Huitièmes à la Corogne, quatrièmes à Malines, Pieter Devos et Mom’s Toupie de la Roque tiennent leur victoire cette saison sur le circuit de la Coupe du monde Longines ! À Bâle, les deux complices, déjà lauréats du Grand Prix 5* de Londres en 2022, ont mis tout le monde d’accord en signant le plus rapide des deux seuls doubles zéro de l’après-midi. L’ancienne complice de Julien Epaillard et son pilote belge ont devancé Janika Sprunger et sa brillante Orelie, qui ne cesse de franchir des caps, et Max Kühner, très rapide sur EIC Cooley Jump The Q mais sanctionné d’une faute au barrage.
Il achevait 2023 en fermant un chapitre, avec l’annonce de la retraite de sa géniale Claire. Il débute 2024 par une victoire, dans le premier Grand Prix CSI 5*-W de l’année. Pieter Devos a fait tourner la tête de ses concurrents à Bâle, dimanche 14 janvier, en réalisant le plus rapide des deux seuls doubles sans-faute de cette dixième étape du circuit de la Coupe du monde Longines. “Je suis un homme très, très heureux aujourd’hui. Ma jument a fait un travail fantastique. Elle a donné tout son cœur et a fait tout ce qu’elle a pu pour ne pas toucher les obstacles. Je suis ravi d’elle !”, s’est-il réjoui juste avant de retrouver le centre de la piste de la Halle Saint-Jacques pour célébrer sa victoire, non loin de son fidèle groom, Simon Rousic.
Auteur d’une première partition sans fausse note, sur un tracé particulièrement délicat, mais très bien dosé, imaginé par Gérard Lachat, Pieter Devos a mis tout le monde d’accord au barrage, aux rênes de sa Selle Français de dix-sept ans, née chez Alexandrine Bonnet Dian et Michel Hécart. “Je devais faire mon propre parcours au barrage. Je savais qu’aborder le dernier vertical en cinq foulées donnait une distance très longue, mais je savais que si j’étais sans-faute jusque-là, j’allais vraiment essayer de faire ces cinq foulées. Pour le reste, j’ai suivi mon plan. Toupie ne tourne pas très bien. Par exemple, pour le mur, je n’ai pas eu le meilleur virage, mais elle ne veut pas toucher les obstacles, donc j’ai pu aborder la fin de parcours à pleine vitesse. C’était chouette. Pour être honnête, je ne m’attendais pas à gagner après mon parcours, mais après il y a eu beaucoup de fautes. Je suis aux anges. Il s’agit de mon premier concours de l’année. J’espère que cela va m’apporter de la confiance pour le reste de l’année. C’est une année très importante, une année olympique. Je vais tout donner pour faire partie de l’équipe à Versailles et vivre une belle saison. Encore une fois, ma jument a été formidable. Il s’agit de son troisième sans-faute d’affilée en Coupe du monde, elle mérite peut-être une petite pause maintenant, avant de se préparer pour les concours extérieurs”, a analysé le lauréat. Malgré des courbes perfectibles, les deux complices, qui forment un couple depuis octobre 2021, ont coupé la ligne d’arrivée en 36’’94, de quoi mettre la pression sur ses poursuivants.
Derrière eux, Mariano Martinez Bastida, qui ne cesse de briller à chacune de ses sorties, a péché d’entrée en fautant sur le premier oxer, aux commandes de son atypique mais généreux Belano vd Wijnhoeve, finalement sixième. Bien parti et très motivé pour marquer des points dans l’optique d’une éventuelle qualification pour la finale du circuit à Riyad, Mario Stevens n’est pas parvenu à rejoindre la ligne d’arrivée finale, après que son brillant Starissa a traversé l’oxer blanc placé le long des tribunes. L’Allemand et son fils de Stakkato Gold se sont tous deux retrouvés au sol et se sont heureusement relevés rapidement, visiblement sans séquelle.
