Le scénario du championnat de France Pro Elite de Fontainebleau laissait présager son lot de rebondissements, et il n’en a pas été autrement ! Le talent de la jeune Nina Mallevaey, associée à la très expérimentée Nikka vd Bisschop, a fait mouche et a permis à la paire féminine de décrocher le titre 2025. Auteurs de très belles remontées en enchaînant deux sans-faute dans cette finale, le Corrézien Nicolas Sers et la Normande Pénélope Leprévost s’emparent des médailles d’argent et de bronze sur Eleven de Riverland et Bingo del Tondou.
Pour le deuxième acte du championnat de France Pro Elite, Quentin Perney a proposé un premier parcours aéré, utilisant avec subtilité tout l’espace de la carrière des Princes de Fontainebleau. Mais la balade devenait vite corsée, dès la ligne placée devant les tribunes couvertes, avec un oxer en 5, suivi, à quatre foulées, d’un vertical aux couleurs noires et or. Le double de verticaux numéro 7 suivant la rivière, et la fin du parcours, avec un vertical sur bidet aux couleurs de la Laiterie de Montaigu en 11, puis le troisième double, orange, avant de finir sur un ultime vertical bleu, blanc, rouge représentant la Fédération française d’équitation, se sont avérés très fautifs. Après quelques scores lourds pour les premiers à s’élancer, selon l’ordre inverse de la veille, Simon Delestre, qui avait eu quelques difficultés lors de la Chasse, a réalisé un précieux sans-faute avec Acatitla LS (Clearway) et décroché son billet pour la seconde manche. Avec une faute lors de ce second acte, le vice-champion 2024 conclut cette fois au quatorzième rang.
Peu fautive, la rivière a toutefois causé le malheur de Margaux Rocuet, confrontée à un franche aversion de Djibouti de Kerizac (Quincy, alias Quaprice Bois Margot) et de Cédric Hurel, tenant du titre, son Fantasio Floreval (Florian de Vie) ayant retrouvé ses vieux démons. D’autres couples en bonne place ont été aussi bien moins lotis. Avec chacune deux fautes encaissées, Mégane Moissonnier, Inès Joly et Melissa Garbail se retrouvent hors-jeu avec Bracadabra (Pacific des Essarts), Faylinn de Fondcombe (Lando) et Dandy de l’Eyre (Iowa). Le verdict est sévère pour Benoit Cernin, pourtant bien engagé, mais pénalisé sur le 6 puis victime d’un refus de Dynamite du Miral (Nabab de Rêve). First to Cash Out (Volstrup Cash) et Leona Mermillod Baron ont été sanctionnés sur le gros oxer bleu en neuf, tandis que KS Karat, alias Sole Mio Santo Antonio (Canvas Plus), a fauté sur le 4, laissant Alix Ragot, troisième en 2024, à la porte du podium après un tour parfait en seconde manche. Pour son premier championnat de France Pro Elite, Leona Mermillod Baron a achevé son week-end sur un sans-faute en deuxième manche et une cinquième place finale. La Haute Savoyarde avait le sourire, son objectif étant rempli !
Nina Mallevaey, impassible face à la pression
Leader après la première étape, Lalie Saclier essuie aussi une déception avec les deux fautes de sa Fénomène des Lilas (Toulon) sur le 4 et le 6, mais termine fort bien avec un ultime parcours juste pénalisé par le temps. Le couple est sans aucun doute promis à un bel avenir. Mais il était dit que la victoire se jouerait bien au féminin, et dans la génération des moins de trente ans. Nina Mallevaey n’a pas failli aux commandes de son habile baie, Nikka vd Bisschop (Emerald van’t Ruytershof), signant aussi bien un tour parfait en première manche qu’en seconde manche, où, dernière à partir, le titre l’attendait pour ses retrouvailles avec Fontainebleau ! “Je n’étais pas venue ici depuis cinq ans et c’est beaucoup d’émotions ! J’ai beaucoup de souvenirs ici : les championnats poneys, d’Europe et des cavalières... Et puis il y a eu tous les travaux et l’organisation de GL Events qui est formidable. Je retrouve aussi le public et c’est vraiment formidable que ça se soit passé comme cela”, s’est exprimée la jeune femme, qui a brillé tout l’hiver. La cavalière, qui ne cache pas son naturel très timide, affichait un sourire radieux pour ce retour au premier plan dans sa patrie, elle qui partage son temps entre les Etats-Unis et plus précisément Wellington, où elle est établie de décembre à fin mars, et les Pays-Bas, à Valkenswaard, le reste de l’année. Accompagnée des chevaux de la famille Rein, la nouvelle championne de France bénéficie aussi et depuis peu des précieux conseils d’Helena Stormanns, ancienne cavalière britannique puis allemande, et excellente coach.
