Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

Niels Bruynseels, préparation pour un avenir en rose

Reportages lundi 17 octobre 2011 Julien Counet

A presque vingt-huit ans, Niels Bruynseels prépare une année 2012 qui s'annonce sous les meilleurs auspices. Promu dans la catégorie jeune talent belge, il vient de franchir un nouveau cap en prenant la deuxième place du Grand Prix du mythique CSIO 5* de Calgary, prouvant qu'il pourrait également faire partie de la catégorie des cavaliers sur qui on peut compter en division 1. A Calgary, il a pu compter sur sa jument de tête Nasa (Cumano), alors que trois jeunes chevaux de huit ans prometteurs du stoeterij van de Helle, Castellino vd Helle (Cassini I), Conisha vd Helle (Con Air) et Diamanthina v't Ruytershof (Diamant de Sémilly) pourront venir l'épauler au plus haut niveau l'an prochain alors que Carpalo (Contender) et Chili Peper vd Helle (Cumano) pourront également venir prêter main forte à l'équipe.

Quels ont été vos premiers contacts avec les chevaux ?

« J'ai toujours connu mes parents dans les chevaux depuis que je suis né puisqu'ils s'occupaient d'un poney-club avec mes grands-parents… mais cela ne m'intéressait pas trop. Ce n'est qu'à 7 ans que j'ai commencé à monter un peu à poney. Pas beaucoup car je suis vite passé à cheval. En fait, j'avais un peu peur au début et je n'aimais pas vraiment ça. Personne ne m'a poussé à faire du concours mais j'ai commencé à sauter un peu puis j'ai fait des petits concours ici au club mais ce n'est qu'à 14-15 ans que j'ai fait mon premier vrai concours. Mon père était déjà marchand, il a fait ça toute sa vie, nous avions deux cavaliers à la maison … mais il ne m'a jamais mis la pression. J'allais à l'école, je regardais un peu, j'essayais un peu par moi-même … mais je n'étais pas obsédé par le jumping dès les premiers moments. Mon père m'a juste dit : « si tu veux vraiment devenir cavalier ou si tu veux apprendre à monter, dis-le » mais il n'y avait aucune raison de me pousser si c'était pour que j'arrive au concours et que je n'aie pas envie de monter. »

 Quand vous étiez à l'école, qu'est-ce que vous pensiez faire de votre vie ?

« J'ai toujours pensé devenir boucher ou boulanger. J'ai toujours aimé les marchés pour les chevaux de boucherie. J'y vais encore une à deux fois par an car j'adore voir les marchands négocier et je me dis toujours que je ferais ceci ou cela. Mais finalement, lorsque j'ai débuté mes premiers concours, j'ai commencé à aimer cela de plus en plus et j'ai été dans une école spécialisée pour les athlètes de haut niveau où je ne devais aller aux cours que deux fois par semaine alors que le reste du temps, je travaillais à la maison. Ça commencé comme cela puis j'ai monté pour la première fois en junior et cela a été de mieux en mieux. Mon père avait deux chevaux vraiment âgés qui devaient avoir 17 ans mais avaient tourné en Grand Prix et j'ai tourné dans des épreuves 1m10, 1m20. En fait, entre mon premier concours et le moment où j'ai décidé d'en faire mon métier, cela a été très vite. »

Les gens qui vous découvrent en concours sont parfois surpris de vous voir tourner la tête pour aborder les obstacles ? Pouvez-vous en expliquer les raisons ? Est-ce que ça vous dérange d'en parler ? Est-ce que vous le vivez comme un handicap ?

