À Riyad, quelques grands cavaliers et chevaux tenteront d’inscrire leur nom au palmarès de la finale de la Coupe du monde Longines. Cette année encore, les enseignements de la saison indoor, même si sa fin tardive et le lancement précoce de la saison extérieure ont un peu faussé les cartes, ont été particulièrement intéressants. Entre expérience et jeunesse, les couples qui se rendront en Arabie Saoudite à l’aube de l’échéance olympique seront scrutés. Pour l’occasion, Studforlife s’est intéressé aux vingt couples - ou trios - les plus à mêmes de viser une victoire. Grâce aux données de l’application Jumpr, un classement des chevaux totalisant le plus grand pourcentage de sans-faute à 1,60m, entre le 13 octobre 2023 et le 31 mars 2024. Le voici, découpé en deux parties.
La première partie de ce classement est à (re)découvrir ici.
10 - Mandato van de Neerheide (Emerald van’t Ruytershof x Pommeau du Heup), né chez Eric van Giel, 50% de sans-faute à 1,60m
Tantôt brillant, tantôt décevant, le grand Mandato van de Neerheide semble avoir pris la mesure de son corps et de ses moyens pour gagner en constance. Entre le 13 octobre 2023 et le 31 mars 2024, le partenaire de Christian Ahlmann a réalisé cinquante pourcents de sans-faute, en quatorze parcours à 1,60m. En moyenne, l’alezan sort de piste avec 4,8 points. Impeccable dans l’acte initial des deux Grands Prix 5* joués à Doha en février et mars, mais aussi dans les épreuves reines des CSI 5*-W de La Corogne et Leipzig et vainqueur de l’étape de la Coupe du monde de Malines en décembre, le fils d’Emerald van’t Ruytershof de douze ans a concédé douze points à Paris, sa dernière sortie internationale avant Riyad. De quoi faire redoubler de vigilance son cavalier à Riyad.
9 - EIC*Julius Caesar (Couleur Rubin x Canara), né aux écuries Spexgoor, 50% de sans-faute à 1,60m & EIC*Up Too Jacco Blue (Chacco-Blue x Douglas), né chez Mark Sherry, 54% de sans-faute à 1,60m
Comme Kent Farrington et quelques autres cavaliers, Max Kühner misera sur deux montures à Riyad. EIC*Julius Caesar, son fils de Couleur Rubin, affiche cinquante pourcents de sans-faute à 1,60m sur les cinq derniers mois. Cinquième à Vérone, deuxième à La Corogne, vainqueur d’une épreuve à 1,55m à Doha, le hongre de dix ans a toutefois concédé douze points dans le Grand Prix 5* du Saut Hermès, avant de peaufiner les derniers détails avant son voyage du côté de Gassin, fin mars. Il pourra s’appuyer sur son voisin d’écurie, EIC*Up Too Jacco Blue qui a aussi atterri en Arabie-Saoudite. Âgé de treize ans, le fils de Chacco-Blue continue de progresser et affiche cinquante-quatre pourcents de clear round sur la période prise en compte. Septième de l’étape de la Coupe du monde de Londres au profit d’un double zéro, le représentant du stud-book ISH a vu son total de sans-faute à 1,60m nettement augmenter grâce à sa dernière épreuve de préparation : une Six Barres, disputée à Gassin et lors de laquelle il n’a commis aucune erreur en trois passages, tous comptabilisés à 1,60m. Après une première manche décevante dans le Top Ten Rolex IJRC en décembre, puis notamment auteur d'un tour à huit points dans le temps fort du CSI 5* de Bois-le-Duc, Up Too Jacco Blue n’a pas touché une barre de ses deux dernières sorties internationales.
