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“Obtenir une sélection pour les championnats d’Europe n’était pas évident tant il y a de très bons couples en Belgique”, Thibeau Spits (2/2)

Après avoir connu de grands succès dans ses années Jeunes, Thibeau Spits s’apprête à vivre son premier championnat Séniors à La Corogne.
Interviews jeudi 10 juillet 2025 Jocelyne Alligier

Multi médaillé en Juniors et Jeunes cavaliers, Thibeau Spits, vingt-quatre ans, n’a pas mis longtemps à se constituer un palmarès chez les Séniors en s’imposant sur les podiums de quelques-uns des plus beaux rendez-vous 5*. Après une excellente année 2024, qui l’a vu faire son entrée en équipe première à Aix-la-Chapelle avec le gris King van de Essene, auteur d’un sans-faute en première manche puis d’un parcours à quatre points en seconde dans la Coupe des Nations et remporter le Grand Prix 5* de Riesenbeck, dans le cadre du Longines Global Champions Tour avec le noir Impress-K van’t Kettenheye, alors âgé de seulement neuf ans, le jeune Flamand trace sa route sur les circuits du très haut niveau. Cette année, il est devenu un pilier des Diables Rouges, qui ne manquent pourtant pas de profondeur d’effectif. Impeccable lors des CSIO 5* de Saint-Gall, avec un double zéro dans l’épreuve collective puis une quatrième place dans le Grand Prix, et de Rotterdam, avec un nouveau double sans-faute aux obstacles à la clef, Thibeau Spits et son étalon se sont vu accorder la confiance de leur sélectionneur national, Pieter Weinberg, pour les prochains championnats d’Europe. Installé à Wavres-Sainte Catherine, près de Malines, le jeune homme, actuel soixante-seizième mondial, a grandi en même temps que l’exploitation familiale, Stal Ceulemans, et l’élevage Dwerse Hagen, managés par ses parents, Kristel Ceulemans et Patrik Spits. Tout autant bourré de talent à cheval que d’enthousiasme lorsqu’il remet pied à terre, Thibeau Spits se prête volontiers à l’exercice des questions-réponses, sur sa jeune carrière et son mode de vie au sein d’une belle famille équestre, avec, en bonus, une bonne maîtrise de la langue de Molière. Rencontre avec l’une des stars montantes de la jeune génération belge, qui s’apprête à affronter le feu des projecteurs la semaine prochaine à La Corogne.  

La première partie de cette interview est à (re)lire ici.

Que représente aujourd’hui l’entreprise familiale Stal Ceulemans ?

Actuellement, nous avons environ deux cents chevaux, avec une grande partie élevage. Nous sommes douze à travailler, dont quatre membres de la famille, et nous avons un chef d’élevage, Jef Goossens, qui abat un gros travail car il y a beaucoup de juments. Nous faisons naître plus de trente poulains par an. Nous utilisons nos anciennes juments de concours, mais aussi les jeunes, en effectuant une sélection parmi nos trois ans. Avant de se lancer en compétition, les meilleures d’entre elles sont mises à la reproduction (Classic Touch DH, fille de Casall et complice de Thibeau Spits dans la conquête de ses deux médailles d’or aux championnats d’Europe Jeunes cavaliers en 2022, et de son titre collectif ainsi que de sa sixième place individuelle un an plus tôt, a déjà plusieurs produits classés jusqu’à 1,60m, et des filles qui ont d’ores et déjà assuré leur descendance au sein de l’élevage familial, ndlr). Nous faisons aussi des transferts d’embryons, avec les juments jusqu’à huit ans ainsi qu’avec les plus âgées. Nous avons eu recours à l’ICSI, notamment avec Withney vd Dwerse Hagen (Codex), la bonne jument de concours de mon père avec laquelle il avait été deuxième du Grand Prix du CSIO 5* de Dublin, mais cela n’a pas très bien fonctionné et nous avons arrêté. Nous préférons rester sur des méthodes le plus naturel possible. 

Le jeune Diable Rouge fonde beaucoup d'espoirs en Cloverly DH, une fille de Comme Il Faut et Withney vd Dwerse Hagen âgée de huit ans. © Jean-Louis Perrier

Comment choisissez-vous les étalons pour vos juments ? 

Notre critère principal est de choisir des étalons que nous aimerions monter, mais pas forcément ceux qui sont le plus à la mode. Bien sûr, j’adorerai monter Ermitage Kalone, mais il va avoir beaucoup trop de produits ! Nous cherchons aussi à avoir des chevaux qui puissent être assez faciles, de façon qu’ils puissent être vendus à des amateurs s’ils ne sont pas assez bons pour le grand sport.  Mais l’objectif est bien de produire des chevaux pour le haut niveau. En Belgique, il y a beaucoup de chevaux sur le marché et il est difficile d’obtenir de la rentabilité en vendant des chevaux aux amateurs. Nous l’avons fait au début, et les résultats n’étaient pas terribles ! Nous avons développé le commerce de chevaux de haut niveau en travaillant beaucoup à l’exportation. Par exemple, Classic Touch DH a été vendue aux Etats-Unis par l’intermédiaire de François Mathy, Foncetti vd Heffinck (For Pleasure) aux Emirats Arabes Unis, et nous avions aussi Caetlin vd Heffinck (Chacco Blue), désormais sous la selle d’Alexa Ferrer… Mon père a été l’un des premiers à travailler avec la Chine, il y a une dizaine d’années.

