Le coup d’envoi du somptueux CHI de Genève sera donné dans quelques jours. À Palexpo, Martin Fuchs tentera d’accrocher une nouvelle victoire dans le Grand Prix Rolex. Toujours au rendez-vous sur ses terres suisses, le jeune homme, qui a déjà triomphé deux fois et tentera aussi sa chance dans le Top Ten Rolex IJRC, pourrait ainsi faire un pas de plus vers le Grand Chelem Rolex, que seul Scott Brash est parvenu à réaliser, entre 2014 et 2015. Avec Leone Jei, né Hay El Desta Ali, Commissar Pezi ou encore Conner 70, le récent vainqueur du Master de Calgary aura de sacrés atouts à faire valoir le week-end prochain.
Après votre victoire dans le Grand Prix de Spruce Meadows, vous êtes l’actuel prétendant au Grand Chelem Rolex. Genève approche : comment vous sentez-vous ?
Je suis en forme ! Nous venons de vivre une année extraordinaire. Ma victoire dans le Grand Prix CPKC International Rolex au CSIO 5* de Spruce Meadows avec Leone Jei (né Hay El Desta Ali, ndlr) a, en particulier, était un grand moment. Je suis très fier de participer au CHI de Genève, sur mes terres natales suisses, en tant que candidat au Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles. Il n’y a rien de tel que se produire devant les siens et avec leur soutien.
Qu’est-ce qui a rendu votre triomphe à Calgary si spécial à vos yeux ?
C’était une joie sans nom ! Mon père a terminé deuxième de ce Grand Prix et a toujours parlé de Spruce Meadows comme d’un lieu incroyable. Pour lui, ce Grand Prix était le plus prestigieux du monde. Pouvoir le décrocher aux rênes de Leone Jei a été un plaisir incommensurable.
Vous vous êtes imposé dans l’épreuve reine du CHI de Genève à deux reprises, en 2019 puis en 2021, et avez terminé deuxième l’an dernier, derrière McLain Ward et HH Azur Garden’s Horses. Que représente cet événement à vos yeux et pour quelles raisons avez-vous connu un tel succès ici ?
Concourir à Genève est très spécial. Pour moi, il s’agit de l’un des meilleurs concours au monde. Les infrastructures pour les chevaux et les cavaliers (ainsi que pour les grooms, ndlr) sont de première classe. En tant que représentant suisse, j’ai la chance de bénéficier du soutien indéfectible du public. Mon équipe joue aussi un rôle immense dans ma réussite.
Justement, quel rôle jouent les personnes qui vous entourent au quotidien et constituent votre équipe, à l’image de vos grooms, de vos vétérinaires, etc ?
Mon équipe est essentielle à ma réussite. Il se passe tant de choses en coulisses ! Mes parents ont joué un rôle fondamental dans la création d’un entourage très spécial, qui me permet de me concentrer pleinement sur mon rôle de cavalier. Je n’ai besoin de penser à rien d’autre qu’à l’entraînement et la performance ; mon équipe s’occupe de tout le reste. Si je n’avais pas des grooms de très grande qualité pour prendre soin de mes chevaux, je n’aurais pas connu tous ces succès. J’ai énormément de chance d’avoir le soutien de ce groupe de personnes, en plus de mes parents, qui m’aident à tous les niveaux.
Quelle a été votre préparation et celle de vos montures à l’approche de ce Majeur ?
J’ai participé à un ou deux concours de préparation, mais j’ai laissé deux semaines sans compétition à mes chevaux avant Genève. Cela me permet de me concentrer sur leur entraînement à la maison, afin de mettre toutes les chances de notre côté pour qu’ils soient en pleine forme le Jour J.
Ressentez-vous plus de pression lorsque vous évoluez en Suisse, ou voyez-vous cela avant tout comme un avantage ?
J’ai la chance de pouvoir compter sur le soutien du public, très bienveillant, au CHI de Genève. Mes proches peuvent aussi m’accompagner et me soutenir en personne, ce qui me pousse à faire de mon mieux et à les rendre fiers.
Leone Jei a remporté de nombreuses épreuves ces dernières années. Quelles sont ses principales qualités ?
Leone Jei possède un talent exceptionnel. Il a gagné des épreuves de championnats et des Grands Prix parmi les plus prestigieux du monde. C’est un partenaire de confiance ; il est égal partout, saute tout aussi bien en indoor qu’en extérieur et s’adapte rapidement à n’importe quelle piste ou environnement. Il est doté d’un tempérament fantastique, mais reste combatif. J’adore ça chez lui !
Les étapes du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles, Bois-le-Duc, Aix-la-Chapelle, Calgary et Genève, sont l’équivalent de l'Open d'Australie, Wimbledon, l'US Open et Roland-Garros au tennis. Qu’est-ce qui rend ces Majeurs si spéciaux et importants ?
Les Majeurs font bien sûr parties de certaines des épreuves les plus importantes de l’année. Chaque cavalier rêve de les disputer et, mieux encore, de les remporter. C’est le summum de notre sport, des rendez-vous auxquels tous les meilleurs cavaliers participent ou ont participé.
Lorsqu’on est jeune et que l’on regarde ses idoles participer aux Majeurs, on trouve l’inspiration et la motivation nécessaires pour se dépasser en compétition, afin de les rejoindre un jour, et qui sait, les vaincre.
Le Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles offre aussi l’opportunité à de jeunes cavaliers de découvrir ces Majeurs…
Il est primordial que cette opportunité continue d’être offerte aux générations futures, car les jeunes cavaliers en tirent une expérience inestimable. La chance de pouvoir s’opposer aux meilleurs cavaliers au monde et de les regarder de près n’a pas de prix. Plus jeune, j’ai eu la chance immense de pouvoir prendre part aux épreuves 5* du CHI de Genève, ce qui m’a permis de sauter au plus haut niveau, alors que je n’étais pas encore installé au très haut niveau et que mon expérience était tendre. Une fois de retour chez soi, on a beaucoup de choses sur lesquelles travailler et beaucoup d’autres objectifs qui permettent d’avancer.
Cette année, le Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles fête son dixième anniversaire. Selon vous, qu’a-t-il apporté à la discipline ?
Ce circuit a joué un rôle extraordinaire au sein du monde du saut d’obstacles et l’a fait passer à un tout autre niveau. Cette initiative rassemble les quatre plus grandes épreuves du monde et offre ainsi aux cavaliers un objectif commun, tout en haussant le niveau général.
Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier exerceriez-vous ?
Dans n’importe quel cas, j’aurais travaillé avec les chevaux. J’aime trop être à leur contact. J’adore autant le côté formation/entraînement que celui de l’achat/vente. J’aurais sûrement été impliqué dans le commerce de chevaux ou dans la gestion de personnel.
Qu’est-ce qui vous permet de rester motivé et avide de victoires ?
J’adore la compétition et participer aux meilleurs concours. J’aime beaucoup voir les jeunes chevaux mûrir, apprendre et se développer. C’est très gratifiant d’accompagner un cheval vers le plus haut niveau. En saut d’obstacles, impossible de s’ennuyer : chaque cheval est différent, et aucune journée de travail n’est la même. C’est ça qui permet de s’améliorer en tant que cavalier et Homme de cheval, pour tirer le meilleur de chaque équidé tout en lui offrant la vie la plus agréable possible.
Photo à la Une : Le CHI de Genève réussit souvent à Martin Fuchs et Leone Jei. © Mélina Massias