Longines Masters de Paris 2015
Grand Prix 5*
Grand Prix 5*
Le salon du cheval a ouvert cette nouvelle édition en plein doute. Après les attentats du 13 novembre dernier, l'ambiance n'était ni au beau-fixe, ni à la sérénité. Si on y ajoute le congrès de la COP 21 qui aura nécessité des mesures de sécurité extraordinaires avec des autoroutes fermées et les transports en commun déconseillés, les allées du salon seront souvent restées bien vides les premiers jours. Mais le public est arrivé avec l'ouverture des Longines Paris Masters et la semaine s'est achevée avec un dimanche sold-out où seuls les absents auront eu tord.
Les deux protagonistes aux bonus abandonneront leur chance dès la première manche avec une faute chacun. Vainqueur des Masters de Hong-Kong, John Whitaker dans un premier temps avec une faute d'Argento sur l'oxer 4 laisse tomber sa dernière chance d'un bonus de 250.000 euros. Le gagnant de l'étape de Los Angeles, Marco Kutscher, réduit ses chances de victoire à néant avec une faute de Van Gogh (Numero Uno) sur l'oxer Gucci placé en 5 ème position alors que les deux cracks se joueront des difficultés majeures sans embûches. Luc Musette aura dessiné un parcours à la hauteur de l'événement même si le chef de piste regrettera en fin d'épreuve de ne pas avoir resserré encore un peu le chronomètre. « J'ai re-mesuré deux fois le tracé et j'ai décidé d'abaisser le temps de deux secondes avant le début de l'épreuve mais je pense que j'aurais pu le diminuer d'encore deux secondes supplémentaires. Les spectateurs auront néanmoins vu un beau barrage et c'est là l'essentiel. » Il faut dire qu'avec 16 barragistes sur les 45 partants, il y aura en effet eu du spectacle d'autant que cela commence très fort avec le double sans-faute de l'égérie Longines, Jane Richard Philips sur Dieudonne de Guldenboom (Nabab de Rêve). 40''35, premier temps de référence. La championne de France en titre Alexandra Paillot avait réussi un parcours de base somptueux mais préfère ne pas prendre tous les risques dans ce barrage. Malheureusement pour elle, cela n'empêchera pas la faute de Polias de Blondel (Desir du Château). Le public ne désespère pas, il acclame d'emblée le concurrent suivant … mais Roger-Yves Bost est coincé au paddock, Pégase du Murier (Adelfos) s'est déferré ! Le jury tranche et laisse le Français achever sa préparation, c'est donc à la jeune surprise brésilienne de faire son entrée dans l'arène. Stephan de Freitas Barcha n'a aucun complexe et tente sa chance mais Landpeter Do Feroleto (Landritter) se fait piéger sur l'oxer Longines placé en dernière position ! Cette fois, Bosty est prêt ! Après avoir pris une magnifique troisième place dans le Speed Challenge, Pégase du Murier attaque cette fois le barrage du Grand Prix après une démonstration lors du tour initial. A l'abord de la combinaison, Pégase cale mais Bosty relance et termine cet exercice au chrono avec un temps impressionnant de 37''73 mais avec une faute sur l'ultime obstacle. Dommage, dommage. « J'ai vraiment manqué de chance. Mon barrage était déjà manqué avant de partir car il ne me restait qu'un seul saut à faire lorsqu'il s'est déferré, du coup, j'ai été obligé d'en refaire trois alors qu'il était déjà un poil fatigué. Je voulais lui mettre un oxer un peu plus gros et il a sauté un mètre au-dessus et s'est déferré. Finalement, on rentre en piste et il se redéferre de l'autre côté après le deuxième obstacle. Du coup, il était fâché. J'ai hésité à l'engager dans le Grand Prix mais mes autres chevaux étaient encore un peu jeunes. Cela faisait deux concours que nous sautions des petites épreuves mais il a montré qu'il sautait magnifique. Il a montré qu'il pouvait encore manquer un peu de résistance à la fin. Il doit encore s'endurcir, il apprend toujours. J'ai trouvé qu'il était un peu plus inquiet en deuxième manche. J'étais allé près du double lui montré mais il n'a pas encore l'habitude de ce genre d'ambiance. Avec son cavalier précédent, c'était un cheval qui galopait beaucoup et gagnait beaucoup d'épreuves alors finalement, le speed challenge lui a fait beaucoup de bien au moral, il a besoin de ça pour être content. Sans les problèmes de fers, nous aurions pu viser un place sur le podium. » réagira le Parisien A 18 ans, Tinka's Serenade montre une longévité aussi exemplaire que celle de son père, Tinka's Boy. L'Irlandais Billy Twomey sait qu'il peut compter sur sa crack et attaque. Double sans-faute en 38''00, c'est la tête du classement provisoire. « Vu son âge, je la ménage beaucoup et on ne la voit plus beaucoup sur les terrains de concours mais lorsqu'elle sort, elle donne le meilleure d'elle-même et c'est juste incroyable. » Vainqueur l'an dernier avec PSG Future, Martin Fuchs est de nouveau présent au barrage avec cette fois Clooney 51 (Cornet Obolensky) mais le jeune homme préfère