silla, né chez Pierre Valette, est passé sous pavillon allemand. Plus vu en compétition depuis juin 2024 et sa dernière sortie internationale aux côtés de Duarte Romao, le fils de Mylord Carthago et petit-fils de Corrado I, sur la souche de l’étalon Diarado, a fait son grand retour sous la selle de… Philipp Weishaupt. Récent vainqueur du Grand Prix du Longines Global Champions Tour de Vienne, l’Allemand a pris le départ de cinq épreuves avec l’étalon de huit ans, à Valkenswaard et Opglabbeek. Mi-septembre, à Riesenbeck cette fois, le Selle Français a continué sa formation avec l’Irlandais James Connors Smyth, cavalier des écuries Beerbaum depuis le printemps 2024. En France, le gris compte une quarantaine de poulains, dont les premiers sont nés en 2021.
Deux ans après, la brillante Pepita Con Spita signe un retour gagnant
Elle fut la révélation de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha, en 2023. Sous la selle de l’Américaine Hunter Holloway, Pepita Con Spita s’octroyait une brillante troisième place, derrière King Edward Ress et Monaco, premiers et deuxièmes. Seizième à Leipzig un an plus tôt pour ce même rendez-vous indoor, la belle grise avait déserté les pistes internationales en mai 2023, sans crier gare. Alors que son retour international se faisait attendre, après plusieurs apparitions nationales dès le printemps, la sœur utérine d’un certain Checker 47, sacré champion olympique en 2024 avec Christian Kukuk et multiple vainqueur en Grands Prix 5*, a ressurgi outre-Atlantique sans avoir perdu une miette de son talent. Depuis août, la fille de Con Spirit s’est alignée au départ de six compétitions internationales et en a remporté trois à 1,45m, dont un Grand Prix 2* disputé à Traverse City ! “Nous sommes ravis que Pepita Con Spita soit de retour ! Elle est en pleine forme. Elle nous dira ce pour quoi elle est prête. Elle est naturellement rapide et la monter dans ce type d’épreuve me paraît un peu être de triche car c’est la meilleure”, s’est enthousiasmée Hunter Holloway après ses succès à Traverse City, où elle a passé plusieurs semaines.
On ne l'attendait plus, mais le retour international de Pepita Con Spita a bien eu lieu, après plus de deux ans d'absence ! © Sportfot
Bonne retraite, T’Obetty du Domaine
L’heure de la retraite a sonné pour T’Obetty du Domaine, grande gagnante avec Harold Boisset. Invincible ou presque lorsqu’il s’agissait d’aller vite, la petite alezane à l’immense talent, née chez Christian Moulin, s’est offert près d’une centaine d’épreuves internationales durant sa carrière, longue de quatorze années, toutes passées sous la selle de son indissociable cavalier montpelliérain. Phénomène parmi les phénomènes, la fille de Kashmir van’t Schuttershof et O’Betty du Domaine, par Diams du Grasset, s’était même classée en Grands Prix 4*, comme à Courlans, où elle avait terminé deuxième en 2023. L’an dernier, à dix-sept ans, elle bouclait le Grand Prix 5* du Longines Global Champions Tour de Cannes, le deuxième de sa carrière à ce niveau, avec une seule faute au compteur. Forcément, avec son départ à la retraite, une page bien remplie se tourne pour Harold Boisset et toutes les personnes ayant contribué à l’incroyable carrière de cette jument pas tout à fait comme les autres.
