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“Aux écuries, nous sommes tous multitâches : on commence à 7h30 en faisant les boxes ensemble”, Alix Ragot (2/2)

KS Carat
jeudi 27 juin 2024 Jocelyne Alligier

En prenant la troisième place du championnat de France Pro Elite, fin avril à Fontainebleau, Alix Ragot s’offre une belle mise en lumière. Déjà porteur de la veste de l’équipe de France ces dernières années avec son étalon Thaïs de Pégase puis Coldplay EJ, il dispose désormais, avec KS Carat, d’un bel atout pour fouler les pistes des CSIO, comme il le fera ce week-end à Prague.

Lors des ventes Fences, en parallèle du CSI 4* de Deauville, durant l’été 2023, KS Carat est devenu le nouveau bijou de l’équipe Era Jump. “Le premier essai n’était pas vraiment concluant et je n’ai pas sauté. Le cheval était sensible, délicat, mais j’ai eu un vrai feeling, et on l’a acheté !”, narre son cavalier, qui se félicite des progrès effectués par ce cheval anxieux, passé dans plusieurs écuries. Après le Master Pro, un treizième rang dans le Grand Prix 4* de Mâcon lui prouve que leur entente se confirme. Et dans son sillage, Alix Ragot dispose d’un très bon lot de chevaux prometteurs avec sur la génération des huit ans outre Gotcha de Baerenrain, le produit maison Gold Sky de Pégase, champion de France à cinq ans à Fontainebleau en 2021.

La toute bonne Gotcha de Baerenrain incarne la relève pour Alix Ragot. © Mélina Massias

Tout comme le fabuleux Gold Sky de Pégase, champion de France à cinq ans en 2021. © Mélina Massias



Thaïs de Pégase, un étalon à utiliser davantage

La valorisation, des circuits jeunes chevaux jusqu’aux CSIO, capte l’essentiel de l’équipe des écuries de Pégase, mais l’élevage, bien qu’activité restreinte, est aussi synonyme de succès. “La mère de Thaïs, Niveal de Pégase, a fait son dernier poulain l’an dernier et nous n’avons que deux poulinières. Cette année, nous avons une très jolie pouliche de Thaïs et Diaz de Ush, une fille de Kapitol d’Argonne et Ushara ar Park, par Quaprice Bois Margot (né Quincy, ndlr), née par transfert d’embryon, pendant que Diaz continue la compétition avec moi. Diaz est la jument de ma compagne, Jennifer, et elle restera toujours aux écuries. Pour le nombre de poulains qu’a Thaïs, on voit que ses produits sortent vraiment du lot ! J’en ai plusieurs parmi mes jeunes chevaux et je fonde beaucoup d’espoirs en eux. Thaïs commence à séduire plus d’éleveurs. L’an dernier, il a honoré une soixantaine de juments, dont certaines en Belgique. Je n’ai pas de contacts particuliers là-bas, mais un de ses premiers produits, Full Moon d’Elpe, qui est aussi étalon, y a été exporté. Les premières années, Thaïs a fait très peu de juments, les nôtres et celles de quelques copains. Quand on l’a fait approuver, on nous a pris de haut en nous disant qu’il n’avait pas de souche ! Mon père a donc fait le choix de le distribuer lui-même, même si ce n’est pas facile. Nous travaillons avec le haras du Mormoulins, qui est tout près. Nous emmenons Thaïs là-bas pour qu’il soit prélevé pour les demandes en frais. En plus des aptitudes qu’il transmet, il a une semence d’excellente qualité”, loue Alix. 

Thaïs de Pégase, père, entre autres, de Gold Sky de Pégase. © Pixels Events

Les six produits du puissant bai nés en 2015 sont tous indicés, avec un ISO 141 en 2021 pour Full Moon d’Elpe, né chez Etienne Picot d’une mère par Nidor Platière. S’il avait été classé “Excellent” à quatre ans, Gold Sky de Pégase, lui, repartait tout simplement avec le titre de champion de France des cinq ans et la mention “Elite” ! L’année suivante, le produit de l’élevage familial glanait la mention “Excellent” à Fontainebleau, ainsi qu’un ISO 148 en fin de saison, à sept ans. Même s’il a obtenu son approbation le joli bai, né d’une jument KWPN par le Trakehner Herzensdieb, ne fait pas la monte. “Contrairement à Thaïs, qui avait un mental imperturbable et pouvait faire du concours et être prélevé, Gold Sky a besoin d’être concentré sur le sport. Pour l’instant, je privilégie donc la compétition avec lui. L’idée c’est qu’il serve de vitrine à son père”, justifie son cavalier de toujours. 

