Nino des Buissonets, une histoire ch'ti !
Acquis par Marius Huchin, Nino des Buissonets intégrera le haras des Princes, qu'il quitte à 9 ans lorsqu'il sera acheté par Gilbert De Roock qui le revendra rapidement en Allemagne où il évoluera jusqu'au niveau 1m50 sous la selle de Tim Hoster. Quelques mois plus tard, il rechangera de main et sera acquis par le mécène zurichois Urs Schwarzenbach pour Steve Guerdat. Moins de deux ans plus tard et après avoir acquis une seconde place en finale de Coupe du monde, Nino des Buissonets remporte la médaille d'or aux Jeux Olympiques de Londres !
Ninno des Buissonets (Kannan x Narcos II x Almé) est issu de la souche de Fair Play III. Sa grand-mère est une s?ur utérine de l'étalon performer Fuego du Prelet (Jalisco B) qui a évolué au haut niveau sous la selle de Dirk Demeersman. On retrouve dans la souche basses la souche de Denis Brohier : Parenthese Tame, Panama Tame …
Joint ce soir par téléphone, Marius Huchin ne pouvait que se montrer heureux :
« Nous étions au concours du Touquet avec mon père et c'est ma mère qui m'a téléphoné pour me l'annoncer alors qu'elle regardait la télévision à la maison. Ils l'ont ensuite très vite annoncé au micro sur place et ça a ensuite été très rapide. Ça m'a donné un petit frisson et pas mal d'émotions. C'est génial. Je l'avais acheté chez un marchand à une heure de chez moi, Patrick Varlet , il avait 18 mois et était déjà castré. On lui a fait sauter une petite barre de 50cm et il a sauté de manière très démonstrative en étant rangé de partout. Je l'ai échangé avec deux chevaux, l'affaire a été conclue rapidement. Il n'était pas tout simple à manipuler et c'est pour ça que son éleveur l'avait castré assez rapidement. Chez nous, il a passé jusqu'à ses 3 ans en pâture avant d'être débourré. Il a sauté très peu en liberté, j'ai effectué moi-même ses premiers sauts sous la selle puis il a débuté sa carrière sous la selle de Guillaume Foutrier. A 5 ans, il s'est blessé et n'a quasiment pas tourné et il a redébuté à 6 ans dans les épreuves internationales puis il a enchaîné. Ça se passait pas mal. A 9 ans, il évoluait dans des épreuves 1m35 avec Guillaume. Nous terminions notre collaboration avec lui et à Bourg en Bresse au mois de juin, Nino s'est arrêté à deux reprises sur le numéro deux ! Patrick Carron a alors dit à mon père qu'il ne fallait pas qu'on garde ce cheval car il ne nous servait à rien et Guillaume nous a toujours dit que notre étalon, Number One d'Iso, dont il avait la moitié à l'époque, était bien meilleur. Quinze jours ou trois semaines plus tard, le cheval était vendu par l'intermédiaire de Gaetan Decroix du haras de Wisbecq. On savait que c'était la fin de notre collaboration avec Guillaume, Nino était un hongre … c'est pour cette raison que nous avons décidé de le faire partir. Aujourd'hui, on voit qu'ils avaient tort mais c'est bien aussi de voir que malgré toute l'expérience qu'a quelqu'un comme Patrick Carron, il peut aussi se tromper car moi, à côté de lui, je suis un rigolo. Lorsque j'ai sauté avec Nino, j'ai eu des sensations extraordinaires et j'y croyais beaucoup … mais après, le cheval n'était pas tout simple. J'ai fait quelques parcours avec lui à 4 ans et dans la qualité, je pensais avoir un cheval spécial mais à cette époque, j'étais encore jeune … mais j'étais sûr d'avoir un bon cheval. J'ai également fait les premiers sauts de Number One d'Iso et on sent cette souplesse dans le dos. Je n'avais jamais monté des chevaux qui sautaient comme ça ! Après, les barres montent et c'est là que ça se complique. Pour moi, Nino a toujours été bon tout comme Number One mais ils sont délicats tous les deux. Après, c'est sûr que quand Steve Guerdat rentre en piste, il ne se pose pas de questions. C'est un crack le gars ! Aujourd'hui, je suis vraiment heureux et je me dis que si on avait gardé le cheval, qu'est ce qu'il aurait fait ? Rien du tout !! Aujourd'hui, je suis très heureux car je peux dire aux gens qu'on l'a acheté très jeune et qu'on l'a vendu qu'il avait neuf ans… On a eu un cheval Olympique dans nos écuries, c'est une belle publicité ! Nous n'avons pas eu de chance du tout avec Number One l'an dernier mais normalement, le cheval en a aussi les capacités et à peu de choses près, on aurait pu avoir deux chevaux de la même génération sur le même circuit. Aujourd'hui, c'est vrai qu'après cette victoire, j'ai reçu quelques appels de gens qui me connaissent bien, des éleveurs du coin… puis j'ai appelé Patrick, la personne qui me l'a vendu, qui lui avait regardé en direct car il est blessé et il m'a dit qu'il avait versé une petite larme. A chaque fois, on pense à son éleveur, Jean-Luc Deroubaix, qui nous a quittés il y a quelques années. C'était une véritable encyclopédie du Selle Français et des origines : il connaissait tout sur le bout des doigts! Il est parti trop tôt et à chaque fois, on ne peut que penser à lui. S'il avait pu connaître ça, ça aurait été génial pour lui. »