Alors qu’elle comptait miser sur lui pour retrouver le très haut niveau, Alexandra Francart a annoncé la vente du prometteur Drako de Maugré, en début de semaine. Copropriété de sa cavalière et de Nicolas Normand, son éleveur, l’étalon de neuf ans a tapé dans l'œil d’un certain Paul Schockemöhle, qui en a fait l’acquisition. À deux ans des Jeux olympiques de Paris, le fils de Kannan et Atlanta de Maugré pourrait être destiné au sport, mais aussi à l’élevage, où ses premiers produits démontrent des qualités intéressantes.
À tout juste neuf ans, l’étalon Selle Français Drako de Maugré n’a pas manqué d'attirer l’attention. Préservé par sa cavalière, Alexandra Francart, le bel alezan, issu du croisement entre Kannan et Atlanta de Maugré, une fille de l’Anglo-Arabe Fusain du Defey, était en train de monter en puissance. Après deux parcours à 1,50m, le protégé de Nicolas Normand, son naisseur et co-propriétaire, s’est imposé sur ces hauteurs à Maubeuge, avant d’enchaîner avec trois excellents parcours à Nancy, dont une quatrième place à 1,50m, puis une faute sur l’ultime difficulté du Grand Prix 3* à 1,55m. Ces performances sont remontées jusqu’aux oreilles de Paul Schockemöhle - soutien de l’équipe japonaise de saut d’obstacles, immense marchand, étalonnier et éleveur allemand -, qui n’a pas hésité à faire l’acquisition du Selle Français.
“L’histoire de Drako est un peu particulière. J’ai acheté sa mère, Atlanta, auprès de mon père, il y a une dizaine d'années. Drako a été mon premier poulain. Avant cela, je n’avais pas d’affinités particulières avec les chevaux”, retrace Nicolas Normand. Outre Drako, né en 2013, Atlanta engendre un fils de Vigo Cécé l’année suivante, avant de démarrer une carrière sportive. Vendue à Hervé Francart, le père d’Alexandra, la jument remporte quelques épreuves réservées aux chevaux de sept ans sous la selle de l’amazone, avant d’être confiée à Ludovic Gaudin jusqu’à fin 2021. Ensemble, le duo évolue jusqu’à 1,50m et permet à Nicolas Normand d’entrevoir un avenir radieux pour son premier produit. “J’ai toujours pensé que Drako était un très bon poulain. J’avais établi un plan un peu fou et j’espérais qu’Atlanta soit valorisée, afin de mettre en valeur son fils par la suite. Tout s’est déroulé comme je l’avais imaginé et Alexandra m’a sollicité lorsque Drako avait six ans. J’avais vraiment le sentiment qu’il avait une chance pour faire de belles épreuves et j’en ai vendu la moitié à Alexandra Francart”, reprend Nicolas Normand. “Je ne pouvais pas espérer que l’histoire se déroule mieux. Drako est désormais aux portes du haut niveau et nous sommes ravis qu’il ait été commercialisé aux écuries Schockemohle. C’est une grande satisfaction pour tout le monde puisqu’il devrait être exploité à la fois dans le sport et à l’élevage.”
Alors qu’Alexandra Francart semblait bien partie pour retrouver le haut niveau avec son protégé, formé par Bérenger Oudin puis Sarah Dhennin de ses quatre à six ans, la pression commerciale en a décidé autrement. “La vente s’est faite très rapidement. Alexandra avait vraiment voulu le préserver pour le grand sport. Drako était à vendre, mais nous n’étions pas fermés à l’idée qu’il puisse permettre à Alexandra de refaire du haut niveau. L’an dernier, il a disputé beaucoup d’épreuves à 1,45m, dans lesquelles il était presque toujours sans-faute. Il a gagné sa troisième 1,50m avant de sauter de façon magnifique dans le Grand Prix 3* de Nancy. Il n’était pas loin de signer un exploit mais a commis une toute petite faute sur le dernier après avoir passé sans encombre les plus grosses difficultés du parcours. Il aurait dû aller à Bourg-en-Bresse ce week-end, mais l’écurie Schockemöhle a accéléré les choses et l’affaire s’est conclue extrêmement rapidement”, explique ainsi Nicolas Normand. Si l'identité du prochain cavalier de l’étalon n’est pas encore connue, son naisseur semble confiant pour l’avenir. “Les grandes maisons qui investissent en ce moment doivent certainement avoir les prochains Jeux olympiques dans un coin de la tête”, glisse-t-il. “En tout cas, pour Drako, il y a plusieurs ouvertures, notamment grâce à son statut d’étalon.”
Gentil et pétri de qualités, le fils de Kannan, courant de sang que semble apprécier Paul Schockemöhle, présente toutes les qualités pour le sport… et l’élevage ! “Drako a du sang et une technique parfaite. L'apport de l’Anglo-Arabe Fusain du Defey par sa mère est très intéressant. Il a gardé ce côté Anglo et Alexandra remarque des similitudes avec sa mère. Il est souple, très respectueux, a des moyens et de la force. Il n’a pas de défaut majeur. La seule chose que l’on peut lui reprocher est peut-être son manque de chic, même s’il est beau et d’un modèle sérieux. Il a un caractère en or et ne nous a jamais causé de souci. Il transmet sa technique à ses produits et semble être améliorateur. Je lui ai confié plusieurs bonnes juments, avant même qu’il soit approuvé par le stud-book. Il a ramené son amplitude et son action à ses poulains. Il m’a donné une jument de cinq ans, cinq poulains de trois ans, deux de deux ans et un qui est né cette année. Je pense sincèrement qu’il a une belle carte à jouer à l’élevage et qu’il sera un étalon polyvalent, tant du côté reproduction que du côté sportif compte tenu de ses résultats”, estime l’éleveur.
Face aux belles performances de Drako, sa mère, Atlanta de Maugré, a retrouvé l’élevage de Nicolas Normand, situé près de Saint Juvin, dans les Ardennes, toujours en partenariat avec Alexandra Francart. “Nous allons tenter d’utiliser au mieux ses qualités de reproductrice et faire naître de bons poulains avec elle”, précise le passionné. En attendant qu’Atlanta engendre d’autres futurs cracks, son premier fils, Drako de Maugré va, lui, poursuivre sa carrière sous de nouvelles couleurs. Si la route est encore longue, le Selle Français semble bien parti pour poursuivre son ascension. En 2024, l’alezan aura onze ans, soit l’âge idéal pour envisager un voyage à Paris. Affaire à suivre !
Crédit photo : © Nina Photography. Photo à la Une : Drako de Maugré et Alexandra Francart à Nancy.