8 - Dexter de Kerglenn (Mylord Carthago x Diamant de Semilly), né chez Ronan Richard, 56% de sans-faute à 1,60m
Jeanne Sadran et lui seront l’un des couples à suivre de près du côté de Riyad. Alors que l’étalon a déjà posé le sabot dans la capitale saoudienne, son amazone ne laisse pas la pression l’envahir et est présente ce week-end au cœur du magnifique stade équestre du Grand Parc, où se déroule le Compiègne Classic, un CSI 3* organisé par GRANDPRIX Events. Brillants à Bordeaux, où ils avaient décroché leur qualification pour la finale du circuit indoor au mérite d'une deuxième place, Dexter de Kerglenn et sa cavalière n’auront rien à perdre et une sacrée expérience à engranger. En neuf parcours à 1,60m courus ces dernières semaines, tous deux figurent à une très belle huitième place sur vingt couples ou trios passés au crible des statistiques dans ce classement. Parfaitement en phase, ils ont réalisé une remarquable saison hivernale, ne concédant jamais plus de quatre points à 1,60m. Mieux encore, ils ont signé un seul et unique parcours, en dix-huit tentatives toutes hauteurs confondues, avec plus d’une faute. Simplement bluffant !
7 - Coolio 42 (Casalito x Quidam de Revel), né chez Martina Wirtz, 58% de sans-faute à 1,60m
Ils ne sont associés que depuis septembre dernier et pourtant, leur régularité au plus haut niveau à de quoi faire des envieux. Marcus Ehning et Coolio 42 auront toutes leurs chances à Riyad. Le fils de Casalito âgé de onze ans, formé avec brio par Marcel Marshall, est passé à la vitesse supérieure ces derniers mois et a même décroché sa première grande victoire, à l’occasion du Grand Prix Coupe du monde Madrid, avant de terminer troisième de l’étape inaugurale de la saison 2024 du Longines Global Champions Tour, à Doha. En douze parcours à 1,60m, l’Allemand et son Holsteiner sont sortis de piste avec un score vierge dans cinquante-huit pourcents des cas. Pas infaillible pour autant, le duo a concédé quatre points à Vérone et Bordeaux… mais jamais plus depuis ses débuts, toutes épreuves confondues ! Une donnée qui devrait jouer en la faveur du binôme. Marcus Ehning aura à cœur de performer lors de cet événement, qu’il a déjà remporté à trois reprises. Qui de lui ou Steve Guerdat entrera le premier dans une autre ère en devenant le premier quadruple lauréat de la finale Coupe du monde ? Le Suisse a l’avantage de l’âge, mais méfiance, le Centaure a encore de belles années devant lui.
6 - Dallas Vegas Batilly (Cap Kennedy x L’Arc de Triomphe), née chez Jean-Claude Viollet, 60% de sans-faute à 1,60m
Six sur dix. Entre le 13 octobre 2023 et le 31 mars 2024, la Selle Français de Ben Maher s’est alignée au départ de dix parcours à 1,60m et en a bouclé six sans renverser une barre. En moyenne, la belle sort de piste avec trois points, contre un peu plus de deux pour Coolio 42, par exemple. Sous la selle du champion olympique de Tokyo, Dallas Vegas Batilly, en qui Nicolas Delmotte fondait de grands espoirs, a pris de l’envergure et de l’expérience. Avant de rejoindre la Floride, où elle a passé tout le début d’année, la belle avait triomphé à Vérone, juste après avoir enregistré une très bonne troisième place à Lyon. Auteure d’un parcours à huit points dans le Grand Prix du CSIO 5* d’Ocala, la baie a parfaitement rectifié le tir du côté de Wellington, une semaine plus tard, alignant deux parcours parfaits pour se classer cinquième. Une ultime préparation encourageant avant Riyad, échéance pour laquelle son cavalier britannique l’a notamment préférée à Enjeu de Grisien et Point Break, qui sont encore en lice pour Paris.
