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Rencontre de Patrice Boureau.

Reportages lundi 17 février 2014
Expertise du KWPN
Patrice Boureau

L'homme est discret et se fait rare sur les terrains de concours mais Patrice Boureau, naisseur du crack Orient Express, était présent à ?s Hertogenbosh pour venir voir deux de ses produits 100% maison puisqu'il s'agissait d'un fils d'Orient Express avec la mère de Street Hassle… et d'un fils de Street Hassle avec la mère d'Orient Express. Street Hassle et Orient Express ayant la particularité d'être également chacun des fils de Quick Star. L'éleveur du haras de Gisloterie a déjà acquis ses lettres de noblesse aux Pays-Bas depuis de nombreuses années puisqu'il est également l'éleveur de l'étalon performer Hors la Loi II (Papillon Rouge).

Studforlife : Comment avez-vous vécu votre visite en Hollande ?

Patrice Boureau : «Très bien. J'y avais déjà été il y a deux ans lorsque Hors La Loi avait été distingué « Keur ». Je trouve que c'est très bien organisé et je dis cela par rapport à ce que je connais en France. Il y a des règles et les gens s'y plient. Il y a une discipline… qui n'est pas latine et je ne trouve pas ça désagréable du tout ! J'aime quand les gens se plient aux règles érigées par la majorité. Je me suis fait la réflexion avec mes amis Annick et Patrick Chenu, que lorsqu'un cheval est éliminé, les gens s'en vont sans rouspétance. Que la règle soit bonne ou mauvaise, peu importe ! Je trouve cela confortable pour travailler. » Bottleneck (Orient Express x Laudanum) Studforlife : A propos de vos chevaux, on a vu l'un des rares Orient Express lors de cette admission. Patrice Boureau : «Oui, il doit y avoir un maximum de dix poulains d'Orient Express actuellement. Je ne voulais pas que le cheval fasse la monte car pour moi, faire la monte et la compétition, c'est une antinomie. Moi, je suis de passage sur terre alors je ne veux pas avoir le Poulidor, le 4 ème ou le 5 ème  : je veux avoir le meilleur. Pour moi, pour cela, il faut se donner toutes les chances de ne pas être au four et au moulin en essayant de compenser ce que l'on perd à droite en gagnant à gauche. Ça, ça me sort de la tête. Je ne supporte pas ça. J'avais décidé dès le départ que mon cheval se consacrerait à la compétition et ensuite, s'il avait fait preuve de deux ou trois trucs, qu'il pourrait éventuellement faire la monte. Lorsque j'ai vendu le cheval, les gens ont un peu suivi également cette règle-là, je ne sais pas si c'est moi qui les ai influencé ou si c'est un choix qu'ils ont fait eux-mêmes mais je trouve ça bien. Il y a trop de cuir sans nom qui font la monte, ce n'est pas la peine d'en rajouter ! Pour en revenir à Bottleneck, j'aimais beaucoup ce petit Orient-là mais j'ai aussi une entreprise à faire tourner et il y a longtemps que j'ai compris qu'au lieu de vendre les mauvais aux gens qui ont de l'argent, il vaut beaucoup mieux leur vendre les bons car sinon, lorsque vous vendez le mauvais aux gens qui peuvent investir, ils vont changer de discipline et aller dépenser leur argent ailleurs. J'ai donc vendu ce poulain que j'aimais bien même si je l'ai toute fois trouvé un peu trop dans le sang. Il allait trop vite et de ce fait, il n'arrivait pas à se reculer.

Je pense qu'il est meilleur que ce qu'il a montré, mais en tout cas, il est pété de sang.

Le frère d'Orient Express, Black Bird, m'a lui beaucoup plu. Lui, il a moins de sang… mais je le savais aussi quand je l'ai vendu. Pour être franc et ce n'est sans doute pas très objectif… c'est un des meilleurs que j'ai vus ! Mais je l'ai sans doute regardé quelque peu avec les yeux de Chimène. »

