“Prague est l’un des concours les plus spéciaux auxquels j’ai participé”, Ifat Givre
Quel week-end de rêve pour Ifat Givre ! La jeune femme, qui suit Katrin Eckermann à travers le monde depuis le printemps dernier, après avoir notamment travaillé aux côtés de l’époux de l’Israélienne Dani G. Waldmann, a découvert l’ultra moderne O2 Arena de la meilleure des manières, il y a de cela une dizaine de jours. La star du week-end, Cala Mandia, s’est hissée au deuxième rang du Super Grand Prix, point d’orgue de la saison 2022 du Longines Global Champions Tour. À seulement neuf ans, l’alezane a réalisé une nouvelle performance remarquable et avec la manière, mais sa camarade, l'exceptionnelle Chao Lee, n’a pas démérité non plus. Retour, dans les yeux de la soigneuse passionnée, sur un concours pas comme les autres.
Deuxième du Super Grand Prix de Prague, il y a un peu plus d’une semaine, la géniale Cala Mandia (Capistrano x Valentino) a livré deux prestations remarquables au cœur de l’O2 Arena. Sous la selle de Katrin Eckermann, l’alezane, victorieuse à Miami en début de saison, a fait montre de tout son talent. Une réussite qui a forcément réjoui l’entourage de la Westphalienne de neuf ans, à commencer par sa groom, la discrète Ifat Givre. “Je ne m’attendais pas à finir le week-end de cette manière. C’était une semaine incroyable. Lorsqu’on vient à un tel concours et que l’on voit la liste des cavaliers engagés, on se demande forcément quelles sont nos chances. Je connais Katrin et Cala, et nous avons obtenu notre qualification à Miami, mais Cala reste très jeune. Affronter d’aussi grands noms était extraordinaire”, résume la jeune femme, qui s’occupe des montures de l’amazone allemande depuis à peine un an.
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Au-delà de la brillante performance de Cala Mandia dans le temps fort individuel du concours tchèque, qui ne s’est inclinée que face au très aguerri Scuderia 1918 Tobago, monté par le tout aussi redoutable Daniel Deusser, le week-end d’Ifat ne pouvait sans doute pas offrir meilleure conclusion à sa première saison aux côtés de Katrin Eckermann. En plus d’être pensée comme un véritable spectacle, la finale du lucratif double circuit de Global Champions promet aux grooms, précieuses mains de fées qui œuvrent le plus souvent dans l’ombre, des conditions de travail idéales. “L’ambiance est dingue à Prague. C’est incroyable. Je pense qu’il s’agit d’un des concours les plus spéciaux auxquels j’ai participé. Le public était formidable et tous les à-côtés sont également remarquables là-bas. Tout le monde plébiscite Prague comme étant l’un des meilleurs concours, mais tout était au-dessus de mes attentes pour ma première venue”, savoure la groom. “Les conditions pour nous étaient excellentes. Nous avions un superbe hôtel, littéralement à deux minutes de marche des écuries. Le petit-déjeuner était très bon, et plus copieux qu’en temps normal. La nourriture de façon générale était très appréciable. Les écuries étaient super aussi. De mon point de vue de groom, je ne peux me plaindre de rien. Nous avions vraiment plus que sur n’importe quel autre concours. C’est important d’échanger avec les grooms pour comprendre leur vision des choses sur ces événements. Les grooms reçoivent de plus en plus de reconnaissance en compétition. À Prague, c’était super chouette d’inviter les grooms pour les remises des prix du Grand Prix et de la Super Cup. C’était une part importante du concours. Je suis heureuse que cela ait lieu de plus en plus souvent.”
“Tout le monde se souvient de ce week-end grâce à Cala, mais Chao a aussi été formidable”
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Avant de prendre la route en direction de la République Tchèque, la journée a débuté de façon classique aux écuries Eckermann. Une fois les chevaux embarqués, huit heures de route attendaient toute l’équipe. “Je ne conduis pas encore le camion, alors Katrin s’en est chargée. Nous avons partagé le camion avec Gerrit Nieberg. C’est toujours mieux d’affronter la route avec quelqu’un d’autre. Déjà, c’est mieux pour l’environnement, ensuite, cela rend la tâche plus facile. Je sais combien d’heures nous passons sur la route ; il est plus sûr de faire cela à plusieurs”, souligne avec justesse la jeune femme, qui n’a pas encore passé son permis poids-lourd, mais devrait s’y attacher prochainement. “Je suis en train d’apprendre la théorie en ce moment, mais je dois avouer que c’est très difficile (rires). Avec les heures que nous passons à travailler, je prends mon temps. Mais, un jour ou l’autre, j’aurai mon permis. Je sais comment cela fonctionne avec la conduite pour d’autres grooms, mais nous en avons déjà parlé avec Katrin. Lorsque je pourrai prendre le volant, nous sommes tombées d’accord pour qu’un chauffeur m’aide en cas de besoin. Il n’y a pas de débat là-dessus. Ce n’est pas une situation très commune, mais je sais que je n’aurai jamais à aller seule en Espagne ou dans un concours très éloigné des écuries. Cela me motive aussi à passer le permis”, précise-t-elle à ce sujet.
