Pas d’exception, tous les chevaux sont concernés par les ulcères
Une maladie qui peut être présente sans symptômes !
Le syndrome d’ulce´ration gastrique, plus généralement appelé ulcère, se définit comme une destruction plus ou moins profonde de la muqueuse de l’estomac. Il s’agit d’un phe´nome`ne tre`s fre´quent chez les chevaux, du^ a` l’augmentation de l’acidite´ dans l’estomac. Tous les chevaux - de sport, de course, au repos, d’élevage (poulinières et poulains) - peuvent être touchés par cette maladie.
Elle est très fréquente chez les équidés de courses, comme nous explique le Docteur Simon Lang, responsable technique et scientifique de la gamme équine Boehringer Ingelheim : « Ils y sont plus sujets car l’entraînement est plus intense, les périodes de jeun plus longues et ils voyagent beaucoup. On va plutôt parler de facteurs prédisposants qui, additionnés les uns aux autres, vont augmenter significativement le risque d’ulcères puisqu’ils les combinent quasiment tous ». Cependant, les chevaux au repos et de loisir y sont aussi sujets puisque 50% peuvent être atteints, c’est-à-dire un cheval sur deux.
Une maladie à facteurs multiples
Le syndrome d’ulce´ration gastrique impacte tous les chevaux car ses facteurs de risques sont multiples et peuvent être rencontrés dans diverses situations, notamment et principalement dans son mode de vie.
De nombreux facteurs sont présents quotidiennement :
- La vie en box : le cheval est avant tout un herbivore et mange de l’herbe seize a` dix-huit heures par jour. Si cela n’est pas le cas, l'acidité gastrique n’est plus contrebalancée par les bicarbonates de la salive.
- L’alimentation peut s’avérer mauvaise lorsqu’elle est trop riche en céréales avec peu de foin, et créer une diète prolongée, lorsque les intervalles entre les repas sont trop longs ou un accès a` l’eau restreint.
- Les parasites de l’estomac, comme les larves de gaste´rophiles, peuvent irriter la muqueuse de l’estomac.
- Les entrainements et les compétitions concernant les chevaux de sport et de courses.
- Un traitement prolonge´ avec des anti-inflammatoires ou donné a` forte dose.
- Le stress engendré par le transport, des soins ou l’environnement, notamment si un cheval est peu ou pas en contact avec ses camarades.
Les symptômes ne sont pas révélateurs de gravité
En cas d’ulcères gastriques, plusieurs sympto^mes peuvent apparaître mais varient d’un équidé a` l’autre. Le cheval peut avoir des changements de comportements ainsi qu’une intolérance à l’effort. Son caractère peut alors devenir difficile à gérer ou le cheval deviendra triste. Sa santé physique peut également être impactée avec un mauvais e´tat ge´ne´ral associe´ a` une perte de poids et un appétit capricieux. Les coliques aiguës ou chroniques et les diarrhées en sont elles également des symptômes. Cependant, ces derniers ne sont pas re´ve´lateurs de la gravite´ puisque l’absence de symptômes ne signifie pas l’absence d’ulce`res.
En théorie, il est simple de détecter cette maladie mais « en pratique c’est beaucoup plus compliqué », souligne Simon Lang avant de reprendre, « il faut avoir le matériel nécessaire, qui est coûteux, fragile et très demandeur d’entretien, donc peu répandu sur le terrain, et seulement quelques gastroscopes en clinique ».
Le diagnostic se fait en deux e´tapes. La première repose sur un examen minutieux de l’animal et un recueil méthodique de sa fac¸on de vivre. La seconde est le diagnostic de certitude qui est ensuite réalisé et se fait par la gastroscopie. Il permet de visualiser les le´sions, de re´pertorier leurs localisations, nombre et se´ve´rite´. « Il faut mettre le cheval à jeun pour visualiser tout l’estomac puis il faut sédater le cheval pour réaliser l’examen. Les freins principaux sont le tarif et la nécessité de déplacer le cheval, bien souvent en clinique », nous confie le docteur.
Pas d’ulcère ? Évitez leur apparition !
La gestion de l’alimentation et du mode de vie du cheval est un élément clé pour e´viter les ulce`res. La vie au pre´ est l’ide´al. Pour les chevaux vivant a` l’e´curie, il faut pre´voir des sorties quotidiennes au paddock, et proscrire le confinement au box. Il est e´galement important d’alterner travail raisonne´, repos et de´tente. D’ailleurs, une petite ration de foin est recommande´e avant l’exercice afin d’e´viter l’effet « splash » de l’acidite´ gastrique sur les parois de l’estomac.
Côté nourriture, le foin doit e^tre distribue´ en grande quantite´ et toujours avant les granule´s. S’il ne peut être distribué à volonté, il convient de le distribuer en deux ou trois fois par jour pluto^t qu’une. D’ailleurs, la luzerne a un effet tampon pour apaiser l’acidité, il est alors possible d’en donner une petite portion chaque jour. Les ce´re´ales et les aliments riches en amidon sont a` limiter. Le fractionnement de la ration en plusieurs petits repas dans la journe´e est fondamental afin d’e´viter les concentrations e´leve´es d’acides gras volatils qui sont ulce´roge`nes. Il est e´galement possible d’augmenter le taux e´nerge´tique de la ration en incorporant de l’huile ve´ge´tale aux repas. Le tout doit être complété par la disposition d’eau permanente.
Il est important de ne pas exposer le cheval a` des situations stressantes trop re´pe´te´es car l’équidé aime la re´gularite´ ! Des inhibiteurs de la pompe a` protons ou des protecteurs de la muqueuse peuvent e´galement e^tre administre´s pre´ventivement. Par exemple, avant et pendant une situation stressante, comme lors d’un changement d’environnement, un transport... Enfin, une vermifugation est recommande´e en fin d’automne, saison des gaste´rophiles.
Pour conclure, insistons sur le fait que, même les chevaux de loisir et au repos peuvent être touchés par les ulcères. Les symptômes sont multiples et peuvent venir du simple du quotidien de l’animal : gardez l’œil !
Crédit photo : Shutterstock
Publireportage