À vingt et un ans, Oliver Fletcher affiche une maturité déconcertante. Depuis le début de l’année, le Britannique a posé ses valises à Deauville, où il a trouvé le lieu idéal pour s’émanciper et lancer sa propre entreprise. Membre de la promotion 2024 de la Young Riders Academy, le jeune homme, passionné de football, qu’il a pratiqué à un niveau élevé il y a quelques années, n’en finit plus de faire parler de lui. Cinquième de son premier Grand Prix 5* l’été dernier à l’occasion du Grand Prix du Longines Global Champions Tour de Londres, double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 4* de Sopot mi-juin et lauréat de sa première épreuve 5* en début d’année à Doha, ce passionné de la première heure vit ses derniers championnats d’Europe Jeunes. Depuis 2015, il n’a pas manqué une seule édition et espère bien conclure en beauté à Kronenberg. Rencontré dans le cadre de Chantilly Classic, où il a peaufiné ses derniers réglages avec son fidèle Hello William, né Willie Wonka LVS, Oliver Fletcher revient sur l’influence de ses parents, les derniers mois écoulés, son piquet de chevaux ou encore son installation dans l’Hexagone. Rencontre.
Pouvez-vous revenir sur votre histoire ? Comment avez-vous découvert les joies de l’équitation ?
Mes deux parents ont monté à haut niveau et remporter des Grands Prix 5* à travers le monde. Je suis donc né dans les chevaux, tout comme mon frère (William, ndlr) et je ne changerai cela pour rien au monde. Je suis désormais installé à Deauville et mon frère gère les écuries familiales en Angleterre.
À quel point est-ce un avantage d’être entouré de professionnels du milieu ?
Ce n’est pas avoir une longueur d’avance, mais deux que d’être épaulé par sa famille. Il faut toutefois toujours travailler dur pour obtenir et accomplir ce que l’on souhaite. Rien ne nous est servi sur un plateau et ce n’est pas la façon dont nous avons été élevés. C’est, certes, un avantage considérable dans ce milieu, mais cela ne remplace aucunement le travail.
Vous participez à votre neuvième championnat d’Europe avec l’équipe britannique, en Jeune cavalier. Comment vous sentez-vous à l’abord de cette échéance ?
Je me sens bien ! Mon cheval est en bonne forme. Il a signé un double sans faute dans la Coupe des nations de son dernier CSI 4*. Il m’a accompagné à Chantilly pour une seule épreuve, afin de le préparer pour ces championnats (qui se déroulent sur herbe, à Kronenberg, ndlr). Je suis plutôt confiant. Hello William est un cheval très, très talentueux ; je n’ai plus qu’à bien le monter (la paire a réalisé un excellent sans-faute dans la Chasse de ces championnats, pour se classer provisoirement treizième en individuel, ndlr).
Hello William, ou plutôt Willie Wonka LVS (Waldo van Dungen x Stakkato) occupe une place spéciale dans votre cœur. Comment avez-vous rencontré ce cheval ?
J’ai emmené Hello William à son tout premier concours. Je le connais comme ma poche. C’est un cheval spécial. J’aime à croire que j’ai une connexion particulière avec chacun de mes chevaux, mais avec lui, c’est différent. Il a été fantastique l’année dernière et a dû subir une opération en raison de coliques. Il a failli mourir… Il s’est très bien remis de cette mauvaise passe et a été incroyable depuis lors : classé en Grand Prix 5*, double sans-faute en Coupe des nations, etc. C’est le cheval d’une vie pour moi.
Quelles sont, selon vous, ses plus grandes qualités ?
Il veut bien faire, il veut faire plaisir à son cavalier et le rendre heureux. Il a toutes les qualités naturelles ; il est respectueux et pétri de moyens, mais je pense que son plus grand atout est son cœur. Il est également très intelligent.
Hello William appartient à Lady Kirkham et Lady Harris, fidèle mécènes de l’Ecossais Scott Brash qui avaient également soutenu la carrière de votre mère, Tina Fletcher, en lui confiant, entre autres, la brillante Ursula XII (Ahorn x Papageno), lauréate des Grands Prix 5* de Calgary, Mexico et Doha. Quelle relation entretenez-vous avec elles ?
Elles ont été d’un soutien fabuleux dans toute ma carrière et je ne peux pas les remercier assez pour toutes les opportunités qu’elles m’ont permis d’avoir et de me permettre de monter un cheval comme lui. Je suis chanceux d’avoir une telle opportunité, l’opportunité d’une vie grâce à elles.
Entre votre premier classement en Grand Prix 5*, devant votre public en août dernier, votre première victoire 5* en début d’année ou encore votre double zéro dans la Coupe des nations lors du CSIO 4* de Sopot, vos douze derniers mois ont été assez impressionnants. Quel regard portez-vous dessus ?
Cela a été incroyable. Nous avons franchi un grand cap dans les épreuves que nous sautons et, jusqu’à présent, nous nous en tirons plutôt bien. Je vais donc tenter de garder les pieds sur terre et continuer dans cette voie.
Vous attendiez-vous à atteindre un tel niveau à tout juste vingt et un ans ?
Je l’ai toujours voulu, mais tout cela est arrivé plus vite que je ne le pensais, surtout en sachant que mon cheval de tête a eu une période de repos à la suite de son opération pour coliques. Heureusement, il est revenu très rapidement en pleine forme. J’ai toujours voulu en arriver là, mais oui, j’ai été choqué que tout arrive si vite.
Vous avez eu l’opportunité de travailler auprès de Steve Guerdat ainsi qu’avec les frères Andreas et Christian Schou. Qu’avez-vous appris de ces deux expériences ?
Tout ! Ce que je retiens en premier lieu concernant Steve, c’est quel incroyable homme de cheval il est. C’est un gars formidable et mon seul regret est de ne pas être resté au sein de ses écuries plus longtemps. C’est un travailleur incroyable. Il est le Michael Jordan du saut d’obstacles, personne ne travaille davantage que lui. C’est un génie. J’ai passé trois, quatre mois phénoménaux en Suisse. Idem pour le Danemark. J’ai vraiment pris du plaisir à travailler avec les frères Schou et à découvrir leur système. Reprendre des bribes du fonctionnement de ces cavaliers a joué un rôle considérable dans ma réussite jusqu’à présent.
Pourquoi n’êtes-vous pas resté plus longtemps chez Steve Guerdat ?
Il s’agissait d’une période d’entraînement. J’avais trois chevaux sur place avec moi et il m’aidait au quotidien. J’avais beaucoup d’autres chevaux à la maison, alors je ne pouvais vraiment pas rester plus longtemps que je ne l’ai fait… J’ai déjà prolongé mon séjour par rapport à la durée que nous avions initialement convenue. Mais c’était incroyable ! Steve est un gars formidable.
Avez-vous un coach en ce moment ?
Non, pas vraiment. Ma mère et mon père m’aident lorsqu’ils le peuvent et qu’ils viennent outre-Manche, mais je suis à la recherche d’un entraîneur.
La seconde partie de cette interview est disponible ici.
Photo à la Une : Oliver Flecther en compagnie de son fidèle Willie Wonka lors de l’inspection vétérinaire des Européens de Kronenberg. © Sportfot