Une fois arrivée à Prague, toute la petite équipe s’est prêtée aux tâches habituelles : installations des chevaux - dans des boxes déjà préparés avant l’arrivée des camions -, organisation des écuries, et repos des vaillants soldats, humains comme équins. S’en sont suivis la traditionnelle visite vétérinaire, puis la warm-up, à laquelle s’est frottée la brillante Chao Lee, également du voyage à Prague aux côtés de sa comparse Cala Mandia. Le lendemain, les deux juments ont fait une bonne entame de compétition, dans l’épreuve à 1,45m. “Cala a ensuite eu une journée de repos vendredi”, reprend Ifat. “Chao, elle, a disputé une compétition à 1,50m, de laquelle elle a terminé sixième. Est ensuite arrivé le samedi, qui était notre dernier jour à Prague. Chao a de nouveau terminé sixième de l’épreuve à barrage à 1,50m. Tout le monde se souvient de ce week-end grâce à Cala, mais Chao a aussi été formidable. Pour le Grand Prix, il y avait beaucoup de pression. Le vétérinaire est venu jeter un œil aux chevaux avant dans les écuries, contrôler leurs numéros de puce, prendre leur température, etc. Nous avons essayé de les laisser se relaxer autant que possible avant l’épreuve, puis nous sommes allés au paddock. Les tribunes étaient pleines à craquer, ce qui ajoute à la tension déjà présente. Cala a fait une bonne détente, puis nous sommes allées en piste. Entre le moment où on s'avance sur le ring et le premier obstacle, c’est le moment ou jamais de prendre quelques grandes inspirations. Lorsque Cala est en plein parcours, c’est impossible de respirer ! On vit chaque seconde et chaque saut avec elle. Le sentiment après son premier sans-faute est indescriptible. J’étais aux anges et super fière d’elle car le parcours était déjà conséquent. Entre les deux manches, il y a eu une petite pause. J’en ai donc profité pour ramener Cala aux écuries, afin qu’elle puisse se reposer un peu et faire ses besoins si nécessaire. La routine du deuxième tour était similaire. Même si Cala a sauté de façon incroyable au premier tour, on sait que tout peut arriver en concours, et encore plus à Prague. Finalement, elle a encore mieux sauté en deuxième manche. Nous étions tellement heureux ! Nous savions qu’elle était rapide, mais il restait quelques couples à passer qui pouvaient aller encore plus vite. Nous avons attendus au paddock, et nous étions juste extrêmement contents et satisfaits de son résultat et son comportement. À la fin de l’épreuve, nous sommes retournés au box. Nous avons tout préparé pour rentrer à la maison et avons fait la route du retour. En général, le jour suivant un concours, nos chevaux vont au pré et passent une journée tranquille. Seulement, après Prague il neigeait ! Alors, les deux juments ont attendu un jour de plus pour profiter des prairies.”
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Deux cracks de neuf ans
Les deux stars du week-end, Cala Mandia et Chao Lee, ont une nouvelle fois fait étalage de leur talent. Exceptionnelles, ces deux juments de neuf ans confirment, week-end après week-end, leur place parmi l’élite. “En quelque sorte, elles grandissent ensemble”, relève Ifat. “Je continue à les découvrir chaque jour un peu mieux, mais toutes deux sont très spéciales. Je crois que chaque cheval l’est à sa façon, mais ce sont mes protégées. Cala est une vraie jument alezane dans son comportement. Elle aime bien être tranquille. D’un côté, elle ne veut pas trop d’attention, mais de l’autre, elle en veut quand même. Il faut donc savoir quand aller vers elle et quand lui laisser de l’espace. Elle a beaucoup de personnalité et je la trouve aussi drôle. Chao, elle, est extrêmement douce et a un cœur immense. Elle veut toujours bien faire. Je la décrirais comme un gros chien. Elle est super facile, tout comme Cala. J’ai beaucoup de chance. Une fois qu’on les connaît, elles sont vraiment super. Je suis toujours heureuse de les avoir à mes côtés, que ce soit à la maison ou en concours.”
