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Papillon Z, une histoire de famille

Reportages jeudi 9 juillet 2015 Julien Counet

Formé par Rik Hemeryck avant d'être performant sous la selle de Grégory Wathelet et d'exploser véritablement à 13 ans sous la selle de Jérôme Guery, Papillon Z aura connu une carrière pleine de rebondissements suivie de bout en bout par ses propriétaires, la famille Woitrin.

Médaillé de bronze au championnat de Belgique de 2012 avec Rik Hemeryck, vainqueur du Grand Prix 5* d'Helsinki l'année suivante avec Grégory Wathelet, il réalise une année 2015 incroyable en remportant tout d'abord le premier GP 2* de Vejer de la Frontera avec le liégeois avant de passer à la vitesse supérieure avec Jérôme Guery : 4ème de leur premier Grand Prix 3* à Lanaken, ils remportent ensuite celui du CSIO 5* de Lummen avant de remporter la coupe des nations de Odense puis d'enchainer les victoires dans les GP 5* de Knokke et 4* de Mons.

Comment avez-vous découvert Papillon Z ?

Yves Woitrin : « Ça, c'est une folie de ma fille. Nous étions à la recherche d'un cheval pour Sophie et nous avions demandé à Rik Hemeryck qui la coachait de lui trouver un cheval. Un beau jour, Rik m'a appelé en me disant « Je crois qu'on a trouvé un cheval chez Peter Postelman, il faudrait que tu viennes. » J'ai pris ma voiture et j'ai été voir. Nous y avons découvert Papillon qui avait 5 ans. Il y a eu le coup de foudre de Sophie pour Papillon et l'affaire a été vite réglée. Nous sommes venus, il y a eu une visite vétérinaire effectuée par Jean-François Bastin car nous voulions avoir son avis et nous sommes allés chercher Papillon. Voilà comment l'aventure a commencé. »

Au départ, vous ne rêviez donc pas spécialement d'un cheval de haut niveau ?

« Absolument pas ! Le but était juste que Sophie puisse avoir du plaisir avec son cheval … mais c'était un étalon un peu puissant et cela est devenu un peu difficile à gérer. Elle avait 18 ans et lorsqu'on a vu la puissance de cet étalon dans les mains de Sophie, on s'est dit que nous n'avions pas envie de risquer un accident. Nous avons donc décidé de le confier à Rik qui nous a convaincus qu'il y avait du potentiel dans le cheval. C'est comme ça que petit à petit nous avons découvert son potentiel et Rik l'a emmené dans des petites épreuves puis un peu plus importantes, puis encore plus importantes ! Pendant ce temps, nous avons acquis un autre cheval pour ma fille qui était Quechua de Muze qui nous a donné une fille par Lord Z issue d'un transfert d'embryon, Bailey's de Lauzelle que nous avons vendue il y a six mois aux écuries d'Ecaussinnes. Nous nous sommes ensuite retrouvés un petit moment sans chevaux puisque Quechua a ensuite été mise à l'élevage et a rejoint l'an dernier le RBC Stud en France chez Charlyne Rihm. Nous avons d'ailleurs appris la semaine dernière que son premier produit né en France par Cornet Obolensky venait d'être acquis par un trio de belge dont la ferme du Seigneur et … Jérôme Guery. C'est très amusant.Entre temps, nous avions fait un produit de Papillon avec Quechua et qui vient de prendre trois ans, Galisco du Néviau. Sophie l'a débourré au printemps et il va bientôt repartir au travail avec elle. Nous avons également une petite jument d'un an, Izarra du Névieau qui est un transfert d'embryon entre Papillon et Bailey's. A la base, c'était Laurent Thirion qui avait trouvé Quechua pour nous car nous lui avions proposé d'investir dans un bon cheval pour lui. Cela s'est très bien passé mais à un moment Laurent a une période familiale un peu difficile et nous avons décidé de changer, c'est comme cela que Quechua est arrivée chez Rik puis c'est finalement Sophie qui l'a montée. »

 Quechua de Muze (Mr Blue x Darco) est une fille de Narcotique II de Muze.

Vous avez été étonnés de ne pas avoir plus de demandes de saillie pour Papillon Z, ni d'intérêt le concernant ?

« Le monde de l'équitation est un monde un peu bizarre. Nous, nous sommes des illustres inconnus dans le monde de l'équitation. Il n'y a pas de grande écurie qui s'appelle « Ecuries Woitrin », nous avons juste un cheval qui s'appelle Papillon Z et deux de ses produits que personne ne connaît aujourd'hui. Nous sommes tout petits et c'est le plaisir d'être un vrai amateur même si mon épouse a toujours la frousse, que ce soit Rik, Grégory, Jérôme ou Sophie qui saute un parcours. La boule au ventre y est à tous les coups. Le plaisir est autant présent en allant voir Papillon au concours qu'en étant à la maison avec ses produits et voir ma fille monter, cela me ravit. »

A partir de quand avez-vous décelé le potentiel de Papillon Z ?