ne pas prendre tous les risques et joue placé pour termine en 40''91, juste derrière sa compatriote. Le Qatari Sheikh Ali Bin Khalid Al Thani est une nouvelle fois présent au barrage sur le fantastique First Devision (Andiamo), l'élève de Jan Tops est appliqué mais lui aussi ne peut éviter la faute sur l'ultime obstacle ! Harrie Smolders tente sa chance mais sollicite Don VHP Z (Diamant de Sémilly) qui ne réagit pas de suite et ne peut éviter la faute sur le vertical 8. Sergio Alvarez Moya attaque avec Carlo (Contender) mais il ne peut éviter la faute sur l'entrée de la combinaison : manqué ! Kent Farrington peut faire coup double car Scott Brash a de très nombreux points à défendre en décembre et a manqué son Grand Prix avec trois fautes et du temps dépassé de Hello M'Lady (Indoctro). Le numéro deux mondial a l'occasion de prendre de précieux points dans l'optique de la première place mais Voyeur (Triomphe de Muze) voit les choses autrement avec une faute de postérieur sur la sortie de la combinaison. Un Américain en cache un autre ou plutôt une autre avec l'entrée en piste de Lauren Hough qui réaliste un magnifique barrage avec Ohlala (Orlando) mais 38''47, c'est trop lent ! On se dit alors que cela va être très compliqué pour Maikel van der Vleuten sur VDL Groep Arera C (Indoctro) mais la jument du Hollandais a progressé et il compte bien le montrer. Il attaque également et réussit le double sans-faute à seulement 13 centièmes de la tête, seconde place provisoire. Rien n'est fait pour autant car Pénélope Leprévost entre en piste avec son incroyable Flora de Mariposa (For Pleasure). On comprend vite que la première place est en passe de changer de main lorsque le vertical Longines placé en bout de piste termine au sol : 36''85, le chrono est fantastique mais il y a 4 points au compteur ! Simon Delestre a bien compris le message. Porté par son public, il attaque également mais reste mesuré dans sa prise de risque, il abaisse le chronomètre de 6 petits centièmes, c'est le double sans-faute et la première place. Le public est aux anges. Pourtant, il reste deux candidats et non des moindres. Christian Ahlmann fait son entrée dans l'arène. Ces deux dernières semaines, l'Allemand a tout gagné sur son passage et Codex One (Contendro I) est en grande forme. L'ancien numéro un mondial le sait, la prise de risque est énorme et comme Pénélope Leprévost, il se fait piéger sur le vertical en bout de piste. La victoire sera donc bel et bien française mais Patrice Delaveau, déjà vainqueur du Miasuki Trophy vendredi, va-t-il prendre sa revanche de la veille ? Le vice-champion du monde défie le médaillé de bronze des championnats d'Europe. Lacrimoso (Landjunge) tutoie une barre ou l'autre mais tout reste sur les taquets, cela va très très vite 36''08, c'est près de deux secondes de mieux, le public est en délire et Patrice Delaveau est heureux. Le sport a une nouvelle fois gagné et bien plus encore lorsque la salle entière reprendra la marseillaise en l'honneur de ses deux cavaliers vedettes. « On peut dire que j'ai eu de la chance. Il fait très chaud ici et nous sommes passés en fin d'épreuve lors du premier tour, du coup, Lacrimoso n'avait pas récupéré à 100% et nous avons touché quelques barres mais comme c'est un vrai crack, il a surpassé sa fatigue et les barres sont restées sur les obstacles. Mes deux coachs Philippe Guerdat et Jean-Maurice Bonneau ne voulaient pas que je fasse 6 foulées dans la ligne mais lorsque je suis entré en piste, l'idée d'en faire 7 ne me plaisait pas d'autant plus que Ryan est un cheval formidable mais ce n'est pas le cheval qui a la plus grande action, c'était donc la seule manière que j'avais de le battre. Après avoir réussi à enlever une foulée dans la première ligne, je savais que je devais avoir une seconde d'avance et j'ai tenté de gérer cette avance. Il est clair que c'est désormais un sacré challenge qui s'annonce pour Hong-Kong mais j'ai un peu peur de devenir « l'homme à abattre » pour les organisateurs après avoir entendu à Los Angeles qu'il ne fallait pas que John Whitaker gagne puis ici la même chose pour Marco Kutscher » s'amusera le champion français. L'actuel numéro 4 mondial, Simon Delestre ne pouvait que se montrer heureux à l'issue de ce Grand Prix « C'est un week-end tout simplement sensationnel. Le Grand Prix s'annonçait très difficile lorsque nous l'avons marché puis finalement, on se retrouve avec 16 barragistes. Dans cette configuration, c'est toujours difficile et j'ai préféré aller le plus vite possible sans pour autant franchir la limite. Luc Musette a une nouvelle fois fait un travail fantastique. En tant que cavalier, nous sommes heureux lorsque nous avons la chance d'avoir un crack dans nos écuries alors qu'actuellement, j'ai la chance d'en avoir trois dans mes écuries. C'est un bonheur incroyable. »