« Je vis avec cela. Parfois, je dois encore apprendre car pour les tournants, c'est un peu difficile car lorsque je tourne vers la gauche, je ne vois que la moitié ou les ¾ mais pas tout. En fait, mes yeux vont vraiment bien, je vois des deux yeux et je n'ai pas besoin de lunettes. J'ai ce que l'on appelle le syndrome de l'?il paresseux, j'ai un ?il qui ne se déplace pas vers la gauche. C'est pour ça que je tourne ma tête. Je suis né comme ça, on a essayé de m'opérer mais il n'y a rien à faire néanmoins, il y a des problèmes dans la vie bien pires que celui là. Lorsqu'on est petit et qu'on va à l'école, ce n'est pas facile car tout le monde en parle mais maintenant, je n'ai aucun problème à en parler. La première fois où je me suis entraîné avec Gilbert Deroock, je devais avoir 18 ans, il n'arrêtait pas de me dire « garde ta tête droite, garde ta tête droite ». Il ne savait pas et lorsqu'on lui a expliqué, il était désolé. C'est un problème mais je vis avec et j'essaie d'apprendre à faire de meilleurs virages car lorsque je dois faire un virage court qui doit être rapide, je ne suis pas aussi vite que d'autres. »

Quand vous avez décidé de devenir professionnel, vous imaginiez plus ça en tant que marchand comme votre père ou vous aviez directement comme but d'arriver au haut niveau ?

 Non, non, jamais ! J'ai toujours été très calme en attendant de voir ce que l'avenir allait nous réserver. Mon but n'était d'ailleurs pas spécialement de devenir cavalier professionnel, j'ai toujours voulu avant tout bien savoir monter et prendre l'activité de mon père ainsi que le manège si je n'étais pas cavalier pro. A cette époque, nous avions toujours le manège où toute la famille travaillait. Ma mère et mon grand-père donnaient des leçons … etc alors si je n'étais pas assez bon cavalier, je pouvais toujours travailler avec eux… mais lorsque j'ai eu entre 19 et 20 ans, nous nous sommes demandé ce que nous devions faire car j'étais chaque semaine en concours avec mon père alors que ma mère restait ici … ça ne pouvait pas marcher. Nous avons donc décidé d'arrêter l'activité de manège et de n'avoir plus qu'une écurie professionnelle en conservant l'activité de commerce. »

 Maintenant que vous commencez à avoir des chevaux pour le haut niveau, vpensez-vous que travailler en famille est un point fort ou un handicap ?

 « C'est un point positif. C'est une force de travailler en famille car cela permet d'avoir une équipe que l'on connaît parfaitement mais cela peut aussi parfois être un handicap. »

Au début, lorsqu'on vous a connu, on vous a vu participer à de grands événements avec de très jeunes chevaux comme Coquet Z van de Potaarde qui a sauté le Grand Prix de Malines à 7 ans alors que cette année vous avez 3 chevaux de 8 ans prometteurs et vous semblez aller plus calmement avec eux que par le passé, pourquoi ?

« C'est un peu l'expérience qui fait cela. Nous avons toujours commencé avec de jeunes chevaux. Nous achetons exclusivement des jeunes chevaux car acheter des chevaux plus âgés n'est pas possible. Avant d'avoir le soutien de Paul Mais du stoeterij van de Helle, nous achetions nous-mêmes de jeunes chevaux que nous faisions évoluer en concours… mais le concours de Malines étant tout près, nous avons eu la possibilité de pouvoir y participer. Nous n'avions que de jeunes chevaux mais avec beaucoup de qualités et dans un bon système, tout était ok … et nous avons décidé de monter le Grand Prix. Lorsque le cheval tombait dans l'?il d'un grand cavalier, nous devions le vendre, c'était notre métier et nous n'avions pas grand-chose alors nous avons dû le faire quelques fois pour progresser. L'histoire de Coquet a été une déception pour moi car à ce moment-là, de mon point de vue, c'était vraiment un top cheval. Il n'avait que 7 ans, nous ne lui avions jamais trop demandé depuis qu'il était arrivé chez nous à 5 ans et nous le construisions lentement. Nous avions juste décidé de faire une fois plus gros en faisant le Grand Prix de Malines puis il a été vendu directement après. Mais en le vendant, nous avions vraiment prévenu qu'il fallait prendre son temps car il n'avait sauté que des 1m30 et quelques 1m40 avant cela et il n'avait pas l'expérience qu'on pouvait imaginer et il avait un sérieux caractère… mais ils ont pris le cheval directement à Arezzo et je l'ai vu dans de nombreux concours … puis il a été boiteux et malgré une victoire dans un Grand Prix en Allemagne, il n'est jamais vraiment revenu à son niveau. »

La suite demain !