Olivier Bossard, la passion du service. (4)
Après avoir arpenté les routes, se retrouver à la tête d'une telle entreprise nécessite néanmoins plus de présence au bureau, c'est une évolution de vos activités qui l'a voulu ou une volonté de votre part ?
O.B. : « C'est une évolution nécessaire et obligatoire. Faire les transports a un côté beaucoup plus ludique. Le matériel que l'on utilise est très confortable et donc plutôt sympa à conduire. De plus, c'est assez sympa de faire la route et d'aller voir des clients à droite et à gauche en découvrant de nouvelles choses. Le côté agréable du transport est que chaque jour est un peu différent, avec des personnes différentes et dans des milieux différents, dans les chevaux tous les jours.
Nous avons eu l'occasion de transporter les meilleurs chevaux du monde à l'occasion des JEM de Caen et dans la même semaine, nous avons transporté des chevaux lors d'un sauvetage pour une société d'assistance aux animaux. On côtoie toutes les facettes qui ont un lien avec les chevaux. Chaque personne rencontrée a un intérêt et dans cette idée-là, faire du bureau au lieu de faire de la route est une contrainte mais j'ai la nécessité d'arranger le travail pour mes employés et pour répondre à mes clients … et à ce niveau-là, jusqu'ici, la personne la plus efficace pour le faire, c'est moi.
De ce fait-là, j'ai plus d'intérêt à avoir des chauffeurs compétents, qui savent faire leur métier et moi, à gérer la société. Et la quantité de travail à faire au bureau pour gérer la société, c'est vraiment très important. D'un autre côté, cela me permet aussi de monter à cheval, ce qui serait moins possible si j'étais sans cesse sur la route. »
C'est aussi une fierté dans un milieu où l'on a tendance à cloisonner toutes les disciplines de réussir à réunir au sein d'une société des univers très différents ?
O.B. : « Fierté, je ne sais pas. J'espère ne pas être trop fier en fait. J'essaie dans mon attitude de tous les jours de ne jamais me faire envahir trop par un sentiment de fierté. C'est juste agréable de côtoyer des gens de milieux différents car ça place des tas de repères différents. On a l'exigence de la haute compétition et du concours hippique où on est dans le détail extrême et le confort. On en perd parfois le côté animal de la chose pour se placer dans ce que l'humain imagine que l'animal devrait avoir, alors que des gens plus « nature » donnent des repères différents.
Le côté sympa de notre métier, c'est de pouvoir côtoyer sur des petits laps de temps, des tas de personnes différentes d'autant qu'on appréhende plutôt le bon côté de toutes ces personnes qui, à la fin du compte, sont toutes passionnées par l'idée des chevaux. S'il y a un truc dont je suis fier, c'est plutôt des équipes que l'on a ! La plupart des gens qui travaillent pour nous sont là depuis longtemps, voire très longtemps pour certains et j'aime cette idée.
Je pense, j'espère qu'il y a une véritable idée d'équipe entre nous. Chaque chauffeur conduit son camion et j'ai la chance d'avoir des gens qui sont très serviables et qui ont l'idée de véhiculer l'image de notre société et du travail que l'on effectue. On se fait confiance mutuellement. Ma plus grande fierté, c'est l'ambiance de travail que nous avons pu instaurer. »
Comment organise-t-on un trajet après avoir reçu une demande pour un transport ?
O.B. : «La société a en fait trois activités principales. Nathalie gère tous les aspects du transport aérien : les documents sanitaires, le transport en camion jusqu'aux aéroports et l'affrètement dans les avions pour les différentes destinations. Les deux autres activités sont liées au transport routier mais peuvent être considérées comme différentes. L'une va être qualifiée de groupage et l'autre où l'on va répondre à une demande spécifique d'un client sans chercher à diminuer le coût de base des transports en additionnant d'autres clients.
Notre base, ici à Barbizon, est très utile pour les transports dits « groupés ». On va avoir une idée de logistique, un peu comme la marchandise où l'on regroupe chez nous de certaines régions de France : des chevaux de droite et de gauche qu'on va réunir dans un même véhicule qui va les emmener dans une direction commune. Je prends pour exemple une ligne que nous avons vers la Suisse. La plupart du temps, nous réunissons des chevaux de Normandie ou de l'ouest de la France, les chevaux sont « ramassés », comme on l'appelle dans notre jargon, puis le lendemain, ils montent tous dans un autre camion et partent vers la Suisse. L'idée principale est d'offrir un service aux gens sur une assez longue distance, avec un prix économiquement raisonnable puisque le prix du transport est partagé par l'ensemble des chevaux qui montent dans le camion. La plupart du temps, il est plus intéressant d'affréter un transporteur pour couvrir cette distance, que d'effectuer ce transport soi-même, avec son véhicule, pour faire l'aller-retour.
C'est dans ce cadre-là et principalement pour cela, que l'on se sert de nos écuries ici. La dernière activité concerne les transports « dédiés », où l'on fonctionne un peu comme des taxis ou des voitures avec chauffeurs comme on appelle ça en ce moment, où le client à une demande particulière pour un certain nombre de chevaux à transporter du point A au point B.
A ce moment-là, notre base ne sert que si nous sommes sur l'itinéraire de cette personne, avec la nécessité de faire une étape, ce qui n'est pas forcément le cas. Notre base sert également pour des exports un peu compliqués : nous pouvons ramener des chevaux chez nous et nous occuper d'eux, en gérant le côté sanitaire dans nos installations, avant le départ, pendant qu'on va préparer leurs papiers sanitaires. »
La suite, c'est demain !