5 - Dubaï du Cèdre (Baloubet du Rouet x Diamant de Semilly), née chez Perrine Cateline et Sylvain Pitois, 62% de sans-faute à 1,60m
Tenir la longueur sur un championnat, Dubaï du Cèdre sait le faire et l’a déjà prouvé. L’été dernier, à Milan, la complice de Julien Epaillard s’était ainsi emparée de la médaille de bronze individuelle. Cette fois, les conditions seront tout autre : plus d’herbe ni d’espace, la piste sera en sable et plus étroite. Toutefois, pas de quoi s’inquiéter tant la Selle Français Originel est capable de s’adapter à n’importe quelle situation tel un caméléon. Avec soixante-deux pourcents de sans-faute à 1,60m en treize parcours comptabilisés, l’alezane fait preuve d’une régularité remarquable. À Saint-Lô, Lyon, Genève et Bois-le-Duc, elle s’est à chaque fois hissée au barrage. Seul celui de Bordeaux lui a échappé. Sur son passage, elle a également gagné quatre épreuves, toutes hauteurs prises en compte, rien que ça ! Habituée à aller vite, Dubaï du Cèdre ne devrait pas être dépaysée par la Chasse, traditionnelle épreuve d’ouverture des grands championnats. À quelques mois des Jeux de Paris, Julien Epaillard aura faim de victoire… comme toujours. À n’en pas douter, ces deux-là pourraient bien faire de l’ombre à Henrik von Eckermann et King Edward Ress, grands favoris au titre.
4 - Eddie Blue (Quamikase des Forêts, alias Zirocco Blue x Marlon), né Ed Hardy chez J. Honcoop, 67% de sans-faute à 1,60m
Médaillé d’or par équipes aux Jeux équestres mondiaux (JEM) de Tryon en 2018, treizième de la finale Coupe du monde Longines d’Omaha en 2023 et surtout deuxième de celle de Paris-Bercy en 2018 : Eddie Blue a de sacrés atouts à faire valoir. À quinze ans, le gris de Devin Ryan a tout fait, ou presque. Il ne lui manque plus qu’une grande victoire individuelle. Peut-être la décrochera-t-il dans une semaine ? Ses statistiques sont excellentes, avec soixante-sept pourcents de sans-faute à 1,60m ces cinq derniers mois. Cela étant, il convient de nuancer ce chiffre, puisqu’il a été établi sur six tentatives à cette hauteur seulement, et uniquement lors d'événements disputés aux Etats-Unis, où la concurrence est parfois moins homogène et dense qu’en Europe. Après une saison 2023 très bien gérée, Eddie Blue a réalisé deux bonnes étapes qualificatives à Washington et Lexington, se classant troisième par deux fois, puis a fait étape à Wellington et Ocala. Au Winter Equestrian Festival, il a disputé un seul et unique Grand Prix 5*, sanctionné d’une faute, tandis qu’il a enregistré un parcours à sept points du côté du World Equestrian Center, son dernier international en date.
3 - King Edward Ress (Edward x Feo de Lauzelle), né chez Wim Impens, 67% de sans-faute à 1,60m
King Edward Ress n’est pas le cheval totalisant le plus grand pourcentage de sans-faute à 1,60m de ce classement ! L’alezan, tenant du titre, affiche, comme Eddie Blue, soixante-sept pourcents de sans-faute à 1,60m sur les dates ciblées. Cependant, le complice du numéro un mondial Henrik von Eckermann a effectué deux fois plus de parcours, avec douze sorties comptabilisées. En moyenne, le hongre sort de piste avec… 2,5 points à ce niveau. Cela, ajouté à la maîtrise de son cavalier, excellent dans la préparation des grandes échéances, à leur expérience commune et leurs nombreuses distinctions en font assurément les grands favoris. Mais tous deux ne sont pas intouchables. Si beaucoup d’éléments jouent en leur faveur, à commencer par leurs deuxièmes places dans le Top Ten de Genève, ainsi que dans les Grands Prix CSIO 5* d’Ocala, CSI 5*-W de Göteborg et CSI 5* de Bois-le-Duc, une surprise n’est pas à exclure. En plus de son expérience, King Edward pourra aussi compter sur sa fraîcheur. Cet hiver, la perle de l’élevage de Wim Impens n’a été aperçue que dans sept événements. Gageons que la paire ne soit pas la nouvelle Poulidor du saut d’obstacles, surnom qui avait collé aux basques de Harrie Smolders pendant un petit bout de temps, notamment entre 2022 et 2023.
