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Pour la famille Bosch, l'élevage de chevaux doit être guidé par la passion (1/2)

Hoover
vendredi 28 juin 2024 Adriana Van Tilburg

Quel est le point commun entre Romanov (Heartbreaker et Narzisse x Fedor, Holst Stamm 2027), Garant (Warrant et C'Est la Vie x Verdi TN, Westph Stamm 463), Incredible (Clinton et Unbelievable x Heartbreaker, Westph Stamm 463), Daniel (Heartbreaker - Uness x Cavalier, Holst Stamm 2027) et Hoover (Clinton et Aphrodite x Carthago), tous vus au plus haut niveau sous les selles de Bertram Allen, Beezie Madden et Callie Schott, Daniel Coyle et Eric ten Cate, Matthew Sampson et Julien Epaillard et Aymeric de Ponnat ? Tous sont nés aux Pays-Bas, au sein de l’élevage de la famille Bosch. Quelle est leur histoire ? Eléments de réponse à travers une interview d’Ilse Bosch et son mari.

Comment l’aventure de l’élevage a-t-elle commencé pour vous ?

La famille de mon mari avait une ferme avec des chevaux destinés à l'agriculture. Nous avons acheté quelques juments pour l'élevage de chevaux de sport, mais il n'était pas facile de les remplir. Nous étions déjà amis avec la famille Nijhof, car Henk Jr. avait fait son stage agricole ici. Avec l'aide de Henk Sr., nous avons acheté quatre juments : Bolamara (Lord et Livree x Sacramento Song xx, Holst Stamm 890, éleveur : Heinz Schulte), Cirkeness (Ahorn et Reizvolle x Landgraf I, Holst Stamm 2027, éleveur : Johannes Koenig), Hariadne (Pilot et Ariadne x Adlerorden, Westph Stamm 463, naisseur : Gerhard Welschof) et Adriana (Le Mexico et Sunia x Marco Polo, naisseur : A. Floryn). Ce sont nos juments fondatrices et nous les avons achetées à l'âge de deux et trois ans. C'est une coïncidence que trois lignées viennent d'Allemagne. Elles ont simplement croisé notre chemin. En ce qui concerne les étalons, nous ne nous soucions pas de savoir de quel stud-book ils proviennent. Si l'étalon nous plaît, nous l'utiliserons. Il faut parfois regarder un peu plus loin pour être plus progressif. Nous en sommes maintenant à la sixième génération et nous connaissons nos juments sur le bout des doigts.

Incredible, la nouvelle pépite de Daniel Coyle, est issu de la lignée de Hariadne. © Sportfot

Vous avez eu des étalons avec la famille Nijhof. Pouvez-vous en dire un peu plus sur cet aspect de votre histoire et sur les étalons que vous possédiez ensemble ?

À l'époque, l'équipe Nijhof n'avait pas les étalons qu'elle a aujourd'hui. L'achat d'un étalon représente un investissement considérable. Cette aventure a commencé parce que nous avions un jeune étalon lors des approbations et qu'il n'a pas été sélectionné pour le test de performance. Nous avons alors acheté l'étalon Concorde (Voltaire et Flyer x Marco Polo, éleveur : L. van Diest) avec la famille Nijhof et Kees van de Oetelaar. Tout a commencé à partir de là. Au fil des ans, le système dans lequel évoluent les étalons a beaucoup évolué. Dans le passé, si un étalon était approuvé et réussissait le test de performance du KWPN, il saillissait cent juments au cours de sa première année de monte. C'était presque une garantie. Il était normal que les éleveurs utilisent les jeunes étalons, surtout lorsqu'ils avaient une bonne appréciation. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les étalons qui réussissent le test ne gagnent pas assez pour financer leur valorisation sportive. Cela a également changé. Pendant l’été, les étalons étaient occupés par la saison de reproduction et en hiver, un cavalier de la région montait un peu les étalons pour le sport. Aujourd'hui, tout est professionnel et nous attendons des étalons qu'ils participent à des compétitions tout au long de l'année. On attend des jeunes étalons qu'ils participent à plusieurs concours de jeunes chevaux pour être présentés aux éleveurs. S’ils saillissent aussi beaucoup, on leur en demande beaucoup… Je pense que dans le passé, c'était mieux pour les étalons. 

La famille Bosch a largement utilisé Clinton et Heartbreaker, deux étalons dont elle était co-propriétaire, dans ses croisements. Le premier cité est le père du tout bon Hoover. © Sportfot



Nous avons également eu l'étalon Cocktail (Purioso et Ulissa x Le Val Blanc xx, éleveur : P. et K. Westers) avec la famille Nijhof. Il était chez Anky van Grunsven, qui l'a fait concourir dans le sport et en a finalement acquis une part. En plus de Cocktail, nous étions également propriétaires d'une partie de Florencio I (Florestan I et Walessa x Weltmeyer, éleveur : Susanne Sanal). 

Nous étions également copropriétaires des étalons Clinton (Corrado I et Urte x Masetto, Stamm 8829, éleveur : Georg Clausen) et Heartbreaker (Nimmerdor et Bacarole x Silvano, éleveur : P.S. Koopmans). 

Désormais, nous n'avons plus autant d'étalons au sein de l'équipe Nijhof. Ces étalons viennent d'une autre époque, la plupart sont décédés. Ces dernières années, nous n'avons pas participé à beaucoup d’approbations. Nous avons présenté Garant et le comité de sélection des étalons a estimé qu'il était trop petit et qu'il n'avait pas de moyens. Cela devient alors un long chemin de croire en un cheval et espérer qu'il trouve le bon cavalier. C’est tellement important de suivre sa propre façon de penser. Garant a eu beaucoup de chance de trouver Willem Greve et de réaliser une excellente performance à Lanaken. 

