“Quand on va au Paris Eiffel Jumping, c’est pour savourer le moment”, Virginie Coupérie-Eiffel
Dans quel état d’esprit êtes-vous à un peu plus d’un mois de la huitième édition du Longines Paris Eiffel Jumping ?
Nous sommes en pleine effervescence, c’est à la fois très excitant et créatif. Ça sera la deuxième édition sur la Jacques Rueff. L’événement sera ouvert au plus grand nombre, tout sera plus grand, festif et repensé. Le village est ouvert et accessible à tous, c’est extrêmement important de pouvoir accueillir dans Paris des gens qui se baladent et qui ne connaissent pas forcément notre sport. L’idée est d’accueillir et intéresser tout le monde, de voir la curiosité des novices à assouvir la soif de connaissance des passionnés. Ce village propose des activités gratuites autour de la famille mais aussi autour du bien-être du cheval. C’est une nouveauté où les chevaux pourront venir se détendre, profiter des promenades en main autour du Champ de Mars avec un paddock dédié où ils pourront venir se rouler, où ils pourront avoir des massages… Nous avons par ailleurs mis en place des ateliers de communication animale afin que le public puisse aussi comprendre la psychologie animale. Nous faisons venir des intervenants qui expliqueront comment pense un cheval, comment savoir qu’il se sent bien, qu’il montre des signes de stress… L’idée est de célébrer les chevaux et la nature. Cette année, nous recevons une association nommée Banc à lire. Ce sont des bancs sur lesquels vont être dessiné des livres exposés dans le village. Dans les expositions, on aura Roxane Depardieu autour de la nature, Marine Oussedik, une dessinatrice de chevaux, ainsi qu’une exposition de photos de Sylvie Coupérie. Le but est de toujours garder le thème de la nature, des animaux à protéger et essayer de sensibiliser le grand public.
L’an passé, compte tenu de la construction du Grand Palais Éphémère, l’événement s’est rapproché de la Tour Eiffel. Quel bilan tirez-vous de l’édition 2021, et y a-t-il des ajustements à attendre en 2022 ?
Le bilan très positif a été le retour des partenaires, des sponsors et du public qui est venu très nombreux, puisque les tribunes ont été complètes très rapidement sachant que nous avions une jauge de mille personnes. Cette année, nous avons agrandi la piste, le paddock, le village, et rajouté beaucoup plus d’exposants et d’animations. L’idée c’est de montrer le monde équestre dans sa diversité.
L’édition 2022 est enfin celle d’une forme de retour à la normale après deux années très difficiles et stressantes pour les organisateurs de concours. Que cela représente-t-il pour vous ?
C’est un retour à la vie et à la fête. Se dire que le moment présent est formidable, qu’il faut le vivre avec joie. Il faut essayer de ne pas repartir dans une surconsommation quand nous avons appris à vivre avec beaucoup moins. Nous devons écouter ce que nous dit la nature. Une nature qui n’en peut plus de nous, elle n’arrive plus à donner tout ce que nous lui demandons. L’aspect écoresponsable est extrêmement important ; il faut comprendre qu’il faut économiser l’eau, la lumière... Nous pouvons être aussi heureux sans consommer autant, c’est la leçon que j’ai apprise. Le plus beau dans la vie, c’est la liberté de mouvement, de faire la fête, de rencontrer des gens, d’échanger et de créer du lien. C’est cela qui nous a manqué, pas la consommation compulsive, les voyages en avion pas nécessaires, les voyages éclairs… Un voyage se savoure, et nécessite de prendre le temps de vivre les choses avec intensité. C’est le message que j’ai envie de faire passer dans mon évènement ! Il faut réagir, j’ai foi en l’Homme, j’ai vraiment envie que tout le monde réagisse.
Edward Levy et Camille Cerf sont les deux ambassadeurs du Longines Paris Eiffel Jumping cette année. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?
D’abord, j’aime bien choisir comme ambassadeurs un homme et une femme. Camille Cerf, c’était pour le côté féminin et digital de la communication, qui est une partie très importante aujourd’hui. Elle est plutôt orientéelifestyle, cheval en général mais pas spécialement sport.
De l’autre côté, je voulais vraiment un cavalier star. Edward Levy s’est imposé parce qu’il est jeune, qu’il a beaucoup gagné l’année dernière et qu’il était heureux de porter les couleurs de cet évènement. C’est important d’avoir ces deux côtés à chaque fois, j’espère que Camille va donner envie à des gens qui ne connaissent pas les chevaux de venir à cet évènement et Edward va parler aux plus passionnés qu’il ne faut pas négliger non plus.
“Nous attendons environ dix mille personnes par jour”
Lors du Grand Prix, si le barrage venait à opposer Edward Levy et Rebeca LS, récents vainqueurs de leur premier Grand Prix CSI 5* à Grimaud, à Kevin Staut et Cheppetta, dont vous êtes l’une des copropriétaires, et qui a brillamment gagné l’épreuve reine du Saut Hermès, qui encouragerez-vous ?
C’est compliqué, j’encouragerais les deux. Si c’est un barrage avec des deux-là, c’est fantastique parce que j’aurai deux chances de gagner ! De plus, l’histoire avec Cheppetta est dingue, elle a vraiment décidé de revenir en compétition, cette grande championne n’était pas prête à devenir maman. D’un côté comme de l’autre, je serais heureuse, j’aurais deux chances et ce serait un rêve.
Concernant le programme, il semble qu’il y aura plus de spectacles et d’animations que jamais : le Cadre noir de Saumur, Santi Serra, un carrousel de poneys avec le club de Brimborion, une démonstration de tir-à-l’arc à cheval ? Avez-vous ressenti cette demande de la part du public parisien ?