Rozelien Dwerse Hagen est une autre pépite de l'élevage familial, par Nixon van't Meulenhof. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Vous montez plusieurs étalons, dont Impress-K van’t Kettenheye, (Indoktro K van’t Kattenheye) qui fait la monte chez vous. Avez-vous un feeling particulier pour les étalons ? 

Pas spécialement, car même si nous avons la chance d’avoir des étalons qui sont gentils au travail, ils sont toujours plus compliqués à gérer à l’écurie et en transport. En fait, nous ne sommes propriétaires que d’Impress et d’un cinq ans, mais j’ai effectivement d’autres étalons à monter. Je pense qu’aujourd’hui, certains propriétaires souhaitent confier leurs étalons afin qu’ils soient valorisés. C’est une tendance qu’il faut comprendre. Pour Impress, la priorité reste la compétition et il est assez peu utilisé. Il a fait une cinquantaine de juments cette année, et c’est bien !



"Nous avons acheté Impress-K van't Kattenheye lorsqu’il avait deux ans et demi"

Impress-K van't Kettenheye n’est pas né chez vous, mais chez Tony Raman et Mieke Strobble à Laerne, près de Gand. Comment avez-vous croisé sa route ?  

Nous l’avons acheté lorsqu’il avait deux ans et demi. Nous ne connaissions pas cet élevage (qui a produit la prometteuse Spice Girl-K van’t Kattenheye, complice de João Victor Castro, le gagnant en Grand Prix 4* Pixel-K van't Kattenheye, mais aussi le père d’Impress, Indoktro K van’t Kattenheye, un fils du grand sire KWPN Indoctro vu jusqu’à 1,50m outre-Atlantique et à l’origine de vingt-neuf produits répertoriés sur Horsetelex, dont dix évoluent à 1,40m et plus, ndlr). C’est Niels Bruynseels qui a conseillé à mon père d’aller voir des chevaux là-bas. Mon père est arrivé en Harley Davidson vers le pré où était Impress, qui a eu peur et s’est mis à faire des bonds dans tous les sens ! Il a trouvé qu’il dégageait une énergie incroyable, a eu un coup de cœur pour lui et a voulu l’acheter tout de suite ! On a vu ensuite qu’il avait une excellente souche maternelle : sa mère, Julia vd Donkhoeve (Vagabond de la Pomme) est une petite fille d’Utopia van de Donkhoeve (Robin II), grande gagnante avec Peter Devos (de cette souche, sont aussi issus le partenaire olympique de Jessica Springsteen, Don Juan van de Donkhoeve (Bamako de Muze), le grand performer d’Harry Charles Novio vd Donkhoeve, alias Sherlock (Bisquet Balou vd Mispelaere), ou encore Belano vd Wijnhoeve (Berlin), très bon complice de l’Espagnol Mariano Martinez Bastida, ndlr).

Impress-K van't Kattenheye a tout de suite séduit le père de Thibeau Spits, qui ne s'est pas trompé sur le talent du petit-fils de Vagabond de la Pomme ! © Sportfot

Quand s’est décidée votre sélection pour les championnats d’Europe de La Corogne ? 

Après le CSIO 5* de Saint-Gall, où Impess et moi avons signé un double sans-faute dans la Coupe des nations, puis deux nouveaux parcours vierges dans le Grand Prix avec une quatrième place à la clef, je crois que c’était plutôt bien parti ! À Rotterdam, Impess m’a ensuite permis de réaliser la meilleure performance belge dans l’étape de la Ligue des nations (2+0). Cela a été la confirmation ! Pourtant, cela n’était pas évident tant il y a de très bons couples en Belgique en ce moment. La deuxième place de la Belgique dans la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle en est une autre preuve : trois des quatre couples à avoir performés là-bas n’iront pas aux Européens (seuls Abdel Saïd et Bonne Amie seront du voyage, ndlr) !

Comment allez-vous préparer ce championnat ? Un regroupement et un stage sont-ils prévus au sein du clan belge ? 

Non, Peter Weinberg fait confiance à chaque cavalier pour se préparer au mieux. Dans le passé, il y a eu dans le passé des regroupements, mais cela n’a pas forcément porté ses fruits. Le premier week-end de juillet, j’ai choisi de participer au CSI 2* de Bonheiden afin de faire faire des parcours faciles à ImpressCe n’est pas le cas pour tous les chevaux, mais pour lui qui a beaucoup d’énergie, effectuer des parcours sans pression est bénéfique. Il termine deuxième du Grand Prix en étant très à l’aise et c’est très bien comme cela ! Je vais simplement effectuer une séance de travail avec Niels Bruynseels avant de partir pour La Corogne.

Cap sur le plus grand rendez-vous des carrières respectives de Thibeau Spits et Impress-K van't Kattenheye. © Sportfot

Photo à la Une : Après avoir connu de grands succès dans ses années Jeunes, Thibeau Spits s’apprête à vivre son premier championnat Séniors à La Corogne. © Sportfot