Nanaricci des Treizes et Mystérieuse Folie ouvrent le bal bellifontain

En ouverture du rendez-vous de la Grande Semaine de Fontainebleau, le stud-book Selle Français tenait son championnat dédié à la jeune génétique femelle. Chargé de sacrer la meilleure pouliche de deux et trois ans, l'événement femelles 2025 a mis à l’honneur la Charentaise Nanaricci des Treizes et la Bourguignonne Mystérieuse Folie, reines de cette édition un peu trop bénie par les dieux du ciel !
Au terme des concours de qualification dans les régions, soixante-dix juments avaient gagné leur ticket pour disputer le championnat des générations de deux et trois ans, avec respectivement trente-cinq et trente-trois partantes. Malgré des conditions rendues très difficiles par la météo, mais parfaitement appréhendée par toute l’équipe organisatrice, le championnat s’est déroulé au mieux avec un bon lot de juments, lundi 1er et mardi 2 septembre. Sans surprise, l’examen du programme révèle une fois de plus le goût des éleveurs pour l’apport de sang étranger, même si les statistiques du Selle Français se satisfont de vingt-six pour cent des participantes ayant au moins un géniteur Selle Français Originel. Mais dans chacune des générations, une seule jument réunit les conditions pour obtenir le label SFO : New D’Elie de Roset (Andiamo Semilly x Boléro de Brécey), née chez Rolland Bulloz, chez les deux ans, et Milady d’Harmonie (Drop des Varennes x Dollar dela Pierre), née à la SCEA d’Harmonie V. Sans obligation de classement minimum, chacune est repartie avec un chèque de cinq-cents € dans le cadre du programme de soutien du stud-book aux SFO.
L’élevage de Corinne Barcouzareaud se distingue
La génération des N a montré de bonnes dispositions avec dix pouliches obtenant une note supérieure ou égale à 17/20 à l’obstacle. La palme sur cet atelier revient à Nayana de la Noue (Conte Bellini), née à l’élevage de la Noue (37) et créditée d’un 18,13. Elle termine septième de sa classe d’âge, derrière Nyrcella de Fondcombe (What A Quickster, alias Big Star, sur la souche de Boréale Fondcombe), née chez Philippe Prévost et valorisée à 17,25 à l’obstacle, pour une moyenne générale de 16,58, prenant en compte les notes aux allures et au modèle décernées lundi. En effet, le saut en liberté ne compte que pour vingt-cinq pour cent dans la note finale, à égalité avec les allures, et quarante-cinq pour cent pour le modèle, sans compter une éventuelle bonification par les meilleures lignées maternelles.
Le Top 5 a été serré et s’est joué à un rien pour No Limit d’LNC (Catoki sur la fabuleuse souche de Dirka) née chez Hélène Courcel et gratifiée d’une moyenne de 16,62. De son côté, Nanaricci des Treizes (Grandorado TN) a dominé les deux autres ateliers avec 16,9 au modèle et 17,13 aux allures. Même si la belle s’est un peu fait prier pour aller montrer ses qualités sur la ligne d’obstacles, elle a, là aussi, convaincu les juges, qui lui ont attribué 16,88, pour une moyenne frôlant les 17 ! Une juste récompense pour son éleveuse Corinne Barcouzareaud, authentique amateur passionnée installée près d’Angoulême. “J’étais cavalière depuis longtemps et j’ai acheté Gouache de Gamet (Quidam de Revel) à la dernière vente aux enchères de Poitiers. J’ai fait des championnats amateurs avec elle, puis nous l’avons mise à l’élevage et une de ses filles, Channel des Treizes (L’Arc de Triomphe) a été montée en concours par mon fils. Mais il a arrêté pour des raisons professionnelles et je l’ai mise à l’élevage. J’avais flashé sur Grandorado et tout le monde me disait qu’il irait bien pour ma jument. Voilà le résultat !”, a-t-elle confié après le sacre de sa protégée. “Nanaricci avait déjà été classée sur le championnat de France des foals et elle avait gagné le concours en Nouvelle Aquitaine. Mon mari et moi avions chacun nos activités professionnelles et nous avons toujours élevé de façon purement amateure, en faisant tout nous même ! Nous avons encore quatre poulinières, mais nous allons réduire un peu notre effectif car nous prenons de l’âge.”
