Comme depuis deux ans et demi, Brianna Lobreau sera au plus près de Quel Homme de Hus et Jérôme Guéry pendant les dix prochains jours. À Versailles, le duo groom-cheval vit ses premiers Jeux olympiques ensemble, le charismatique bai brun ayant déjà participé à ceux de Tokyo et contribué au bronze décroché par la Belgique au Japon. Tout au long de la compétition, la Bourguignonne, particulièrement attachée à l’étalon de dix-huit ans qu’elle n’a pas lâché des yeux ces deux dernières semaines, raconte les coulisses de son aventure. Dans ce premier épisode, retour sur ses premiers pas olympiques dans la capitale, les conditions de travail des grooms et chevaux sur place, mais aussi sur ce que représente cette échéance tant rêvée et convoitée.
Ça y est. Les Jeux olympiques sont réels. Après une année “difficile”, un pari osé mais finalement remporté haut la main, Brianna Lobreau, Quel Homme de Hus et Jérôme Guéry sont à Versailles. Soutenu par une équipe de choc, le trio a rendez-vous avec son histoire, pour tenter de compléter la collection de médailles de l’étalon de dix-huit ans, né sous le nom de Quempas. “Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que nous allions bien participer aux Jeux olympiques. Nous avons commencé à réaliser que nous avions une vraie chance de faire partie de la sélection après le CSIO de La Baule, qui était un test pour nous. Mais tout s’est vraiment concrétisé en arrivant ici, à Versailles”, introduit Brianna Lobreau, ange gardienne du Holsteiner depuis deux ans et demi et déjà à ses côtés lors de son titre de vice-champion du monde, décroché en 2022 à Herning.
“J’ai passé les quinze derniers jours, sans exception, avec Quel Homme”
Au terme de quatre heures de route, effectuées dans la nuit de lundi 29 à mardi 30 juillet, Quel Homme de Hus est arrivé tranquillement à Versailles. Avant cela, la vedette de l’écurie Guéry a vécu une préparation des plus classiques. “Sa semaine a été très normale et nous n’avons rien changé à ses habitudes : il a continué à aller au paddock tous les matins, à être monté, à aller en balade, etc. Quel Homme a besoin d’être heureux mentalement, donc nous avons tout fait comme d’habitude”, explique Brianna. “Nous sommes arrivés tôt mardi matin. Comparativement à d’habitude, la route a été assez facile !”
À Paris, malgré l’enjeu et ce que représentent ces Jeux, les derniers du fils de Quidam de Revel, pas question de changer quoi que ce soit. La star est choyée, comme à son habitude. “Nous essayons de ne jamais changer sa routine. Ce n’est, de toute façon, pas le moment de le faire. Mercredi, nous avons eu la visite vétérinaire tôt le matin. Je suis venue de bonne heure et l’ai fait marcher avant notre passage. Le matin, Jérôme le monte, puis je m’occupe de lui toute la journée ; je le fais marcher, le masse et l’observe afin de jauger son état de forme. Il profite également de la couverture de massage, mais ce sont des choses dont il bénéficie tout le temps, à chaque concours. Quel Homme fonctionne ainsi, et son mental joue un rôle crucial dans sa réussite. Bien sûr, il doit aussi être en forme physiquement, mais il est assez dur et solide”, poursuit celle qui vit ses premiers Jeux olympiques.
Dans sa quête de médaille, Quel Homme aura un atout supplémentaire : l’amour que lui porte sa groom. “À Herning, je vivais mes premiers championnats et cela ne faisait pas si longtemps que je m’occupais que Quel Homme. Ici, ce n’est pas plus facile pour moi, mais je m’occupe de Quel Homme depuis deux ans et demi et je passe mes journées entières avec lui, sauf lorsque je suis en concours sans lui ! Sinon, je suis la seule à m’occuper de lui. Lorsque je ne suis pas là, Elise, notre cavalière maison, prend soin de lui. J’ai passé les quinze derniers jours, sans exception, avec Quel Homme. Je pense que cela est aussi rassurant pour Jérôme et pour moi, parce qu’on le connaît, on sait comme il est et on voit tout de suite s’il va bien ou non. Toute notre équipe a aussi une importance capitale”, loue la jeune femme.
À la chasse aux pins
Entre deux caresses et deux soins prodigués à son roi, Brianna a pu découvrir la piste des Jeux olympiques. “Nous sommes allés voir les Belges sur leurs épreuves de dressage mardi. Jérôme a également participé à la première familiarisation dans la soirée. C’est très grand et impressionnant ! Les gradins sont très, très hauts et le site en lui-même est magnifique. Il n’y a rien à dire là-dessus”, précise-t-elle. Du côté des chevaux, la soigneuse salue aussi leurs conditions de vie sur place. “Les installations sont vraiment bien pour les chevaux. Les tentes sont composées de deux allées, avec une vingtaine de boxes au total. Les tentes sont plutôt petites, très calmes, et ventilées. La délégation belge nous a en plus installé un gros ventilateur dans chaque box. Les boxes sont en plus un peu plus grands qu’habituellement et font quatre mètres sur trois et le sol est en caoutchouc. Honnêtement, les chevaux sont super bien”, apprécie-t-elle.