L'attachant Gold Sky de Pégase. © Mélina Massias



Dans cette génération “G”, où Thaïs ne compte que quatorze produits, on remarque aussi Glam de Pégase, ISO 130 en 2023, Gusto de Cantraie, né chez François-Xavier Boudant et François Poppe, ISO 132 en 2022 et Good Guy d’Authuit, ISO 129 en 2021, désormais sous couleurs irlandaises après un passage dans les écuries Beerbaum, qui en était co-propriétaire avec Ashford Farm. En 2016, après avoir fait ses classes avec Alix Ragot, qui découvrait, lui aussi, le haut niveau, Thaïs de Pégase a obtenu un ISO 159. 

La production de Gold Sky de Pégase s'étoffe petit à petit et fait parler d'elle. © Jean-Louis Perrier

Faute d’une souche maternelle à la mode, son papier ne tape pas à l’œil, et pourtant une génétique de cracks coule bien dans ses veines. On ne présente plus son père, le puissant holsteiner Calvaro (Caletto), grand performer avec Jos Lansink puis Michael et John Whitaker, père d’une pléiade de performers dont la vice-championne du Monde de Lexington, Katchina Mail. Si la lignée maternelle de Thaïs de Pégase ne présente pas de très grand gagnant, on remarque tout de même bon nombre de produits indicés, et des courants de sang très intéressants, comme celui de son père de mère, Emir Platière, un fils de Papillon Rouge à l’origine d’une bonne production en concours complet, à l’image de Manon d’Argonne ICC 142 en 2006, ou en jumping, avec trois produits ISO 145. Le père de sa deuxième mère, Guillaume Tell, a lui aussi laissé une excellente production en complet, avec plusieurs produits indicés à plus de 140 dont Vent Vert du Bois, ICC 155 en 1994, et en saut d’obstacles, comme Lad IV, ISO 163 en 1984. Guillaume Tell est un fils du Pur-sang Le Tyrol, dont la descendance a aussi bien brillé en course qu’en concours, avec notamment le double médaillé d’argent olympique par équipe à Tokyo et Mexico, Rocket, champion du monde avec sa cavalière Janou Lefèvre en 1970. Sa propre sœur, Flicka’s Girl n’est ni plus ni moins que la mère d’un autre multi médaillé, le champion d’Europe Rochet Rouge (Jalisco), devenu Rochet M, fidèle complice d’Alexandra Ledermann. 

Pour l'heure, Gold Sky de Pégase se concentre sur sa carrière sportive. © Mélina Massias

Le papier de Thaïs de Pégase ne manque donc pas de sang pour s’envoler vers les podiums. Alix Ragot a cette juste ambition, en s’appuyant sur une équipe soudée autour de lui. En plus de sa famille et ses propriétaires, il ne manque pas de souligner l’importance de Ségolène, sa cheffe d’écurie, et Juan, son groom. “Il est né exactement le même jour que moi ! Il est argentin et travaillait en Europe depuis longtemps. J’ai fait le nécessaire avec un avocat pour régulariser sa situation. J’ai aussi un cavalier, Alexis Lencina, dont les parents sont éleveurs en Argentine. Il est jeune mais a une vraie approche du cheval. Aux écuries on est tous multitâches : on commence à 7h30 en faisant les boxes ensemble, c’est important”, sourit le discret pilote. Une saine philosophie, qui ne devrait pas tarder à trouver de belles récompenses dans les verdicts du sport.

Alix Ragot est parvenu à gagner la confiance de KS Carat, son cheval de tête. © Mélina Massias

Photo à la Une : Alix Ragot a trouvé un partenaire de choix en KS Carat, médaillé bronze lors des derniers championnats de France Pro Elite. © Sportfot