Studforlife : Vous aviez vendu ces deux poulains en même temps ? Patrice Boureau : «Non, j'avais d'abord vendu le frère d'Orient puis j'avais vendu le fils d'Orient plus tard. Joop Aaldering avait acheté Hors La Loi en Hollande et c'est lui qui l'a présenté à l'admission au KWPN à trois ans. Il m'a ensuite acheté plusieurs chevaux dont Quick Study, de son vrai nom Lutin de Sémilly, dont j'étais connaisseur… mais qui n'a rien avoir avec les Sémilly de l'élevage français que l'on connait aujourd'hui, qui est un nom usurpé, puisque ce n'était point leur nom d'origine. » Studforlife : Avez-vous été invité à cette approbation ? Patrice Boureau : « Oui, j'avais été invité, avec mes amis qui s'occupent de sortir mes chevaux depuis près de 25 ans, par Joop Aaldering, mais également par les organisateurs. J'ai trouvé ça extrêmement fair-play, et même mieux que ça, car cela pourrait s'arrêter à une gentillesse polie, or je trouve que leur manière de procéder travaille pour eux et travaille pour l'avenir, car lorsque je vais là-bas et que je suis content… pourquoi est-ce que je n'y retournerai pas et pourquoi est-ce que je n'emmènerai pas quelques amis ? Je trouve ça très habile. » Street Hassle (Quick Star x Laudanum) ici sous la selle de Christophe Grangier évolue désormais aux USA avec Laura Kraut. Studforlife : Quand vous dites que vous ne voulez que le meilleur, comment vivez-vous le succès d'Orient Express pour le moment ? Patrice Boureau : « Je ne vis pas le succès ! Pour moi, la médaille d'or, c'est Aix la Chapelle et je suis resté à la porte d'Aix-la-Chapelle et je l'ai très mal vécu ! Je n'ai qu'une envie, c'est faire naître celui qui va gagner Aix-la-Chapelle, le reste : je m'en fous ! Le reste, pour moi, c'est du flan. Je vous assure, j'y ai cru. Je vis seul dans ma baraque, mais je suis sûr qu'à la gare de mon bourg qui se trouve à un kilomètre, ils m'ont entendu hurler à la fin du deuxième tour car je me suis dit : « Aujourd'hui, c'est le jour ! ». Orient Express (Quick Star x Le Tot de Sémilly), 3ème du Grand Prix d'Aix la Chapelle.

Studforlife : Pourquoi, d'autant que c'est votre objectif, ne vous rendez-vous pas sur ce genre de concours ? Vous n'avez pas envie d'être présent avec le cheval ?

Patrice Boureau : «Non ! Pas du tout, pour des tonnes de raisons. Chacun son travail, je ne suis pas capable de monter sur un cheval et je n'aime pas ça en plus. Il faut donc laisser absolument libre de leur choix et absolument libre de toute pression. Je trouve que je n'ai rien à faire là-bas. On peut être passionné et discret. La pellicule, je m'en fous royalement. Mon bonheur n'est pas situé là. » Studforlife : Ici avec les deux chevaux présentés en Hollande, le croisement était assez cocasse avec un fils d'Orient Express avec la mère de Street Hassle et un fils de Street Hassle avec la mère d'Orient Express… Patrice Boureau : «Oui, ce n'est pas par hasard ! Street Hassle pour moi, outre le fait que c'était un très joli poulain puis cheval, je pense, mais c'est l'avenir qui nous le dira, qu'il avait une véritable destinée d'étalon. Maintenant, je travaille en partenariat avec de bons amis, tout le monde doit gagner sa vie, et lorsque le premier veut vendre… le second doit vendre aussi. J'ai donc vendu ma moitié non sans un pincement au c?ur… mais se fut également la même chose pour Orient. Ce fut le même principe, même si j'avais tout pouvoir sur Orient, mais tout le monde doit gagner sa vie et surtout ceux qui bossent et le jour où ils m'ont dit on doit vendre, j'ai vendu. Ça ne m'amusait pas mais il faut faire ce qu'on sait faire et à ce stade-là, il faut que les gens aient de l'argent pour suivre, ce qui n'est pas mon cas. Alors pour donner le maximum de chance aux chevaux, mes amis avaient raison, il fallait le vendre ! » Studforlife : Pourquoi aviez-vous opté pour ces « croisements croisés » ? Vous aimez travailler avec vos étalons ? Patrice Boureau : «Pas du tout ! Je redoute même ces croisements. J'ai fait trois Orient Express et j'en ai gardé un seul, mais ce sont des croisements qui ont été « judicieusement étudié », cela fait prétentieux… alors je dirai que j'y ai passé beaucoup de temps, sans doute parce que j'ai une toute petite cervelle, et qui ne sont pas appelés à être répétés. Black Bird (rebaptisé Global Express; Street Hassle x Le Tot de Sémilly) Rien n'est pire pour foutre un élevage en l'air que d'utiliser ses étalons pour une raison très simple : dans un élevage qu'il soit à Pierre, à Paul ou à Jacques : Pierre ou Paul ou Jacques aiment tous les trois un type de chevaux particulier. Si vous croisez ces mêmes chevaux ensemble : vous ne corrigez rien et vous n'apportez rien ! La correction et l'ajout se fait avec l'extérieur, rien n'est pire que de croiser ses propres étalons. Là, je l'ai fait car c'était deux souches tout à fait différentes, mais ce n'était pas des croisements qui étaient appelés à être réitérés. Ce n'était pas du tout le but de la man?uvre. J'avais compris que les deux allaient être vendus et je me suis fait mon petit cadeau. Cette année, nous attendons un transfert d'embryon de Cook du Midour avec la mère d'Orient Express, car c'est une jument qui a besoin de sang et de nos jours, le bon sang n'est pas facile à trouver. »