Sans doute l’un des favoris à la victoire, Max Kühner avait à cœur de détrôner son homologue belge. Parti dans un rythme soutenu avec son ISH EIC Cooley Jump The Q, onze ans, l’Autrichien s’est fait piéger dans le double, avant-dernière difficulté du tracé raccourci. Après le triomphe de son coéquipier Gerfried Puck la veille à Doha, l’homme fort de l’Autriche n’est pas parvenu à faire retentir son hymne national une nouvelle fois et s’est contenté d’une troisième place et de l’excellent comportement de son fils de Pacino, qui pourrait tout à fait entrer dans ses plans pour Paris, aux côtés d’Elektric Blue P, Up Too Jacco Blue et sa nouvelle recrue, Blues d’Aveline. De quoi envisager les prochains mois avec sérénité, malgré le départ de son plaisant Coriolis des Isles. “D’un côté, je suis heureux avec cette troisième place, qui est un bon résultat, mais j’aurais tout de même aimé gagner. Normalement, mon cheval est assez rapide. J’ai essayé, mais mon équitation n’était pas parfaite. Je n’ai pas abordé les premiers obstacles avec suffisamment de fluidité et j’ai un peu trop compacté mon cheval dans son encolure à l’abord de la combinaison. Je crois que c’est de là que vient notre faute. Malgré tout, je reste satisfait”, a confié Max Kühner à la fin de l’épreuve.
Janika Sprunger, de retour au meilleur de sa forme depuis près d’un an, ne s’est pas laissée emportée par la pression imposée par le chronomètre de Pieter Devos et Toupie de la Roque. Forte de son expérience, la Suissesse a gardé son calme pour dérouler un très bon double zéro en compagnie de sa pépite Orelie, tout juste dix ans. Heureuse et épanouie, l’ancienne cavalier de Bonne Chance, Palloubet d'Halong et Bacardi VDL a ravi son public, qui a bien cru ne pas la voir au barrage après une dernière ligne négociée de façon acrobatique lors de l’acte initial. Trop près de l’antépénultième oxer du parcours, sa fille d’Emerald van’t Ruytershof a concédé un gros effort pour couvrir les deux plans de l’obstacle, rendant la distance suivante trop longue. Grâce à son sang-froid, Janika Sprunger est parvenue à placer quatre foulées, au lieu de trois, pour aborder le vertical suivant, que sa complice n’a même pas frôlé ! “Je suis incroyablement fière de ma jument. Elle dispute ses premières étapes de la Coupe du monde. J’ai été absente un moment à ce niveau. D’ailleurs, lors de ma dernière venue ici, je montais King Edward ! Je suis très fière de notre équipe et du système que nous avons construit. Mille mercis à Tina Pol, qui m’a fait confiance, après que je suis devenue mère. Cela signifie énormément pour moi. J’ai essayé de rester détendue au barrage, parce que je sais que Pieter et sa jument sont beaucoup plus expérimentés. Ils comptent tant de performances à haut niveau ! Je n’en suis pas encore là, et j’ai dû jouer la sécurité. Orelie a été très attentive et m’a très bien écoutée”, a réagi la représentante helvète. Cet incident, qui a dû faire trembler toutes les tribunes, a vite été oublié, le duo ayant terminé deuxième de ce Grand Prix particulièrement disputé, après le passage d’Hans Dieter Dreher et Elysium, né Ziroquado T, sanctionnés d’une faute sur le numéro deux.
Grâce à leurs excellents chronomètres, plus rapides que ceux des gagnants du jour, Max Kühner et Hans Dieter Dreher se sont classés trois et quatrièmes. Ouvreur du barrage, Andreas Schou a terminé cinquième avec Napoli vh Nederassenthof, qui disputait son deuxième concours sous couleurs danoises. Ravi, celui qui a débuté sa carrière par le pony games était tout sourire après son premier parcours et ne semble pas tarir d’éloges au sujet de l’ancien partenaire de Jérôme Guéry, qui voyait en lui, il y a déjà un an et demi, le potentiel d’un cheval olympique.
Enfin, septième, Sasha Barthe a été la grande révélation de l’épreuve. Âgée de vingt-neuf ans, l’amazone helvète était au départ de son premier Grand Prix 5*. En plus d’avoir obtenu son ticket pour la finale au chronomètre avec la manière, elle s’est payé le luxe d’enregistrer le meilleur temps du barrage ! En selle sur son génial Essenar High Hopes, déjà vu à son avantage dans le Crédit Suisse Challenge à Genève fin décembre, la jeune femme, installée en France et presque surprise par sa prestation, a frappé un grand coup, malgré deux fautes concédées à la fin de son second parcours. Qu’importe, cette grande première en appelle d’autres pour ce duo aussi attachant que talentueux.
Les résultats complets.
Le classement général complet.
Photo à la Une : Pieter Devos et Mom’s Toupie de la Roque à Bâle. © Martin Dokoupil / FEI
Toutes les épreuves du CHI de Bâle sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.