Avec la retraite de sa star T'Obetty du Domaine, une page se tourne pour Harold Boisset. © Sportfot
“Un simple merci ne suffit pas pour te montrer toute la gratitude et l’admiration que j’ai pour toi et que tu mérites. Toi, la rouquine pour laquelle personne n’a levé la main à trois ans aux ventes NASH, la jument pour laquelle un doute planait quant aux moyens de quatre à six ans… Pourtant, tu donnais déjà le meilleur de toi-même à chaque saut. Et puis, à chaque étape de ton évolution, tu as toujours surpris, jamais déçu. Pourtant, les cavaliers qui t’ont essayée ont tous trouvé qu’on n’était pas bien sur ton dos – mon toboggan. Je suis fier de pouvoir te dire que le seul qui m’ait dit un jour que tu avais les moyens de faire du grand sport est Philippe Guerdat. Ce jour-là, je crois que notre couple s’est créé et tu es devenue ma deuxième femme !”, s’est exprimé Harold Boisset dans un long message rempli d’émotions. “Tu as fait de moi un cavalier victorieux sur pratiquement tous les terrains de concours en Europe. Tu as gagné de tes six à tes dix-sept ans jusqu’au niveau 5*, et tu as fait de nous un des couples les plus rapides et réguliers du circuit. Pour une jument sans moyen, c’est pas mal ! Dès notre entrée à haut niveau, tu as commencé par une victoire dans notre tout premier CSI 5* à Paris, et tu as terminé par une victoire lors de notre dernier CSI 5* à Lyon. À dix-sept ans, tu as participé à ta première Coupe des nations, comme pour achever ta formation… Tu ne m’as jamais déçu et même lorsque les autres chevaux baissaient le pied, tu as toujours été là pour me remonter le moral. Tu es la jument de ma vie et nous avons formé un magnifique couple durant toutes ces années. Aujourd’hui, tu es officiellement à la retraite, et tu vas profiter des vastes prairies aveyronnaises où tu rejoins tes anciens camarades d’écurie, Quaprica d’Aveyron et Tuvien d’Incoville. Tu vas même voir tes poulains, auxquels tu transmettras – je l’espère – ton génie, ton savoir et ta générosité. J’espère qu’à travers eux je pourrai encore avoir la sensation de te monter. Merci ma Toto pour ces quatorze années passées ensemble. J’espère que tu as pris autant de plaisir que moi. Ton hennissement va nous manquer chaque matin. Et merci du fond du cœur à la famille Barascud (propriétaire de l’alezane, ndlr).” En septembre, lors de la Grande Semaine de Fontainebleau, Thomas Leveque présentait Lemon Let, fils de T’Obetty et Emerald van’t Ruytershof dans le championnat de France des entiers de quatre ans. De quoi faire un joli clin d'œil à sa mère, qui compte aussi une fille par Pégase van’t Ruytershof, baptisée Melisse B et née en 2022.
Avec près d'une centaine de victoires internationales en quatorze ans de carrière, la géniale fille de Kashmir van't Schuttershof était l'une des juments les plus compétitives de sa génération. © Sportfot
Disparition de deux étalons
En septembre, les étalons Unaniem (Numero Uno x Voltaire) et Homer de Muze (Nabab de Rêve x Nimmerdor) ont rejoint les étoiles. Classé à 1,60m avec Ben Schröder et sans-faute aux obstacles jusqu’en Grand Prix 5* avec Athina Onassis, le premier s’adonnait à la reproduction dans le Berry depuis plusieurs années. De ses quelque cinq cents produits enregistrés sur la base de données Horsetelex, huit ont évolué à 1,60m. Selon le SIRE, depuis 2021, il a engendré plus de quatre-vingts poulains. Cette année encore, le bai brun avait honoré une vingtaine de juments. Unaniem, vingt-quatre ans, était aussi, et surtout, le père de mère de la toute bonne Gemma W de Daniel Bluman, et de son frère utérin, Bjurfors Nikora, vu à son avantage la semaine dernière à Lanaken.
Unaniem, ancien complice d'Athina Onassis, s'est éteint à vingt-quatre ans. © Sportfot
Homer de Muze, frère utérin de Gancia de Muze, a, quant à lui, succombé à une terrible infection pulmonaire, laissant sa cavalière et gardienne, Ileria Sutera, dans un immense chagrin. Battant au cœur d’or, le grand bai l’avait menée jusqu’en Grand Prix 4*. Mis à la retraite après une blessure en 2022, l’étalon BWP avait fait un retour inespéré en compétition à dix-sept ans ! Toujours en pleine forme, il avait montré toute sa résilience et sa fougue en terminant le Grand Prix 4* de Saint-Lô avec deux fautes en fin d’année dernière. “Tu auras changé ma vie. Tu étais si incroyable au point d’en être intimidant. Un lion, une force de la nature comme il y en a peu. Tu étais le chef et tu le faisais savoir à tout le monde. Jusqu’au bout, tu ne voulais pas lâcher, jusqu’au bout, tu as été impressionnant. Tu m’as offert les émotions les plus incroyables de ma carrière, tu m’as fait croire qu'à tes côtés j'étais capable de tout. Tu m’as fait réaliser mes rêves les plus dingues et tu l’as fait en me portant avec ton cœur et ta force, d’un amour inconditionnel que l’on avait l’un pour l’autre. Je n'étais pas prête à te voir partir, et tu n'étais pas prêt non plus. Ce n’est pas juste… Tu auras brisé mon cœur pour la première fois aujourd’hui. Je t’aime inconditionnellement et tu seras à jamais ma plus grande inspiration”, a écrit la Monégasque le 17 septembre. Formé par la Néerlandaise Sabrina et Lotte Van Rijswijk sur la scène internationale, puis passé dans les écuries de Doron Kuipers et Mostafa Abboud, Homer de Muze avait rejoint Ilaria Sutera fin 2021. Il était proposé à la reproduction pour la première fois cette année.
Une infection pulmonaire a emporté prématurément le généreux et résilient Homer de Muze. © Sportfot
Photo à la Une : Le retour à la compétition de Pepita Con Spita a du donner le sourire à Hunter Holloway, comme lorsqu'elle avait pris la troisième place de la finale de la Coupe du monde Longines d'Omaha, en 2023. © Sportfot