Nanaricci des Treizes a comblé son éleveuse, Corinne Barcouzareaud, de bonheur en remportant l'événement des femelles de deux ans ! © Les Garennes
Sa dauphine porte aussi un nom évoquant la grande maison de couture des années 50-60, Nina Riccy du Lys (Check In), née dans l’Indre, au sein du tout bon élevage de Thierry Ripoche, qui avait déjà fait naître sa mère Uvea du Lys (Toulon), à partir de la bonne performante Velleda du Heup (Plein d’Espoir IV), ISO 155 en 1996. Elle est suivie par Nuance des Tuilières (Qlassic Bois Margot), née chez Hélène Gamand, en Haute-Vienne. À la tête des écuries de la Tuilière, l’éleveuse a investi dans une jument de l’élevage Batilly, Heidi Star Batilly, fille de Montender sur une souche holsteiner. Opération gagnante pour son élevage, qui fait de plus en plus parler de lui.
Nina Barone de Launay (El Barone 111) se glisse au quatrième rang, tandis que l’élevage de Mickael Sejourne obtient aussi la neuvième place pour la solide Night Blue de Launay (Chacoon Blue), dotée d’un moins bon style mais impressionnante par sa force.
Une année de Folie
La génération M a révélé quelques juments qui semblent bien loties en force et en habileté. Certaines s’illustreront-elles au plus haut niveau comme quelques unes de leurs ainées qui brillent sur les plus belles pistes internationales ? C’est en tout cas ce dont peut rêver la gagnante, Mystérieuse Folie (Convall), qui a vu le jour chez David Bourgeot, en Côte d’Or, tout près du prestigieux vignoble du Clos Vougeot. Avec 18,13 à l’obstacle dont un 19,50 pour la force, la puissante et très stylée baie a obtenu 17,38 aux allures et 16,20 au modèle. Sa victoire vient récompenser son éleveur, qui travaille sa souche maternelle depuis trois générations et s’applique à présenter lui-même ses chevaux en compétition, même si une mauvaise chute survenue en avril le prive encore de concours pour quelques semaines. “J’ai acheté Une de Sury (If de Merzé) à la famille de Faverge. Elle a été ma jument de Grand Prix (ISO 142 en 1996), puis j’ai construit mon élevage autour d’elle. Baïka de la Folie (Tinka’s Boy), la mère de Mystérieuse, était une jument avec beaucoup de moyens mais un peu précieuse. Je l’ai formée tranquillement en compétition, mais, à sept ans, elle s’est blessée et je l’ai mise à la reproduction. Comme j’avais un peu de mal à la faire remplir, j’ai utilisé Convall, qui était disponible en frais pas très loin de chez moi, et surtout parce qu’il a remporté le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle (en 2016, avec Philipp Weishaupt, ndlr) ! Je suis vraiment content de cette victoire pour Mystérieuse. Elle s’est montrée un peu timide au début, puisqu’elle est passée juste après une de grosses averses. Au fur et à mesure des sauts, elle a pris confiance et s’est totalement donnée ! Je viens d’avoir une offre, mais je n’ai pas encore pris de décision pour son avenir”, a glissé le Bourguignon, également à l’origine de nombreux performers, comme Vegas de la Folie (Castronom), ISO 161 en 2020.
Les accessits du podium sont pris par deux produits de Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky : Matchina Mail, une représentante de l’illustre élevage de Bernard Le Courtois, petite-fille de la fabuleuse Katchina Mail (Calvaro) ISO 178 en 2008, et Mamba Black de Rima, née chez Jean-Marie Martin. Elles sont suivies par l’une des deux représentantes de l’élevage de Richard Levallois, Musica Semilly (Andiano Semilly). Avec ce même étalon, digne héritier de son père, le haras normand a aussi fait naître l’impressionnante Mediatik Semilly, en tête de l’atelier saut en liberté avec la note de 18,25. Mahena Delphinière (Candy de Nantuel) offre la cinquième place à l’élevage vendéen de Christophe Bonnin.
Photo à la Une : Lauréate de l’événement femelle chez les trois ans, Mystérieuse Folie est-elle en route pour suivre les traces d’une autre Folie ? © Les Garennes