L'excellent Garant, ici en plein vol sous la selle de Beezie Madden, visiblement surprise par ce saut pour le moins démesuré. © Sportfot

Nous utilisons toujours les étalons de l'équipe Nijhof et nous avons toujours la semence de nos étalons décédés. Mais en ce moment, nous n'avons pas d'étalons ensemble qui font la monte. Nous avons un étalon de trois ans qui est sélectionné pour le test de performance des étalons ; Respect (Eldorado van de Zeshoek et C'est la Vie x Verdi TN). Nous l'avons en copropriété avec Scot Tolman, qui est plus connu en tant que propriétaire de chevaux de dressage.

Le génial Daniel fait, lui, le bonheur du Britannique Matthew Sampson. © Sportfot

Quels sont les meilleurs chevaux que vous avez élevés jusqu'à présent ?

Garant vient en premier à l'esprit parce qu'il figure sur la shortlist de l'équipe américaine pour les Jeux olympiques de Paris (avec Callie Schott, ndlr). Il a été champion du monde des chevaux de saut d'obstacles de cinq ans à Lanaken sous la selle de Willem Greve en 2016. Nous sommes également très fiers de Romanov. Il a sauté sa première épreuve de 1,60m à l'âge de dix ans sous la selle de Phillip Spivey en 2008 et a concouru pendant huit ans avec beaucoup de succès au plus haut niveau (notamment avec Billy Twomey ou encore Bertram Allen, avec lequel il a évolué de 2013 à 2016, ndlr). Son dernier concours international a eu lieu en novembre 2016. En 2015, il a remporté le Grand Prix du Longines Global Champions Tour de Paris et en 2015, ils ont réalisé un double sans-faute dans la Coupe des Nations du CSIO 5* de La Baule. L’Irlande s’est également imposée ce jour-là. La victoire de Bertram et Romanov à Bordeaux en 2015 était aussi tout simplement incroyable. Au fil des ans, il a obtenu de très bons résultats. C'est le niveau que nous nous efforçons d'atteindre en tant qu'éleveurs. Les chevaux doivent également être en bonne santé, forts et avoir la volonté de performer et de travailler avec différents cavaliers. Daniel Coyle et Incredible sont également très performants en ce moment. Hoover a évolué jusqu’à 1,60m avec Julien Epaillard et Aymeric de Ponnat. Au total, nous avons élevé plus de vingt chevaux qui concourent ou ont concouru à 1,60m.

Romanov a permis à Bertram Allen d'éclore sur le devant de la scène. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Willem Greve a guidé Garant vers un titre de champion du monde à cinq ans, en 2016. © Dirk Caremans / Hippo Foto



Quels sont les jeunes chevaux en lesquels vous fondez le plus d’espoirs pour l’avenir ?

Nous avons élevé la jument de sept ans Malina (Aganix du Seigneur et Galina II x Mylord Carthago) qui concourt avec Steven Bluman. Elle est très prometteuse. Ensuite, il y a l'étalon KWPN approuvé de sept ans Lord of Farming HS (Balou du Rouet et Doutzen x Clinton, Westph Stamm 463), qui appartient à la famille Schuttert et qui concourait sous la selle de Caroline Müller. La famille Schuttert a acheté Lord of Farming HS ici lorsqu’il était poulain. Nous pensons que c'est un très bon cheval et ses propriétaires lui donnent tout le temps nécessaire pour sa formation. Caroline Müller est remarquable dans l'éducation des jeunes chevaux. 

Malina lorsqu'elle était pouliche, dans ses verts pâturages néerlandais. © Collection privée

Vendez-vous vos poulains dès leur sevrage ou attendez-vous qu’ils soient plus âgés ?

Nous sélectionnons les chevaux qui resteront et ceux seront vendus poulains. Nous aimons garder une bonne descendance de mes juments. Certaines juments ont quatre filles parce que je ne peux pas m'en séparer. Cependant, je dois arrêter avec cela parce que nous avons trop de chevaux. Nous devons donc vendre cette année quelques poulains qui, autrement, seraient restés. Les poulains qui ont une histoire particulière sont susceptibles de rester. Dans le domaine de l'élevage, il y a une tendance à considérer que tout tourne autour de l'argent. Il y a plus de raisons économiques derrière l'élevage que de raisons passionnelles. Nous élevons par passion et parce que nous aimons le faire. Nous avons commencé avec quelques juments et cela s'est transformé en une entreprise à part entière. Au fil des ans, nous avons développé un marché pour nos poulains. Nous avons plusieurs clients qui nous achètent régulièrement des poulains, parce qu'ils sont vraiment satisfaits de ce que nous élevons. Nous n'avons pas toutes ces juments parce que nous sommes riches. Nous avons ces juments parce que j'y suis attachée. 

Le talentueux Lord of Farmer HS, né Ladykiller, en action. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre les chevaux au sport. Cela coûte beaucoup d'argent. Si vous avez des enfants qui participent à des compétitions, c'est une autre histoire. De plus, si je veux mettre mes propres chevaux en compétition, je veux travailler avec un cavalier de haut niveau. Pour certaines de nos juments, nous trouvons triste qu'elles n'aient jamais pu démontrer leurs qualités dans le sport. De plus, cela permettrait de donner plus de valeur à nos lignées.

Incredible il y a onze ans. © Collection privée

La seconde partie de cet article sera disponible demain sur Studforlife.com...

Photo à la Une : Julien Epaillard et Hoover ont partagé un bout d'aventure ensemble. Sportfot