En début de soirée, Grégory Wathelet aura bouclé un somptueux barrage avec l’étalon Iron Man vd Padenborre (Darco) pour s’imposer dans le Prix de la Laiterie de Montaigu au terme d’un barrage reprenant 12 candidats. Le Condruzien n’était plus apparu en concours depuis son week-end victorieux à Liège ayant combiné quelques stages à l’étranger avec quelques jours de vacances bien mérités.
Le résultat est là, soufflant la victoire aux français : Alexis Deroubaix prenant la deuxième place avec Timon d’Aure (Mylord Carthago) dans une forme impressionnante alors qu’il ne s’agit que de son second concours depuis les Jeux Mondiaux de Tryon alors que Thierry Rozier parti en début de barrage parvient à s’accrocher au podium avec Venezia d’Ecaussinnes (Kashmir van’t Schuttershof).
Mais le temps fort de la soirée du vendredi reste bien évidemment le Longines Speed Challenge, 28 cavaliers bien décidé à prendre tous les risques pour être les plus rapides de la soirée avec 100.000 euros de dotation.
Un parcours qui s’annonce d’emblée très délicat avec de nombreuses fautes et de nombreux virages modulable à souhait.
Lorenzo De Luca s’est remis de sa chute avec Halifax van’t Kluizebos (Heartbreaker) et réalise un parcours magnifique avec sa jeune 8 ans Evita van’t Zoggehof qui n’est autre qu’une fille du frère de London, Figo de Muze (alias Golden Hawk) et d’une sœur utérine de Mylord Carthago par Rubens du Ry d’Asse.
Mais évidemment, c’est trop juste pour résister à la pression de Julien Epaillard qui malgré une faute en début d’épreuve réalise un parcours très rapide avec son étalon maison Safari d’Auge (Diamant de Sémilly) portant son chronomètre à 62’’52 avec les deux secondes de pénalité pour leur barre au sol.
Jérôme Guery était bien parti pour détrôné son ami normand mais malheureusement Jelly Belly van’t Eikenhof (Chopin van het Moleneind) ne pourra éviter deux fautes sur les deux derniers obstacles du parcours alors que le chronomètre s’était arrêté sur 61’’74 mais il faudra ajouter 4 secondes de pénalité.
C’était le deuxième meilleur temps du concours puisque Grégory Wathelet avait réussi à faire mieux avec Eldorado vh Vijverhof (Thunder vd Zuuthoeve) en étant le seul à descendre sous la minute en 59’’93 … mais avec trois fautes qui les conduiront vers la 6ème place finale.
Entre les deux belges, Simon Delestre réalisera un parcours sans aucune pénalité sur Chadino (Chacco Blue) mais en 64''81 ce qui ne lui offrira qu'une troisième place finale.
Parti en toute fin d’épreuve, Kevin Staut est un grand spécialiste de ce Speed Challenge et avec la très rapide Ayade de Septon (Wandor vd Mispelaere) il a toutes les cartes en main. Deuxième l’an dernier derrière Julien Epaillard …. Et gagnant l’année précédente devant … Julien Epaillard … le mano à mano entre les deux français continue et il tourne cette fois à l’avantage de Kevin Staut … un peu moins rapide … mais sans faute ! 62’’29, c’est la victoire !
« Ayade n’avait plus sauté depuis un petit temps. Je n’avais pas de véritable stratégie de risque avant d’entrer en piste si ce n’est de rester prudent au début comme nous l’avions décidé avec Philippe Guerdat pour ne pas mettre Ayade à l’effort dès le début. J’ai ensuite senti la jument, qui a désormais beaucoup d’expériences sur ce type d’épreuve, très à son affaire. Elle aura été généreuse jusqu’au bout. C’est sûr que c’est drôle qu’il y ait cette alternance de victoire avec Julien depuis trois ans… mais à la fin, je suis très heureux de cette victoire et fier de ma jument … peu importe qui est second ! Elle a fait du super boulot. C’était une stratégie assez risquer de partir si doucement d’autant que les trois-quatre premiers avait été très rapide dès la première ligne alors que j’ai pris le choix de partir à l’extérieur. C’est une jument très rapide au sol et que je connais bien depuis plusieurs saisons maintenant alors qu’on voit que des jeunes chevaux ou des couples qui ne se connaissent pas bien ont plus de mal sur un parcours où les obstacles arrivent si vite. Ils se sentent un peu asphyxié.