« Une fois qu'il est passé sous la selle de Rik, nous avons décelé son potentiel. C'est lui qui l'a fait avancer et progresser jusqu'à ce qu'on décide de changer et de passer chez Grégory Wathelet. »

 Yves Woitrin et le trois ans Galisco du Neviau (Papillon Z & Quechua de Muze).

Est-ce que vous comprenez l'étiquette de propriétaire « difficile » que l'on vous a mise ?

« Je ne pense pas être quelqu'un de difficile. On a certainement été exigeant et mis une certaine pression sur Rik à un moment mais il y avait des raisons pour cela et il les connaissait. C'est certain que lorsqu'on est propriétaire d'un cheval de ce style là, ce n'est pas pour le laisser dans une écurie. Yves & Françoise Woitrin, des propriétaires heureux. A un moment donné, il fallait que cela avance, il fallait le vendre mais il ne faisait pas grand-chose avec car Papillon passait toujours derrière Quarco de Kerembars alors que nous pensions qu'il avait le potentiel de faire tout cela. Avec Grégory, je n'ai par contre jamais mis de pression, c'était plus une complicité qu'autre chose et je n'en mets pas plus à Jérôme aujourd'hui. Je ne vois pas pourquoi j'en mettrai d'ailleurs. Lorsque nous avons décidé de passer de chez Grégory à chez Jérôme, cela s'est également passé en toute clarté avec chacune des parties. Gregory m'a dit qu'il pensait que ce n'était pas chez lui que le cheval devait rester comme nous souhaitions le vendre, il trouvait que Jérôme serait beaucoup mieux placé que lui pour le faire. » 

Quand on voit l'année passée chez Grégory Wathelet, Papillon y a également eu de beaux résultats mais également de moins bons moments extra-sportifs.

 « Oui, ils ont fait de très bons résultats mais Papillon est resté indisponible longtemps et lorsqu'il est revenu, le piquet de Grégory avait beaucoup évolué. De plus, c'est quelqu'un qui a beaucoup d'exigences car son piquet de tête doit rester un piquet de tête solide. Durant toute sa carrière Papillon n'a jamais eu de problème de santé mais il a eu une vie sanitaire un peu compliquée avec divers accidents qui ont émaillé sa carrière. Yves & Sophie Woitrin avec leurs produits de Papillon issu de Quechua de Muze et d'une de ses filkes. Il a eu un fameux accident chez Pierre Paindaveine au prélèvement, une fois, il s'est coincé un pied dans un boxe au concours où il a été sauvé par Tom Marien et l'an dernier, Grégory nous a conseillé de le faire castrer car il serait plus commercial. Au départ, nous l'avions gardé entier un peu sur les conseils de Rik puis finalement, nous l'avons fait castrer sur les conseils de Grégory. Nous avions pris toutes les dispositions nécessaires pour que cela se passe bien et prendre le minimum de risques mais finalement, cela a failli coûter cher puisque Papillon est passé très près de la septicémie. Je n'en veux à personne, c'est la faute à « pas de chance » et une nouvelle fois, Tom Marien et son équipe ont fait un travail extraordinaire et l'ont sauvé. Nous avons néanmoins toujours un stock de semmence qui est disponible via Linalux à Mont le Soie. »

Dans ces moments euphoriques de victoires, on oublie ces mauvais moments ou on y pense encore ?

« C'est le rôle du propriétaire ! Le propriétaire est là tous les jours. Dans les bons comme dans les mauvais moments, lui, il est toujours là. C'est vrai que l'on savoure ce bon moment tous les trois car après un parcours un peu chahuté, on voit aujourd'hui un binôme qui est extraordinaire depuis le premier parcours à Lanaken. C'est surprenant et c'est à la surprise de tout le monde, celle de Jérôme aussi, ce qui est sympathique. » Izarra de Néviau (Papillon Z x Lord Z x Mr Blue) profite du pré en compagnie de son oncle. La décision que vous avez prise depuis un certain temps de mettre votre cheval en vente, c'est aussi parce que le haut niveau n'était à l'origine pas votre but ? Y.W. : «Non, pas vraiment. Le problème, c'est que nous ne sommes pas des éleveurs et nous n'avons pas les installations pour accueillir 50 chevaux. Notre fille travaille désormais et elle a son ménage. A la base, c'était pour elle et à un moment donné, il faut prendre une décision raisonnable. Cela fait longtemps que nous avons annoncé clairement qu'il était à vendre, espérons qu'avec ces résultats, il trouvera une personne qui lui correspondra. »

Aujourd'hui, vous avez encore deux de ses produits dans vos prés. Vous espérez de nouveau les emmener au haut niveau ?

« Je ne sais pas, je préfère ne pas me prononcer car j'ai toujours adoré les chevaux, j'ai toujours monté quand j'étais jeune. Pour le moment, c'est très bien comme cela. Après nous allons les faire sauter, Sophie va les mettre au travail et ensuite nous verrons. C'est gai quand les chevaux se portent bien d'autant que Papillon que ses deux produits sont vraiment bien dans leur tête et ça, ce n'est pas tous les jours et c'est agréable. »

Photos : Julien Counet