2 - Casual DV (Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld x Cicero van Paemel), née chez Pieter Devos, 75% de sans-faute à 1,60m
Casual DV est une star en devenir, cela ne fait aucun doute. Du haut de ses neuf ans, la baie affrontera finalement seule la finale de la Coupe du monde. Un sacré défi pour cette pépite encore inexpérimentée au plus haut niveau, mais extrêmement précoce et pétrie de talent. Pieter Devos, son cavalier et naisseur, ne l’a jusqu’à présent engagée que dans trois épreuves à 1,60m, dont l’une à barrage, pour un total de quatre parcours. La fille de Just Me D n’a tout bonnement pas touché la moindre barre lors de ces quatre sorties ! La seule erreur l’éloignant d’un total de clear round de cent pourcents à ce niveau est… un point de temps, concédé dans l’écrin du Grand Palais Ephémère, mi-mars, pour sa dernière compétition avant Riyad ! Bien qu’établies sur nombre peu représentatifs de tentatives, les statistiques de la protégée du clan Devos sont hallucinantes. Présager de son comportement en championnat, et de sa capacité à affronter un tel événement si tôt dans sa carrière est presque impossible, mais si elle reproduit ce qu’elle a fait depuis début 2024 en Arabie Saoudite, la brillante jument pourrait bien permettre à son pilote de s’offrir une place choix au classement final... et remettre en cause les plans établis pour Paris 2024, où Toupie de la Roque devrait, en cas de sélection, accompagner Pieter Devos.
1 - Toulayna van het Bloesemhof (Toulon x Parco), née chez Jasper Doucé, 80% de sans-faute à 1,60m & Greya (Colestus x Contender), née Contina 47 chez Wildfried Sandmann, 44% de sans-faute à 1,60m
Et si la Coupe filait en Amérique cette année ? De retour au sommet de son art après les départs en retraite de plusieurs de ses cracks, Kent Farrington a retrouvé des stars pour illuminer les pistes internationales. Parmi elles, se trouve évidemment le bien nommé Crack de Nyze, malheureusement renommé Landon, mais l’alezan ne sera pas du voyage à Riyad. Pour l’occasion, le très véloce états-unien a choisi Greya et Toulayna, deux juments moins expérimentées mais pas moins talentueuses. À Genève, en décembre, toutes deux avaient fait sensation pour leur premier grand concours sur sol européen. En feront-elles de même à Riyad ? Si Greya, qui compte neuf parcours à 1,60m à son actif sur la période étudiée, montre un taux de sans-faute de quarante-quatre pourcents, dans la moyenne basse d’une partie de ses concurrents, Toulayna, elle, affole les compteurs avec quatre clear round en cinq tentatives à ce niveau ! La belle, qui s’est surtout distinguée à 1,50 et 1,55m et face à une concurrence moindre outre-Atlantique, a réalisé quatre prestations, acte initial plus barrage, sans fausse note dans le Grand Prix CSI 4*-W d’Ocala, sur herbe et duquel elle a terminé deuxième, et dans le Trophée de Genève, une autre épreuve à barrage, qu’elle a remporté. L’autre épreuve à 1,60m qu’elle a affronté est un Grand Prix 4*, conclu avec une faute à Wellington. Malgré des résultats impressionnants sur le papier, il convient de souligner que la fille de Toulon n’a jamais disputé la moindre épreuve majeure d’un CSI 5*... à l’inverse de sa voisine d’écurie. Troisième de l’étape Coupe du monde CSI 4*-W de Toronto grâce à un double zéro, Greya a joué de malchance à Genève et Wellington, où elle a concédé quatre points au tour initial. Toujours dans le cadre du Winter Equestrian Festival, la jument de dix ans s’est aussi classée quatrième début février, après avoir lâché une faute au barrage. Si les planètes s’alignent à Wellington, Kent Farrington pourrait, peut-être, créer la surprise. Plus que quelques jours de patience pour le découvrir.
Photo à la Une : King Edward Ress et Henrik von Eckermann restent les grands favoris à leur propre succession, la semaine prochaine à Riyad. © Stefan Lafrentz / Hippo Foto