Pretty Woman van’t Paradijs et Willem Greve décrochent les étoiles à Stuttgart
Mêlant à merveille puissance, agilité et classe, Pretty Woman van’t Paradijs a remporté son premier Grand Prix 5* à Stuttgart. Sous la selle de Willem Greve, l’alezane, taillée pour décrocher les sommets, a enfin concrétisé tous les espoirs entrevus ces dernières saisons. Sacrée championne des Pays-Bas au printemps, puis alignée au départ des Européens de La Corogne cet été, la fille de Vigo d’Arsouilles a franchi un nouveau cap. Cette victoire, pleine de symboles, marque un jalon crucial dans la carrière de celle qui a presque connu mille vies du haut de ses dix ans. Grâce à un barrage défrisant, elle et son sympathique cavalier sont venus à bout du Portugais Rodrigo Giesteira Almeida, longtemps en tête avec Karonia L, tandis que Peder Fredricson et Alcapone des Carmille, le couple en forme du moment, ont complété le trio de tête.
Willem Greve a connu de belles victoires au plus haut niveau, mais celle décrochée dimanche 16 novembre à Stuttgart aura certainement une place à part dans son cœur. Aux rênes de sa merveilleuse Pretty Woman van’t Paradijs, le Néerlandais a réalisé un barrage à couper le souffle, n’hésitant pas à prendre tous les risques pour battre les 45’’08 de Rodrigo Giesteira Almeida, qui avait placé la barre très haut et semblait presque invincible. Dernier à s’élancer dans la finale au chronomètre de la plus belle épreuve de ces German Masters, hôte d’une étape de la Ligue d’Europe occidentale Longines de la Coupe du monde de saut d’obstacles, le couple champion des Pays-Bas en titre a mis tout le monde d’accord en arrêtant le temps en 44’’62. Entre un saut très ouvert sur le cinquième obstacle du tracé raccourci imaginé par Christa Jung, la cheffe de piste du week-end, une gymnastique impressionnante dans la combinaison puis une fin de parcours au cordeau, l’alezane, fille de Vigo d’Arsouilles et petite-fille de Jeunesse van’t Paradijs, a concrétisé tous les espoirs fondés en elle par son cavalier depuis quatre ans. Pourtant, la route n’a pas été si simple pour la BWP, qui a mené à terme une gestation surprise à sept ans, puis subi un accident durant l’été 2024 l’ayant écarté des pistes internationales durant la moitié de l’année, après son éblouissant sans-faute dans la Coupe des nations du mythique CHIO d’Aix-la-Chapelle. Cette fois, celle qui unit la famille Korbeld et Willem Greve a conjuré le sort et prouvé au monde de quoi elle était capable.

Un bisou bien mérité pour Pretty Woman van't Paradijs de la part de son fidèle groom, Richard Skillen, en sortie de piste. © Stefan Lafrentz / FEI
“Ce sentiment, cette adrénaline, ce soulagement : c’est pour cela que nous pratiquons ce sport. La semaine a été longue, avec seulement deux chevaux engagés ici, mais gagner le Grand Prix Coupe du monde en étant le dernier barragiste, face à ce public, est un rêve devenu réalité ! Stuttgart est toujours un concours très spécial. On sent que le public est composé de gens de chevaux. Il y a de nombreuses disciplines ici, et, à chaque fois, les gradins sont combles ! Cela veut dire beaucoup. Notre sport est merveilleux. On travaille avec des animaux incroyables et nous sommes tous ici parce que nous aimons ces animaux. Pretty Woman est une jument très spéciale à mes yeux. Elle appartient pour moitié à la famille Korbeld. Monsieur Korbeld (le propriétaire du regretté Carambole et fidèle soutien de Willem Greve, ndlr) est décédé l’an dernier et je suis sûr que de là haut, il a vu notre victoire. J’ai échangé avec la famille Korbeld, qui a suivi la compétition depuis chez elle, par vidéo. Pretty Woman fait partie de la famille et elle ne nous quittera jamais”, s’est ému l’heureux lauréat, qui a fait un joli pas vers une potentielle qualification pour la prochaine finale de la Coupe du monde, dans laquelle il aimerait d’ailleurs engager sa championne du jour et complice des derniers Européens.
Le Néerlandais pouvait avoir le sourire durant son tour d'honneur ! © Stefan Lafrentz / Hippo Foto
Heartbreaker, roi du jour
À La Corogne, Pretty Woman van’t Paradijs avait déjà croisé sa conscrite Karonia L. Associée de longue date au Portugais Rodrigo Giesteira Almeida, la grise s’est révélée aux yeux du grand public en Galice, en bouclant une Chasse impeccable. À Stuttgart, elle n’est pas passée loin de sa première grande victoire 5*, elle qui n’avait jamais accédé au barrage d’un Grand Prix 5* lors de ses trois autres tentatives à ce niveau. Si son cavalier a espéré et croisé les doigts jusqu’à la dernière seconde, la fille d’Ursel, alias Harley VDL, devra encore patienter pour voir son heure de gloire arriver. “Quel week-end fantastique ! Tous mes chevaux ont rendu ce concours formidable. Et il l’est encore plus après ce double sans-faute en Grand Prix Coupe du monde”, s’est réjoui le Portugais. “Je savais que mon barrage n’était pas imbattable, d’autant plus face aux meilleurs chevaux et cavaliers du monde. J’avais vu une distance plus en avant pour aborder le 2, mais j’ai préféré ajouter une foulée et gagner du temps ensuite. Cela a tenu jusqu’au dernier cavalier, mais je suis ravi de Karonia. Je n’ai pas de mots pour dire à quel point je suis fière d’elle. Nous formons un couple depuis longtemps et sommes partis de rien, jusqu’à arriver ici aujourd’hui. Je ne pourrais pas être plus heureux de tout le travail accompli et du soutien de toute mon équipe en coulisses.”