Il faut avoir de l’expérience pour pouvoir demandé des efforts de manière plus fluide. Je pense que nous avons la chance d’avoir un public fantastique en France et cette épreuve est d’autant plus particulière que ce concours de Villepinte arrive en fin d’année et que les gens se déplacent en nombre pour venir ici. Cette épreuve est très suivie et est vraiment en interaction avec les cavaliers qui échangent leurs impressions sur le podium lorsque cela s’est bien passé pour eux. L’ensemble de l’histoire fait que les gens apprécient cette épreuve. Pour ma part, j’ai souvent eu beaucoup de chance de me retrouver en fin d’épreuve et de me laisser porter par la pression de cette épreuve. Le parcours de cette année était très difficile et mettait beaucoup les chevaux à l’effort. Après l’expérience d’un couple permet justement de savoir qu’on peut être compétitif sans prendre toutes les options. Le leader avait une faute et ma jument lorsqu’elle est enclenchée en principe, elle est très attentive et elle a fait le boulot.
J’ai fait une chute de scooter et durant le concours de Lyon, j’avais mal aux côtes mais j’allais bien. Par contre, la semaine suivante à Doha, mes douleurs au dos se sont réveillées et j’ai eu une sciatique très douloureuse … et j’ai dû me faire opérer en urgence deux jours plus tard. Aujourd’hui, je vais bien. C’est à cheval que j’ai le plus facile car à pied, j’ai perdu pas mal de mobilité dans cette jambe droite et j’ai besoin de retravailler … mais à cheval, ça va … et c’est un plaisir de retrouver de bons résultats aussi rapidement. Ce n’est que mon deuxième concours, je n’avais emmené qu’un cheval à Madrid la semaine dernière mais qui avait déjà très bien sauté.
La joie du cavalier aura été partagée par ses propriétaires : Armand et Emmanuèle Pette, du team HDC
J’ai appris avec l’âge et les soucis de profiter de ces instants agréables et d’arrêter de courir après de nouveaux défis. Ce soir, je suis content et je vais essayer d’en profiter. C’est sûr que revenir en concours seulement une semaine après l’opération n’était pas vraiment conseillé … et ce n’est pas ce que mon chirurgien m’avait prescrit… mais comme j’ai été opéré en urgence, je n’avais pas de perte musculaire. Je fais sans arrêt des exercices et je sais à quel point c’est difficile pour moi de garder le gainage et ce qui maintient mon dos en vie. Lors de l’opération, le chirurgien a eu facilement accès au disque … et il m’a dit que je devais aussi sentir mon corps car il ne connaissait pas bien mon sport. Le seul risque résidait au niveau de la cicatrice et j’ai tout de suite senti qu’à cheval, ça allait bien. J’ai faire 4-5 jours de travail sur le plat puis j’ai essayé de resauter et cela s’est bien passé.
J’ai moins de chevaux à monter pour le moment. Je suis allé à Madrid avec un cheval, ici j’en ai deux … c’est aussi le rythme des indoors qui se prête bien à ça. C’est vrai que je suis un peu « con » mais je suis vraiment mordu de ce sport. J’essaie de vivre le moment présent … mais lorsque le week-end est fini … j’ai envie de retourner en concours le week-end suivant. Il faut pouvoir profiter des choses que tu ne fais pas si mal et accepter les échecs. Il faut un peu de maturité psychologique par rapport à ce sport et surtout, quand tu as des pépins de santé mais que tu vois autour de toi des gens qui ont plus de problèmes que ce que tu ne rencontres, cela te fait réfléchir. C’est un soulagement physique et une évolution mentale là-dessus. »
Kevin offrant son écharpe de vainqueur à l'une de ses jeunes fans qui gardera un souvenir mémorable de sa rencontre avec son champion.