À neuf ans, Chao Lee est loin d’être une inconnue des aficionados de saut d’obstacles. La petite bombe, née chez Otmar Eckermann, le père de Katrin, est une digne fille de Comme Il Faut, dont elle ne peut renier une ressemblance frappante. Sa mère, elle, est issue d’un croisement entre Chacco-Blue et Kannan. Un concentré de génétique exceptionnel, donc, mais pas que. En 2019, à six ans, la Westphalienne avait défrayé la chronique en étant sacrée championne du monde à Lanaken, au terme d’un barrage décoiffant. Depuis, Chao Lee poursuit son ascension. Cette année, elle a ainsi disputé ses premiers Grands Prix 3 et 4*, sa première Coupe des nations en CSIO 4*, et pointé le bout de son nez en 5*, à Miami, Mexico, Madrid, Rome, Rotterdam ou encore Aix-la-Chapelle. Troisième du temps fort du CSI 4* de Pinneberg, la baie, qui a d’ores et déjà engendré l’étalon approuvé For Lee (For Pleasure), a toutes les cartes en mains pour briller.
Un poil plus précoce que sa conscrite, Cala Mandia, elle, s’attaque depuis avril dernier aux plus belles épreuves de la planète. Pour son premier Grand Prix 5*, la fille de Capistrano et Vicky, une descendante Valentino, a tout simplement volé la vedette à tous les cadors, face à l’océan atlantique, sur la plage de Miami, quelques semaines avant de s’adjuger une bonne quatrième place à Madrid. Nul doute que la styliste alezane foncée continuera sur sa lancée en 2023. Et l’arrivée d’Ifat au cœur de l’équipe de Katrin Eckermann n’est sans doute pas étrangère à la réussite de ces deux cracks, comme celle de leurs voisins et voisines de box à un niveau moindre.
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Des cours de poney au sommet du Longines Global Champions Tour
Fraîchement débarquée en Allemagne en début d’année, la jeune femme a fait mouche, dès son premier rendez-vous majeur. “C’est assez rigolo. J’étais en quête d’un nouveau travail, et j’ai vu sur Instagram que Katrin cherchait un nouveau groom. J’ai d’abord été surprise, sachant que la personne en poste avant moi était là de longue date. J’ai simplement envoyé un message à Katrin et nous avons discuté par téléphone puis nous sommes rencontrées. Je crois que nous avons eu une bonne connexion depuis le début. J’étais arrivée depuis deux ou trois semaines lorsque nous sommes allées à Miami. C’était un peu difficile au début : je n’avais jamais pris l’avion avec les chevaux, l’ambiance d’une étape du Global Champions Tour est un peu différente de celle d’un 2*, je ne connaissais pas encore très bien ma cavalière, ni les chevaux. J’avais un peu de pression, mais depuis le début, tout s’est très bien déroulé. Comme partout, il y a des hauts et des bas, mais nous trouvons toujours une solution en discutant. Katrin comme moi souhaitons ce qu’il y a de mieux pour les chevaux. Et on voit comment ils nous le rendent. C’est le plus important”, explique la soigneuse.
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Originaire d’Israël, où elle a grandi le temps d’achever ses études et d’effectuer son service militaire, obligatoire dans l’Etat hébreu, Ifat a toujours aimé les chevaux. À six ans, la jeune fille s’assoit pour la première sur le dos d’un équidé. “C’était un cadeau d’anniversaire de la part de mes parents. Ils étaient certains qu’une fois que je serai face à un vrai cheval et non plus un poney, je serai effrayée et que j’en aurai assez de cette activité. Leur plan n’a pas très bien fonctionné”, s’amuse-t-elle. L’intéressée goûtera aux nombreux aspects de son métier pour la première fois auprès de Dani G. Waldman, venue disputer les Jeux Maccabiah, un événement sportif équivalent aux Jeux olympiques pour les athlètes juifs du monde entier. “Dani louait un cheval de nos écuries. J’étais une enfant surexcitée, alors je l’ai aidée. Elle m’a alors dit de l’appeler si je venais en Europe et qu’elle me donnerait un coup de main. C’est ce que j’ai fait et j’ai rejoint les installations de son époux (qui élève notamment de nombreux chevaux, ndlr)”, détaille Ifat. Après quelques expériences supplémentaires, la jeune femme trouve sa voie en parcourant les terrains de compétition. “Nous sommes toujours enthousiastes lorsque l’un de nos chevaux entre en piste. Les voir réussir en concours, après avoir tant travaillé avec eux à la maison, avoir pris soin d’eux, appris à connaître leurs caractères, est toujours super”, apprécie Ifat Givre. “J’ai ensuite eu l’opportunité de travailler avec Katrin. Je me suis dit ‘c’est là où je dois être, je pense que cela va bien fonctionner’. Jusqu’ici, je crois que c’est le cas !” Gageons que cela continue ainsi dans les mois et années à venir.
Photo à la Une : Ifat Givre aux côtés de sa star Cala Mandia lors de la remise des prix du Super Grand Prix de Prague. © Sportfot