Yvan Evrard : « Une confirmation ! C'est certain, j'ai toujours cru en la jument à 100% depuis le début. Maintenant, c'est vrai que le déclic s'est fait très rapidement. J'étais presque sûr qu'elle allait percer mais encore fallait-il avoir accès aux cinq étoiles. Maintenant, je suis très content du travail que nous avons réalisé en collaboration avec la famille Brichart pour l'emmener jusqu'où nous l'avons amenée. »
Rackel Chavannaise (Voltaire & Nackel de la Tourette (Papillon Rouge x Furioso II)) SFL : En tant qu'éleveur, est- ce dur de conserver un cheval comme vous l'avez fait ?
Y.E. : « Avec le système dans lequel je suis, où je délègue le travail à la famille Brichart, pas du tout puisque je n'avais plus aucun frais. La part du gâteau est coupée en deux, mais je ne demandais pas mieux que l'amener à haut niveau. »
Crack Elle Chavannaise (Carving & Nackel de la Tourette) SFL : Est-ce que la performance de Rackel a eu un impact sur votre élevage ?Y.E. : « Non. Pas encore tout du moins … mais c'est vrai que l'on s'intéresse à mon élevage. On me complimente, on me téléphone pour me féliciter … alors oui, j'espère qu'il y aura un peu de retombées, mais lesquelles ? Un peu de notoriété … mais je ne suis pas sûr qu'on va venir m'acheter des poulains pour des gros prix parce que Rackel saute Coupe du monde. »
SFL : Cela vous encourage à continuer dans votre système en les emmenant le plus loin que vous pouvez ?Y.E. : « Cela dépendra de mes partenaires évidemment, mais je pense que lorsqu'on a des chevaux de la qualité de Rackel, c'est ce qu'il faut faire et je suis pour tenter le coup jusqu'au bout. Evidemment si ce sont des chevaux de moindre qualité, je pense qu'il est préférable de les vendre au plus vite, c'est une question de commerce. »
SFL : Voir son cheval arriver à ce niveau, c'est une récompense par rapport aux risques que vous avez pris ?Y.E. : « Oui, tout à fait. D'autant que les risques sont grands, on a une bête de valeur, on attend pendant des années … et ce ne sont jamais que des animaux. Il est certain qu'on est soulagé quand on vend. J'étais plutôt étonné de ne pas avoir vendu la jument plus tôt vu sa qualité. Je ne comprends pas pourquoi on ne s'est pas arraché la jument plus tôt.
Je pensais même qu'à un certain niveau, après les championnats d'Europe avec François Brichart, les gens allaient faire grimper les enchères et qu'il y allait y avoir beaucoup plus d'amateurs pour elle mais finalement, ça n'a pas été le cas. Evidemment, elle a des défauts, le cheval parfait n'existe pas. Est-ce que sa galopade en a fait reculer plus d'un, je ne sais pas. Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Elle n'avait pas la cote. Tout le monde disait que c'était une bonne jument mais sans plus … »SFL : Aujourd'hui, avec ses résultats, est ce que cela vous donne envie de recentrer votre élevage sur cette souche ou au contraire est ce que cela vous motive à continuer d'étendre votre élevage ?
Y.E. : « Non, non, l'étendre, je ne vais plus le faire ! Je pense que j'ai quand même 4-5 souches différentes de qualités et que je vais me limiter à ça. Une seule souche suffit généralement lorsqu'on en a une bonne. Néanmoins, je crois aussi dans les autres souches que j'ai alors il n'y a pas de raisons de laisser celles-là sur le côté. Je vais évidemment conserver la souche de Rackel mais je ne vais pas me limiter qu'à elle.
Quillaja van Sint Maarten (Kannan) fut achetée pouliche avec sa mère, Ruse du Moulin, par l'élevage Chavannais SFL : Comment comptez- vous continuer à faire évoluer vos souches ?Y.E. : « Dans la continuité du travail que j'effectue actuellement en essayant de sortir de bons produits hors de mes souches et conserver des pouliches de temps en temps. »
Butterfly Chavannais SFL : Pour vous, les pouliches que vous décidez de conserver doivent obligatoirement passer par le sport ou pas spécialement ?
Y.E. : « Non, pas spécialement. Je connais mes chevaux, je suis tous les jours dedans alors je connais leur mental et le simple fait de les faire sauter en liberté peut me convaincre de garder cette souche.
C'est ce que j'ai fait avec la s?ur de Quilaja qui n'a pas fait de sport, ce qui m'a permis de ne pas investir de l'argent et de l'utiliser comme poulinière assez tôt … mais je suis certain qu'elle aurait fait un beau parcours si elle avait été mise dans le sport car elle a un mental en or et sautait vraiment bien en liberté. » SFL : Concernant Rackel, vous ne regrettez pas de ne pas avoir eu de pouliches ? Y.E. : « Si évidemment, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé. Nous avons essayé plusieurs fois des transferts d'embryons mais cela n'a malheureusement pas fonctionné. La fertilité de la jument n'est pas remise en cause, mais c'était juste un concours de circonstances. Azimut Chavannais Z (Andiamo & Olitaire des Bergeries (Voltaire)) Nous avons eu des embryons qui n'ont pas repris, nous avons perdu un de ses produits, je l'avais faite saillir à 3 ans et elle a malheureusement avorté … C'est un de mes plus grands regrets dans la perte de mes chevaux. Ensuite combiner le sport et l'élevage est difficile alors nous avons arrêté. » SFL : Vous avez néanmoins un de ses fils par Radco d'Houtveld qui prend 4 ans, c'est un nouveau stress de devoir essayer de l'amener au même niveau ?
Y.E. : « Non, non. Pas du tout ! Je ne suis pas un type stressé. Ca ira ou ça n'ira pas, point à la ligne. Evidemment, on est toujours un peu stressé lorsqu'on voit ses chevaux en compétition.
Boosty Chavannais (Radco d'Houtveld & Rackel Chavannaise)On a toujours peur qu'ils déçoivent ou qu'ils fassent mal mais ce n'est pas une fin en soi. Maintenant, je crois évidemment en lui à tel point que je l'ai utilisé sur plusieurs de mes propres juments cette année. »
SFL : Comment voyez-vous l'avenir de votre élevage ?Y.E. : « Toujours de la même façon. Je suis un passionné avant tout, j'aime bien ce que je fais … après on verra comment les gens réagiront.
Nackel de la Tourette, pleine de Bill Gates Chavannais (Cassini II) et toujours suitée de Erackel Chavannaise (Ustinov). Si je sais vendre un peu plus de poulains que je ne le fais actuellement tant mieux … mais ce n'est pas vraiment mon but car j'aime voir évoluer mes chevaux en concours, j'adore ça. J'adore voir grandir mes chevaux, ce n'est pas spécialement l'aspect financier qui m'intéresse. J'ai toujours un pincement au c?ur lorsqu'il faut vendre … » Erackel Chavannaise