Oui, l’idée est de parler aux gens fans de sport mais pas seulement. Il y aura une grande diversité dans les spectacles, cela ira un peu dans tous les sens mais c’est ce côté feu d’artifice que j’adore. Un évènement gratuit et accessible à tous à Paris, c’est l’endroit parfait pour montrer la diversité des sports équestres. La route Eiffel en est aussi la démonstration. Nous mettons à l’honneur toutes les races, tous les niveaux de cavaliers, tous les niveaux sociaux. C’est un brassage.
Vous êtes-vous essayée vous-même au tir-à-l’arc à cheval ?
Non jamais, mais j’adorerais ! En fait je me sens un peu comme une amazone. J’ai une équipe féminine et je crois en la femme. J’ai quatre-vingt pourcent de femmes dans mon équipe, c’est un bonheur parce que la sororité est quelque chose d’extrêmement important.
C’est aussi pour ça que j’aime ce sport, il est mixte. Il est féminin et masculin aussi bien du côté des cavaliers que du côté des chevaux. C’est un des trésors de notre sport, ce mélange hommes-femmes et intergénérationnel. Nous voyons des enfants de dix-huit ans face à John Whitaker qui en a soixante-six.
Que symbolise la Route Eiffel à vos yeux ?
Elle représente cette ouverture du monde du cheval, pour tout le monde, pour tous les cavaliers, de différents milieux sociaux. Le vendredi, nous découvrons la forêt de Rambouillet car rien de tel que de découvrir la nature à cheval. Le dimanche, c’est au tour de Montmartre à cheval avec la découverte de la ville. L’année dernière, les cavaliers de la Route Eiffel ont dit que l’accueil des habitants a été exceptionnel. Les gens sont ravis de les voir passer à cheval, ils applaudissent. Nous nous rendons compte qu’à cheval, les gens ne nous appréhendent pas du tout de la même façon. Tout de suite, une relation se créée. J’ai toujours dit que le cheval est vecteur de lien social, et c’est complètement vrai. Il y a ce côté onirique du cheval qui est formidable !
Pouvez-vous nous parler du Prix Jean Rochefort ?
C’est un prix qui me tient énormément à cœur parce que Jean m’a toujours accompagnée. Il a toujours été là pour l’évènement, nous en parlions beaucoup et je suis restée très proche de son épouse Françoise ainsi que de sa fille Louise, une très bonne cavalière. Il s’agit pour moi d’une façon de continuer l’histoire avec lui, de continuer à le faire vivre, de perpétuer ses valeurs, de mélanger le monde équestre avec le monde artistique. Ce prix pour les journalistes est important car ils font aussi vivre l’évènement. C’est une façon de saluer Jean et de mettre à l’honneur des photographes qui gagnent le prix, chaque année sur un nouveau thème. Et il est très sympa d’être dans le jury, j’ai envie de faire perdurer cette tradition.
Cette année, avez-vous confié l’affiche du concours à un nouvel artiste, et si oui, comment avez-vous effectué votre choix ?
L’idée c’est de trouver à chaque fois quelqu’un de différent. Nous avons eu des peintres, des photographes, et cette fois, j’avais envie d’un dessinateur de bandes-dessinées. Jules s’est tout de suite imposé. J’avais très envie que ça soit lui qui fasse l’affiche et elle n’a vraiment rien à voir avec les autres. C’est amusant parce qu’encore une fois, c’est la diversité qui m’intéresse. Le dimanche après-midi, j’essaie de réunir tous les artistes qui ont fait l’affiche et bientôt pour les dix ans, nous pourrons organiser une belle exposition avec les dix affiches. Chaque année, il s’agit d’un petit casse-tête, mais cela fait partie de l’ADN du concours que je veux absolument garder.
Combien de spectateurs attendez-vous pour cette édition ? Quelle est la politique tarifaire et quelles seront les modalités ?
Nous attendons environ dix mille personnes par jour. Je pense que nous devrions accueillir vraiment beaucoup de monde cette année comme nous sommes plus proches de la Tour Eiffel et en plein milieu du champs de Mars. Nous avons toujours le même système avec un côté gratuit et un côté payant. En achetant un billet, les gens sont sûrs d’avoir une place tandis qu’il faut faire la queue pour avoir un siège dans la partie gratuite. Il y a aussi toute la partie Pavillon Eiffel, dans laquelle nous accueillons l’excellente cheffe étoilée Hélène Darroze. Comme tous les ans, il y aura des espaces gratuits et d’autres plus exclusifs avec des tables d’un restaurant éphémère gastronomique d’une chef étoilée. Je suis surtout très heureuse de pouvoir continuer cette aventure avec Longines qui nous accompagne dans toutes les réflexions, les nouvelles idées, le positionnement…
Vous êtes très attachée à la notion de développement durable. Avez-vous poussé un peu plus loin la démarche cette année ?
Nous poussons tous les ans la démarche un peu plus loin. Cette année, nous avons revu le choix des prestataires, le circuit-court avec la nourriture par exemple. Pour le village, nous avons sensibilisé les personnes avec qui nous travaillons. Nous faisons aussi attention aux contenants et contenus, aux produits de circuit-court et de saisons… Dans tous les stands, nous essayons d’avoir ce discours pour être en accord avec les exposants. Nous avons aussi instauré tout un travail autour de l’eau, des déplacements etc. Notre évènement ne propose pas de navettes, les cavaliers marchent à pied ou viennent à vélo, les visiteurs viennent en métro puisqu’il n’y a pas de parking. Nous essayons de pousser les gens à se déplacer en transports en commun. Tout est une question de mentalité.