Nina Mallevay et Helena Stormanns avaient de quoi avoir le sourire ! © Mélina Massias
Pour ce championnat la Nordiste de naissance avait sellé Nikka vd Bisschop, qu’elle a retrouvé en début d’année après l’avoir monté il y a quatre ans. Entre temps, la fille d’Emerald a poursuivi sa route sous les couleurs canadiennes, participant aux Mondiaux de Herning en 2022 avec Beth Underhill, puis aux Jeux olympiques avec Erynn Ballard l’été dernier. Depuis le début de la saison l’entente avec Nina Mallevaey s’est concrétisée par plusieurs classement en Grands Prix 5*. Et leur couple pourrait bien aller encore plus haut, peut-être, qui sait, jusqu’aux prochains européens. À moins que Dynastie de Beaufour, autre crack que monte Nina, ne vole la vedette à sa conscrite ?
Huitième après la Chasse, l'excellente et olympique Nikka vd Bisschop a semblé survoler ce championnat de bout en bout ! © Mélina Massias
Les héros des remontadas
Plusieurs couples ont signé de belles remontées dans ce championnat de France joué en deux manches seulement, à commencer par Nicolas Sers. Le Corrézien et son fils de Kannan, Eleven de Riverland, ont été les seuls, en plus des médaillées d’or, à terminer la journée sur un score parfait. Avec une énergie spectaculaire, le Corrézien a conduit son imposant bai, qu’il monte depuis deux ans, sans encombre sur le dernier parcours, où le triple devant les gradins a fait beaucoup de fautes. Avec une troisième place dans un des Grands Prix 4* joués à Vejer de la Frontera en février dernier et ce podium, Nicolas Sers espère bien gagner une place en équipe de France, où il a déjà fait ses armes lors de la Coupe des Nations de Prague en juin 2024. Pénalisée par un seul point de temps dépassé sur l’ultime parcours, Pénélope Leprévost, qui avait remporté ce Master Pro Elite en 2022 avec Texas (Tornesh), était ravie de retrouver ce podium, mais surtout de retrouver Bingo del Tondou en pleine forme après une blessure qui l’a éloigné des terrains il y a un an jour pour jour.
Nicolas Sers et Eleven de Riverland ont tout donné et n'ont pas flanché, mais ont été trop courts pour l'or. © Mélina Massias
Pénélope Leprevost se pare de bronze avec son Bingo Del Tondou, de retour au meilleur de sa forme. © Mélina Massias
Dans la suite du classement on note avec plaisir la bonne entente de Charlotte Léoni, coachée par Thierry Pomel, avec l’ancienne complice de son père Philippe Léoni, Miss MarieV’H Winnenhof (Edjaz vqan’t Merelsnest), médaillée de bronze en 2023 et sixième cette année. Juliette Faligot et sa bonne Arqana de Riverland (Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky) décrochent une belle septième place, devant Dylan Levallois, qui forme un couple très plaisant avec l’étalon maison Funky Music Semilly, propre frère de Rock’n’Roll Semilly (Diamant de Semilly), et l’un des rares Selle Français Originel au départ !
Photo à la Une : Nina Mallevaey et Nikka vd Bisschop, qui se sont retrouvées en début d'année, ont décroché le titre de championne de France Pro Elite 2025. © Mélina Massias