En coupant la ligne d’arrivée en 45’’29 , Peder Fredricson a complété le tiercé gagnant sur son Selle Français Alcapone des Carmille, dans la forme de sa vie du haut de ses quinze ans. Depuis quelques mois, le puissant bai brun impressionne et aligne les performances de très haut vol. Sixième à Rabat, quatrième à Vienne et deuxième à Riesenbeck, le fils de Diamant de Semilly ajoute un quatrième classement de suite en Grand Prix 5* à son tableau de chasse. Remarquable ! Comme Pretty Woman van’t Paradijs, grâce au père de sa troisième mère, et Karonia L, via son grand-père paternel, Alcapone des Carmille porte aussi le sang du chef de race Heartbreaker, son grand-père maternel, dont l’apport reste toujours aussi précieux, trente-six ans après sa venue au monde.
Kevin Staut et Martin Fuchs ont bouclé les deux autres doubles zéro de la compétition, respectivement aux rênes de Visconti du Telman et L&L*Lorde Do Belmonte. La fille de Toulon a sauté de manière fantastique, mais son cavalier n’a pas vraiment joué la gagne, arrêtant le temps en 46’’47 après avoir davantage misé sur des courbes serrées que de vives galopades. Son homologue suisse est, lui, arrivé en 47’’00. Après avoir disputé ses premières épreuves à 1,60m en début d’année, et terminé septième du Grand Prix 5* de Vienne fin septembre, son alezan de dix ans a réussi la meilleure performance de sa jeune carrière. Représentant du stud-book portugais des chevaux de sport, PSH, le hongre a séduit nombre d’observateurs par son agilité et sa bonne volonté. Son père, le méconnu Clyde LVB, est un neveu utérin de Stella, excellente complice de Meredith Michaels Beerbaum en son temps. Côté maternel, Lorde Do Belmonte puise ses racines en Loire-Atlantique, au sein de l’élevage de la famille Chiché-Hubert, où sont nées ses trois premières mères.
La suite du classement a été complétée par deux couples fautifs à deux reprises au barrage. Il s’agit de ceux formés par Yuri Mansur et son vétéran mais toujours bondissant QH*Alfons*Santo Antonio, dix-huit ans, et Max Kühner avec Blues d’Aveline, ancien gagnant en Grands Prix 5* avec Gerrit Nieberg et longtemps resté sur la touche ces derniers mois.
De très bons parcours à quatre points
Les très en forme Alain Jufer et Dante*MM, deuxièmes la semaine passée à Vérone, Christian Ahlmann et son phénomène Untouched LB, neuf ans seulement, ainsi que Denis Lynch et son démonstratif Cascorrado, alias Chicago, un autre représentant de l’excellent cru 2016, ont écopé d’un, deux et trois points de temps dépassé lors de l’acte initial. Ils complètent le Top 10. Parmi les treize parcours à une faute de cette étape de la Coupe du monde, plusieurs couples sont passés près du but et ont laissé une bonne impression en piste. Très attendus, Richard Vogel et United Touch S se sont peut-être vus arrivés un peu trop tôt et ont commis une faute sur le dernier saut du premier tour… comme dans la seconde manche de la Ligue des nations Longines de Barcelone il y a quelques semaines. Jason Smith et l’extraordinaire Picobello van’t Roosakker ont une fois de plus émerveillé le public et confirmé leur place au sommet, malgré une rageante touchette sur le deuxième plan d’un oxer. Piégé à l’entrée d’une combinaison, Good Star du Bary n’est vraiment pas loin du but avec Jessica Burke. Le fils de Rock’n Roll Semilly répète sa bonne partition jouée en Italie dimanche dernier et ne tardera pas à rivaliser avec ses conscrits.
Mention spéciale, aussi, pour Bas Moerings, en très grande forme à Stuttgart. Vainqueur de l’épreuve majeure de samedi avec sa chère Kivinia, le Néerlandais a cette fois échappé quatre points sur son attachant Ipsthar, un autre produit de l’élevage maison. Bonnes prestations aussi pour la légère Flower Girl, rare fille du regretté Opel, alias Hickstead, High Five et Oscar-A, fils de la jument de cœur de Fanny Guerdat-Skalli, Jonka-A, associés à Marcus Ehning, Fernando Martinez Sommer et Sameh El Dahan. Comptant parmi les favoris à un sans-faute aux rênes de Chacco Volo et Cepano Baloubet, Adrian Whiteway et Christian Kukuk ont vécu une mauvaise après-midi. Le premier a commis deux lourdes fautes sur son fils de Chacco-Blue, l’une des révélations de l’année, tandis que le second, dont une vidéo peu glorieuse le montrant détendre sa jument Just Be Gentle circule sur les réseaux sociaux, a concédé une encore plus spectaculaire dès le numéro 2, avant d’abandonner dans la foulée.
Au classement général, Yuri Mansur prend les commandes, devant Alain Jufer, Daniel Deusser, Johan-Sebastian Gulliksen et Julien Epaillard.
Les résultats complets.
Le classement général provisoire complet.
Photo à la Une : Les champions des Pays-Bas ont fait main basse sur Stuttgart. © Stefan Lafrentz / Hippo Foto
Les épreuves du CSI 5*-W de Stuttgart sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.