Eléments clés de la réussite du couple cavalier-cheval, les grooms sont, eux, logés tout près des écuries pour ces Jeux olympiques. Un point positif que relève Brianna, tout en nuançant. “Le petit-déjeuner proposé par l’hôtel est très bien. On peut également le prendre à emporter si on souhaite partir avant 6h30. C’est ce que j’ai fait mercredi matin, avant la visite vétérinaire. Idem, on peut réserver des boîtes à emporter le soir si on rentre tard. Ce sont des choses positives, mais il y a certains points qui auraient pu être améliorés… À notre demande, je partage une chambre avec Sylvain (Benoît, ndlr), le groom de Grégory (Wathelet, ndlr), mais certaines nations se retrouvent à quatre grooms par chambre, sur des lits superposés, avec la douche sur le palier. Partager une chambre à quatre est une chose, mais les chambres ne sont pas très grandes et nous n’avons pas la possibilité de dormir dans nos camions, car il n’y a pas d’accès à l’électricité. Nous avions la possibilité de prendre des groupes électrogènes, mais je n’ai pas choisi cette option, afin de ne pas courir le risque d'endommager mon camion en cas de panne. Je suis venu avec mon petit camion. Malgré tout, je pense que les logements auraient pu être un peu mieux pour les grooms. Nous sommes quand même aux Jeux olympiques et je crois que nous sommes une partie importante de l’équipe”, note la Bourguignonne en toute franchise. “En arrivant, on nous a bien aidé à décharger nos camions. Le site est très grand. Pour les chevaux, c’est très chouette. Il y a beaucoup de place pour travailler : une piste de galop, une grande piste en herbe au bout de cette dernière, ainsi qu’une autre piste proche des écuries. La restauration sur place est assez éloignée pour les grooms, mais nous avons la possibilité de prendre à emporter, ce qui est bien lorsqu’on manque de temps. Je trouve que c’est une option que nous devrions toujours avoir et que l’on apprécie ici.”
Aux écuries, même si aucun espace de détente n’a été prévu pour les soigneurs, l’ambiance est au beau fixe. Ravis de vivre un tel moment, les grooms se prêtent volontiers aux traditions, et tentent de constituer la plus belle collection de pins du concours ! “Lorsqu’on arrive, on reçoit des pins à l'effigie de notre nation. Le but est ensuite de les échanger avec des représentants d’autres nations. Nous avons commencé mardi et mercredi matin, c'était vraiment la chasse aux pins”, s’amuse-t-elle. “On est tous regroupés par pays, donc on passe d’écurie en écurie. Une fois que nous avons échangé les pins, on les accroche sur nos accréditations. Elles sont bien remplies ! D’ailleurs, je pense qu’il m’en faudra une autre parce que je n’ai plus de place ! (rires) C’est vraiment chouette, d’autant que certains pins sont super jolis. Cela nous permet d’aller voir un peu tout le monde, ce que l’on ne fait pas tout le temps. C’est cool.”
Quel Homme de Hus aux Jeux olympiques, le cheval d’une vie pour une expérience unique
Après une première mise en jambe réussie, lors de la warm-up mercredi soir, tous les voyants semblent être au vert. Et ce n’est pas Brianna qui dira le contraire ! “Quel Homme est extrêmement frais, c’est un truc de dingue !”, s’amuse-t-elle. “Il était en pleine forme en arrivant et lorsque Jérôme s’est mis en selle mardi, il a presque failli tomber tellement Quel Homme déborde d’énergie ! La dernière fois qu’il a été comme cela, c’était à Barcelone (en 2022, lors de la finale des Coupes des nations, remportée par… la Belgique, ndlr). Il est à deux cents pourcents. Je crois qu’il est content d’être ici. Il est tellement intelligent que je crois qu’il sait où il est et ce qu’il doit faire. Je suis très heureuse de le voir comme ça. J’en oublie parfois qu’il a dix-huit ans et qu’il a déjà vécu plusieurs championnats. Il aime ces échéances et est totalement dans son élément.”
Et de conclure : “Comme pour beaucoup d’autres grooms et athlètes, les Jeux olympiques sont l’objectif ultime. Participer aux Jeux olympiques a toujours été mon rêve, mais le faire avec Quel Homme leur donne un goût particulier. C’est encore plus important pour moi de réaliser ce rêve avec ce cheval-là, d’autant plus que nous avons vécu une année un peu difficile. Je suis très fière de faire partie de cette équipe. Vivre ces Jeux olympiques avec Quel Homme est encore mieux, vraiment.”
Photo à la Une : Brianna Lobreau et son cher Quel Homme de Hus, ici à La Baule, sont au cœur des Jeux olympiques de Paris. © Mélina Massias